Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 8 avril 2014

Instrumentaliser la peur.

La peur !
Instrumentaliser la peur et la haine, la haine pour faire peur. User, ustensiliser ce qui est atavique, le propre de l'homme, ce qui le maintient en vie et en survie. La peur, sa peur, sa propre peur, mais peur de quoi ?
User de cette technique là, sophistiquée, raffinée et perverse.
Une des ruses et armes de guerres les plus anciennes. Diviser les ennemis, les opposer, utiliser la haine de l'un pour terrifier l'autre.... Et ainsi de suite, et retirer les marrons du feu.
Regarder... La peur, celle de l'autre, des autres
Jouir de cette peur là...

Nous ne sommes ni dans la science fiction ni dans un scénario catastrophe, simplement dans la réalité et dans le quotidien de ces derniers jours, de ces derniers mois.
C'est ce que l'actualité nous montre à voir si on prend juste un peu de temps pour faire une pause, regarder, observer, analyser, décrypter, articuler, donner du sens.

Et poser des hypothèses. Sont-elles, peuvent-elles être à la mesure de la perversion de l'origine de l'acte ? C'est difficile, mais risquons nous sur ce terrain miné. Au risque de déplaire, au risque de choquer, au risque d'énoncer et de dénoncer une vérité. Mais la psychanalyse et le psychanalyste n'ont-ils pas ce devoir là ?
Qu'est ce que la peur ? Cette émotion si singulière que le sujet ressent au plus profond de lui face à un danger réel ou pas, danger ou menace. Cette chose étrange qui lui fait craindre pour sa vie. Cette chose parfois indicible, impalpable qui fait qu'il ne se sent plus en sécurité... Cette chose dont sa vie dépend ?

Danger, peur, menace, crainte, sécurité. Une sécurité qui devient une insécurité, qui crée de l'angoisse et un mal aise. Un mal être...Un sentiment, une sensation d'étrangeté difficile à exprimer mais facile à expliquer.
Lors d'un précédent article j'ai évoqué cet irisible indécence, ces propos haineux véhiculés et travestis sous une forme soit disant humoristique pour être montrés à entendre et surtout à rire !
Sous couvert une fois encore de spectacle, d'art, où tout peut être mis en scène et en actes au nom de la liberté d'expression, l'indicible a pourtant été dit. Il a fallu interdire, poser un interdit car la transgression n'était ni supportable ni tolérable. Il a fallu museler cette parole, la faire taire au nom de la liberté, justement. Une liberté liberticide. J'ai souligné alors le questionnement éthique de cette interdiction, le fondement même de ces volontés. Celle de nuire, celle de transgresser, celle de museler, celle de légiférer, celle de punir. Surveiller pour punir éventuellement ces mots et dires qui transgressent la décence que l'Humanité s'est fixée, ce cadre qui fait que notre vivre ensemble soit au moins possible rien qu'un petit peu.
Pourquoi maintenant ? Et seulement maintenant ?
Comment interpréter, comment comprendre ? Comment lire, analyser avec un peu de recul ces événements aussi bruyants que désagréable ?
Qu'est ce que ça cache ? A qui se fier ? Pourquoi ? Et comment ?
Manipulation ? Perversion ? Que ne fait-on pas dire aux mots, aux maux ? A la parole ?
Avoir peur pour faire taire, ne pas faire de vague, raser les murs tels des fantômes et des ombres qui se demandent s'ils peuvent encore penser et espérer.
On joue, on pousse à bout, la peur de l'autre, cette possibilité de la peur qui est ancrée en lui, atavique sursaut de survie, qui comme le mal et la haine sont ancrées et encrées dans la partie la plus archaïque de l'âme du sujet humain, torturé, malade, éveillé mais inconscient parfois, ou conscient et endormi. L' Homme doit-il alors se réveiller ? Cet homme debout ? Doit-il se tenir courbé ? Courber l'échine par peur de... Crainte de... mais de quoi ?
De quoi est faite la peur ? Ce sentiment mêlé à l'odeur parfois insoutenable ? De quoi est-elle faite ? A quoi tient-elle ?
Jouissance de l'autre pervers manipulateur qui se délecte de sa mise en scène, des actes qu'il pose et qui font leur effet. Leurs effets sur cet autre qu'il veut à tout prix maintenir en son sein, sein malveillant sein empoisonné qui le nourrit de son venin...
Mal, haine, crime, peur... Eros et Thanatos, douleur et souffrance, plaisir et bonheur tournent en boucle, début et fin et ça recommence, encore et encore, sans jamais finir.
Instrumentaliser la peur, tuer l'autre à petit feu, l'étouffer dans ses mots retenus, restés au travers de sa gorge.
A bout de souffle !

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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