Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 30 juin 2008

A corps parfait

Corps à corps,


Corps...
Parfait,
Par fait, mais fait de quoi ? Ce corps qu'on veut, qu'on aime, qu'on souhaite parfait.
Perfection... le corps aussi doit, se doit -être parfait
Sans rien de trop, ni trop, ni pas assez, juste la mesure, le corps qu'il faut..
Faut-il alors accorder le corps à la perfection, sans fausse note, être en accord, en bon accord cela vaut mieux.. Il parait !
Mais qui donne le la. Le la de cet accord ?

A corps parfait, vous devez être, vous madame, mais vous aussi monsieur..
Egalité des sexes..N'est-il pas ?
Cela vaut aussi en ce sens....

Alors le corps parfait devient un objectif, avant de devenir, d'être et de rester une obsession
Il le faut ce corps parfait, pour cet été, objectif vacances.....Car enfoui sous la masse informe des vétements, enveloppe protectice, salvatrice il peut être presque parfait....Ca ne se voit pas vraiment, même si l'autre le devine, le moi le sait lui....Que ce n'est pas parfait !

Mais les beaux jours, le soleil, les vacances, la plage et le maillot qui va en théorie avec exige le no défaut ! Zéro défaut ! C'est ça être parfait !
On ne plaisante pas, et il faut s'y prendre des semaines avant, voir des mois....Anticiper ce corps parfait ! le visualiser, l'imaginer, le rêver, le fantasmer....
Et commencer les régimes, les massages, les tisanes minceurs, les trucs et machins miraculeux sensés rendre à ce corps qui aimerait bien se laisser un peu aller, l'allure de la perfection.
Se laisser aller.... Expression à bannir, bonne pour les looser, les Omer Simpsons...
Il convient de se prendre en mains, en bonnes mains, pour masser, modeler, traquer le bourrelet, immonde et infame qui dépasse du satané maillot !
Qui dépasse.... Dé passe !
Immontrable à voir, et à montrer à voir ! Quel indécence
Quel laisser aller !
Comment ressembler à la Peggy du Saloon, à la fille du magazine, qui affiche en vous narguant ce corps parfait que vous n'aurez jamais !
Qui tout en affichant ce corps parfait se masse sensuellement avec la dernière crème minceur qui est sensée venir à bout de la cellulite ou de la peau d'orange...
C'est indécent !

Il ne faut plus rien manger, pas de sucre, pas bien ! pas de pain, pas bien, pas de gâteau, sacrilège
"Affamez vous", qu'ils disaient, et "vous l'aurez ce corps parfait"
"Il faut souffrir pour être belle" encore un aphorsisme qu'on se croit devoir prendre au pied de la lettre.

Il parait aussi que certains gagnaient leur pain à la sueur de leur front, c'est ce corps parfait qu'il faut gagner à l'arrache", à la force du poignet, par du poignée d'amour, mais à la poigne des abdos, des pompes et des km de jogging... N'oubliez pas de boire, car il faut éliminer !


Injonction perverse que celle là, corps parfait...Prenez soin de vous !
Comment prendre soin de son corps et le malmener autant afin d'en obtenir une perfection...
Faut-il maltraiter, torturer, ce corps pour en obtenir le meilleur de lui même ? La perfection.
Le torturer, le former et le formater... Lui donner les formes du modèle, le modeler selon...Selon le dicktat dicté par la mode, par les tortionnaires, les bourreaux des Temps modernes qui infligent la torture légale et légalisée. Une torture qui s'étale dans les magazines et que chacun et chacun s'inflige au quotidien
La meilleure des recettes, et qui fait vendre, qui fait vendre des recettes, pour atteindre non le nirvana, encore que ? C'est peut-être là la perfection !

Injonction paradoxale et schizophrène qui fait de l'homme et de la femme un objet, un objet qui devra et devrait être convoité par celui et celle qui rêve d'atteindre lui aussi cette perfection
perfection du corps parfait, imaginé et fantasmé, innatteignable et innaccessible, qui reste et restera la Terre Promise, celle dont on rêve mais qu'on n'ose imaginer etre sienne, atteindre un jour. Une nuit peut-être, en rêve, en rêve simplement,mais dont on ne parlera pas...Fragile rêve, porcelaine d'une nuit, pantouffle de verre qui redevient chausson difforme au petit matin....!

Corps parfait dont on rêve, corps fantasmé, sympbole du bonheur, mais d'un bonheur surfait qui ne comble pas les rides, mais seulement le papier glacé de ces magazines qui ne racontent rien, mais qui balancent à la figure, de manière indécente, des corps désincarnés et sans âme de mannequins de papiers sans vie et sans forme..

Cmment peut on rever de ça ? D'atteindre cette perfection là, cette per version là ?
Perfection versus perversion
Abus de langage, abus de substance, oui, de substance vitale qui à entrendre viendrait à l'encontre de ce corps parfait
Coprs parfait, lisse et sans âme
Nulle cicatrice de vie, de souffrance et de douleur, lisse à perte de vue, et perte de caresse, qu'on effleure sans toucher, car on pourrait le briser
Fragilité de ce corps presque sans vie objet inanimé qui n'a plus d'âme, âme qui s'est vendue au plus offrant des crèmes qui lui a promis d'oter, d'éliminer ce qui n'était pas parfait !

Un corps qui ne souffre plus de ne plus se souffrir, de ne plus s'aimer mais qui ne peut se hair, un corps qui ne s'appartient plus tout à fait, qui est allé rejoindre cette armée de corps parfaits, pour défiler sans rien perdre de la fanfare..De celle de ces fêtes imposées ou plus personne ne comprend pourquoi elle est là, et depuis si longtemps...Immuable...

Un corps qu'on aime, ou qu'on aime pas, c'est souvent le cas, qu'on aime tant quon maltraite afin qu'il soit parfait. L'amour est proche de la haine, la haine est proche de l'amour...Parfois même ils se confondent, ils s'entremèlent, et se mèlent tant qu'on ne sait plus vraiment de quoi il s'agit !

Parfait, c'est aussi une course, un challenge, aller au bout de ses forces, au bout de soi même, remporter le premier prix...Etre parfait, c'est toujours mieux qu'a peu près, à ce qu'il parait...

Comme un piaono que l'aveugle essaie à moultes reprises et sans succés d'accorder...Car quelque chose est cassé, qu'elque chose s'est cassé, cassé à jamais, il manque une pièce, introuvable, cet espèce d'objet a, qu'on cherche et ne trouve pas, une espèce d'obscur objet du désir, mais de quel désir ?

Parfait, pas imparfait, au présent et non au futur, maintenant, parfait un corps parfait

Mais de quelle perfection parle t-on au juste ?
Qui décide de quoi ? Et pour qui ?
Quelle est la liberté du sujet là dedans ?
Etre parfait, à la perfetion
Prendre l'injonction au pied de la lettre, au pied de la balance....
Ou faut-il s'en balancer justement, et balancer cette idée de la perfection qui n'est parfaite que pour les autres par les autres, mais qui n'a pas de sens pour soi ?

Pour être dans l'accord par fait ?

dimanche 29 juin 2008

Sacrifice


La mort ?

Qu'est ce que la mort ?
Cette question reste et restera sans réponse, personne n'en n'est jamais revenu pour nous le dire !
Et puis avons nous vraiment envie de savoir ?
Gigantesque continent inconnu, imaginé, imaginaire et fantasmé des milliers de fois.
Inconnu et inviolé, dévastant pourtant l'imaginaire et la réalité.
Dévastateur du symbolique....

Continent noir, territoire des ténébres, il constitue le Paradis ou l'Enfer de ceux qui pensent que l'au delà pourrait être, et être peut-être un monde meilleur.
Mais meilleur que quoi ? Que le monde d'ici bas ?
On se plait alors à dire, à croire et à faire croire, que l'enfer est sur terre, ce qui peut-être vrai, et qu'on serait tenté de croire, quand on y regarde bien, de prés ou de très prés...
C'est finalement effrayant
On se dit alors que l'au delà, si toute fois au delà il y a, ne peut être pire, on se rassure comme on peut, comme on veut, en s'inventant des histoires, en s'amusant à se faire peur !

Comme lorsqu'on est petit et qu'on se rend au cimetière, la nuit, quand il fait bien noir...Espérant peut-être voir quelques lucioles qui nous renseignera sur les morts, ou la mort !

Il y a toujours un monde meilleur que le monde dans lequel on vit, cela nous permet de vivre, ou de survivre. Il y a toujours mieux, toujours plus...Nous nous plaisons à le croire.
Mais en réalité ou en secret, on n'y croit pas trop, ou alors les jours de spleen ou les jours où on refait le monde par une nuit d'insomnie. Une nuit sans lune qui s'ouvre encore sur un jour sans soleil !
Pour se convaincre qu'on aura au moins une possibilité d'ailleurs, où il fera plus clair, plus chaud, moins chaud quand même que les flammes de l'enfer, où personne n'a vraiment envie de bruler
pourtant on est prêt à vendre son âme au diable, pour une poignée de dollards, ou quelques rides en moins
Non, pas qu'on ne veuille vieillir, mais on a pas vraiment envie de mourir, ou pire de vieillir vieux, alors si le diable s'habille en botox pourquoi pas ?
Lucifer n'est plus ce diable cornu mais l'homme qui manipule tout, la vie et l'ADN, les esprits et aussi les âmes.
Mais on ne s'en tire pas trop mal, car Lucifer était aussi le premier rebelle ! Alors, tout est peut-être permis !

Si on n'achète plus de places au paradis, on se dit que peut-être ?
Car le peut-être , c'est pas si mal, ca laisse une porte ouverte
Une porte ouverte vers le ciel
Le ciel, pourquoi pas la terre ?
C'est meilleur de s'élèver, ça fait moins mal que s'abaisser, vu qu'on a rampé pas mal d'années pendant sa triste vie, on aimerait quand même que le jour de sa mort on se hisse vers le soleil, sans trop s'y roussir les ailes, ou celles de l'ange qui viendra nous chercher !

Ah que la mort semble douce quand on y pense comme ça; Mais le mieux quand même c'est de ne pas y penser, ou d'y penser le moins possible, elle viendra assez tôt, nous cueillir sur le champs de bataille de notre misérable vie..

Alors qu'est ce que la mort ? Une simple vue de l'esprit ? Elle existe vraiment ou alors ce n'est qu'une invention pour nous faire peur ?
Vis bien sinon tu vas mourir !
Mais de toutes façon, on va mourir ! Tous, on le sait, même si on oublie, on zappe, on refoule, c'est la seule certitude de l'être humain, c'est le seul et même don donné à chaque nourrisson, la mort !
le même cadeau que nous recevons à la naissance
Notre seul bagage, en quelques sorte. Notre valise, notre héritage. Sans droit de succession, c'est totalement gratuit !
On se le traine plus ou moins lourd, pendant un nombre indéterminé d'années, nul ne sait quand les quatre soeurs couperont le fil, si elles le feront exprés ou par inadvertance... Encore une incertitude, dont certains aimeraient se passer, dont certains s'acharnent à connaitre ! En vain..
Cadeau donc..

Puis on en fait ce que l'on veut...Fais ce que voudras....Fais ce que pourras !

On passe sa vie à apprendre à bien vivre, ou a bien mourir, c'est selon, selon soi, selon sa culture, selon son éducation, selon nos croyances : celles qu'on nous a offerttes ou infligées, encore un joug dont on peine à se libérer.
Mais nous ne sommes pas égaux devant la mort ! Face à la mort... Certains meurent mieux que d'autres, plus vite, en ayant moins mal, plus vieux, plus jeunes, sans s'en rendre compte ! Certains se la donnent (quel cadeau se font-ils alors ?). D'autres la recoivent (quel cadeaux ?); d'autres l'infligent au nom d'une loi, d'un non, d'un nom dont eux seuls connaissent la règle qu'ils ont défini au préalable.
La vie est d'une injustice...Parfois ? Souvent ? Toujours !
Apprenez à mourir tonnait Bossuet du haut de sa chaire aux misérables qui s'étaient trainés jusque là, pour être vus !Et qui passaient leur vie à vivre ! Qui venaient là, histoire d'en rire.
Mais se rit-on de la mort ? Ou se rit-elle de nous ?

La mort n'est elle alors qu'une simple vue de l'esprit ? Une illusion entretenue tout au long de la vie, un simple passage non vers l'au delà, mais vers une autre vie ?
Tout s'arrête t-il quand le coeur s'arrête de battre ?
On se bat, on débat pour le savoir, dire et imposer ses vues sur le sujet, vaste sujet aussi vaste que la mort, mais celle ci reste un désert, un champ de ruines ou un paradis, cela dépend de la définition qu'on s'en donne, du moment où on se la donne....

On ne peut vraiment la regarder en face, ou alors on n'en revient pas, si on en revient, c'est qu'on ne la pas vu tout à fait, nous n'avons fait que l'apercevoir, au coin d'une porte qu'elle nous a claqué à la figure, nous disant qu'il n'était pas encore temps, que ce n'était pas le moment, qu'il nous faudrait attendre encore..
Encore ? Mais combien de temps ?
Tout serait-il écrit ? Mais écrit où ? Ecrit par qui ?

Elle ne semble pas si terrible vue de près, après tout, elle ne semble pas si terrifiante.
Vue de l'esprit, mais vue comment, comment l'esprit peut-il voir ça, l'imaginer et le fantasmer ?
Pulsion de mort ?
Pulsion de vie ?
L'un ne peut être sans l'autre, l'un dépend de l'autre, l'autre dépend de l'un. Curieux duo, où l'un doit céder la place à l'autre. Pas de mystère, on sait qui des deux sera le champion, encore que, parfois la lutte est âpre, et la vie ne se laisse pas faire, elle gagne la partie, du moins pour un moment, et ce n'est que partie remise, l'adversaire attend tapi dans l'ombre son heure, son heurt et son moment, où il viendra infliger sa revanche et laisser la vie KO au bout d'un seul round, le dernier. Il lui ravira à jamais son titre de champion, qu'il n'hésitera jamais à remettre en jeux, car il sera de toutes les manières vainqueur !
Le match est donc truqué, n'empêche qu'on s'amuse comme des fous parfois, ceux qui savent, ceux qui font de la vie un jeux, une pièce de théâtre, ceux qui décident d'en écrire le scénario et d'en modifier les épisodes au fil des rencontres, comme les soaps américains !
Après tout, la mort ne fait qu'un simple clin d'oeil à la vie.. Elle nous ouvre les yeux, avant de les fermer pour l'éternité !
Tout un art de vivre, mais aussi tout un art de mourir...
Ne pas rater sa mort, est peut-être (encore une fois une éventualité, mais la dernière) plus difficile que de ne pas rater sa vie. Si celle ci a été médiocre on peut tenter de faire une apothéose avec celle ci, pour que les adieux ne soient pas tristes et restent dignes, on n'ose alors tout ce qu'on n'aurait pas osé de son vivant, après tout ! Après nous, ne peut-il y avoir que le déluge ?
On entre dans la mort, un peu comme on rentre en religion (du moins en théorie, comme on dit) pour toujours, sans aucune possibilité de faire marche arrière, il n'y a pas de billet de retour, et c'est peut-être tant mieux ?
La dernière volonté est parfois au contraire de susciter des regrets éternels.... Regretté pour qui ? Pour quoi ? Par qui ?
Curieux départ que celui ci, douleur pour ceux qui restent encore un moment...

La mort n'est jamais belle, simple, mise vraiment en scéne, pour l'avoir vue, souvent, approchée trop souvent, cotoyée aussi quelque fois, frôlée....Belle n'est pas l'adjectif qui convient. Simple non plus...Elle arrive quand on ne l'attend pas vraiment....Il reste souvent ce souffle de vie, cette pulsion de survie qui pousse encore une fois au dernier combat.

Dernier effort, derniere ligne droite, dernier round...1, 2, 3....Puis on n'entend plus l'arbitre.... conter.
RIP

samedi 28 juin 2008

Etre mère

Naissons nous ainsi ? Ou le devons nous ?
Etre mère ? Devenir mère ?
Et si on le devient ? Comment le devient-on ? Ou comment ne le devient-on pas ?
La maternité, faire, attendre, donner naissance à un enfant, ne fait pas d'une femme une mère.
Mettre au monde ne rend pas mère....La femme qui accouche le deviendra peut-être, ou ne le deviendra pas. Qui le sait ? Elle ne le sait peut-être pas encore.
Elle peut le devenir, puis ne pas le rester. Sentiment fugace, douloureux, difficile et complexe.. Que la mèritude...

Durant des siècles, des millénaires et aujourd'hui encore on entretient ce mythe de l'amour maternel, de l'instinct maternel, de l'amour de la mère pour son enfant, du sacrifice de celle ci.
La mère qui n'est pas suffisamment mère, qui ne le montre pas à voir, qui n'est pas perçue comme telle est dénaturée .

Alors on s'émeut, on crie au scandale devant celle qui abandonne ses "petits"qui les rangent au fond du congélateur, qui les étrangle, les mettent à la poubelle, ou dans le fond de la cuvette des WC où elles viennent se délester de leur fardeau !
On s'interroge sur le degré de détresse, de solitude, de folie de ces femmes qui selon l'opinion publique ne méritent pas le titre de mère !
Ne décerne t-on pas ce titre ? Ce mérite ? Aux mères de familles nombreuses, qui ont fait assez d'enfants, de fils pour aller à la guerre et défendre les intérets des puissants, qui n'ont que faire de ces vies qui ne sont rien... Il n'y a pas si longtemps. On les récompense, et on les fête aussi !

Il ne s'agit ni de critiquer, encore moins de juger, qui serions nous pour ainsi faire ? De tenter de comprendre peut-être, mais aussi et surtout de s'interroger, de regarder en face un comportement qui choque, qui heurte la morale, la conscience, le sens commun...De ne pas se voiler la face en quelque sorte, mais de ne pas simplement voir...
De se demander pourquoi nous sommes choqués, dérangés, bousculés, par de tels faits ? Qu'est ce que cet insupportable et pourquoi il raisonne (ou pas ) chez nous ?
Toujours se demander ce qui nous dérange et pourquoi ?

Une mère doit aimer ses enfants. Il en est ainsi.
Mais comment faire ? Comment s'y prendre pour respecter au pied de la lettre cette injonction terrible : "tes enfants tu aimeras !"
Et les enfants des autres ?

Etre mère, ne s'apprend pas, même les anciennes" écoles ménagères" qui apprenaient à laver, langer et torcher le nourrisson, ne disaient rien de cet amour là, de cet amour qualifié de maternel puiqu'il allait de soi ! de soit !
Amen....Ainsi soit-il ! Qu'il en soit ainsi.... Allez en paix.
Mais en paix de quoi ? Et ainsi de quoi ?

Etre mère si on le devient...ou si on ne le devient pas : Pourquoi ? Comment ?
"Est-ce normal que je n'aime pas mon enfant ?" demande inquiète la jeune femme débordée entre travail, couches, biberons..."je ne lui en veut d'être aussi fatiguée..."
Mais quid de la normalité ?
Suis je un monstre parce que je suis une mère pas suffisamment bonne, pour ne pas dire mauvaise ?
J'ai parlé dans un précédent article de l'abandon, de ces femmes qui ne voulaient pas être mère et qui ont offert leur enfant, à une autre femme qui elle, se sentait mère, alors qu'elle ne pouvait donner la vie....
Paradoxe que tout cela ? Inquiétant et curieux...
Que de belles images que ces mères regardant béatement un nouveau né dans leur bras...Oubliées les souffrances de la grossesse, de l'accouchement, le corps déchiré, déformé par des mois d'attente et des heures de douleurs au milieu d'une salle de travail glaciale et impersonnelle. C'est un travail ! Arbeit Zimmer ! que d'accoucher ! Que de mettre au monde ! Que de donner le jour ! Que de donner la vie ! C'est laborieux... Quel travail que cela !
Mais quel en est le salaire, puisque le bon sens commun, toujours appelé à la rescousse nous asséne que "tout travail mérite salaire"
Est-ce le revers de la médaille ?

Les femmes parlent peu de ces moments là, de ses instants de détresse, dans la solitude terrible au milieu des lumières, des cris, des larmes, des ordres "poussez, ça y est presque, encore un effort..."
Un effort qui ne soulage pas, mais qui l'engage pour la vie ! Une vie sous contrat....Un amour maternel à donner, à dire, à montrer "qu'il est beau ce bébé" .

La femme doit alors devenir la mère de ce bébé, de cet étranger, de ce corps étrange et étranger sorti du sien, de ce parasite qu'elle a porté, aimé ou detesté peut-être pendant ces longs mois.
Peu de femmes en dehors du divan, du cabinet du thérapeute osent dire ! osent mettre des mots sur leur angoisse, leur souffrance, leur rejet, leur amour/haine à l'égard de ce petit intrus qui leur pompe tout, la nourriture, la vie aussi.... Sur l'ambivalence des sentiments maternels ou des sensations de la femme, mère en devenir.

Pourtant il va falloir être mère et le montrer... Comme sur les publicités ! Comme sur les images d'Epinal, qui aujourd'hui sont celles de la télé : Une femme épanouie venant d'accoucher un bébé superbe dans les bras...Plus belle la vie ?
La réalité, occultée, souvent, c'est tellement plus simple, est plus complexe...
On oublie de dire, la fatigue, les pleurs, les nuits blanches... Et il faut être mère, et le devenir !
Héroïsme ?
C'est alors un combat mené de front, sur le front, sur tous les fronts, qu'il faut affronter parfois seule, ou a deux, pire encore dans une solitude absolue, face à face avec sa peur, sa peur de ne pas bien faire, de mal faire, de ne pas faire, de faire trop... Une guerre, une bataille qui ne cesse pas, mais avec quoi ? Et contre qui ?

Une mère est-elle encore une femme ? Une femme est -elle une mère ?
Peut-on être les deux à la fois ? Passer de l'une à l'autre, de l'autre à l'une, comme ça ?
Mère versus femme ?
Femme versus mère ?
La mère tue t-elle la femme ? Est-ce la fin de la femme... On devient femme, puis on devient mère, et on se demande si on est encore femme... Si on le reviendra un jour ?
Etre mère et rester femme, devenir mère en étant femme ?
Les deux sont ils compatibles ? Incompatibles ?
Femme femelle qui attend des petits.... Femme femme qui désire et qui est désirée ?
Désirée désirante ?

"Aucune loi ne m'oblige à aimer ma fille" me dit un jour une femme hospitalisée qui refusait que le médecin contacte sa fille, sa seule famille, elle souhaitait finir ses jours seule. "Pourquoi lui demander de venir ? Nous ne nous aimons pas, et ne nous sommes jamais aimé,es et c'est bien ainsi."
Aucune loi, encore, peut-être un jour ? Vers une réglementation des sentiments ?
Qu'est ce que l'amour ? Est-on programmé pour ça ? L'avons nous dans les génes ? Pouvons nous le transmettre ? Le donner ? Le recevoir ?
Ces mères qui n'aiment pas étaient-elles aimées ? Et comment ? Comment peut-on donner de l'amour quand on n'en n'a pas reçu ? Que transmettre quand on n'a rien donné, quand il ne s'est rien passé ?
Pire encore, que le pas d'amour, la haine, la haine dans le sang, la haine en héritage.... Quid alors ?

Etre mère est une quête sans fin, on le devient, si on le désire, ce n'est pas me semble t-il une question d'instinct, de pulsion..Les animaux aussi abandonnent leurs petits, la chatte préfère certains de ses chatons....Nous sommes des mammifères, évolués, soit disant...Puisque nous parlons, nous pensons, nous élaborons, mentalisons, symbolisons... Mais la femelle humaine ne met-elle pas aussi ses petits à mort !

Etre mère n'est pas simple, n'est pas un exercice facile, il s'apprend chaque jour, à chaque minute, aimer un enfant, n'est pas aimer ses enfants, il arrive qu'on aime davantage celui là, que l'autre....Ou qu'on déteste plus celui ci que l'autre !
Il arrive aussi de les aimer aujourd'hui, les désaimer demain, ou le contraire !
Etre mère c'est du désir, rien que du désir envers l'autre, mais un désir désinterressé ! Paradoxe que ce désir là..
On ne fait pas un enfant, on ne donne pas la vie pour soi, pour son désir.... C'est le don de la vie à l'autre, à cet enfant, ce petit de soi, qui n'est pas soi, même s'il en est le prolongement, un bout qui reste, qui dépasse et qui normalement survivra... Un petit être dont il faut se détacher, qu'il faut détacher, des années après avoir coupé le cordon...
Ce petit là que le ventre de la mère a abrité, protégé, nourri, s'en ira, ira, aimera, et deviendra...
Si l'amour de la mère est là, s'il ne l'est pas, il lui faudra devenir autrement, mais il deviendra sûrement !
Ce petit là, élevé dans l'amour d'une autre, qui ne l'a pas porté, mis au monde, mais qui l'aide à grandir, à se construire... A devenir.
On peut être mère sans avoir donné la vie au sens propre, car donner la vie, n'est pas seulement accoucher de l'enfant, ce n'est pas forcément ça...
Quid alors de cet amour qui est sensé submerger la femme à ce moment là, qui la remplit soit disant d'un bonheur extrème, d'une joie incomparable (si on passe sous silence le baby blues, la dépréssion post partum, la décompensation d'un trouble bipolaire...Cachez s'il vous plait cette réalité sordide, triviale qui viendrait ternir cette belle image de la Vierge à l'enfant.... Au sourire, Immaculée conception...Car la femme, mère n'en n'est pas moins vierge, nulle souillure, nulle déchirure, nulle intrusion... Un bébé apporté par le saint esprit ou la cigogne !)

Mais l'amour maternel ? L'amour qu'on dit tel ! Les sentiments de la mère pour son enfant ?L'amour d'une femme pour un enfant... Pas forcément le sien, mais l'enfant d'une autre, un enfant qu'elle aura choisi, reconnu comme sien ! Porté à bout de bras, désigné ; "enfant tu es mien, je te connais et te reconnais comme tel ! Enfant je dois alors prendre soin de toi, je suis responsable de toi, je dois te donner la vie... Celle que tu vivras !"

Un amour tellement fort qu'il doit permettre l'abandon, celui de l'enfant, qui laisse la mère, la mère qui laisse l'enfant partir, loin d'elle, qui se sent déchirée au plus profond d'elle même, ces douleurs là sont celles de l'enfantement.....Aimer pour laisser partir, l'autre, à la quête de soi !

Etre mère est une histoire, l'histoire d'histoires de mère et de fils, de mère et de filles, de mère et d'enfant, d'amour et de haine...
Ambivalence des sentiments, des émotions...

Une histoire d'amour et de rencontre impossibles, sûrement parfois, que celle de la mère et de l'enfant, ou de la mère et de la fille, un rendez vous, où un des partenaires n'est jamais à l'heure, toujours en avance ou en retard, et l'autre ne l'attend pas.
Puis un jour, un des deux ne viendra pas, ne viendra plus, ne sera même plus en retard car il ne sera plus là.
Parti pour toujours...Sans avoir réglé les comptes, laissé l'autre en conte ! En conte de fées, qui ne s'est pas fait ! Qui s'est défait à force de décevoir....de recevoir, ou de ne pas recevoir.
Etre mère c'est ça, tout ça, aimer, ne pas aimer, haïr et détester, tout ça à la fois parfois....Souvent, parfois toujours.

A toutes les mères qui n'ont pas aimé leur enfant, qui ne les aime pas, qui ne peuvent pas les aimer, qui n'ont pas su, qui n'ont pas pu, qui aimeraient bien, qui ne s'en soucient pas...et qui m'ont confié leurs souffrance, leur peine, leur chagrin, leur non regret, leur absence de remords aussi.
A tous ces enfants qui n'ont pas été aimé, qui ont pleuré ce manque, jamais comblé, ce vide immense, ce trou béant, qui ont mandié cet amour perdu à jamais, et qui viennent demander à l'analyse de leur permettre de comprendre pourquoi...

jeudi 26 juin 2008

Dentelle

De la dentelle verbale..!


Pour qualifier le "verbiage" des analystes, et par conséquent des analysants.... ?
Verbiage ?..... Il y aurait à dire !
Je ne peux cautionner qu'on définisse le discours de l'analysant comme une abondance de paroles vides de sens, dépourvues d'intérêt, comme un bavardage, un papillonnage, un délayage...C'est mal connaître l'analyse...
Chaque mot a un sens, une valeur, une force....Chaque mot fait sens, seul, avec l'autre, avec les autres, qui viennent....
En revanche, je veux bien l'entendre qualifier certains discours des analystes, ou de ceux qui se disent tels, et qui caquettent dans les salons sur les mathèmes et autres fariboles jetant l'anathème sur leur profession, (ou celle qu'ils sont censés, ou sensés représenter...)
Discours incompréhensibles, et à en croire certains de mes patients, tellement hermétiques et mystérieux qu'ils n'y retrouvent ni leurs mots, ni leurs émotions !
Mécanismes de défense pour se cacher et se protèger de la souffrance ? Ainsi on ne l'entend pas, et on glose...

Mais il ne s'agit pas de ce discours là, mais bien de celui du patient...Du sujet en souffrance qui s'adresse à un thérapeute (dans ce cas précis, cognitiviste) pour lui demander de l'aider à mettre en mots, donner du sens, historiser "la situation problème"(pour reprendre les termes consacrés en TCC).

Dentelle verbale. Couperet ! frustration ! "Cassé ! " pour reprendre les termes des ados....Après ça, "t'a plus envie de rien dire !"./

Pourtant, j'ai envie de m'arreter, un instant, pour entendre, dire, écouter ce mot, ces mots, me demander ce qu'ils veulent dire, ce qu'on peut leur faire dire, les faire tinter ! raisonner ! résonner ! Dring ! Drink !

Dentelle ? Le mot est joli, frivole aussi, mais joli !

Dentelle...Tout conte fait, le mot me plait, par la délicatesse et par le travail de l'artisan(e) qu'il évoque !
Dentelle verbale....Tout compte fait, cette expression me plait, par la mise en mots, mot à mot, pas à pas qu'elle implique !

De la dentelle ! Magique, aérien et fluide....
On imagine alors la dentellière filer, tricoter le fil !
On imagine aussi l'araignée tisser lentement sa toile !
Toile....Pour prendre dans les filets, dans les rets....

Métaphores alors ? Allégories ? Images ? Vues de l'esprit ?
Figures de style, tant littéraires qu'artistiques !
Figuratif....
Symbolique...

L'analysant s'allonge et parle, il peut le faire en face à face... La présence de l'analyste l'y invite, sa neutralité l'y aide..
Il parle, met en mots...Met des mots, associe librement....

La dentellière sans trame ni chaine...asssise à la lumière, du jour, sur le pas de la porte, derrière sa fenêtre, à la lueur de la flamme d'une bougie, fait danser les navettes.
Curieuse danse que celle là ! Avec ses doigts, elle fait valser les fuseaux...

L'analysant fait danser les mots, aussi... Il parle, parle ou se tait, ne dit rien ! blanc, silence. No comment !
L'analyste écoute ce silence... Ou tant de choses se passent, où tant de maux se disent. Ce silence où l'inconscient peut enfin s'exprimer, danser, valser....
Et les mots s'égrénent, dans la tête, puis dans le silence, et ils s'associent, forment des phrases et des images, de la dentelle !
Fragile, frivole, la dentelle de l'inconscient, le luxe de la parole, le luxe des passementeries qui bordent les habits que la vie nous donnent, qui enveloppent le corps et l'esprit souffrant, dansant à la lumière de la douleur qui crie et qui appelle....
Message en dentelles qui ne fait pas toujours dans la dentelle, verbiage, verbalité nécessaire pour exhorter au dehors du corps ces maux qui déchirent l'enveloppe qui n'en peut plus de contenir...

L'analyste ? Où est-il ? Comme la dentellière à l'ombre de la lumière, écoutant les mots qui s'égrainent au fil de la scéance, que le sujet déroule des fuseaux de son inconscient, qu'il rembobinent pour retricoter encore un demain qui lui sera ou semblera plus facile, plus simple à vivre, ou plus difficile, car le poids sera plus lourd, le fardeau moins léger...


Ou le fil plus difficile à manier, à filer, car il ne pourra vraiment le dénouer.
Il se dira que peut-être, il n'aurait pas du dérouler tout ça, dévider tout ça, que c'était bien où c'était, et que .... et que...
Mais maintenant c'est fait, accroc dans la dentelle, qu'il faudra peut-être repriser, dentelles qui s'effilochent... Qu'il faut trouver l'aiguille ou le crochet...?

Il parait que la guerre se fait parfois en dentelles, je ne sais s'il en est de même de l'analyse ?
Dans sa délicatesse peut-être, mais l'inconscent fait-il dans la dentelle ?
Image révolue d'une frivolité louisquatorzienne, la dentelle garde son mystère,mais fait quand même rêver. Toujours, encore !

Que se cache t-il derrière cette dentelle verbale, cette manière de mettre des mots sur son histoire, ou d'historiser sa singularité.
Faut-il user de la métaphore, des mots, figures pour mettre en mots sa souffrance, son désir, son manque ?

Qui du sujet ou de l'analysant en est le dentellier ou la dentellière ?

lundi 23 juin 2008

Malentendu

Encore un mot où le préfixe mal donne du sens, modifie le sens
Mal entendu...
Il subsiste souvent ce malentendu, à l'origine de bien des conflits, des incompréhensions, des attentes, et des ententes qui ne se passent pas comme prévu !
Du moins comme on l'avait prévu
Mal entendu... Alors qu'avons nous mal entendu pour que ce malentendu subsiste, ou ce mal attendu....
Entendu, souligne quand même qu'on y a entendu quelque chose, mais pas de la manière qui convient, qui nous convient...
Mal....
Qu'est ce que mal ? Ce mot masculin formé de trois lettres possèdent un pouvoir immense, celui d'inverser le sens du mot, plus long en général qu'il précèdent !

Pouvoir maléfique ? mal encore...
Le mal, nous dit le dictionnaire cause la douleur et la souffrance, c'est mauvais, nuisible, terrible, bref, les chevaliers de l'Apocalypse ! Il ne génère que les pires maux ! (mal au pluriel).
Tout n'est que désolation, malheur, épreuve, supplice, blessure.
Lorsque la religion s'en mèle, tout s'emmelle et nous sommes damnés dans les Enfers jusqu'à la fin des Temps (lesquels ?) suppots de Satan, de Lucifer ou de toutes les formes que prendra le Mal in....

Il ne faut donc s'attendre à rien de bon, ni de ce côté ni de l'autre

Mal entendu donc ! Curieuse méprise que ce mot là ! Quiproquo..
Quiproquo, le mot est assez révélateur de ce qui advient. Le petit côté "théatre de boulevard" lui donne également ce ton acidulé qui résume la situation inachevée, enchevêtrée, inexpliquée qui arrive là, sans vraiment avoir été conviée...
Théatre de boulevard qui fait rire, ou plutôt qui a le "faire rire" pour fonction ! Car il met en scène devant un public venu pour ça, les mal heurs de la vie, les mal entendus, les maris trompés, les femmes adultères. Quelle drôle de vie ! Quelle drolerie ! Et tout le monde rit....Pour ne pas en pleurer, pour ne pas en mourir, car il faut vivre avec ça, avec tout ça, et le voir là, devant les yeux, devant ces yeux, rassure, dit qu'après tout, le malheur des autres, les rend sympatiques, les éloigne un peu moins, les rapproche un peu... On les entend mieux !

Comme c'est cruel tout ça...
Et on se penche pour entendre un peu mieux, encore un peu davantage !

Cruelle méprise encore une fois !

Il y a méprise donc, ou plutôt mal prise... j'ai cru voir, dans ce cas précis, entendre, et ce n'était pas ça. Du moins je ne m'attendais pas à ça ! Je pensais que c'était ça, eh bien non ! Je me suis trompé...Ou on m'a trompé !
Erreur sur la marchandise donc !
Erreur sur le contrat !
Les supermarchés remboursent si vous vous étes trompés "le droit à l'erreur,ce n'est pas grave, reportez le produit en magasin, nous le changeons, remboursons, faisons un avoir"
Un avoir, pour qui s'est fait avoir... A voir !
Un à voir, oui, mais sur quoi...
Cet à voir là, laisse supposer un futur, un demain, ou le sujet pourra recommencer, retenter à nouveau, rejouer, encore une fois...
Game open !

Un à entendre.....Pour demain, pour la prochaine fois !
A entendre : J'ai mal entendu, j'aimerai changer ce que j'ai mal entendu pour un autre entendu, ou bien avoir un a voir sur un futur prochain éventuel entendu... A entendre
Je demande donc à entendre une nouvelle fois !
J'ai entendu ce que j'aurai aimé entendre, ce que j'ai entendu, ce que je désirai entendre.
Il serait donc une fois encore question de désir ? Du désir ? De son propre désir ?
D'un désir projeté sur l'autre ? Sur cet autrui, qui aurait du être au rendez vous de notre propre désir ?
D'un désir qui ne rencontre pas le désir de l'autre, Mistake ! Comme ce mot est juste et surtout évocateur.
Il n'y a donc ni rencontre, ni rencontre tout à fait, le désir ne coïncide pas, ne s'ajuste pas avec celui de l'autre, ne se supperpose pas
Comme une sorte d'espace parrallèle où le langage est différent, avec cependant la possibilité de voir, d'entendre ici le désir de l'autre, d'entendre mal ... De l'entendre mal, de le voir évoluer sans qu'il rencontre le nôtre....Et ainsi vont les désirs.....Point de point d'intersection, ni de section, deux lignes sans faim, qui donnent pourtant soif, la soif de l'insatisfaction !
Du désir frustré, du désir qu'on remet dans sa poche !
Du désir qu'on entend pas... Malgré tout !


Puisque cette fois ci j'ai mal entendu, il y a eu méprise, mal prise, mal donne... Je ne suis pas satisfait de l'entente à laquelle je m'attendais !

Combien de rencontres, de rendez vous, de décision, de choix, de vie reposent sur un malentendu....
Tordu, pas conforme, trop petit ou trop grand mais qui ne va pas ! On s'est trompé voilà tout ! mais non, ne voilà pas tout, on s'est trompé de travail, d'appartement, de voiture, de compagne ou de compagnon, de choix, on s'est trompé de vie, et on ne peut pas reporter le ticket de caisse pour en changer.
Ce n'est pas qu'on n'a perdu, ou qu'on ne retrouve pas ce fichu ticket de caisse, mais c'est que ça ne marche pas comme ça !
Mais tout le monde ne le sait pas, ou ne le sait pas toujours... ! Le croit, le fait croire, le pense, et finalement....Cela repose encore sur un malentendu !

Neutralité

Dans un précédent article, j'ai évoqué la douloureuse question du genre, neutre.... Der, die, das, er, sie, es, he, she, it..
Le it, le das, le es....
Il s'agit ici de la neutralité, de l'état, de l'action, ou justement de la non action, si être neutre, signifie ne pas faire, de pas acter...
"Quand mes parents s'engueulent, je ne suis ni pour l'un ni pour l'autre...Je tiens à rester neutre" me dit un adolescent. Sage décision, peut-on penser !
Je n'entre pas dans le conflit, dans un conflit qui ne me concerne pas. ".... Car de toutes les manières, ça me retombera dessus.." Poursuit ce même ado...
On pourrait ainsi conclure que la neutralité assure d'un certain côté une relative tranquillité.
Un conflit éclate, je suis présent, je n'interviens pas car j'estime ou j'évalue ne pas être concerné. Ce constat, cette évaluation est bien entendue subjective, peut paraitre discutable, voire contestable quand il s'agit d'intérets graves... par exemple..
A partir de quand n'est-on pas concerné ? Jusqu'où ?
A partir de quand ne viole t-on pas l'intimité, car on se sent concerné ?
Vaste débat.... Curieuse question.... Multitude de réponse, du moins d'hypothèses, de thèses, de propositions, de suppositions..

Arrive donc, la question du rester neutre, de ne pas se meler, se meller, se joindre à, prendre parti....ou partie. Etre concerné ou non, faire avec ou non, à faire ou non...

Bien évidemment, cela nous mène à la neutralité de l'analyste, encore.... Celle du thérapeute, qui est convoqué parfois justement pour prendre position, donner un avis, un conseil, bref, ne pas être neutre.
Convoqué, par toujours par le patient ou l'analysant qui le prend à témoin, muet, souvent, mais qu'on aimerait consentant..
Convoqué aussi, souvent, parfois par d'autres tiers, qui l'engagent vers une position pas tenable, du moins pour celui, qui pense que la neutralité est une qualité essentielle de son travail, mais aussi de sa fonction....
Comment faire alors ? Comment répondre éthiquement, sans trop de dissonance, voir sans dissonance à ces demandes... Pas forcément perverses, ni toxiques au premier abord...
Mais qui, si on s'attarde relève de la plus pure perversion institutionnelle où le thérapeute devient l'instrument d'un pouvoir qui mène parfois à son insu une politique qu'il ne cautionne pas, ou pire encore contraire à son éthique...
La vigilance s'impose, sans sombrer dans la paranoïa !

Position pas tenable, face au tiers, face aux protogonistes, face aux différents acteurs de la scéne, mais aussi et surtout face à soi même.
Etre thérapeute, c'est justement ne pas intruser la vie, l'action, l'intimité de l'autre, et surtout celle de son patient, analysant, sujet en demande..
Comment garder la distance, le recul nécessaire à la cure, à l'acte analytique ou simplement thérapeutique.
Comment ne pas glisser, ne pas déraper...Ne pas pénétrer dans un domaine, sur un territoire où le thérapeute n'a rien à faire, où il serait un intrus, un indésirable.... Entrer et venir dans l'intime de l'autre, dans le désir de l'autre ?

Cette convocation dans la vie de l'autre, dans l'intime de l'autre doit se faire sans heurts, sans jugements, sans intervention intrusive. Sans pénétration, sans avoir à entrer par effraction dans le psychisme de celui ou celle qui demande de l'aide, qui demande !
La demande, justement, c'est à partir de là que se situe l'inter vention du thérapeute, cet appel au tiers, qui pourra du moins tentera de mettre du sens, là où pour le sujet le sens manque, ou fait défaut.

Intervention.... Comment se situe t-elle ?
Elle ne se situe pas non plus simplement à la simple écoute, une oreille attentive à la souffrance, à la douleur, aux pleurs du sujet....
Freud parlait de neutralité bienveillante, certains thérapeutes remettent en question ces deux vocables, affublant l'une d'impossible, l'autre d'une connotation religieuse
On peut voir dans les mots, ce qu'on a envie d'y voir, d'y trouver, c'est selon, c'est propre à chacun
Ce que voulait dire Freud est simple, même s'il n'a pas toujours été neutre, (le Maitre conversait, déjeunait, se promenait avec ses analysants, et intervenait dans le cours de leur vie en les conseillant parfois, en les grondant etc..) il a sûrement été bienveillant au sens où lui l'entendait !


Certains thérapeutes disent et conseillent aux autres thérapeutes d'être actifs, de "mouiller leur chemise" d'accompagner leur patient dans les actes du quotidien. raillant souvent le psychanalyste caricaturé au fond d'un sombre cabinet fumant le cigare, ou listant ses courses pendant que l'analysant allongé sur un divan débite des sornettes qui ne le même à rien (j'ai entendu ça il y a quelques mois... Sans une once d'humour malheureusement)
L'analyste, qui nous le savons tous, ne donne ni conseil, ni recette est donc, selon cette sommaire analyse un thérapeute passif...
L'analyse également ?
Est-ce alors un long fleuve tranquille ? Que l'analyse ?
Il faudrait entendre les témoignages des analysants ? De tous les analysants ? De chaque analysants ? Car il n'existe pas de cure type ?
Il n'existe aucun protocole, aucune recette à appliquer..
Chaque sujet qui s'adresse à un thérapeute, et j'insiste, et je m'implique, est unique, ce que le thérapeute peut lui proposer ne peut être que du "sur mesure"... Pas une grille avec des cases à cocher, ou à rentrer dans un terminal informatique pour en ressortir une prise en charge type...
Aucun analysant ou ancien analysant ne dira que sa cure est passive, qu'il ne se passe rien. Car il se passe au contraire, il passe, passent les mots et les maux qui se mettent en mots, les mots qui vont et viennent au fil de la pensée, des associations, des rêves qui défilent, qui se déroulent, se détricotent pour retricoter le fil de l'existence...
Dire qu'il ne se passe rien, relèverait-il alors de la plus pure ignorance ? ou malveillance ?

La neutralité de l'analyste, ou du thérapeute qui se réclame de la méthode du Père est de mise, fondamentale dans la conduite de la cure ou la thérapie....
Laisser les mots venir, les mots se dire, au fil de la pensée.
Le thérapeute n'a ni la solution, ni la bonne réponse, si réponse il y a, bonne ou mauvaise ? Ces mots n'ont aucun sens en ce lieu....
Le thérapeute ne peut dire, conseiller...De quel droit et de quelle manière ? Le sujet et sa vie, le sujet est sa vie... Son histoire lui appartient. L'accompagner dans sa propre quête de sens, d'historisation.

La neutralité, est elle le prix à payer pour garantir cette prise en charge ?
Etre neutre signifie t-il etre garant de cette unicité ? de cette originalité ?
Neutre veut-il dire alors respect et reconnaissance du sujet ?

samedi 21 juin 2008

Mal être

Il y a le paraitre, il y a le mal être..
Une indéfinissable manière d'être, ou de ne pas être, ou d'être un peu, pas assez, trop peut-être, mais pas comme il conviendrait d'être, comme s'il convenait d'être, de telle ou telle façon... Mais dans ce cas être sans être vraiment comme on voudrait être ou souhaiterait être.
Etre cependant et à voir mal d'être. Etre aussi en mal d'être...
Etre !
Mal être, mais malaitre, dans le sens de paraitre, malaitre est le mal être montré à voir, comme le par être !
Malaitre dans son corps, dans sa tête, dans son âme
Mal être en soi, pas tout à fait dans son corps, dans sa tête, dans son âme
A côté, comme il semble que ce ne soit pas tout à fait dedans, ni tout à fait dehors non plus.. Pas tout à fait. C'est tout à fait ça...
A côté, mais à côté de quoi ? On sait qu'il y a un corps, que nous avons un corps, une sorte d'enveloppe charnelle, un moi peau disait Anzieu, qui protége le dedans du dehors, un peu comme la membrane cellulaire, mais dans ce cas là, le dedans n'est pas vraiment dedans, il reste un peu au dehors, ou il en reste un peu au dehors, il y a quelque chose qui reste, dehors, pas dedans, qui ne peut, ou qui ne veut rentrer.
Ca coince, c'est trop grand, trop gros, mal ficelé, ça ne rentre pas, même avec des efforts, comme si l'enveloppe était trop petite, ou mal conçue, ou pas adaptée, ou mal adaptée.... Pas aux formes, pas en forme, mais en forme et à la forme de quoi ?
Est-ce formaté ? Pour que ça puisse rentrer ? Ou pas rentrer ?
Dans ce cas ne serions nous pas convenablement formaté..
Notre corps ne serait pas adapté, notre enveloppe ? A ce qu'il y a à mettre dedans ?

Mal être donc, malaitre car ça ne rentre pas, ou ça ne rentre pas tout à fait, malgré les efforts et on ne sait pas quoi faire de ce qui ne rentre pas, de ce bout là, qui ne se loge pas, qu'on ne loge pas, qui reste, qui pend, qui est en trop, mais dont on peut se défaire, car ce bout là, celui qui reste fait néanmoins partie de nous, ou pire est nous !
Inlogeable moi ! Pas la moindre faille, pas le moindre repli, recoin, trou pour le loger, le faire disparaitre...L'oublier, le zapper, l'ignorer, le noyer.... l'inonder au sein de la masse qui est montrée à voir, qui est vu et qui ne l'est plus, car elle fait partie du paysage traditionnel, où rien ne se démarque
Ce malaitre là, doit donc disparaitre, pour paraitre à nouveau et montrer à voir une sorte de bienaitre.
Mais bien naitre, n'est pas donné à tout le monde. Tout alors tournerait autour de ça 'naitre" ce n, lettre préfixe au puissant pouvoir, à la toute puissance, de changer la face du monde, la face de la vie ? La face du moi..
Tout dépendrait de ce n, minuscule consonne mais magistrale pièce de l'échiquier impitoyable de notre histoire !

N, le n de la haine, le n de n'être, de naitre, de naitre rien, de ne rien être, de n'être pas, de n'être rien..
Malaitre, contraction, condensation de mal naitre ?
De mal n'être .....

De mal d'être...
Encore faudrait-il savoir, puis s'accorder pour savoir ce que malaitre veut dire ? Signifie ?
Le sens, c'est ça, le sens à donner, à lui donner, le sens que le sujet lui donne ?
Si paraître est un verbe d'état, malaitre l'est aussi, l'état de...Mais il ne semble pas, ne donne pas l'impression, il est !

Par être, entend on le sujet ? Le sujet qui est, qui est un être. Un être humain. Le sujet qui se présente à la vue, à la vue de l'autre. Paraître à l'autre, il y a du lien dans le paraitre, l'être par, autour, au sein de....Il est visible, il est vu.
Le paraître est l'apparence. "A défaut de l'être, nous avons au moins le paraître" écrivait Gauthier, à propos des comédiens....
A défaut de l'être, du bien être, y aurait-il le malaitre... ?
la vie n'est-elle pas, pour reprendre Shakeaspeare un gigantesque théatre où chacun est un aceur et joue la comédie ?
Mais quelle comédie : That's the question ? Et pas de réponse.... Ou trop de réponses. Justement
Comédia dell'arte ? Comédia de l'être, de l'estre ? De l'être qui voudrait être, mais qui s'y prend si mal, qu'il ne peut être bien et ne peut qu'être dans le malaitre ?
Les arbres cachent la forêt, mais la forêt elle aussi, un jour ou l'autre peut se mettre en marche !

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste

Danse


mercredi 11 juin 2008

Chapelle

Tout au long de ma présence au sein des établissements hospitaliers, j'ai entretenu des relations particulières avec les représentants des cultes.
Leur présence en ces lieux, n'est pas à démontrer, n'est pas discutable, puisqu'elle est demandée, souhaitée par les patients, les familles.
Parfois, l'aumonier (ou l'aumonière) est la seule personne qui passe, qui rend visite au malade qui ne voit personne, qui n'a pas ou plus de famille, qui est abandonné.
Il est parfois le seul capable de recueillir des confidences, des paroles qui ne peuvent être déposées dans un autre lieu, un autre espace.
Paroles qui ne relèvent ni de la dimension psychique tout à fait, ni de la dimension physique complétement, mais paroles qui s'interrogent sur le devenir d'une âme en souffrance, en espèrance d'un avenir, d'un futur, ailleurs, dans un au delà, sur une Terre Promise qu'ils attendent et espèrent pour certains, croyants ou non....

Spirituel ? Esprit ? Ame ? Dieu ? Religion ? Foi ? Croyance ? Domaine divin, dieu, église etc... Domaine limite, frontière extrément mince entre le psychisme et l'esprit, si on considère que ce n'est pas tout à fait la même chose...
Autre territoire inconnu de l'âme, qu'on ne connait pas tout à fait, terre inconnue, presque effleurée, domaine lointain qu'on sait présent, mais qu'on ne peut palper vraiment..
Qu'on n'interroge pas souvent, ou dans des conditions très particulières.

Ame ?

Il n'est pas toujours question de religion, la plupart du temps..
Il est question de réconfort souvent
Un réconfort, une écoute, une oreille attentive, différente de celle du médecin, du psychanalyste, différente, mais aussi complémentaire. Parfois, si le patient le souhaite.

Il est souvent dans ce cas, ici et maintenant, question de questions.
Questions qu'on ne se posent pas forcément ailleurs, avant, quand tout va bien, ou à peu près bien, quand l'heure n'est pas à la question justement.
La maladie, l'approche de la mort questionnent justement, intensément, angoissément cette ou ces questions ?
Qui suis je ? Sujet malade ?
Mais que vais-je devenir sujet mourant ?

La religion n'a rien à faire, ni affaire dans un travail thérapeutique, elle n'est ni de mise, ni invitée, même si elle s'invite parfois.
Le thérapeute n'est ni un confesseur, ni un prétre chargé de donner l'absolution. Il ne pardonne rien au nom de personne.
Il peut tout au mieux, accompagner le sujet qui le souhaite dans sa démarche de pardon à lui même et autres qu'ils pourraient avoir offensés
Mais qu'est ce que l'offense dans le discours de l'analyste ? De l'analysant ?
Offenser quoi, et offenser qui ? Transgression ?
On n'est pas, dans cette affaire là, dans cette transaction là, dans cette démarche là, dans cette aventure là. Pas de Méa culpa.
C'est un autre quête, qui peut être menée en parrallèle, séparément, c'est un choix, et le choix du sujet.
Il arrive pourtant que cette rencontre se fasse, ait lieu, que ces deux là soient au rendez vous, même lieu, même heure....Comme ça ! Par hasard.
Mais le hasard n'existe pas : Alors ?
Il arrive pourtant que ces rendez vous, arrivent et aient lieu, et que psychanalyste et aumonier soient impliqués. Mouillés par le patient, analysant pénitant en demande d'espèrance et de devenir meilleur. invités !
Curieux hôtes que voilà !
Le psychanalyste s'il ne promet rien, permet en revanche...Si le sujet le veut !
L'aumonier peut-il promettre que son dieu sera miséricordieux, pardonnera les péchés, et aime tous ses enfants ?
Je n'en sais rien.
Pourtant il vient, écoute, accompagne et réconforte.
L'analyste, vient, écoute et accompagne.... Quel réconfort apporte t-il ?
Confronté à la maladie, le travail analytique se fait au bord du lit, hors cadre, hors du cadre traditionnel, pas de divan, pas d'espace temps délimité pour le sujet....
On improvise, on compose, on fait avec... Ce qu'on à, ce qui est !
On invente, on crée, parfois on bricole !
Hors cadre, mais en les murs, en les murs de l'institution et de la chambre, de la chambre du dedans, d'un dedans carcan qui parfois est le dernier dedans, la dernière demeure...
Comment faire ailleurs. Il faut bien évidemment repenser, voire repanser sa clinique, sa pratique.
Si chaque rencontre est nouvelle, cette chambre est un espace pas toujours clos, où il faut pourtant lors du travail analytique préserver l'intime, et donc offrir un espace d'intimité, afin que cet intime puisse se mettre en mots.
Aider le patient à historiser cette souffrance et cette demande, sans pouvoir répondre à ses questions, ni le rassurer sur la possibilité peut-être éventuellement hypothètique d'un avenir, d'un futur, d'un devenir meilleur, ou autre, ou d'un autre monde tout court ?

Ce qu'il en est, nul ne sait... Mais ceux qui ont la foi en sont persuadés peut-être ?

Alors peut-être aussi, est-ce bon, qu'un des leurs le leur rappelle ?

L'analyste ne peut promettre le paradis, quel paradis ?
Il peut permettre la mise en mot du présent, pour penser l'avenir, mais qu'est l'avenir, quand on compte en jours et parfois en heure
Avenir quand même ! Ca j'en suis sûre....


Et puis il y a le lieu, consacré à la prière....Celle des croyants ou des incroyants, peu importe, nul besoin d'appartenir à une église pour en pousser la porte
Lieu de paix, de silence et de recueillement, cet espace est essentiel dans ce lieux de violences, de morts, de sangs, de douleurs, de souffrances...

Combien de fois, ais je poussé, moi, qui ne crois en rien, ou en si peu, combien de fois ais je poussé cette petite porte ? Combien de fois, suis je entrée, moi, qui n'ait pas la foi, du moins cette foi là ?
Combien de fois suis je venue, non à la rencontre d'un dieu, bienveillant, malveillant, miséricordieux, vengeur, bon... car je ne sais si dieu il y a ?
Pourtant, je suis venue...
Souvent, très souvent, souvent, dans cet espace clos, je me suis retirée et reposée. Oh pas longtemps ! Le temps dans cet endroit est suspendu, n'existe pas, n'existe plus !
Toujours j'y ai trouvé la paix, le calme, le silence, ce silence que je laisse m'envelopper, m'envahir, prendre mon âme et mon esprit ! Ce silence que je gôute avec délice, une sorte de jouissance indéfinissable !
Se retrouver pour quelques minutes, quelques secondes face à soi même, face à cette solitude qui peut se révéler terrible, mais aussi terriblement rassurante.
Face à sa solitude ! J'ai écouté le silence, me suis nourri de solitude....Je ne suis pas certaine qu'un autre endroit ai pu m'offrir tout ça, d'un seul coup, en même temps..
Certains disent que c'est la maison de Dieu ou dieu, qu'il y règne cette atmosphère grâce aux prières ? Je n'en sais rien, mais ce dont je suis sûre c'est que cet endroit là, précisèment est tellement précieux ici.
Une sorte de no man's land.
Une Terre d'asile !

vendredi 6 juin 2008

Vieux

Avant, enfin, il n'y a pas encore si longtemps, on mourait chez soi, auprès des siens, dans sa maison, dans son lit, au milieu de ce qui a fait sa vie..... On naissait, on vivait et on mourait parfois dans la même maison, dans le même lit.
Avant de mourir on vieillissait, plus ou moins tranquillement, mais chez soi, auprès des siens, dans sa maison, dans son lit, au milieu de ce qui a fait sa vie.. On naissait, on vivait, et on vieillissait parfois dans la même maison, dans le même lit.

Avant, être vieux signifiait savoir, avoir une expérience, une compétence, avoir vécu...
Avoir et Etre, Etre vieux et avoir un savoir !
Etre et avoir à transmettre, à donner, à léguer, pas seulement ses terres, sa maison, son lit....
Transmettre l'histoire d'une vie, de sa vie, de sa longue vie.
Témoigner de son passage, ici, sur cette terre, dans cette maison... Auprès des siens
On était le Père, la Mère, ou le Vieux, ou la Vieille... Sans qu'il n'y ait rien de péjoratif dans ses appellations
Parfois on disait "les Anciens" . On le dit encore, dans certaines régions.
Ils étaient respectés, reconnus, interrogés...
Ils étaient l'âme et la mémoire de la Terre, du Village, de la Maison
Il savait, ce qui s'était passé avant, avant lui, et avant son père, qui le lui avait dit. Et il disait, racontait.... le soir, à la maison..
Il transmettait ce savoir là, ces histoires là qui faisaient notre savoir, notre histoire, celle que nous transmettrions nous aussi, enrichie de notre savoir, de notre histoire à nos enfants...
Avant c'était comme ça...Il y avait une mémoire, une histoire et des vieux
Les vieux cotoyaient les jeunes, les plus jeunes, les moins jeunes, les moins vieux, et les plus vieux...
Avant il y avait des vieux dans les maisons, et les plus jeunes ou les moins vieux s'occupaient d'eux. C'était comme ça !
Le vieux n'était pas si encombrants que ça, on finissait bien par lui trouver une place, des petites choses à faire, pour être utiles encore un peu..

Une place !

Je crois que c'est autour de ce simple petit mot, que tout s'articule, une place !
Il avait en effet une place, du moins il gardait une place, celle qui était la sienne, dans sa terre, dans sa maison, dans son lit

Bien sûr tout n'était pas idyllique, l'homme est un homme pour l'homme ne l'oublions pas... Il suffit de lire ou de relire Balzac, Maupassant pour s'en convaincre si on ne l'est pas encore... Mais enfin le vieux vieillissait et mourait chez lui, même si on l'aidait un peu..

Aujourd'hui : Quelle place pour le vieux ? les vieux ?

Une place ? Mais où ?

Bien évidemment on rétorque, analyses et statistiques à l'appui, que la société à changé.. C'est sûr, elle n'est plus ce qu'elle était. Tout a changé, tout s'est modifié, la société mais aussi les notions qu'elle recouvre... les notions les plus fondamentales et élèmentaires, telles que l'éducation, la famille, le couple, le travail....

La famille n'est plus la même, son concept a tellement été malmené qu'on ne sait plus très bien ce qu'il recouvre et recoupe aujourd'hui...De famille élargie à famille monoparentale, le fossé est grand, faille énorme.. Mais en tout état de cause, le vieux ne peut pas s'y engouffrer
Pas de place pour lui dans cette faille là..
Cette faille, ce trou ce vide n'en veut pas.
Il le jette, le rejette, le vomit.

Ainsi, ce nouveau visage d'une société qui ne cesse d'être en mutation serait une explication à la notion même de vieux
Mais vieux n'est pas correct, c'est indécent parfois d'être vieux, c'est faillir. Vieux c'est la faille, où nous nous engouffrerons tous un jour, même au bout de multiples liftings et d'injections de botox... On n'injecte pas les neurones... On ne diminue pas le poids des ans. La sorcellerie n'a qu'un temps et la fontaine de jouvence n'est qu'un mirage ! Dénis terribles que tout ça !

Le vieux, en tous cas n'a plus sa place, n'a plus de place dans sa maison, dans une maison... Une maison, un village où il n'y a plus personne, ou alors plus que des vieux, donc personne !

Pourtant, on se préoccupe des vieux, on s'en inquiété car c'est inquiétant. Voilà qu'ils meurent s'il fait trop chaud ! et nous n'avons rien vu... Inconséquents que nous sommes ! Inconscients et irresponsables... Ils sont morts de soif, de chaud, de froid. Bref, ils sont morts tout seuls, pas si loin de nous.. Car ils meurent près de nous, ils s'éteignent sans bruit, doucement, silencieusement, de peur de déranger, encore, on dérange quand on est vieux !

S'ils ne sont plus dans nos maisons, ils sont pourtant près de nous. un prés qui se veut loin pourtant.. Loin, étrangement loin.
A une place ! Une place spécifique, spécifiquement pour eux. Une place pour les vieux, à l'abri du regard des moins vieux, car on vit de plus en plus vieux, et il faut bien faire quelque chose, il faut bien en faire quelque chose, les mettre quelque part... à l'abri des regards et des consciences. Pour avoir sa propre conscience au repos, tranquille ou presque. Car vieux, on le deviendra, un jour ! Un jour qu'on perçoit plus ou moins loin, loin sûrement, le plus loin possible, on recule, on retarde cette pensée qui intruse notre présent, on la chasse, mais elle revient parfois au galop, quand il s'agit d'un de nos proches qui devient vieux et que finalement on n'avait jamais vu vraiment vieux, et qu'on pensait qu'il ne deviendrait pas aussi vieux, ou aussi vieux comme ça.
Ca n'arrive qu'aux autres : mais parfois les autres c'est nous, nous aussi et il faut bien faire quelque chose
"Pourvu que je ne devienne jamais comme ca ! " litanie que j'entends tant de la part des soignants que des enfants ! Que je partage parfois quand je suis face à cette violence, cette violence faite aux vieux !


"On ne peut pas le prendre à la maison, pas de place ! "
Tiens encore la place... Et cette fois, il n'y en a pas. Mais y en a t-il eu une un jour ?
Qui va s'en occuper ? on travaile
Subtile question qui est en fait une réponse...
No place !
Alors on parle de "placement" en maison, de retraite, de vieux quoi ! Avant on parlait d'hospice, d'asiles de vieillards, pour les indigents des villes, ceux qui n'avaient personnes, à la campagne il semblait plus aisé de vieillir, car on avait soit disant la place pour le garder.
Placement ! Mot terrible, qui signifiait dans leurs jeunes années, pour les plus vieux de ces vieux, le placement dans une maison, comme "bonne à tout faire" me dit une patiente agée de 95ans !

Placement ! Mot terrible qui raisonne et résonne comme une sentence ! Maison de correction, placement en maison, mais pas sa propre maison, qu'on abandonne car trop vieux pour s'en occuper, trop vieux pour s'occuper de soi, pour prendre soin de sa maison, de son chat, de soi !
Terrible aveu ! Impuissance devant une finitude certaine, mais qu'il reste à atteindre, lentement inéxorablement.
Un billet simple pour l'enfer ! Il est pavé de bonnes intentions, comme les plus luxueuses de ces maisons de retraites, asiles pour séniors friqués, car les pauvres, restent pauvres, même vieux, encore plus pauvres, surtout vieux !
L'issue de cet enfer ne peut être que le paradis ! Pas celui promis mais celui ici tant espèré, tant attendu, paradis de la délivrance, délivrance de ce purgatoire, derniere ligne droite. Le paradis est au bout du tunnel !

A tous les vieux, que je rencontre, qui se racontent, qui m'offrent une part de leur vie, de leur souffrance, de leur histoires d'amour souvent, de leur bonheur, et qui partent doucement, que je ne revois plus le lundi suivant, parce qu'ils ont "glissés" lentement vers un monde qu'ils pensent sûrement meilleur, mais surtout parce qu'ils savent qu'ici "ils ne servent plus à rien"
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map