Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 1 janvier 2012

Je voeux

Il est coutume de présenter ses voeux pour la nouvelle année, une bien jolie attention, si elle est sincère et désinteressée.
Souhaiter aux amis, à la famille du bonheur, de la réussite, santé, amour, tout ce qu'ils désirent... N'est -ce pas justement un peu trop ?
Un peu trop de trop ? Nous savons tous, qu'il est impossible de tout obtenir, de tout désirer, de tout vouloir, de tout souhaiter. Pourtant il n'est pas question de rester modeste en cette occasion !
Tous nos voeux... Mais voilà, lesquels
Je voeux. Une de mes amies écrivait "je veux vouloir"...
Vouloir. En effet, je veux.
Peut-être faut-il vouloir d'abord, se souhaiter "la bonne année". Puis la souhaiter à ceux qui nous entourent...
L'an se termine et s'ouvre sur la grisaille, pas seulement celle de la météo, mais l'ambiance générale n'est pas au soleil, à la lumière..
Les libations de la veille laissent la place à la gueule de bois du matin.
Les réveils sont parfois douloureux. Le constat est alors effrayant. Le passage à l'an neuf n'a vraiment rien de réjouissant. Il s'ouvre sur une continuité douloureuse, un non espoir cinglant.
Rien de nouveau sous le soleil. Il n'y a plus de soleil, ni noir, ni trompeur...
En une nuit, si courte soit-elle, rien à changer.
Qui aurait eu la folie de le croire ?
Le monde est toujours aussi gris, glacial et sombre...
Nous marchons au coeur de l'obscur, droit vers les ténèbres, et ceux qui veulent nous faire croire le contraire nous mentent ou se moquent...
Ou peut-être, le miracle existe ? C'est possible et je le souhaite. C'est mon veux pour cette  nouvelle année, le plus sincère.
J'aimerais.. Au conditionnel, mais sans condition. Je voeux !
Les réjouissances sont amères cette année ! Cela ne passe pas vraiment. Il est de bon ton, d'être heureux, cette injonction des fins d'années, ces festivités, où on fait le plein de cadeaux, de nourriture, de boissons, de tout..
De tout !
Il faut s'amuser, manger, boire, être heureux, chanter, danser !
Il faut oublier la réalité, un instant, un seul instant...S'enivrer dans un tourbillon, entrer dans un trou noir de paillettes et de confettis..
Pour vivre dans l'illusion, vivre l'illusion d'un monde qui tourne rond.
Où personne ne manque de rien, ou tout le monde mange à sa faim, où les enfants vont à l'école, où il n'est question ni de race, de papiers, de religion de couleur de peau...
Un monde parfait..Ou presque, car nous savons que la perfection n'existe pas !
Un monde où tout le monde est beau, gentil, où ce monde s'embrasse sous les feux d'artifice... Se souhaite les meilleures choses du monde...
Ou tous s'aiment sans conditions, un monde sans guerre, sans faim, sans ...
Un monde sans ?
Mais sans quoi ?
Gueule de bois !
Manque de tout, et manque d'amour surtout !
Il est temps de se reveiller et le voir tel qu'il est ce monde, tel qu'il est en marche..
Tel qu'il avance à grand pas, qu'il progresse et régresse...
Un monde presque parfait en effet, où la singularité n'est plus de mise.
Uniformisation des masses, et j'insiste. Une seule voix, voie, et une seule tête. Car cette tête là sait ce qui est bien et ce qu'il faut faire... Sans laisse de place pour que le plus mince des filets de voix puisse s'élever, pas de voie pour un simple bruissement !
Car la parole se meurt, on la tue en silence et dans l'indifférence générale ou presque. Et c'est ce presque qui représente me semble t-il le seul espoir d'espérance. La faille où peut s'engouffrer les voeux. Le je veux !
Pouvons nous continuer à assister en silence, consentir à ce meurtre là.
A cette perversion là ? Car il ne s'agit en aucun cas de silence de la part de ces meurtriers là. Perversion du langage, mise au service d'un totalitarisme qui ne dit pas son nom. Du moins pas encore !
Tuer la parole, celle qui relie les hommes et qui instaure le lien social. Sans cette parole là, il n'y a plus de confiance, de confiance en soi ni de confiance en l'autre.
L'autre devient un ennemi qu'il faut, craindre, dénoncer, se méfier
Quelle société à venir ?
Le meurtre du sujet. Le meurtre de l'être de langage.
Les nazis affirmaient qu'ils n'y avait pas de pourquoi (cité par C. Lanzman) et en DDR à la question "Warum"' il nous était répondu "Darum"....
La perversion a ici un autre visage, plus pervers encore, car elle maintient le sujet dans l'illusion. Un langage perverti qui laisse croire que la langue lie et relie encore. Alors qu'en vérité tout se délite, tout comme l'humanité de l'humain.

Tout est fait pour que le sujet, l'homme sujet de langage devienne étranger à lui même et le place hors je. Hors du je veux ! Je voeux quoi ?
Horde !
Force de mort, force de destruction...
Alors en cette nouvelle année, que dire et que souhaiter ?
Etre vigilant et laisser entrer la lumière, ce mince rayon de soleil qui force les ténèbres, qui seul peut nous amener hors de l'obscur, fil d'Ariane qui nous mène hors du labyrinthe pour nous faire ad venir à nous même
Pour nous donner la force et le courage de dire non. Pour dire oui, à un monde où chaque sujet reconnaitra son humanité et celle de l'autre. Où il pourra vivre en homme et affronter Thanatos !
En être de parole et de lien social
C'est mon "veux le plus sincère !"
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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