Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 18 novembre 2016

Andere Welt

ll m'appelle ; ll me dit qu'il a très bien connu Gerd ; ll me dit que ça fait longtemps de cela
Bien longtemps !
ll m'appelle ; ll me dit qu'il va m'envoyer des photos, de lui, de Gerd, de là bas !
ll me parle, sa langue est maladroite, imprécise, rugueuse ; la langue dérape. ll parle la sienne, la nôtre.
La langue glisse ; mais pas le discours.

ll me demande si je me souviens, d'un visage, d'un nom, d'une maison ?
Je me souviens....
Mais de quoi exactement ?
Je ne me souviens pas vraiment ; de quoi devrais-je  me souvenir ?
Tout est flou, loin, perdu dans les brumes de ces forêts d'un autre monde.
Une nébuleuse. Un monde : Welt
Le mien, celui d'avant, d'avant ici,
Le monde de Gerd, le sien et le mien : le nôtre
Avant.

ll m'appelle et me dit encore qu'il voudrait me dire ; me parler de Gerd, de ce temps qu'il lui a confié que je ne sais peut-être pas ; dont il ne m'aurait rien dit parce qu'il y a des choses qui ne se disent pas toujours, forcément.
Je ne me souviens pas.
Pas de tout, de quelques bribes, de quelques bruits, de quelques mots.
Le passé de Gerd : Savoir que les apparences sont souvent trompeuses, ne pas toujours croire ce qui est dit : la légende, la réalité, la vérité... Ce n'est pas tout à fait la même chose, ça se rejoint peut-être mais pas forcément.
Le mythe ; de Gerd.

ll me dit encore qu'il ne reste peut-être plus que moi pour me souvenir de lui ; et lui : Nous.
Ce Nous ne  me dit rien car si je connaissais Gerd, lui je ne le connais pas.
ll me tutoie. 
ll m'appelle et me dit que si je veux il m'appellera une autre fois pour me dire encore...
ll me dit qu'il est heureux car il a pu enfin me parler lui qui ne me connait pas.
ll me dit que Gerd aurait aimé ça ; voulu ça.
Je ne sais pas.
Je songe et reste sans voix.
Notre seul lien c'est Gerd
Notre seul lien c'est la langue ; sa langue, la mienne, la langue de Gerd.
Elle nous relie, nous lie aussi peut-être
C'était !
ll parle encore, ll raconte...
"lch kann dir vertraueren".

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste in "Les Nouvelles d'Arsel" Bribes et fragments

samedi 12 novembre 2016

11 novembre : le prix de la vie

11 novembre : le prix de la vie
,
11 novembre : journée du souvenir. Souvenir des hommes morts, blessés, tombés dans une guerre qui a embrasé le monde entier. lls sont venus de partout, des quatre coins de la terre pour offrir leur vie en sacrifice ! Et quel sacrifice ! La vie ; c’est de ça dont il est question. Leur vie ! le prix de leur vie On m’a enseigné que la vie n’avait pas de prix, car elle était hors de prix ; d’une valeur inestimable. Mais là, dans ce contexte précis aucun prix n’a été donné à la vie. A leur vie 
 
“Qu’est ce que j’ en ai consommé des bretons
 
Voila ce que disait Nivelle ! ll ne leur a jamais pardonné d’être bretons et il n’était pas le seul, la rancune est tenace. Le génocide breton ; combien de fusillés car ils ne parlaient pas français, troupes sacrifiés ; une vie bretonne a encore moins de prix qu’une autre. Une guerre rappelons le ne les concernait pas si on s’en réfère au traité breton de 1499. Ces bretons dont on exigeait qu’ils tiennent les tranchées coute que coute.
 
Honte !
 
Combien de vies a t-il pris ? Combien d’hommes ce fou de guerre a t-il envoyé à la mort ? A t-il pris la peine d’en faire le décompte ? Et quelle importance avait ces vies pour lui ? De la chair à canon. Sans plus. Sans moins Sans reste Quel mépris pour la vie ! quelle violence. Quelle folie ! Pas un mot non plus sur tous ces hommes venant d’ailleurs ? d’Afrique, d’Océanie, d’Asie, d’Amérique ... Pas un mot des amérindiens tombés sur un champ d’horreur ! Et ces Spahis, corses, bretons, envoyés en premières lignes se faire tuer, exploser car leur vie ne valait rien ! un coup de gnôle pour leur donner du courage ou les rendre inconscients du danger ! Allez mourir !
Et que dire ces noirs américains dont la grande démocratie avait honte ! De tous ces anonymes ! Qui parle d’eux et qui leur rend hommage*
 
La guerre n’est jamais propre, elle est toujours sale, elle est toujours laide. C’est la haine, la furie et la violence des hommes dont la vie ne vaut rien ! Pas de discours, Pas de sépulture ! La terre hurle encore de leur douleur, meurt sous la ferraille ! Ma terre d’Ardenne pleure et se souvient ! Le chemin des Dames est un ventre stérile d’où ne sort que les gémissement des âmes portés par le vent et la pluie. Craonne est un désert, un chaos d’un autre monde ! plus rien ne pousse la terre n’oublie pas, c’est le tombeau de ces malheureux. La terre n’est que sang, et os ; elle n’arrive toujours pas à digérer cette chair humaine donnée en pâture à la folie de quelques uns ! Passant n’oublie pas que sous tes pas gisent tes frères !
 
Endroits maudits, endroits où la mémoire accroche, s’accrochent. Ecoute ! fais silence et entend ! Regarde ! regarde bien ces ombres qui passent, l’ombre de ces hommes déchirés et déchiquetés, ils sont là et ils rodent ;ne trouvant ni le sommeil ni le repos éternel. lls sont là pour l’éternité, peut-être veulent-ils dirent aux vivants que... la guerre ne vaut rien ? 
 
Ecoutez ! entendez ! souvenez vous !
Combien d’hommes avez vous consommés, utilisés Nivelle et les autres ? Entendez vous leur cris, leurs plaintes, leur pleurs. Combien de larmes ? Aujourd’hui il convient de rendre hommage aux bretons, aux indiens d’Amériques, aux hommes des terres lointaines venus se battre à coups de pioche de haches de baionnettes avant de succomber aux gaz ! 
 
Souviens toi de Craonne !
 
 N’oublie jamais toi qui passe par là ! entend les plaintes et les souffrances de ces hommes, de ces pères de ces frères et de ces fils, de ces être humains plongés au coeur de l’inhumanité. 
 
 Brigitte Dusch, historienne psychanalyste.
 
* Je salue avec beaucoup de respect et d’admiration les recherches menées par mon fils Sacha à ce propos. Sa volonté de rendre une histoire et une place à ces hommes.

vendredi 11 novembre 2016

14-18 11 novembre 2016 cent ans.



On se souvient...
100 ans 11 novembre 1916.
lls sont venus du monde entier ; lls ont quitté leur ferme, leur atelier, leurs études, leur vie, leur famille pour quoi ?
Génération sacrifiée au nom de quoi ?
Morts de ne pas avoir vécus
L'hommage rendu chaque année en hommage à leur sacrifice ne répare rien.
Hommes de 14-18.

Brigitte Dusch historienne, psychanalyste
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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