Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 20 décembre 2010

Purge

Je viens tout juste d'achever Purge, de Sofi Oksanen...
Un livre qui ne laisse pas indifférent, loin de là.
Un livre pas facile à lire, qui va qui vient, dont les histoires et l'histoire se mèlent s'en mèlent, s'emmelent pour se démeler enfin.
Se démeler ? Je n'en suis pas non plus certaine.
Car il nous laisse sur des questionnements, des interrogations et aussi un certain mal aise.

Un livre qu'il faut lire cependant... Pour comprendre, comprendre un monde qui n'existe plus, mais qui subsiste encore.
Pour comprendre un monde qui existe à nouveau, un monde qui s'est retrouvé.
Pour comprendre aussi, ou tenter de le faire, les méandres de l'âme humaine
Une sorte d'étude de caractères...

Oui, un livre qui ne peut laisser indifférent !
Bien sûr je ne vous raconterai pas l'histoire, je veux seulement en dire quelques mots, partager les émotions, les sentiments, ce que j'ai ressentsi, en le lisant, en le refermant.
Purge est un roman. C'est l'auteur qui le dit. Qui l'écrit. Qui nous avertit.

Les deux premières pages représentent une carte géographique, celle de l'Estonie. "L'Estonie dans l'Europe du Nord depuis 1991"
La légende nous donne déjà quelques indications sur la nature du roman, de l'histoire de ces gens, estoniens, russes, exilés...
Cette carte est importante, je dirai presque essentielle pour aller au delà de l'histoire, du roman, pour le comprendre, comprendre les personnages...
La première clé.
Puis il nous mène en 1949, et nous livre les mots de Hans... Quid ?
Nous voila aussitôt dés la page suivante plongés en Estonie Occidentale en 1992...
Va et vient entre ces années 90 et ces années d'avant guerre, de guerre, d'occupation , puis d'occupation encore...
1992 voit la fin et la chute de l'Union soviétique. L'Estonie qui a tant souffert de l'occupation des russes, fête leur départ...
Tout n'est pas si simple....
Il y a eu la guerre, et avant la guerre, l'Estonie était libre, puis ne l’a plus été.
Il est question de liberté dans ce roman, de la liberté, des libertés aussi, individuelles, singulières...
Pendant toutes ces années, difficiles, redoutables, il a fallu survivre....
Et puis c'est l'histoire de deux sœurs, d’une famille ordinaire, dans ce pays.
Une histoire loin d'être simple, surtout lorsqu'il y a un homme...
Et puis des années plus tard, le temps qui passe, et il faut survivre au temps. Survivre tout simplement. Comme on peut, et parfois à quel prix ! Le prix de la vie.

Une histoire et des histoires, celle de gens ordinaires, mais peut-on l'être à cette époque, dans ces pays ?
Dilemme ?

Une écriture simple, ferme, précise et directe qui nous plonge au coeur de ce monde, qui plante son décor dans un village, dans une ferme. Presque pittoresque.
Qui nous plonge dans une atmosphère, souvent lourde, pesante, étouffante, angoissante, suffocante.

Un roman où il y a des odeurs, des odeurs fortes de nourriture, de cuisine, de confitures, d’oignons, de savons, de sueurs, de peurs, une vieille femme qui n'en finit pas de son passé, de sa mémoire, de l'oubli.
Un roman où il y a des images, celles des jours heureux, moins heureux, désespérés..
Un roman qui nous parle de la guerre, de la collaboration, du communisme, du soviétisme, d'un peuple nié, exilé, massacré, déporté.... Pour laisser place.
Mais place à quoi ? A des lendemains qui ne chantent pas, qui n'ont jamais chantés, qui ne chanteront jamais...
Heureusement, le peuple d'Estonie pourra chanter à nouveau !

Ici il est aussi question d'identité, de l'identité d'une nation, de l'identité d'un peuple qu'on veut anéantir, lui ôter ce qu'il a de plus chers, la langue, la religion, l'hymne et le drapeau.
Un peuple qui doit se fondre dans la masse, celle de l'immense Union des Républiques soviétiques, n'être plus qu'un misérable maillon d'une gigantesque machine inhumaine, sans véritable identité, sans véritablement quelque chose qui la singularise si ce n’est l’attachement, ou la soumission aveugle à un soit disant » petit père »...
Ou la seule identité, tolérée, acceptée, revendiquée est l'identité du Parti, celle qu'un groupe de fous veut imposer à une population terrorisée
C'est aussi l'identité de deux femmes, une vieille femme et une très jeune
Et des fantômes, qui surgissent tout d'un coup de l'oubli, du passé, de la mort aussi... On ne sait ?
Identité.
C'est aussi un livre qui parle d'amour... De l'amour... Et l'amour n'est pas toujours simple, pas toujours partagé, souvent convoité, envié. Source de bonheur et de bien des malheurs, de haine, de violence
L'amour d'un homme, l'amour d'une soeur, un amour souvent proche de la haine
Et une haine qui conduit à la perte, à la destruction, au mensonge....

Une histoire qui cache des secrets, plusieurs secrets, que le lecteur devine au fil des pages, sans savoir vraiment...De lourds secrets de famille aussi, trahisons, survie, amour,
Une histoire en lien avec l'Histoire, celle de l'occupation soviétique....
Qui est vraiment qui ?

Que représentent ces quelques mots, en début de partie, écrite par Hans....
Et puis cette fin, ces rapports "top secret" où il est question "d'objet interrogé"
Objet, sujet ?
Encore...
Ustensilisation et manipulation, dépersonnalisation encore de l'individu, qui de sujet devient "objet auditionné"... Objet questionné, objet torturé...
Une description et une narration chirurgicale au scalpel, pas de pathos, de sentimentalisme, pour exprimer pourtant tant de sentiments torturés, bouleversés par les événements et les tourments de l’âme.
Des vies ratées ? Peut-être pas tant que ça ? des rendez vous pas si manqués non plus, des départs, et des attentes. En vain
Mais des rencontres, inattendues ? Inespérées..
L'espoir d'un retour, l'enfer de l'exil..
Vivre et survivre prennent parfois un chemin difficile...

L'auteur, en écho à la carte géographique termine sur une chronologie : de - 9500 (fonte des glaces) à Aout 1994, où les dernières troupes russes quittent l'Estonie. Fonte des glaces ,de la glace. Là aussi.
Connaitre l'histoire de ce pays est indipensable pour donner tout son sens au roman... Savoir combien de fois l'Estonie a été libre, puis ne l'a plus été....Comprendre ce que représente la Forêt... Pour le décoder
Pas seulement un support historique, mais aussi et surtout une clé pour lire... Entre les lignes, pour comprendre la portée des mots, qui prennent alors tous leur sens, leur puissance...
Une sorte de mode d'emploi qui nous incite aussi à revenir en arrière, relire certaines pages, certaines lignes pour leur donner leur juste mesure.
Car rien n'est laissé au hasard dans ce livre. Ce qui semble le plus anodin, la recette de cuisine ou l'unité monétaire en cours signifie beaucoup..
Zara et Aliide tiennent à elle deux les rennes de l'histoire... Et puis Hans...!

Un livre que je relirai dans quelque temps...Encore
Purge, une histoire de l'Histoire, un roman estonien. un roman pour l'Estonie libre.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Purge de Sofi Oksanen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, aux éditions Cosmopolites Stock.

jeudi 16 décembre 2010

Histoire de la fessée.

http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/12/15/histoire-de-la-fessee-de-jean-feixas_1453724_3260.html

En lien une histoire de la fessée ! Quel programme.

Une histoire source de bien des histoires et de questionnements
Pour ou contre la fessée, le châtiment corporel ?
Châtiment infligé publiquement parfois... Encore !

Interdite dans certains pays, prônée dans d'autres, en usage en France de nos jours, elle suscite de nombreuses questions :

Doit on ? Peut-on battre, taper, corriger un enfant, son enfant ?
Dans quelle mesure et pourquoi ?
De quel droit ?
Se donne t-on ce droit ? Le prend on ?
La fessée pour punir.
Battre.... Il s'agit bien d'une violence faite à autrui, et à un enfant....

Quelle est la place de l'enfant ? A t-il son mot à dire ?
Doit-il supporter sans broncher ce châtiment.....Corporel ?
Qui touche au corps, qui blesse le corps, et dans ce cas précis, pas n'importe quelle partie du corps....
Humilation, châtiment.... Honte infligée ? Tout cela pour punir.

Mais ce livre ne traite pas que de cette fessée là, celle qui préoccupe parents et éducateurs
C'est une véritable histoire à travers les époques qui nous est racontée...
L'auteur en effet nous entraine dans l'Histoire. De l'Antiquité à nos jours et nous décrit tous les autres usages de la fessée
En passant par ses vertus thérapeutiques, ses bienfaits et ses pratiques érotiques...

A lire donc, pour s'instruire, pour comprendre et pour s'interroger sur cette pratique singulière qui fait couler des larmes et de l'encre.

lundi 29 novembre 2010

S'aimer.

Suite aux deux articles sur cette impossible désir de perfection, je me suis demandée comment faire, pour vivre sans se sentir obligé de ressembler à un invraisemblable modèle, résister à ces injonctions diverses, sans pour autant se laisser aller.
Etre, vivre en respectant les autres, ce et ceux qui nous entourent, en nous respectant nous-mêmes.
En restant simples, modestes, libres, heureux, acteurs, du mieux que l’on peut.
En essayant de faire de vivre ce passage sur terre en harmonie , en ayant des ambitions, des objectifs, des rêves, des soucis…
Tout cela en restant honnêtes, convenables..
En essayant de trouver ce juste milieu cher aux philosophes grecs, le juste comme il faut, cette sorte d’homéostasie psychique..
Alors j’ai relu Voltaire encore une fois.


"Cultivons notre jardin"

C'est la conclusion de Candide à la fin de son périple, de sa découverte du monde, là où tout n'est pas le meilleur dans le meilleur des mondes....
Je suis tentée de dire la même chose pour répondre et mettre un terme à toutes ces injonctions permanentes et culpabilisantes dont on nous abreuve à longueur de temps !

"Soyez heureux, gais, épanouis, positifs, ambitieux, bronzés, jeunes, minces en forme, optimistes, gentils, sympas...."

Mais voilà même au prix de grands efforts, en y consacrant toute son énergie, parfois aux dépends de soi même, on n'y arrive pas !

Personne, encore une fois, et heureusement, personne n'est parfait ! Ouf ! Ca fait du bien de le dire, de l'entendre, de le savoir.
Et de s'en convaincre...
Pourtant....
Ce n'est pas aussi simple !

Cessons une fois pour toute de culpabiliser, d'avoir des regrets, des remords, de se dire : "j'aurai du, j'aurai pas du.."
Cessons de s'efforcer de devenir ce qu'on ne sera jamais, parce qu'on n'est pas fait pour ça, ce qu'il est impossible d'être !

A chercher l'impossible, l'inaccessible on erre et on s'égare, au risque de ne jamais rien trouver.
On perd son chemin, sa route, on oublie l'essentiel.
On s'oublie, on renonce...
On s'épuise et on est malheureux.

Alors :

Essayons de voir les choses autrement, les voir en face, vraiment, telles qu'elles sont.
Soi tout d'abord : Qui suis-je ?
Essayons aussi et surtout de se regarder tel qu'on est, de se comprendre, de s'estimer, de se pardonner, de ne pas se maltraiter, de s'aimer, du moins un peu...

Les autres : Qui sont-ils ?
Ils ne sont pas parfaits non plus, et heureusement, choisir ses amis, les accepter comme ils sont, pour ce qu'ils sont, ne pas vouloir faire de ceux qu'on aime, ce que nous voudrions qu'ils soient

Ne pas instrumentaliser l'autre, ni se laisser instrumentaliser, savoir dire non et trouver la juste mesure, entre ce que je peux faire, laisser faire ou dire sans en souffrir, et ne pas blesser l'autre.
Recevoir et donner... Comme il faut, juste ce qu'il faut.

S'estimer, pour estimer l'autre et les autres, s'affirmer comme il se doit, sans agresser, avoir confiance en soi.

Accepter enfin que nous vivons dans un monde qui lui aussi n'est pas parfait, que la vie, n'est pas comme dans la publicité, dans les séries TV, les magazines, les films, que si nous ne sommes pas des super héros, nous sommes le héros de notre histoire, et que vivre au quotidien est bien plus compliqué que de sauver le monde...

La vie, la vraie vie, celle de chacun de nous.. Le réel. Cette réalite de tous les jours, celle de chacun d'entre nous, avec ses joies, ses peines, ses bonheurs, ses souffrances...
Accepter les difficultés rencontrées réellement, sans les nier, les maximiser ou les minimiser

La vie, tout simplement

Soyons vrais, authentiques, humains...Acceptons et vivons.
Simplement, honnêtement, justement.
Et voyons comment nous pouvons nous y prendre..

Il ne s’agit pas non plus d’être sage, tout, le temps, trop sage. S’il faut de la sagesse, il faut aussi un peu de folie.
La vie serait trop triste sans imprévu, sans tout ce qui met un peu de surprise, de gaîté… Qu’il faut également savoir accueillir sans trop d’anxiété !

lundi 22 novembre 2010

Difficultés scolaires

Des articles sur le sujet sur le blog de mon cabinet professionnel : Actuthérapies

Si cela vous interresse :

http://actutherapies.blogspot.com

Bonne lecture à tous !

lundi 8 novembre 2010

Ainsi fut fait

Je viens de terminer "Ainsi fut fait" un livre que je ne connaissais pas il y a quelques mois encore
Un livre que m'a fait découvrir son auteur Nathalie Gendreau, lors de notre rencontre en septembre, à Pons...

Une belle rencontre, innattendue et tellement agréable ! Je lui fis part alors de toute mon admiration, des émotions ressenties lors de la lecture de son roman "la peau d'Anna".
Je lui dit combien j'ai aimé sa manière d'écrire, de dire, de raconter cette histoire là, je lui ai dit tout ça.
Je crus qu'Ainsi fut fait, était son dernier livre, non, c'était le premier..
Je parcourus... Et le reposais.

Non, je n'étais pas prête, je ne me sentais pas capable, pas en mesure de lire ça, d'affronter ça.. Même si j'ai fait du chemin dans cette voie là..
Mais là non c'était trop difficile, trop compliqué
Je repartis cependant avec un marque page... Avec le résumé de ce premier roman sur le recto, et celui de la Peau d'Anna, au verso, ou le contraire.
Il est là, prés de moi, encore au moment où je rédige ces lignes.

Une histoire ? Non, pas seulement, un témoignage, une reconstruction, un passé meurtri...
Non, pas pour moi, pas encore..
Puis, je me procure le livre... le laisse, le range dans la bibliothèque, je n'y touche pas, je ne le lis pas..
Comme si nous cherchions à nous apprivoiser, mutuellement, lui et moi, avant de se rendre au rendez-vous..
Avant cette rencontre...
Puis je le sors, le laisse sur mon bureau, mon fils, le regarde....Le repose, grâve, me regarde..
je me décide enfin.. En fin...
Comme pour la Peau d'Anna, il m'est difficile de le quitter, de le poser, mais c'est différent... C'est difficile.
Je le lis en quelques jours, pas tout d'une traite, je ne peux pas.

La nuit dernière j'ai fais des cauchemars, j'ai révé de la guerre, des allemands, des camps... De tout ça, pas du livre, pas seulement.
Puis j'ai terminé le livre...
J'ai lu, avide, dévoré les mots, les larmes aux yeux, puis qui coulaient lentement le long de mes joues...Les larmes d'une mère sans doute, les larmes du désespoir aussi, de l'inhumanitude... Parce qu'on ne peut parler ni d'humanité, ni d'inhumanité. Alors faut-il user d'un néologisme pour rendre compte de l'inacceptable ?
Les mots restent indicibles, superflus, de trop.
Ecrit sans pathos, écrit simplement, écrit terriblement

Des lettres, celles de l'auteur, Samuel Szajner, Robert... Des réponses... Seulement des réponses, une seule partie de cette correspondance échangée avec l'auteur.
Des lettres écrites aujourd'hui (2005 et 2006) où le viel homme revisite son passé, se confie, se raconte, livre l'histoire de l'adolescent qu'il était alors, d'une jeunesse qui n'en n'est pas une, ou les jours passent dans l'horreur de se demander s'il y aura un demain.
Il explore l'âme humaine dans ses moindres recoins, découvre l'homme, le meilleur et le pire de lui même.
M. Cyrulnik parle de résilience, je parlerai ici de résistance, d'une farouche volonté de vivre, de ne pas plier, même si l'échine est courbée pour mieux supporter les coups et l'humiliation des SS.
Samuel fait semblant. Semblant d'être un autre, un Robert, qui cache le Samuel qui n'a plus le droit d'ête, le Samuel interdit qui n'a pas le droit d'être, le Samuel dénié. Un Robert qui garde Samuel en vie.
Il prend la peau d'un autre, une sorte de peau d'âne là aussi, une bête de somme, pour se tenir debout et être vivant, revoir les siens, revoir sa mère...
L'histoire d'une vie, mais aussi et surtout d'une quête, celle d'un passé, d'une rencontre avec ce jeune homme là, ce passé non pas oublié ni refermé, mais laissé de côté. Il lui en a fallu sûrement du courage à ce vieil homme pour partir à la rencontre de ce jeune garçon...Il ne le voulait pas, mais c'est laissé gagné par cette jeune femme aussi têtue que lui, à la recherche de son passé elle aussi. A la recherche d'une grand mère, une femme, qui les lie, les relie, qui fait qu'ils ont quelque chose en commun, quelque chose à se dire, à s'apprendre aussi l'un de l'autre.
Qu'ils sont fait pour se rencontrer un jour...
Ils se livrent mutuellemement, se parlent et se confient au fil des échanges épistolaires, ils se construisent aussi, se reconstruisent peut-être... Sûrement
Comme si l'histoire de l'un allait à la rencontre de celle de l'autre !

Affronter l'indicible ! Affronter ce qu'on a depuis toujours empêché d'arriver à la mémoire, de revenir hanter le présent, mais laissé en friches dans le vaste continent noir de notre inconscient; Par peur, angoisse, peut-être, pour se protéger sans nul doute.

Mais se protéger de quoi ? De la peine, des larmes et de la souffrance ? Sa propre souffrance, éviter de verser des larmes sur soi ? Honte ? Peur ? crainte ?
Insomnies.. Cauchemar..
Peur de rencontrer ce réel cette réalité qui fait mal tellement elle est vraie
Peur de rencontrer ses fantômes, peur de les affronter, peur de leur faire la peau...

J'ai lu ce livre, il ne m'a pas réconciliée avec les hommes, avec l'humanité, il est vrai que parfois je n'ai plus guère d'illusion, l'actualité ne m'y aide guère.
Mais là ? je n'ai pu m'empecher de penser à mon père..Mon père qui ne parlait pas, qui n'en parlait pas. Mon père sur son quai de gare? C'est peut-être pour lui, ou à cause de lui, pour ce petit garçon que j'ai peur, pour cette jeunesse perdue, cette insouciance confisquée ?

Confisquée, volée, ravie, à tout jamais..

Misérable pécule donné aux déportés... Cette misérable somme qu'on donne à Robert, pour compenser cette terrible parenthèse, cette folie des hommes...Le prix de cette mort là, de la mise en sommeil de la vie ? Le prix du sacrifice, du sang des hommes ? De la folie des bourreaux cautionnnée par le silence et l'aveuglement des autres ? De ceux qui n'ont rien vu, ni voulu voir ?
Misèrable pécule en échange de quoi ? De la peau de l'autre ?

Et puis l'écoeurement me saisit, une vague envie de vomir, la nausée de cette humanité là...

Samuel parle de Buchenwald...
Ces images résonnent ! Les images des forêts qu'il a traversé, sans doute, à pieds, usé, épuisé avec ses camarades d'infortune dansent devant mes yeux, il était là, avait foulé des années plus tôt, le même sol que moi.
Je revois le clocher de Wiemar... Thuringerwald..
Et je me mets à detester la langue allemande, langue dans laquelle souvent je penee, souvent je rêve, je pense alors à Margurite/Léa ma grand'tante, qui ne la parlait plus ces années là...

Je revois mes démons, les diables qui m'agitent,qui pendant des années, m'ont empechés d'ouvrir ces tiroirs là, m'ont empechés de voir clair dans ces ténébres la... Diables et démons seigneurs des enfers ?
Ce qui jusqu'ici m'avait empéché d'ouvrir ce livre là...

Pourtant je sais depuis longtemps que cette histoire n'est pas la mienne, pourtant... Je sais pour toujours que nous portons à jamais au plus profond de nous les stigmates de ces plaies, cicatrices jamais fermées, plaies béantes de l'histoire la plus sombre de l'humanité.

Merci à Nathalie Gendreau d'avoir avec tout le talent qui est le sien raconté cette histoire, celle d'un homme mais pas seulement, d'avoir mis des mots et mis en mots cette reconstruction. De nous avoir permis d'exhorciser ces maux terribles.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
A Nathalie Gendreau...
A mon père et aux autres
...

Nathalie Gendreau, Ainsi fut fait. D'aprés la vie de Samuel Szajner, éditions Jean-Claude Gawszwitch, 260 p. 19,90 E

lundi 25 octobre 2010

Bella Ciao !

Bella Ciao

Un film coup de coeur, découvert au hasard, un peu comme les livres que je prends sur les rayons de la biblothèque, livres que je ne connais pas et qui parfois me surprennent !m'emportent, me donnent plaisir et émotions...

Livres à rire ou à pleurer, parfois les deux.
Un peu comme ce film.
Etrange au premier abord... Se laisser aller et entrainer dans cette histoire, "merveilleuse" mais bien ancrée dans le réel pourtant. Paradoxe !
Et c'est ce paradoxe qui nous emporte


Une famille, en Toscane, les années 30, communistes et chemises noires.

Les personnages parlent aux morts... Aux ancêtres arrivés bien avant eux sur cette terre d'Italie qu'ils seront contraints de quitter.
Exilés aux prénoms de leus ancêtres, prénoms qui font rêver : Oreste, Orphéo, Enéa....


C'est toute une histoire, où la légende cotoie l'Histoire
Une histoire terrible...Aussi ! Mais l'histoire ne l'est-elle pas ?
L'Italie des années sombres elle aussi !


A défaut d'Amérique, c'est à Marseille qu'ils échouent. Misère, joie, malheur, souffrance, amour, bonheur, espoir.. La vie ! La vie, au jour le jour....La mort au jour le jour !
Et le héros parle aux morts, aux Ancétres restés sur cette terre de Toscane, et le héros parle aux morts à travers le plancher.
Il leur raconte son désespoir et ses espoirs, pour lui, sa famille et ses fils. Il leur demande quoi faire.
Une chronique ordinaire, de gens ordinaires, de vies ordinaires.
Marseille des pauvres, des exilés, de ceux qui ont fuit l'ennemi, le fachisme, la violence et la haine
Marseille de l'avant guerre, de la guerre, de l'après guerre. Terre d'accueil et d'exil, d'espoir et de souffrances
Chronique ordinaire des sans rien de ceux qui ont tout laissé, là où l'ennemi ne leur aurait pas laissé la vie.
Histoires banales de femmes venus d'Italie, d'Espagne, dans l'espoir d'une vie meilleure... De femmes qui se battent elles aussi, autrement ! Pour l'amour, pour l'espoir, pour la dignité, ou la vie seulement
Immigration, communisme, guerre, fachisme, pauvreté, exploitation, ascencion sociale
On pourrait presque penser que ce film est une sorte de "roman d'apprentissage".. Il faut trois génération pour que Jean, Gianni, Juan réalise le voeux, l'espoir des Anciens
A quel prix ! Car il y a toujours pour cela un prix à payer, mi toscan mi espagnol.. Gianni/Juan, ne peut être autre que Jean...
Son grand père, son père parlaient aux morts, à travers le plancher, sur le sol, sur le sable...
A ces morts. Ancêtre de là bas, de ce pays aux oliviers "où il fait beau tout le temps, où ils avaient une belle maison"
Jean parlera t-il aussi un jour aux morts ?
Saura t-il encore cette langue là .?

Un film à voir, à revoir, une excellente interprétation. Jacques Gamblin est extraordinaire, Yaël Abecassis, touchante de beauté et d'espoir...

BD historienne, psychanalyste.

Bella Ciao !

Un lien vers un film à voir ou revoir, disponible actuellement sur OK cinéma série
Dans l'attente d'un petit billet !
Une envie de partage


http://www.dailymotion.com/video/x8xzy0_bella-ciao-bande-annonce-fr_shortfilms

lundi 11 octobre 2010

Ecrire les maux

Un texte court, écrit l'an dernier pour un quotidien...Envie de le mettre en ligne, en réponse à plusieurs questions sur la "nécessité de l'écriture" ? Peut-être ?


L'écriture libératrice
Celle qui fait du bien, qui soulage, qui permet de dire, de laisser aller au dehors les émotions, les douleurs, les souffrances du dedans
Qui permet d'expluser ce qui fait mal au dedans.
Parce que peut-être, justement, au dedans il n'y a plus de place, plus d'espace
Il n'y a plus de possible
De possible place et que ça déborde, que ça bouillonne, et que...

Alors écrire "pourquoi pas ?"
Ecrire les maux
Ecrire les maux, avec des mots
Poser sur le papier, prendre le recul, dé poser ?
L'écriture thérapeutique

Longtemps j'ai écris un journal, des poèmes, des billets, des lettres pour soulager ma peine, dire mes bonheurs, mes joies.. Partager, échanger, recevoir, donner..
Ecrire pour moi et pour les autres.. Aussi
L'écriture est présente, essentielle, et fait partie de ma vie
Depuis toujours


L'écriture est aussi un outil, dans ma pratique de la thérapie
Ecrire, dire ainsi, mettre des mots, mettre en mots
Est parfois l'ultime ou la seule solution
D'extirper, de poser hors de soi
De faire partager, de donner à l'autre
De lui offrir sa souffrance en partage
Ce qui n'est pas rien...

Car les mots, la parole ne peut sortir, ne peut être dite, simplement dite.
La parole reste au dedans...Enfouie, cachée, bloquée...
Alors ?
Ecrire parfois.... ?
Ecrire... Jeter, laisser, abandonner, coucher les mots sur le papier... ou sur le clavier
Mettre en mots, nommer ce qu'on ressent, ce qu'on éprouve, ce qui se passe
Donner des noms, faire exister
Nommer les émotions, ses émotions...
Leur donner une existence, une vie..
Les rendre quelque peu palpable
C'est aussi prendre du recul, une certaine distance avec les événements, les situations, les pensées, les affects, les ressentis, les éprouvés, restés coincés au dedans qui font que ça cloche et que ça ne va pas...


Parfois on en reste là, on écrit pour soi, en secret..
Puis on se dévoile, on écrit, on montre à lire, on adresse, on s'adresse
A l'ami, au proche, au thérapeute, à l'inconnu...
C'est alors mettre l'autre "dans le coup"
Lui faire partager ça, ne plus être seul
Lui demander peut-être, non pas une solution, une réponse mais simplement un regard, un moment, un instant d'attention...
Un moment , une rencontre
Ecrire alors c'est exister, pour soi et pour cet autre qu'on met dans le coup...

Ecrire alors, même les maux,

dimanche 10 octobre 2010

Bien Venue !



Libre

"Je n'ai qu'une visée : Etre libre, j'y sacrifie tout. Mais souvent, je pense à ce que m'apportera la liberté...Que ferais-je seul, parmi la foule inconnue ?"


Dostoïevski, Lettre à son frère, le 16 août 1839

lundi 27 septembre 2010

Elle a faim

Elle a faim, encore faim, comme elle dit elle "crève de faim"!
Elle a faim, mais ne mange pas, n'ose pas manger, de peur que ...
Parce que si elle mange, rien qu'un peu "ça se voit tout de suite"
Alors elle a faim, pourtant elle a faim...
Dés qu'elle mange, elle se demande comment faire pour éliminer ce qu'elle a mangé, absorbé, ce qui est dans son corps
Alors elle bouge, fait du sport, des excercices, des abdos, de la gym à n'en plus finir
Elle absorbe parfois des diurétiques.. Des laxatifs

Il faut maigrir
"Maigrir" ?
Oui, ne pas prendre de poids.. Au moins..
Elle n'a aucunement besoin de maigrir, son poids "est dans la norme"
Pourtant...
Tout le monde le lui dit, lui montre, sur des photos, dans la glace..
Même la balance..
Pourtant
Elle n'entend pas, ne le croit pas...
Elle ne reconnait pas la silhouette que lui renvoie le miroir.... Comme sienne..
Une image déformée aperçue à travers un prisme déformant...

Elle est persuadée d'avoir des kilos en trop, d'être serrée, ballonnée, dés qu'elle mange un "tout petit quelque chose"
Alors elle se prive, et "crève de faim"
A défaut de crever, d'autre chose, de crever tout court ! Dit-elle
Elle ne se voit pas comme les autres la voit, ou les autres ne la voit pas, telle qu'elle se voit, donc telle qu'elle est...
Elle est persuadée que son corps n'est pas parfait, qu'il est trop... Trop gros...
Alors elle ne mange pas, elle a faim...

Elle voit les filles sur les magazines, voudrait leur ressembler, avoir le même corps
Elle voudrait mettre des vêtements de femme mais dans une taille de petite fille
Elle souffre...
Elle n'écoute pas ses proches qui s'inquiétent pour elle...

Elle se regarde encore dans la glace : se trouve des défauts, du trop, toujours, un trop qu'il faut gommer, zapper, effacer
Effacer....
Elle a faim, personne ne sait à quel point elle a faim, personne ne sait quels sont les efforts qu'elle fait chaque jour... Explique t-elle..
Chaque jour, des privations, des renoncements...

Mais un corps qui ne lui dictera pas sa loi, qui doit au contraire se discipliner, se plier à ses exigences à elle et surtout cesser de réclamer, de crier, de gémir, d'avoir besoin...
Alors elle mange un peu, quand même.. Il faut bien, mais pas plus, ce qu'il faut...

Elle ne fait pas semblant, semblant de manger, "comme ces filles qui vomissent après", elle ne mange pas, pas vraiment, elle picore quelques aliments, un peu, et pas plus, sinon..
Ca se voit, ses vétements la serre, elle ne se sent pas bien...

Elle mangerait bien, des sucreries, des gâteaux, des chocolats, elle en a envie, mais ....
Il ne faut pas, alors elle ne mange pas, ou un peu.. Juste un tout petit peu...
Ce juste un tout petit peu lui permet de survivre, mais ne lui permet pas de s'aimer, car elle ne s'aime pas comme ça, il manque quelque chose, ce quelque chose en trop qui fait que ça ne va pas, ni dans sa tête ni dans son corps
Elle ne veut rien entendre, et continue d'avoir faim, car manger n'est pas une fin en soi, manger pour apaiser une faim qui fait que ce corps à mal,que ce corps fait mal, que ce corps crie et réclame... Une faim pour apaiser, mettre un terme à cette souffrance, que cette douleur ait une fin
C'est peut-être juste un problème de fin ?

vendredi 24 septembre 2010

Elle est ailleurs

Elle est ailleurs
Où, je n'en sais rien, mais elle n'est pas là…

Cela fait un petit moment que je me dis que ça ne va pas, que j'essaie d'en parler autour de moi, mais...
Personne n'entend vraiment !

On me dit que je dramatise, que je vois toujours la maladie, partout, là où elle n'est pas forcément, que c'est une déformation professionnelle...
Que ....
A quoi je réponds "quand même, je ne vois pas des fous partout !"
Pourtant

Non, elle n'est pas folle, loin de là, mais il semble qu'elle oublie... Qu'elle ne se souvient plus...

Nous ne nous voyons pas, plus, depuis longtemps, c'est comme ça, nous ne nous sommes jamais beaucoup vues.
Mais nous nous téléphonons
Je lui téléphone plus tôt
Souvent... Quelquefois
A chaque fois, je dois passer du temps, à expliquer, lui dire qui je suis, les enfants, lui expliquer, leur prénom..
Puis ça revient
Elle me parle de sa vie, pas de ce qu'elle a fait hier, ce matin, aujourd'hui, mais de celle d'avant, de bien avant, quand elle était avec ses parents, son frère...
Elle rit. C'était bien !
C'était à Paris !

Elle ne parle pas d'aujourd'hui
J'essaie de lui demander comment elle va, savoir ce qu'elle fait
Elle est loin et je m'inquiéte parfois, mais elle ne veut pas que je vienne la voir,
Elle ne veut voir personne, elle veut être seule, la solitude ne l'ennuie pas
Les autres l'ennuient ....
Je crois
Elle a choisi de s’emmurer dans le silence, qui la protège, qui l’isole de la souffrance, de sa souffrance, de ces non dits, d’une vie qu’elle n’a pas entièrement choisie, peut-être…
Solitude, silence…
Elle vit seule, comment ? Je ne sais pas trop
J'ai quelques nouvelles en téléphonant au voisin, un peu moins vieux, un peu plus valide, qui va la voir, qui l'aide à nourrir les chats, qui l'aide, qui rapporte le pain
Et puis il y a les "aides", qui viennent pour le ménage, pour l'aider à rester là, dans sa maison, là où elle se sent bien
Elle ne monte plus dans sa chambre, les escaliers sont trop dangereux, alors elle (ou quelqu'un ?) a déplié le canapé dans le salon pour qu'elle puisse dormir sans trop de danger, sans risquer de tomber..
Le médecin est scandalisé ! Comment peut-on la laisser là ? Chez elle ? Comme ça ! Alors qu'il y a des maisons...
Des maisons, elle n'en veut pas ! Elle veut sa maison, vivre dans sa maison, celle où je suis née,
Cette maison me disait elle, quand elle allait encore bien, je la connais par coeur, je connais chaque mur, chaque pierre, chaque endroit. C'est chez moi !
Elle ne voulait pas en partir, même pour les vacances, même pour venir nous voir, elle ne venait presque jamais nous voir, et n'aimait pas nous voir, elle voulait être tranquille
Comme si elle ne voulait pas que nous voyions, que nous la voyions... Vieillir peut-être ?

Elle a toujours été coquette, angoissée par la vieillesse, ne voulait dépendre de personne
Seule, solitude, ne pas ennuyer les autres
Rester seule avec elle même
Sa petite chienne est morte, personne n'a osé lui dire, on lui a menti, on lui cache la vérité, quand elle demande où elle est, ils répondent qu'elle est encore chez le vétérinaire, qu'elle va revenir
Elle ne dit rien, puis n'y pense plus...
Elle est entourée de ses chats, d'une multitude de chats, qui vont qui viennent, elle a toujours aimé les chats, elle m'a transmise sa passion des chats, des livres, de la connaissance, du savoir, de la discussion, elle m'a tant donné, sans le savoir peut-être...
Elle m'a donné tout ça, tout ce qu'elle savait.. Et maintenant elle ne sait plus rien !
Elle ne sait plus si elle s'est lavée, si elle a mangé..
Elle mange n'importe quoi, s'habille n'importe comment elle qui aimait tant la mode, les bijoux, décorer sa maison, se parfumer, être élégante...

Elle tient des propos inconvenants ! Elle qui avait tant de retenue, usait de beaux mots....
Puis elle est tombée, un jour, en voulant aller.... ?
Le médecin la fait hospitaliser
Le voisin est navré "Je ne pouvais faire autrement tu sais ! Elle ne peut plus rester là, ce n'est plus possible
Rassurer le voisin lui dire qu'il a bien fait.. Téléphoner à l'hôpital...

Elle est infernale, se sauve et insulte le personnel ! Elle veut rentrer chez elle
Je pleure doucement, je sais que c'est fini que je ne la reverrai pas
Je ne lui ai pas dit aurevoir..

Cette nuit là, elle est venue, me voir dans mon sommeil, me dire... me parler, me rassurer..
Le matin l'hôpital m'informe de sa mort
Doucement elle s'en est allée, ailleurs...
Au revoir Maman !

A Sarah.

mardi 31 août 2010

La mémoire de l'autre (1)

Il en est persuadé, ce qui le fait souffrir, sa haine de l'autre, son mépris de lui même ne vient pas de lui, mais lui vient du père

Il le sait, c'est le fruit d'un long travail, d'une longue quête dans sa mémoire, mais aussi dans celle du Père surtout qui lui donne cette certitude

Mémoire.

-"Pourquoi je n'aime pas les autres, pourquoi je ne m'aime pas ? Pourquoi je ne me prends pas au sérieux ? Pourquoi je crois que les autres ne m'aiment pas etc..
Pourquoi surtout je ne respecte pas les autres et je ne me respecte pas ?"


Le déclic... Celui qui l'amène chez l'analyste

La raison... Cette question du respect

-"Je ne peux penser les autres autrement que trivialement, je ne peux parler d'eux qu'en les insultant...
Je ne peux pas faire autrement
Trop ! C'est trop et il faut que ça cesse
"


Un long chemin, douloureux, difficile, un long travail de mémoire, d'histoire, de compréhension de soi, mais aussi des autres qui l'ont précédé

Malgré des études brillantes, un travail interressant, une famille, R ne va pas bien, il ne se sent pas adulte, il ne se sent pas pris au sérieux, pas respecté...

Pourtant...

Il explore son histoire, part à la recherche de son passé, de son enfance, de sa petite enfance...
R a peu de souvenirs au début, il ne sait presque rien de ses parents qui ne l'ont pas élevé, de ce père qu'il craignait et dont il avait honte..
De ce père avec qui il ne partageait rien, qui criait à longueur de journée. Il ne comprenait rien à cet homme là qui n'avait rien à lui donner
Il ne se souvient ni de moments privilégiés ni de tendresse, il n'a en mémoire qu'un homme méchant qui en voulait à la terre entière et n'aimait pas les enfants, n'aimait pas son enfant

-"Il me faisait peur...."

Pourtant il ne savait rien de lui, personne n'avait pris la peine de lui en parler. Cet homme qui éatait son père, semblait pourtant ne pas faire partie de cette famille

Famille bourgeoise et feutrée, où rien ne filtrait, où rien ne se disait ou alors dans un langage que le petit garçon ne comprenait pas. Langage feutré comme les pièces de la maison de ses grands parents, du salon de sa grand mère qui pour "ce père" affichait le plus grand des mépris

Il n'était pas de son monde ! C'est la seule chose qu'il avait alors compris
Et il se demandait ce qu'il pouvait bien y faire ? Dans ce monde là...
Ni sa mère, ni personne ne lui donnerait la réponse
Il en était sûr. Alors le petit garçon grandit, sans trop savoir, dans la haine et la honte d'un père qu'il ne connaissait pas, dans la crainte d'un père, qui hurlait, insultait n'aimait personne pas même lui
Il lui fallut des années, pour commencer à comprendre
Se dire qu'il faut peut-être chercher de ce côté là
mais de cela il avait peur aussi...

L'analyse est une chose, mais elle ne suffisait pas... Il sentait bien, que ça n'allait toujours pas, car cette chose bancale, cette partie de l'histoire inconnue l'amputait d'une partie de sa vie, de son histoire

Il lui fallait en même temps que sa quête de lui même partir à la quête d'un père alors disparu !
Et ce n'est pas une mince affaire !

dimanche 29 août 2010

Exposition

Expose


Expose, il expose, il expose sa vie
Il pose à l’extérieur
A l’extérieur de lui-même
Ex Pose.
Une Pose


Il montre à voir, il se montre à voir
A l'autre, aux autres, qu’il connait, qu’il ne connait pas
Mais il montre et il se montre
Il pose ce qui est dedans au dehors
Il pose ce qui est in out…
Il expose ainsi..
Il montre au dehors ce qui est au-dedans
Il montre à voir ce dedans au dehors
Au dehors…Aux autres


Il vit, il existe, pour ces autres, ces autres là
Car il croit, il pense qu'ils le voient ou mieux qu'ils le regardent
Il se montre alors sous un jour, un beau jour,


« Je veux donner une belle image de moi
Me dit un jour un analysant
Je ne veux pas que les autres aient une mauvaise image de moi »


Une image de moi
Une image de soi
Pour les autres
Car les autres c'est important
Il vit par et pour les autres, pour eux, il montre une image qu’il croit belle, bonne, positive...
Du moins il pense que c'est comme ça qu'ils verront cette image de lui
« Peut-être que je me plante complètement » souligne ce même patient.
Alors il s'expose un peu partout, expose sa vie, la raconte, dans les moindres détails parfois, en photos, en vidéo
Joue la star, joue les pipoles, essaie d'être créatif, imaginatif, inventif, d'avoir de l'humour
D'avoir des amis qu’il ne connait pas, qui ne le connaissent pas non plus, mais ce n'est pas grave
« J'ai plein d'amis qui sont amis de l'image que je mets, que je donne de moi, que je montre à voir, que j'offre »
Ou alors se répand, se vide, se lâche, dit ce qui lui passe par la tête, ses souffrances, ses insomnies, la copine ou le copain qui le largue, sa haine pour les autres...
Ca déborde, ça dépasse et ça craque
Mais tant pis ou tant mieux, il montre à voir, à entendre ses cris, expose tout ça et ça fait du bien, car ça sort de lui.
Il montre, il expose donc il vit, donc il est
Terrible que cela,
Etre pour être
Avoir pour être,
Etre sans avoir n’est pas être, n’est pas l’être qu’il veut être. Avoir…
Il montre pour être.
Car il ne supporte pas le silence, le silence du manque de l'autre, le silence face à son propre silence, ma solitude et son être seul
Il hait ce terrible jumeau qui le renvoie à sa peine à sa condition solitaire
Alors je préfère cette image virtuelle, cette image qui n'est pas vraiment la mienne, mais c'est égal tout ça, car cette image là, à laquelle il arrive parfois à s'identifier lui donne l'illusion, un bref instant mais c'est toujours ça, qu’il n’est pas seul, qu’il vit au milieu d'une nébuleuse, une constellation d'autres, inconnus qui finalement sont aussi, peut-être dans le même cas que lui
Tous, seraient alors si seuls, seuls face à eux-mêmes, face à lui-même, seuls face à l’illusion de ne pas l’être et ce serait elle, cette illusion qui les maintiendrait en vie, qui leur donnerait l’envie d’être en vie…
Exposition de soi, de l’image de soi, du dedans et du dehors pour croire, en soi et en l’autre, pour croire que la solitude n’existe pas, que soi seul n’existe pas non plus, que l’univers est peuplé d’un monde d’être seuls qui ensemble ne le sont plus..
Exposition de soi, pour dire, pour montrer ça… ?
Pour montrer qui ?

Mémoires

mercredi 25 août 2010

Changement

Et voilà...
C'est nouveau !

"Psychanalyse aujourd'hui"

A revêtu de nouveaux habits
S'est paré de nouvelles couleurs et d'un nouvel écrin

Le contenu reste fidèle à ses promesses  en évoluant au fil du temps, des rencontres, des problèmatiques, des questionnements, de la vie...

Bienvenue et merci à vous d'être là, et de me donner l'envie de poursuivre cette aventure !

lundi 9 août 2010

Stalingrad

Hier mon fils et moi avons regardé Stalingrad, je l'avais déjà vu, pas lui. Nous l'avons donc regardé ensemble
Petite fille j'avais regardé avec ma grand mère, "Quand passent les cigognes"... Je l'avais regardé et j'avais vu ma grand mère pleurer. Doucement, sans faire de bruit, elle qui ne montrait pas ses émotions et nous encourageait à faire de même, ne se laisser pas aller aux larmes....
J'ai pleuré, je ne sais si ce sont ces cigognes ou les larmes de ma grand mère...

Alors j'ai revu Stalingrad, et des larmes ont coulées encore
J'ai regardé mon fils, son visage, ses émotions...
J'ai vu, lu, relu, entendu tant de fois Stalingrad....

Puis nous avons parlé, lui et moi. Comme souvent, lors de la lecture d'un livre, après un film, une émission
Il me dit "Si les richesses étaient également partagées, peut-être n'y aurait-il plus de guerre"
Puis... mais ce n'est pas possible, c'est la fameuse fable "du sac de billes".

Stalingrad... Horreur, allégorie tragique de la folie des hommes, où la vie ne compte pas, "la moitié de vos hommes sont morts, je m'en fous, envoyer l'autre moitié"..
Qu'est ce qu'une vie ? Le prix de la vie ?

Historienne, j'ai travaillé sur les guerres du XVII° siècle. Pour écrire un article sur la bataille de Rocroi, je me suis plongée dans les archives du château de Chantilly, j'ai lu les manuscrits...les récits de guerres, sans fioritures écrits par ceux qui y étaient, par ceux qui en sont revenus... le carnage, pas de quartiers.*
Réquiem pour les morts...
Te Deum pour les vivants...

Plus prés de nous, les récits de 14, guerre meurtrière qui fait un peu oublier celle de 70... Guerrre où personne ne sort quoi qu'il en dise vainqueur. Gagner une guerre ! La Belle Affaire ? Gagner quoi ? La mort de ceux qui ont versé leur sang pour quoi ? La fleur au fusil, ils sont partis.. Sans revenir. Jamais

Ma terre d'Ardenne est constellée de croix, de monuments, de gloire à ces jeunes morts, fauchés dans la fleur de l'âge, "Un petit coquelicot, mon âme"
Dans les batailles de l'ancien temps, on comptait les morts, on pansait les blessés, rangeait les étendards, ces bannières là prises à l'ennemi...
Et les vivants ? Est -on encore vivant après de telles cruautés, de telles boucheries ?

Stalingrad ? Je me suis demandée en revoyant ce film, en connaissant l'Histoire, s'il existait une once d'humanité chez l'homme, s'il existait un sentiment d'appartenir à une société qui se dit civilisée
L'Histoire, celle de notre Terre n'est que l'histoire de massacres, de guerres, de haines, de misères, de famines, d'exterminations, de dominations, de haines....
Un déferlement d'inhumanité.

Au nom de quoi ? Pour quoi ? Me demande mon fils ?

L'homme est-il suffisamment mauvais pour ce désir là, ne peut-il donc pas contenir ses pulsions de mort ?
Encouragé par une économie qui ne trouve sa justification que dans ce crime autorisé, ce crime absout par les églises, au nom d'un dieu parfois, au nom d'une liberté, d'une ? On ne sait plus très bien pourquoi ?
Comme si la paix était impossible, comme si l'idée de vivre en harmonie les uns près des autres, dans le respect était une utopie, même pas un rêve !

Stalingrad ? Comme après 18, on a dit c'est la dernière, puis il y a eu 40, la Shoah, l'Indochine, l'Algérie, le Viet Nam....La liste est longue...Le monde est en guerre, à feu et à sang !

Plus jamais ça, disons nous, en priant, ou co mémorant ces moments d'horreur devant des monuments, des stéles qui ont pour vocation de nous rappeler...
Mais nous rappeler quoi ?

Brigitte Dusch, psychanalyste.

mardi 1 juin 2010

Parent ?

En feuilletant un magazine, un titre me fait bondir, devenir les parents de ses parents !
Aie !

Parent de ses parents...
De ses parents quand ils deviennent vieux
Encore la vieillesse, encore elle !

Devenir vieux signifierait-il retomber en enfance, redevenir un enfant...
Qui auraient besoin de parents, alors qu'ils ont fait le deuil de leur parent depuis longtemps
Des parents qui n'ont plus de parents, mais seulement (dans ce cas ) des enfants, voire des petits enfants.
Une sorte d'invertion des rôles, des places, des fonctions, des répères aussi
Une remise en place.
Une confusion des rôles

Longtemps mes fonctions à l'hôpital m'amènèrent à rencontrer des personnes âgées, très âgées, très dépendantes....Leur famille aussi, leurs enfants..
Longtemps j'ai animé au sein de maison de retraite des groupes de paroles, entendu des personnels parler, me demander aussi comment faire pour rester en recul, dans la distance respectueuse de cet âge là....

Alors ?

Longtemps aussi je me suis rebellée contre les attitudes, les comportements, les mots, les expressions, les gestes qui "infantilisaient" ces patients.
Considérant que ni l'âge, ni la dépendance ne justifiait ça..
Que la compassion, l'empathie, justement permettait ce regard, cette distance, ce respect... Du à chacun d'entre nous. Le jour où, nous devenons, nous deviendrons, vieux, dépendant, en tout !
Dépendant...
Ne plus pouvoir faire, dire, aller. Sans
Sans l'autre¨
Etre dans le besoin de l'autre, pour les moindres besoins de l'existence, qui ne pourraient se maintenir sans cet autre.
Cet autre, qui devient le cordon qui relie aux autres, à la vie
Drôle de cordon ombilical
Sans lui plus de lien social

Mais parent ?
Devient-on obligatoirement le parent de ses parents ?

Ce qui signifie devenir orphelin, sans la perte de l'autre, sans la perte véritable.
Si perte il y a, car perte et deuil il y a toujours dans la perte d'autonomie de l'autre...
La perte de l'image de cet autre, de ce parent qui même lorsqu'on est un adulte, fait toujours et quand même encore de nous un enfant, son enfant

Ainsi nous sommes l'enfant de ce père, de cette mère, nous "avons nos parents".... Enfants nous sommes, nous occupons cette place là, cette fonction là, ce rôle bien défini. Un statut social et familial
Peut-on alors devenir l'enfant parent... Comme certains enfants deviennent les parents de leurs parents qui n'assument pas leur rôle... Qu'ils doivent entourer, protéger, encadrer,
Enfant-parent, parent-enfants qui doivent alors mettre le cadre et poser les limites, à ceux qui sont censés le faire... A ceux qui doivent le faire. Dont c'est la mission, le devoir. La fonction, le rôle
Car face à cette dépendance là, cette perte d'autonomie de ce parents qui sombre de jour en journ qui ne sait plus ni se laver, ni s'alimenter, ni s'habiller, ni reconnaitre son entourage.
Qui est l'enfant ? Qui sommes nous? Lui qui parfois ne nous reconnait pas ?
Comment peut-on être présent, aidant sans pour cela prendre une place qui n'est pas, qui ne sera jamais celle qui est la nôtre ?
Comment ne pas usurper ? Comment ne pas lui voler à lui à qui il ne reste déjà plus grand chose le peu qui lui reste, être notre père ou notre mère
Comment l'aimer alors, sans tout permettre sans tout laisser faire.
Comment ne pas devenir orphelin avant l'heure ?
Comment ?

vendredi 14 mai 2010

Homophobie

Une journée contre l'homophobie...
Un devoir de mémoire
Cela me désole...Il faut commémorer, se souvenir, sensibiliser, rappeler aux hommes que d'autres sont exclus, humiliés, traqués, rejetés...
Aujourd'hui encore
Il n'y a pas si longtemps, je mettais en ligne sur cette même page un article qui soulignait que l'homosexualité n'était plus inscrite sur le DSM IV, en clair, qu'elle n'était plus considérée comme une pathologie, un trouble psychiatrique..
Enfin ! ajoutais-je alors !
Que dire ?
Que dire de la bétise, de la cruauté, de l'intolérance... ?
Que penser...?
J'ai mis tout à l'heure en ligne, avec son accord le texte de mon amie Léa. Il n'y a pas de mots, il n'y a rien à ajouter à la relation d'un tel crime, d'une telle barbarie.
Pourtant.
On se croit à l'abri, on pense que l'agression d'un homosexuel est un fait divers, banal, dans un coin du journal... Et puis... Finalement tout le monde s'en fout ! Au mieux on entend : "quand même c'est pas rien"
Mais on, (toujours ce on) se croit immunisé, parce que lui, ou elle, est normale, dans la norme qui dit et dicte qu'un homme aime une femme, une femme un homme... Aimer, amour...
Mais lorsque les relations sexuelles sont évoquées, imaginées.. Rien ne va plus !
C'est contre nature. Bien entendu quand on fait l'amalgame entre sexualté et procréation ! Il faut que rien ne se perde !
Sexualité...Honnie, bannie, haïe sauf si elle permet de procréer, de sauvegarder une humanité, qu'on prend soin de bien épurer.
Alors cette sexualité là ?
Sexualité ?
Qui ne sert à rien ?
Objet de peur, de fantasme, de haine, de cruauté, irreprésentable cette sexualité entre deux être du même sexe est taboue, décrié, trainée dans la boue !
Expiation !
Peur... ? Haine ? De la différente, de l'autre son semblable qui pourtant a posé un "choix sexuel" différent de ce qui est admis socialement...
Parce que c'est comme ça
Indifférence ? Non, ce serait trop simple, car l'homossexualité dérange, car l'homosexualité réveille les fantasmes les plus archaïques enfouis au fond de chacun de nous...
Homosexualité latente... ?
Elle renvoit à quelque chose d'insupportable, de refoulé, de relégué souvent au plus profond de soi. Ce démon se reveille alors et déchaine cette violence envers celui qui ose, qui est, qui pose ce choix là.
Sujet et objet de propos violents, insultants, grossiers, salaces, comme pour se protéger et elever ainsi un rempart devant ce que le "normal" considère comme répugnant, contre nature. Sexualité saleté...
Se protéger de ce qui pourrait arriver... L'homme qui aime les hommes n'est pas un homme...N 'est rien ! Comment peut-on imaginer ça, alors on tape, on bat, on casse la gueule de celui qui ose !
Une femme ? Ce n'est pas mieux, méprisée de ses semblables elle est détestée des hommes qui lui en veulent de ne pas être une femme, ni un homme, c'est à dire rien
Rien... Ni Il ni elle ais-je entendu. Et de se déchainer sur les mariages gays, les adoptions par les couples lesbiens etc... Contre nature ! Encore !
La nature a fait des hommes et des femmes fait pour se rencontrer, sous entendu pour procréer, pour la survie de la race
Alors ces autres, là qu'on montre du doigt parce qu'ils ne suivent pas la route traçée par...
On découvre l'homosexualité, comme si elle était récente, neuve, la rançon du progrés, de la débauche, du laisser faire...
On la cache, on la nie, on l'efface, on la zappe, on la gomme, on ne veut pas la voir,on ne veut pas l'entendre
"Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, mais pas devant nous.. " C'est honteux de voir ça !!!
Etc, etc...
Stop, ça suffit, on ne vous oblige en rien, à regarder, à voir, à entendre, à vivre comme vous le souhaitez
En prenant la plume, je ne prends la défense de personne, il n'y a pas de bon, il n'y a pas de gentil, chacun fait ce qu'il veut, ce qu'il peut. Encore heureux peut-on être lorsqu'on rencontre un bel ami, ou une belle amie, un être pour partager sa vie, ou faire un bout de chemin... On ne sait pas qui sera au rendez vous ?

vendredi 7 mai 2010

Re nouveau



Merci

Je vous remercie de partager depuis presque deux ans maintenant l'aventure de ce blog
Merci à vous d'être là
De lire ces billets, ces articles
Merci de dire ce que vous ressentez, ce que vous vivez
Merci de m'écrire
De m'encourager à continuer
Merci !
Sans votre présence, ce blog ne pourrait vivre
Cette écriture n'aurait aucune adresse

Alors je vous remercie infiniment d'être là !

mardi 27 avril 2010

Hermetisme

Hermétisme

Quel joli mot que celui là !
On imagine Mallarmé ..
Ses vers...hermétiques
Qu'on lit et relit sans jamais vraiment comprendre
Les mots de ce poète fou qui enferme les mots
Dans une cage destinée seulement ?
A ceux.
Justement....
Juste pour ceux qui peuvent les comprendre
Qui sont dignes, peut-être d'accéder à cet univers là
Pour les autres ????


"Vous dites les choses simplement"
"Vous écrivez avec des mots simples"

Simples !

Quel compliment magnifique !

Je reçois ces phrases, ce mot toujours avec beaucoup de bonheur depuis des années...
Simple...
Pendant toutes ces années passées à l'Hopital (ou hopitaux plus exactement) j'ai appris à parler "simple" à utiliser des mots compréhensibles, un langage clair, entendable par tous...
C'est la moindre des choses me direz vous. Pourtant ?

Je suis toujours étonnée de lire et déchiffrer les "articles savants" remplis de mots scientifiques et barbares, une sorte de langage ésotérique pour initiés, et seulement eux...
Il s'agit de publications professionnelles, de "savants s'adressant à d'autres savants". De sachant à sachant...Qui savent, qui comprennent, qui sont "dans le même bain" . Il règne une certaine connivence entre ceux là.
C'est la même chose lors de congrés, conférences, séminaires...On est sensé se comprendre, ce qui n'est pas toujours le cas, mais l'avouer serait se déconsiderer aux yeux de cette communauté ! Perdre du crédit...Le leur ! s'exposer à une sorte d'excommunication redoutée...
Alors on se comprend, usant et abusant de ce langage, de ces mots, de ces références, de cet uniforme là.

Il n'en est pas de même quand c'est ailleurs, au quotidien, dans les services médicaux, sociaux, psychothérapiques, au sein des cabinets...
Quand ces mêmes "savants ou pseudo sachants" s'adressent aux autres..
A leurs patients, analysants...
Certains de ceux là en sont friands, en redemandent, ces mots ne sont-ils pas le garant du scientisme de ces thérapeutes, garant d'une bonne cure, d'une thérapie efficace ?
Mais les autres ?

Les autres ? S'ils ne comprennent pas, alors tant pis pour eux !
Un peu comme "le peuple, mais le peuple ne compte pas ..." cher à De Sartine.

Bref, à l'hôpital on s'efforce de parler simple, on met des mots, les mots qu'il faut là où il faut
Il m'est souvent arrivé de demander aux médecins de réexpliquer au patient en mots "simples" les termes scientifiques décrivant une pathologie, le traitement, l'évolution. Cela n'étant pas de mon ressort...
Et d'insister si besoin.
C'est aussi la Loi...Il le doit !

Pour ce qui en est de la thérapie.... Il en va de même !
C'est d'ailleurs un des chevaux de bataille des cognitivistes* ! Un langage adapté au patient. Des mots qu'il doit comprendre, s'assurer qu'il a bien compris, reformuler etc...

Cela me direz vous tombe sous le sens !
Pourtant ?
Parler simple n'est pas être simpliste, il ne faut pas confondre.
Ce n'est pas simple de trouver les mots accessibles à la représentation de l'autre. C'est presque un art !

L'art de la communication
Car communiquer c'est avant tout se faire comprendre, sinon à quoi bon ? A quoi bon discourir, écrire, monologuer,si ce n'est pour être compris
Ou alors ? pour le plaisir, plaisir solitaire de s'écouter parler, de s'entendre dire... De se faire plaisir...
Une sorte de toute puissance aussi.
Une manière de se protéger peut-être ?
L'art de la réthorique ? Pourquoi pas ?

Je me souviens de ces versions latines, pouvant être traduite ainsi et son contraire : Selon
Phrases magiques, sybillines, oracles ?
Mais qui va déchiffrer ?
Je connais des analysants, patients qui sortant des séances s'interrogent sur le sens des mots "laché" par leur thérapeute, avec sérieux, gravité et parcimonie, la rareté faisant la préciosité de la chose...
Et de se demander ce que bien vouloir dire tout ça... Ce galimatias infâme. Ces mots "psy", ces allusions évasives à multisens. Auxquels ils 'n'entendent rien"

"Comme vous voudrez" m'avait un jour écrit une élève sur une copie, m'ayant fait un accord en "ent" et "s"
J'avoue en avoir bien ri ! Mais ici, dans ce contexte, cela ne me fait guère rire, encore moins sourire
Cet hermétisme là, ce langage de caste, ces mots de connivence... Me font peur parfois...
Des mots enfermants, des mots d'un certain enfermement
Hermétisme. Fermé, bouclé, vérouillé...
Emprisonné.
Des mots fous, comme ceux de Mallarmé, enfermés dans sa prison dorée...
S'il est vrai que chaque discipline posséde son lexique propre, que l'étudiant en la matière passe au moins une année pour s approprier, il convient de savoir "traduire"... de s'exprimer pour être compris...
Combien de fois ais-je répété à mes étudiants, élèves, de reformuler en termes clairs "avec leurs mots à eux" les énoncés des commentaires, dissertations.. Pour éviter entre autre le hors sujet. ?
D'ailleurs le bons sens commun (encore lui) ne dit il pas qui se comprend aisément s'énonce clairement
Est-ce alors là que ça cloche ?
Ou bien est-ce le sceptre de la toute puissance... ?
Le langage devient alors une arme redoutable, celle d'un certain totalitarisme... d'un certain communautarisme, d'un certain sectarisme
Et rate sa cible, son objectif...
Se suicide en quelque sorte !
Et quel suicide que celui là !

* Et ne manquent pas de railler (à juste titre souvent) le langage et le charabia de certains psychanalystes.

dimanche 14 mars 2010

Je est Il

Ou bien je et il... ?
Etrange cette manière de parler de soi à la troisième personne.
Ne pas dire "je".
Ne pas se nommer.
Pour parler de soi au quotidien, se présenter...
Si le "nous" doctoral semble curieux à certains, ce "nous", pour ne pas se nommer, semblant impliquer d'autres que "je", où on se demande toujours avec malice "mais qui sont donc ces autres là ?" ce "il" pose quelques questions.
En dehors de toute dépersonnalisation due à un état pathologique ou psychique, on peut s'interroger : Pourquoi ce "il"
Qui est -il ? Je ou non ?

Est-ce une manière de prendre un certain recul, de mettre une distance entre le "moi "profond, intime, ce "je" et le "je" l'autre, celui donné à voir, à entendre, livré à l'autre.
Ce je extérieur à soi, ce "je" presque théâtral, personnalité publique, un peu du dedans qu'on projete et expose au dehors... Mais pas tout à fait ?

Une projection ? Une mise à distance ?
"Je" ne s'implique pas, mais implique alors un autre "je", ce fameux "il".
Cette troisième personne du singulier, une singularité particulière du sujet. Ce sujet qui s'expose, qui ex pose..."Je" est un autre. Cet autre :"Il"
Et cet autre "il" n'est pas "je", "je" n'est pas "il"
Je et il et il et je....Qu'est ce que cela donne ?

L'un et l'autre, mais pas l'un n'est pas l'autre
A n'y rien comprendre ou pas grand chose, une confusion souhaitée, et entretenue ?

Mais ce recul nécessaire ? Pourquoi ?
Pour se protéger du regard de l'autre, de l'avis de l'autre, de l'autre tout simplement..
Ne pas dévoiler, dévoiler ce je, et mettre en avant ce il, qui laisse un peu de liberté au je qui se cache, qui s'aventure à petit pas, sans bruit dérrière le masque ?

Se protéger de il et des ils...?
Je ne se montre pas, ou à demi. Protégé par ce il qu'il met en première ligne, qu'il envoit au front en assurant ses arrières. Sans gaspiller toutes se munitions ?

En thérapie cognitive, il est primordial que le sujet se nomme, dise "je" en parlant de lui. "Je"
Qu'il parle de lui à la première personne du singulier, je fais ceci ou cela, je pense que...je crois,je fais, je suis, j'ai...S'impliquant, lui, je, sa personne, affirmant son identité, sa personne, sa confiance qu'il a en lui;
S'impliquant lui, pas les autres, signant son attitude, son comportement... je et pas il,
Lui, ce je sujet singulier ce je parmi les ils, parmi les autres, ce je qui justement le distingue des ils.
Ainsi suis-je. Moi, sujet singulier..Je suis bien le sujet qui vous parle, qui vous demande, et c'est bien à moi, ce même je à qui vous vous adressez.
C'est vrai que ce "je" est parfois bien difficile à poser, à nommer, à dire, à exprimer, à identifier
je suis un sujet pensant, je n'est pas il, je suis responsable de ce que je dis, désire, exprime, aime,
Je ne clive pas je en un autre, qui fait, qui agit, qui pense
Qui alors est responsable de ce il ?
C'est une histoire de fous, et on ne sait pas si bien dire....
"Mais madame, le sujet ne peut pas dire "il " en parlant de lui, ça ne veut rien dire" me dit un jour un élève plein de bon sens...Et pourtant !
Car ...
Il s'agit bien du "je" qui s'allonge sur le divan, rencontre le thérapeute, l'analyste pour....
Ou bien s'agit-il d'un "il" qu'il traine dans le cabinet de l'analyste, du thérapeute... ,
Il s'agit aussi du "je" qui rédige un CV pour postuler à un emploi, ou ce je vante t-il les mérites d'un "il" qui possède toutes les qualités requises....
Je suis... Et je n'est pas un autre,mais bien le sujet qui.... Parle, pense, écrit, aime, pleure,souffre, éprouve des émotions, est heureux....
Je se décline à l'infini
Je est Je et n'est pas un "il" qui le distancie de ce qu'il est vraiment, de ce qu'il est intiment
Je... pour ne faire qu'un.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

samedi 13 mars 2010

Accompagner... La mort.

Cette idée d'accompagner la mort apparait quelque peu choquante, voire incongrue, déplacée.
C'est peut-être le mot "accompagner" ? Peut-être ?
Accompagner ? On imagine une sympathique promenade, un aller et retour, un cheminement paisible...
Mais là ?
Je lis dans un article du monde (en lien) "la mort pourrait être mieux accompagnée en France"
Et ailleurs ? Mais ce n'est pas ici l'objet, la question.
C'est sûrement la formulation, car il y a bien quelque chose qui cloche !
Mais au delà de la forme, de la syntaxe, c'est peut-être un autre ordre, ou désordre
La mort, c'est sûrement ça, tout simplement, l'idée de la mort, à l'hôpital ou ailleurs. La mort. Car si elle est la seule chose, le seul devenir dont nous pouvons être absolument certains, elle est aussi le seul avenir qui effraie à ce point.
L'inconnu, la fin... L'ultime voyage.
La mort, aucun retour possible.
Mourir avec un seul "r" corrigeait ma mère, "car on ne meurt qu'une fois !"
"On est mort pour de vrai", comme disent les enfants. Et pour répondre à la question d'un petit garçon "dis le mort il va revenir ?" seul le non, un non définitif, sans appel convient !
J'ai souvent écrit sur la mort, la mienne un jour, celle de mes proches, celle que j'ai rencontrée, souvent, trop souvent, dans ma vie, personnelle, et professionnelle. La mort, celle qui hante, la mort de voir mourir trop, trop souvent…
J'y ai été confrontée très jeune, très tôt, trop peut-être. Cette froideur, cette solitude....La perte de la vie, la perte de l’autre, la perte. Pour toujours, pour jamais.
Alors peut-on l'accompagner ?. Question mal posée. Peut-on accompagner le mort, enfin le futur mort, puisque pour ac compagner, faire ce bout de chemin là plus ou moins long, il faut qu'il soit encore vivant. Pas encore mort...
La partie est faussée d'avance, je le sais, je l'ai trop vu. Du côté le vivant, le bon vivant et de l'autre le mort-vivant qui va bientôt être un mort mort, un défunt...Qui va bientôt partir définitivement, quitter la partie pour de bon pour ne plus jamais y revenir.
End game !
Etre là tout près, pour que l’autre, qui va mourir, se sente moins seul, moins seul avant de passer, moins seul pour passer, tout seul finalement, de l’autre côté, dans cet ailleurs inconnu, d’où personne n’est jamais revenu.
Etre présent à ce moment là. Où celui qui reste est quitté, à tout jamais.
Etre présent, près de cet autre qui passe pour ne pas se sentir seul
Seul, le mot est làché ! C’est là, seul, car on est toujours seul, avec les autres, avec soi même. Le propre de l’homme est d’être seul, face à lui-même, encore, face à son être seul, et ce n’est pas simple, c’est douloureux parfois, et ce jour là, peut-être davantage
Alors accompagner : Illusion ?l
Car c'est bien là que ça coince "l'accompagnement".
Deux compagnons ou plusieurs accompagne (nt) un autre compagnon, quelle drôle d’accompagnement que celui là !
Si on se joint à l'autre pour aller là où il va..en même temps que lui.
Un des deux n'y va pas....Un des deux y va, l'autre pas.
Il y en a qui y va, l’autre pas. Et celui qui n’y va pas, le sait dés le début. Trucage ?
Celui qui accompagne n’ira pas de l’autre côté, du moins cette fois, il lui faudra attendre encore un peu, un autre l’accompagnera peut-être ? Qui sait ?

C'est bien en ce sens que la partie est truquée. Qu'il y a mal donne, qu'il y a méprise
C'est là ce quelque chose qui cloche. Cet abus de langage.
C’est plutôt la mort qui nous accompagne à chaque instant. Compagne invisible, elle ne nous quitte pas, nous mène inéxorablement vers l’ultime moment, elle est là, toujours, jusqu’au bout. La plus fidèle des compagnes ! Celle qui nous trahit le moins ?

Voir mourir n'est pas simple, surtout quand on est l'unique et le dernier témoin. Voir mourir laisse des traces, qu'on le veuille ou non, qu'on se le dise ou pas !
Voir et laisser mourir, c'est peut-être ça ?
Mais il parait que l'homme tient à la vie, à sa vie ? Mais celle de l'autre ? La vie de l'autre ?
Y tient, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ?
Vivre et laisser mourir l'autre, dans la dignité ? Meurt-on dignement ?
C'est quoi être digne devant la mort, peut-on être lâche enfin pour tout lacher une bonne fois pour toutes ?
Voir une vie s'achever dans la douleur, la souffrance, l'acharnement des machines qui maintient cet autre là dans un semblant de vie, pour que cet autre, accompagne, reste là. Encore un peu, encore... Un bref instant, le dernier, s'il a la chance d'être là. L'autre reste..
Et restera une fois que... L'autre sera parti, enfin ! Pour lui. Qui sait ?
Car là est bien la question : Qui sait ?
Et qui sait quoi ? Qu'y a t-il à savoir...
Qui sait s'il veut mourir et comment ? Et quand ?
Laisser mourir alors ? Ce n'est pas dans la culture, dans cette culture où tout doit être mis en place pour faire "tout ce qu'on peut' au risque de laisser vivre parfois
Accompagner, l'autre,
Pour qu'il ne meurt pas tout seul, qu'il parte avec quelqu'un à ses côtés, plus rassurant ?
La belle affaire !
Comme on accompagnera au cimetière, sa dépouille, son cercueil, jusqu'à sa dernière demeure comme "ils disent"
Famille et amis seront là...Pour qu'il ne soit pas seul, encore une fois, ça ne se fait pas.
Pourtant combien de morts dans la solitude ? Dans la solitude des hôpitaux, des services de soins spécialisés, palliatifs, cliniques, de morts seuls à domicile, aux portes des centres hospitaliers, dans la rue, "comme un chien" me dit un jour un de mes patients à propos d'un de ses compagnons d'infortune
La mort accompagnée ?
Alors on accompagne, on essaie de rendre la mort plus douce (comme s'il y avait de la douceur dans la souffrance, dans les états semi comateux et morphinesques) on triche, on tente de rendre la mort plus humaine, plus acceptable, plus présentable.
Mais pour qui ?
Car là est bien la question, la question essentielle, cruciale, fondamentale...
Pour celui qui part ?
Pour celui qui reste ?

B.D. psychanalyste, psychothérapeute, historienne

* Pendant de longues années j'ai exercé mes fonctions auprès de mourants, de leurs familles. J'ai été là, présente, offrant un espace de paroles, de mises en mots ou en silence, de mises en pleurs.
J’ai rencontré trop souvent celle-ci, au hasard des couloirs de la vie, la mienne et celle des autres, elle m’a pris, et m’apprit tant !.
La mort n'est ni douce ni belle. Pourtant elle est.
Mon unique souci pendant toutes ces années et encore aujourd'hui est de comprendre cette relation singulière que nous avons à la mort, à cette fin, ou à cet autre commencement pour certains
Je ne suis pas croyante, personnellement je pense qu'après il n'y a rien... Mais je n'en sais rien, alors ? Qui sait ?

mardi 16 février 2010

Al z ailleurs

Ailleurs...
Ce n'est pas seulement une impression, mais presque une réalité.
Une sorte d'autre ailleurs
Une curieuse, étrange rencontre

Lorsque je travaillais à l'hôpital, je rencontrais souvent des personnes âgées, malades de l'âge le plus souvent "de vieilleries" me disaient-ils en souriant tristement
Et je rencontrais aussi ces patients atteints de ce mal de l'oubli, de ce mal qui ne guérit pas, qui plonge dans les ténèbres de l'oubli.
Eux et leurs familles... Je ne sais ce qui était le plus difficile, pour qui c'était le plus difficile, eux, ou leurs proches, eux si lointains de leurs proches. Leurs proches si désemparés, si loin !
Proches ?
Qui ne comprenaient pas.... Cet éloignement là.
L'oubli, des choses, présentes, l'oubli du présent. Des choses élèmentaires...
Ne plus savoir ce qu'il faut faire, comment manger, se laver, s'habiller...
Terrible que cela !
Mais terrible pour qui?
Un ailleurs alors, un monde étrange, étranger, pour nous, pour eux.
Quel monde ?
L'oubli de soi, des autres, de là, de la vie, ne plus être... En vie !
Yeux hagards, décharnés, teints blafards...Ils étaient là, allongés, sanglés sur un lit ou sur un fauteuil pour ne pas errer dans les couloirs, s'échapper, "se mettre en danger"
Vingt ans plus tôt ces mêmes patients étaient internés dans les services psychiatriques destinés aux "patients chroniques" car leur entourage ne pouvaient les garder à domicile. Ils auraient pu mettre le feu, faire "n'importe quoi....' qui les aurait mis en danger... eux et les autres
Je n'oublierai jamais ce vieux monsieur, que sa femme me confia, jeune stagiaire il m'appartenait alors de "faire l'admission"
"Démence précoce"... Détérioration temporo spatiale...
Comme cet entretien fut difficile pour moi, je devais ravaler mes larmes... Je n'oublierai jamais !
Le "vieux monsieur" parlait d'une manière incompréhensible, usait d'un langage inconnu, ne reconnaissait plus son épouse, était devenu agressif .
"lui, si gentil"...."si vite" me dit-elle... Démunie, tremblante, épuisée, elle ne savait plus. Le médecin de famille avait signé les papiers...
Et j'ai vu ce vieux, gentil monsieur se dégrader comme on disait alors, vite, vite, physiquement, psychiquement
J'ai écouté cet oubli, ce désarroi. Ecouté, car je ne pouvais rien, ni dire, ni faire
Impuissants que nous sommes devant cette misère là !
Vingt ans plus tard, le scénario est le même, on ne parle plus de démence précoce. La médecine dispose maintenant d'un terme plus savant, scientifique, un peu moins angoissant !
Pourtant....
Je reconnais les visages épuisés, tristes, vidés de ces proches harrassés par le conjoint qui "perd la tête'... Ils ont tout fait, pour "le garder à la maison" Mais ...
Il ne reste plus alors que l'hôpital, général, (car la psychiatrie, j'ai envie de dire malheureusement, en ce qui concerne le temps, la formation des personnels, plus à même de ces prises en charge là) s'il est souffrant...
Puis "une maison" disent-ils pudiquement, en s'excusant de ne pouvoir tenir, de ne pouvoir faire cet effort là, au détriment de leur santé, de leur vie, de leur existence à eux;..
Ils cherchent alors à se justifier, à s'excuser..


Comme si..
Pourtant ?
Qui pourrait se donner le droit de juger, de condamner...
S'engage alors souvent une lutte sans merci entre les services médicaux, sociaux, le psy, la famille...
Rendement, prix de journée, lit à vider, manque de place, pas de service à domicile disponible...
On fait quoi ?
Leurre que tout cela... Car on n'oublie presque le patient, lui, celui qui a oublié
Oublié l'oubli...
On oubli qu'il est toujours là, même si lui ne sait plus vraiment, ne sait plus non plus ce qui serait bien pour lui. Ce libre arbitre qui lui a été confisqué !
Peine capitale !
Il faut alors décider... Le "mettre quelque part" le placer, comme on place un objet dont on ne veut plus, qui ne sert plus.. A rien...
Placement ! Ce mot me faisait tellement horreur, que je le reprenais à chaque fois lors des réunions, entretiens....
Mais comment dire ?
Orientation ? Hébergement ?
Manier habilement l'euphémisme, se rassurer avec les mots, ne pas vraiment dire encore, une réalité affligeante, consternante, mais qui ne se peut être autre, autrement
Souvent, les soignants, je l'ai écris déjà, exigent des familles, des proches des attitudes invraisemblables, car il faut "faire une sortie" "vider les lits"... Les invitant alors à reprendre le patient au domicile
Ce qui ne s'avère pas possible, du moins durablement. Peu de choses, sinon rien n'est prévu pour ça, l'hospitalisation à domicile étant un mirage, si ce n'est une illusion
Ainsi, l'ailleurs, un autre lieu devient nécessaire, indispensable pour chacun. Pour le repos de chacun, la sécurité de chacun
Ailleurs... C'est aussi priver de ce qui reste, un peu, qui ne s'efface pas totalement, ce qui revient de temps en temps... Un bref instant.
Illusion encore, espoir pour cet autre, qui croit, qui se voit reconnu, un peu
Souvenir..
Et puis l'espoir s'évanouit comme la mémoire, les yeux embués de larmes on voit disparaitre dans cet endroit étrange et étranger celui ou celle qui fut le compagnon ou la compagne de ces années là.
Il ne reste plus rien, des souvenirs, et le regard. Le regard lointain, étrange, étranger à lui même et aux autres, vide, mais pas tout à fait, de celui qui a tout oublié ou presque...

Je est non seulement un autre, mais il est ailleurs...
All Zheimer !

A eux, qui sont, ont été, et seront encore....A leur famille, proches, amis..

Cougar ?

Cougar, chasse, chasser....


A faire bondir les féministes
Les femmes en général !
Peut-être ?
Peut-être pas...

Cougar... Félin splendide, splendide prédateur...
Alors ?

Cougar..... ?
Pour désigner ces femmes (encore elles !) qui osent braver ce qui n'est pas explicitement un interdit, mais quelque chose qui dérange !
Ces femmes (toujours elles) qui osent aimer, avoir une liaison avec un homme (ouf disent certains et certaines) plus jeune qu'elle (quand même ! ajoutent ces mêmes)
Ainsi va la vie....
Manque évident d'élégance !

C'est un article lu hier à propos d'une vedette qui me fait réagir !
Une femme amoureuse... et qui s'affiche avec un homme de "beaucoup d'années son cadet'"
Elle ose !
Mais le plus consternant sont les commentaires générés par ce billet
Des mots émanant pour la plupart de femmes, d'autres femmes, qui jugent, ironisent, se moquent, critiquent véhément, condamnent complétement
C'est honteux écrivent-elle, "cette vieille qui s'amourache d'un jeune homme" "d'un garçon qui pourrait être son fils ! "
Nous y voilà, vraiment... C'est donc là que ça coince.. Une femme qui pourrait être la mère de l'homme de sa vie !
Aie aie aie..
Cette situation est rendue incestuelle donc insoutenable, irreprésentable
Une femme avec un homme qui a l'âge (soit disant?) d'être son fils.
Nombreux sont ces commentaires à ce sujet là. Combien de fois j'entends ça !
Il n'est pas pensable, pas représentable, correctement envisageable qu'une telle différence d'âge puisse exister... Cela heurte à ce point les esprits. Ce n'est pas dans l'ordre du possible
Pourtant ces situations existent ailleurs que dans les rubriques people des journaux. Dans la vie, courante, celle de tous les jours....
Les regards sont là aussi... Les commentaires tout aussi désobligeants. Une femme qui ne pourra pas être mère. Etre la mère d'un enfant avec cet homme là qui pourrait en revanche être son fils. Qui ne pourra plus être mère, car elle est trop vieille.
Mais trop vieille pour quoi ? Pour être mère ! Mais pour aimer, y a t-il un âge socialement correct pour aimer un homme, une femme ?
Combien de remarques souvent ironiques, voire cyniques ais-je entendu à propos des relations amoureuses des personnes agées. De ces "vieux" qui tombent amoureux, qui vivent à leur age une histoire d'amour.
Quelle chance ils ont ! Et comme ils sont heureux ! Comme ils rayonnent d'avoir trouvé un compagnon, une compagne pour continuer la route, encore un peu !
Idées reçues, clichés, envie...
Qu'est ce qui se cache derrière cette attitude de dénigrement, de mépris, de méchanceté..
Quelles pulsions réfrénées ? Quels désirs inavoués ?
Là...

mercredi 10 février 2010

Troubles


Refuge ?

Elle a passé sa vie sans vraiment être là, un peu là. Un peu ailleurs, réfugiée dans des souvenirs, les siens.
Elle a passé sa vie parce qu'il fallait bien le faire, bon an, mal an, comme ça, comme si elle attendait quelque chose, sans vraiment savoir quoi.
Elle est restée là, un peu d'elle même figé, fixé dans ce passé là, dans cet ailleurs là qui était bien, mieux, qui aurait du être : si...
Dans un ailleurs vrai, bien réel, loin en distance mais proche en son coeur. Un autre lieu, celui où elle est née, mais qu'elle a quitté, un jour, pour ?
Elle ne sait plus très bien
Elle aurait du pourtant le quitter cet ailleurs là, pour un autre, bien plus lointain
Mais elle ne l'a pas fait

Pourquoi ?
Pour qui ? Plus justement, exactement, pour ceux qui ne voulaient pas qu'elle parte, pour eux, pour ces mêmes là qui voulaient la garder, là, près d'eux, parce que...
Ils pourraient peut-être avoir besoin d'elle, un jour, qui sait ?
Mais eux, semble t-il savaient
Alors elle n'est pas partie dans cet ailleurs là, n'a pas franchi cet océan immense qui l'aurait emmenée loin, de l'autre côté.. Elle est restée, elle s'est résignée .
Résignée, c'est sûrement le mot, qui résume toute son existence, résignée, et pire encore pour expier ce je ne sais trop quel désir, quel rêve qu'elle avait au fond d'elle même, elle s'est punie, toute sa vie.
Punie, sacrifiée, sans se plaindre pourtant, sans un mot, jamais.
Une colère sourde pourtant, une colère profonde, intérieure, une douleur, une écorchure, une plaie béante, impossible à refermer... Au fond de son être, de son âme blessée, écorchée vive.. Au fond de son coeur...
Son regard triste, lointain restait lui aussi figé dans des souvenirs, ceux d'une jeunesse lointaine, d'une insousciance où tout semble possible, il suffit de vouloir, vouloir vraiment

Cette jeunesse là qui sourit, qui regarde et vous dit "Vous allez voir"
Nous n'avons pas vu, nous n'avons rien vu, et n'avons été que les tristes spectateurs d'un spectacle qui s'est achevé dans la douleur.

Une tragédie que cette vie là,
Une vie passée sans vraiment voir, regarder, sentir, aimer...
Une vie passée pourtant
A expier les fautes passées, celles de les avoir rêvés, d'avoir révé sa vie, une autre vie ailleurs, loin, très loin
Alors, puisque cet ailleurs là n'a pas été possible, advienne que pourra, peu importe
C'est comme ça que la vie s'écoule, coule dans des veines qui n'ont guère besoin de ce sang là, qui n'ont guère besoin..
La vie est triste après tout, alors ! Faisons comme si.

Courbons l'échine, rangeons au fond du placard, bien tapis au fond des armoires, ces souvenirs là, ces promesses de bonheur là pour soi, car on ne les partagera pas, qui comprendrait ? Qui en voudrait ?
Personne.
D'ailleurs elle n'a aucune envie de partager, de dire, d'échanger, de donner, de parler, elle n'a aucune en vie


Seule au monde peut-être pas ?
Mais à quoi bon, à qui donc se raccrocher
Toute la vie est un chemin semé d'embûches, de cailloux, qui ne permettent pas de retourner sur ses pas, sur les pas du rêve, de la liberté, de la vie, de ce qu'elle avait esperé.
Elle a continué, malant, bonant... tout doucement
Son seul refuge fut sa solitude, la haine de l'autre ? Peut-être pas ?
Puis petit à petit... un nouvel espoir

Celui du bout du chemin, cette route qui bientôt s'achève, bon an, mal an
Alors tout doucement, l'oubli est venu, pas celui d'hier, ni d'avant hier, mais l'oubli d'aujourd'hui, de ce maintenant, de ce présent là qui s'est passé. D'un présent, qui n'était pas le futur rêvé.
Oubli de ce présent là, pour enfin pouvoir vivre vraiment l'hier.
Enfin !

Doucement elle s'est donné le droit de l'oublier ce présent là, ne reconnaissant plus "ses proches" puisqu'ils n'existent pas, et n'auraient pas été, si ce passé rêvé avait existé
Doucement elle s'est glissé dans cet oubli là
Ultime refuge, enfin !
Un peu de paix dans ce destin troublé, dans cette tragédie de la vie..
Un droit à l'oubli, où elle ne s'épargne pas..
Mon seul regret à moi est de ne jamais avoir pu lui dire que j'avais compris !

A J.

jeudi 4 février 2010

L'art nous transporte...

Certes...
Quand on regarde le peintre qui nous touche, un peu plus, cet artiste qui semble ne parler qu'à nous,  et à nous seul, tant il nous parle, vrai et juste ; quand on s'arrête devant ses toiles, son art à lui, bien à lui.
Sa sensibilité, ses couleurs... Ce qui vient du coeur,de son coeur sincèrement, profondément

Alors cet art là nous touche, forcément...
Mais c'est plus que ça, il fait plus que ça, il nous touche oui, là où on l'attend le moins parfois, là où ça résonne pour raisonner plus fort, encore !
Mais...
Il nous transporte
L'art nous transporte...

Cette phrase me trotte dans la tête depuis longtemps, depuis que je l'ai lue, depuis que j'ai vu ces (ses) merveilles..
L'art nous trans porte. Nous porte ailleurs, trans... ?

Oui, c'est vrai, il nous porte ailleurs....Il nous emmène, nous conduit, nous mène vers ?
Mais où ?
Vers quel pays magique, mythique, merveilleux ?
Vers quel continent mystérieux ?
Il nous prend et nous emporte, nous enlève, brusquement, parfois, plus lentement aussi, et tel Ulysse nous mène vers un long voyage,
Il nous emporte loin au loin, au confins des frontières, au confins de nos limes, de nos limites, de nous même peut-être ?

Il nous montre, si on se laisse faire, si on se laisse aller, si on lache prise, si on accepte de jouer le jeu !
Et quel jeu que celui là ?

Mais quel jeu ?

Un jeu d'amour et de rencontre, celui de l'oeil de l'artiste, cet oeil qui guide cette main elle même guidée par l'âme, une sorte de jeu où personne ne joue de rôle, si ce n'est que le sien, le sien vrai, authentique et véritable !
Et ce rôle là, ce n'est pas rien
Le rôle de toute une vie, le rôle de sa vie, celui qu'on ne répéte pas, qu'on ne rejoue pas, qu'on vit au jour le jour, sans tricher...
Un rôle de composition, où il ne faut composer qu'avec soi même, celui du miroir, celui de l'âme, celui de la toile..
Car pour toucher l'autre il faut être vrai, authentique et sincère

Et c'est tout ça, qui nous touche et nous transporte
Vers le monde que l'artiste  crée, élabore avec force, amour, tendresse, sensibilité, délicatesse, pour que le spectateur devienne acteur.
Acteur lui aussi, pour qu'il puisse lui aussi, s'il veut, le souhaite, le désire, jouer une fois, rien qu'une fois peut-être le rôle, l'unique !

Car les toiles s'animent, une sorte de pays des merveilles s'en trouve, ou chacun trouve sa place, prend sa place et joue, non plus à faire semblant mais à être lui même peut-être enfin !

Car si elles nous transportent.... Elles nous y conduisent bien..

Surprenantes et déroutantes parfois ! Elles nous émerveillent et nous forcent à voir, au delà d'elles mêmes
Nous conduisent aux portes, celle qui ne s'ouvrent pas si facilement, car fortement scellées.
Elles nous conduisent devant ces portes.

Les portes de nous mêmes ?
Elles nous donnent aussi la clé..
A nous de la tourner, ou pas, d'ouvrir, un peu, ou pas, beaucoup...

Ca vaut le coup, du moins d'essayer...

Car ce qui vient du plus profond de l'âme, ne peut toucher que le plus profond de l'âme de l'autre, s'il y prête garde, s'il fait attention, s'il s'arrète, s'il s'offre ce temps là.. Ce temps initiatique
Il s'arrète alors et regarde, voit et contemple, il ne s'en va pas, pas encore, encore un peu de bonheur, de chaleur, de lueur que se donne le regard.

Et le travail, s'opère, longuement, ça touche ! Ca prend, la rencontre est là.. On s'arrête et on repart, après, longtemps après parfois, et on sent dans et par tous les sens...
On sent que quelque chose s'est passé, un presque rien, mais un rien qui compte et qui n'est pas rien
Ce petit quelque chose qui fait qu'en regardant il s'est passé quelque chose au fond de soi, une sorte de bouleversement, de frissonnement, de crépitement de l'âme !

Une rencontre entre soi et soi !
Un rendez vous qu'on ne s'est peut-être pas forcément donné
Mais qui sonne, qui crie, qui appelle, et qui arrive, là, qui ad vient !

Car l'art, celui là, du moins nous transporte aussi loin qu'il le peut, dans des contrées inexplorées, insoupçonnées..
Au plus profond de nous même, il nous fait ressentir,des émotions,des sentiments, des affects, et doucement nous les fait dire, nommer, fait mettre des mots, sur ces ressentis là.

Oui, il nous emporte,

Nous emporte, là, dans ces lieux là. Nous fait découvrir l'étrangeté de notre être, ce qui est étranger à nous même et qui nous fait peur, ce qu'on ne sait pas de soi, car on ne sait pas tout de soi.

Alors on est surpris par... Cette petite larme qui coule devant cette toile qui nous touche,qui nous donne de la joie, ou de la tristesse, qui raisonne, qui fait !
Ou cette musique, ces mots, ces quelques vers...
Qui font..
Ces émotions qu'on réfréne souvent pour ne pas être ridicule, qu'on ne montre pas. Mais qui sont là, tapies au fond de notre coeur..
Ces émotions qu'on ne peut réprimer en regardant ces toiles, ces toiles là parce qu'elles forcent peut être la vérité. La laisse s'échapper !

La vérité singulière qui est au fond de nous, l'émotion cachée, perdue, et retrouvée.. Ce sentiment qui fait de chacun un sujet singulier accédant à l'humanité et l'amour !

L'art nous transporte, tu as raison l'Artiste, il nous emporte vers un voyage et nous permet peut-être ce rendez- vous avec l'inconscient, le nôtre... Continent inexploré !

Il permet une lecture du sujet étrange et étranger, qui nous est caché, que nous avons enfoui,
Il nous encourage à partager, à partager les mots qui nous viennent devant ces merveilles, les mots des émotions..
Un partage qui appelle un partage, un échange, des mots pour dire ce singulier et unique ressenti

Ainsi se forme, se tisse et se met en place, une sorte de langage, singulier lui aussi... Une sorte de langue, étrangère elle aussi, car elle ne ressemble à rien d'autre... Pourtant, mais que chacun comprend, parce qu'elle exprime ce qui est au plus profond de lui.. De son être
Une langue nouvelle, qui va au delà des mots, de leur acception.

Le langage des émotions que chacun ressent à sa manière, et que chacun peut traduire et dire
La langue de l'inconscient... L'inconscient de l'un et l'inconscient de l'autre
Encore....
Encore une belle rencontre !

C'est alors le moment de mettre des mots, sur les rêves, les peurs, les désirs ou les fantasmes
Oui, l'Artiste, tu as raison, l'art nous transporte !
Vers nous ce nous même inconnu, intime, étrange, il permet cette rencontre unique et singulière, encore une ! Ce rendez vous que nous n'avions pas pris, peut-être mais qui ad vient, de surcroit, au moment où on s'y attend le moins
Ce moment là de la rencontre avec le peintre, avec son langage...
Inconscient de l'un, inconscient de l'autre encore !
Ce moment où face à face enfin avec soi même on peut être sincère, authentique et vrai, rien qu'un moment, rien qu'une fois
Car l'art nous transporte là où peut-être le sujet ne pourrait aller seul, craignant de se perdre, de ne pas retrouver son chemin...
Mais l'art nous guide aussi...Et nous offre cette fabuleuse aventure d'où l'on ne revient jamais indemne !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne

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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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