Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 31 décembre 2011

En fête

Psychanalyse aujourd'hui, vous souhaite une belle fin d'année 2011
Et vous remercie de votre fidélité, de vos messages, commentaires
De vos encouragements
Merci chers lecteurs d'être là depuis trois années.
A l'an prochain.

vendredi 23 décembre 2011

Requiem pour un Mur

Requiem pour un Mur.

Le Mur est tombé !
Il n'est plus, exit le Mur aujourd'hui.
Pourtant, sont encore là ceux qui sont nés, qui ont grandis, qui ont vécus, aimés, soufferts derrière ce mur, de l'autre côté.
Ceux de derrière le Mur....
Ceux là même qui rêvaient de l'occident, de cet autre monde, sorte d'Eden où tout était permis, où tout existait, où tout était possible la liberté comme le chocolat, la poésie de Baudelaire et les séries américaines. Cet occident avec lequel ils entretenaient un rapport difficile, paradoxal aimé et haï, envié et détesté....
Cet occident maudit !
Cet occident où ils rêvaient d'aller, de rester, de vivre.

Je me souviens de cet autre côté, de ces magasins vides ou presque, pourtant les vendeuses étaient là... Du tram de Weimar, de ces magnifiques promenades dans Thüringer Wald, des vacances au bord du Balaton, de Berlin, für immer ! Mais le Berlin de l'Est... pas l'autre, celui de l'ouest, le Berlin américain.. Check Point !
Le Mur !
Exit le Mur...
Réjouissances et bonheur, le totalitarisme était tombé, il était mort et il fallait l'enterrer.
C'en était enfin fini du Mur de la Honte !
Ce Mur de larmes et de sang, où tant et tant étaient morts pour avoir essayé de le franchir. Epris de liberté, surveillés, menacés ils avaient au péril de leur vie osé... Ils étaient tombés sous les balles implacables des soldats surveillant cette frontière.
Nul ne devait rejoindre l'autre côté. Trahir leur patrie !
Traitres et ingrats !
Il était enfin tombé...
Cris de joie, de liesse, c'est était fini de tout ça !
J'étais en vacances, j'ai entendu, j'ai pleuré... Longuement pleuré, doucement...

Je me souviens de cet Est, celui même que décrit admirablement Makine dans ses romans.
Que reste t-il ? Des films, des images, des vieilles cartes postales, des Trabans, de vieux billets de banques, des clichés surtout !
DDR !
Des émotions, des souvenirs... Peine, douleur, bonheur, joie, souffrance tout cela mélés..
Vestiges de ce passé en ruines, de ce monde qui  n'existe plus,  remplacé par un autre, avant un autre... Peut-être ?
Derrière le Mur, il y avait la Terreur, l'angoisse et la peur, la crainte de l'autre, de son voisin, de la police, de la milice. La peur tout simplement.
Derrière le Mur, le silence était d'or, la parole pouvait tuer !
Ce derrière là, continent inconnu et obscur objet de tous les fantasmes en cet occident . De cet Est là  l'opulence et l'insolence occidentale ne voyait que des bolcheviks et des staliniens, des espions du KGB, où les gens n'avaient rien, avaient faim... Forcément.
Je me souviens des paroles  rapportées par mes enfants. Celles de leurs professeurs à qui ils disaient que leur maman avait passé un certain temps derrière ce Mur : "La pauvre ! Comme elle a du souffrir".. Ce qui les faisait rire !
Insouciance de la jeunesse, des jeunesses...
Certains rapportent avec une certaine honte qu'ils gardent de bons souvenirs de leur enfance pendant la guerre "on passait le temps dans les caves pour éviter les bombardements, et comme je détestais l'école, ça m'arrangeait bien...Je n'oserai jamais dire ça " m'a raconté un jour une personne agée maintenant !
Insouciance de l'enfance, mais n'est ce pas le propre de l'enfance justement ?
Cet Est était vivant ! Bien vivant, vivant dans la crainte d'être dénoncé, dans la peur du lendemain désanchanté, bien qu'il n'ait jamais vraiment chanté, dans l'angoisse de ce demain qui ne pouvait peut-être jamais arriver... Dans la souffrance d'être séparés à tout jamais peut-être de ceux qui étaient restés de l'autre côté avant que ne soit élevés ces sinistres barbelés séparant le monde en deux,  séparant les gentils  des méchants...Pour faire un monde où parfois le soleil était trop brûlant !
Des êtres bien vivants qui chantaient aussi, étaient heureux et attendaient que les lendemains deviennent un peu plus gais et se mettent à chanter. Enfin ! Car forcèment. Demain viendra
Car forcément il faut bien vivre !
Vivre en pensant à maintenant, à demain peut-être, à la liberté... De l'autre côté de ce Mur, où tout pouvait se dire, se faire, s'entendre, s'acheter... Peut-être ?
Vivre et rêver...
Rêver pour vivre...
L'espoir...
Il leur en faut, encore et toujours ! Il leur en faut du courage, de la patience, de la foi à tous ces peuples de l'Est pour continuer malgré tout à croire, à espérer.
 Rien n'a tué l'espoir, le désir et l'envie.
Aujourd'hui encore, plus que jamais peut-être ?
L'envie plus forte que tout de vivre et d'aimer, comme je l'écrivais à un ami, il faut avoir dans les veines de ce sang là, pour comprendre; il faut que dans ces mêmes veines coulent l'espérance et l'amour, l'abnégation et la foi, le fatalisme et le désir de vivre
Si je ferme les yeux, je me revois dans ces magnifiques forêts, ignorant alors que ces arbres abritaient les plus sinistres des camps, car de cela jamais il n'a été question !
Je revois ces banderoles et ces inscriptions qui nous exhortaient à remercier les soviétiques de nous avoir sauvés du diable capitaliste ! Ces mêmes qui  saccageaient, épuisaient, rendaient exsangues les terres fertiles et affamaient ses habitants !
J'entends encore cette propagande, tout le temps, partout, comme pour nous empêcher de penser... Occuper notre esprit, le conditionner... Pas de face à face avec son être seul, et si seul pourtant !
Si je ferme les yeux, je me revois avec mes amis rire et chanter, nous moquer de l'instructeur qui tentait de nous inculquer les idées essentielles qui feraient de nous des "gens de bien", de nous expliquer que plus tard le "monde serait mieux".
Ces vacances "cosmopolites" avec ceux des "pays frères" ...Toutes ces langues de l'Est dont le dénominateur commun était l'allemand, ou le russe, selon les moments !
Je me revois enseigner le français à des jeunes enfants, avides de connaitre tout de ce beau pays, qui avait vaincu le leur...Je revois les fêtes, les défilés, l'hymne national soviétique, les petits amis, "Micha mon frère" qui m'a montré comment faire un lit pour ne pas avoir froid.....

C'était à Prague...Il y avait un violon et tu disais...Les marronniers n'étaient pas toujours en fleurs, mais c'était à Prague....
Ce sont des moments, des instants brefs mais comme le dit Andreï Makine : Eternels. Je sens encore l'odeur de ces fôrets en même temps que cette peur lors de l'arrestation par les milices,  nous n'avions pas de papiers un soir d'été à Leipzig !
Aujourd'hui quand je retourne à l'Est, un seul regard suffit. Nul besoin de paroles. Nos yeux suffisent à dire. Si l'on se croise, nous, ceux qui ont connu ce monde là, celui qui n'existe plus.
Un seul regard pour nous reconnaître, pour savoir que nous savons.

Le regard de ce vieil homme dans le tram de Budapest ! Nous nous sommes dit tant de choses, en un seul regard. Nous avons embrassé toute une époque, tout un savoir....
Une tristesse infinie... Où se mélent mélancolie, nostalgie, mais laquelle ? Celle de ce monde déchu, ou de cette jeunesse qui brûle sa liberté en oubliant l'essentiel ?

Comme si tout tenait dans les yeux...A travers les yeux.... Une histoire sans parole !
Cette histoire est inscrite au plus profond de ceux qui ont grandi derrière ce mur, qui sont nés derrière ce mur, qui sont mort derrière ce mur... Elle est eux... Ils en gardent la trace pour toujours.. Comme l'accent, celui des Ossi et la langue, celle des Zeks !

Si tous ce souvenirs me reviennent aujourd'hui, un peu plus que d'habitude, c'est peut-être parce qu'il y a quelques jours, en France où je vis, un homme me voyant prendre des photos s'est approché et m'a dit "vous prenez des photos, pourquoi faites vous ça ?"
Cela faisait tellement de temps !
Je ne m'attendais plus à ce qu'on me pose ce genre de question... Dans un monde "Libre"
C'est aussi parce que j'ai à tout jamais et pour toujours cet Est là dans le coeur et dans la chair. Il fait partie de moi.
Ich bin Das auch !

mercredi 21 décembre 2011

Au tour de l'Art.

L'Art est-il beau ? Utile ou inutile ?
Futile ?
Essentiel, nécessaire...
l'Art est-il création de l'homme ou de la nature ?
L'Art est-il Création ? Tout simplement.
Qui décide ? Et de quoi ?

Le beau est singulier, L'Art est singulier, mais l'Art est-il beau, nécessairement Beau ?
Et le beau est-il nécessairement de l'Art ?
l'Art est parfois étrange, curieux, dérangeant, amusant, obcène, magique, merveilleux, différent il ne laisse pas indifférent.
Il plait, il séduit, il agace, il parle, il répond, il questionne, il interpelle, il apaise, il soigne, il est !
Il est ? Mais qui ? Mais quoi ?

L'homme décide ou pas,  l'homme pense ou pas, il pense et repense l'Art, l'oeuvre d'Art.
L'Art panse l'homme, son âme et ses blessures,
L'Art le met en joie.
L'oeuvre est-celle de l'art, nécessairement,
Faut-il de l'Art pour faire une oeuvre ?
Une oeuvre d'art, une oeuvre de l'art, un art de l'oeuvre ?
Achevée.. Achevé... Inachevée..
Sans fin, infinie et sans limites ?
Encadrer l'Art ? L'art en cadres ?

L'Art est nécessaire, l'Art est beau ou pas !
Beau ? Nécessaire ? Essentiel ? Encore.

L'Art est partout, si l'on veut,  si l'on regarde, s'arrête.
Il surgit de nulle part
Sans qu'on s'y attende !
L'Art nous surprend, et nous prend, là où nous sommes....

Il est dans la ville, la campagne, la forêt, la mer et le ciel...
Nous sommes présents à lui...
L'Art nous habite...
Comme nous l'habitons, l'accaparons. Il y a une réciprocité dans toute cette histoire là. Curieuse histoire en vérité, compagnonnage singulier, ignoré parfois, mais qui est là, silencieux mais rebelle, révolté mais fidèle.

Voir, entendre, écouter, goûter, toucher, sentir...
L'Art est ce qu'on perçoit, ce que l'on ressent.
Ce qui nous prend, nous entraine, nous découvre, nous prend, nous submerge..
Il prend possession de nous...
Le Beau en est-il alors le discours...
Où l'Art ne se dit pas, ne se justifie pas. L'Art est libre, aussi libre que la poésie de Prévert qui pour nous séduire n'use pas des artifices convenus.
Un art sans condition.
L'Art est parole ?

Le Beau est le sensible, ce que l'Art donne au sens dans l'intuition, dans sa vision.
L'Art qui nourrit, l'âme, le corps et l'esprit et qui s'en nourrit, s'en imprègne
Musique, peinture, sculpture, cinéma, poésie, littérature... Ce qui suscite l'émotion... Ce qui suscite les sens, l'essence du Beau ou pas !
Imiter la nature ou son reflet, infidèle copie, illusion magique, mise en scène tragique.
L'Art ?
Ce qui met les sens sans dessus, dessous, qui met les sens dans tous les sens, qui donne du sens ?
Du sens à la vie... Aussi

mercredi 14 décembre 2011

Certitudes ?

Certitudes ?

Etre sûr, certains... Serait-ce ne pas douter, jamais ?
Etre certain.. Serait-ce avoir confiance en soi ?
Etre affirmé comme on dit dans les magazines ?
Avoir des certitudes, des vérités ? Tenir pour vrai sans réserve aucune ?
Je me souviens de mon professeur de philosophie qui un jour affirma avec certitude "'les certitudes sont faites pour voler en éclats"
Le caractère volontairement polémique et provocateur de sa phrase devait nous interpeller.
A cet age, j'avais depuis longtemps abandonné le peu de certitudes que je pensais avoir,la vie s'en était heureusement (mais ça je peux le dire aujourd'hui) chargée.
J'avais très tôt compris que rien n'était jamais acquis, que tout pouvait vaciller d'un jour à l'autre, d'une minute à l'autre. Que chaque jour était à vivre....Et à penser.
Les certitudes seraient-elles donc ça, des choses, des notions,des concepts qui nous apporteraient la sécurité, la sureté, la confiance ?
Confiance ? Confiance en soi. A mes patients qui souffrent de ce manque de confiance en eux, j'explique que personne n'a jamais une totale confiance en lui, il serait fou de le penser, de le croire, de faire croire que cela est possible
Car une totale confiance en soi rendrait toute chose toute amélioration impossible. Rendrait le sujet aveugle. Lui ôterait toute possibilité de voir, autrement, autre chose.

La confiance en soi est toujours fragile, pour tous,  et il faut souvent remettre son titre en jeu ! Elle démontre fort bien l'impermanence de tout événement, de toutes choses, rien n'est définitif, jamais !
La certitude ou les certitudes sont ainsi faites, pour être remises en cause. Pascal soutenait que celles ci se trouvaient en la Science et en la Foi... Qu'en dire aujourd'hui ?
Seules les certitudes mathématiques peuvent s'entendre comme t-elles, résultats d'un raisonnement et d'une démonstration aboutie nous permettant d'accepter que deux et deux font quatre, il n'en va pas forcément de même pour les autres !
Sommes nous sûrs de ce que nous voyons ? Vraiment ? Bien sûr.. Sans aucune hésitation ? Vraiment ? Les yeux, les sens ne nous joueraient jamais de tours ?
Tours de passe passe ?
Nos yeux voient-ils, nos oreilles entendent-elles la même chose pour chacun d'entre nous ?
Même les mots n'ont pas pour tous la même acception...
Certitudes ? Incertitudes ?

Illusion et illusoire, Et la Science alors ?
La Science ne peut être tenue pour exacte, même si elle nous laisse ou nous force à croire qu'elle peut tout. D'ailleurs qu'est ce ou qui peut tout ?
Les certitudes scientifiques sont souvent requestionnées, rediscutées, ré évaluées... et permettent d'en mettre à jour de nouvelles, encore et encore...
Car rien n'est définitif ! Ne peut l'être.
Croire ou ne pas croire. Vivre avec des certitudes assure t-il une certaine sécurité à celui qui s'enferme dans cette illusion ?
Il n'est pas aisé de vivre dans cette impermanence, de se dire que ce qui est ne sera peut-être plus, demain, ou aprés demain.
Il n'est pas simple d'admettre que ce qui semble vrai aujourd'hui peut-être remis en cause tout à l'heure. Que tout ce à quoi on croit peut s'écrouler.
Vivre sans aucune certitude est impossible, dangereux. Une sorte de corde raide et de garde fou. L'homme a besoin de ce cadre là. Un sorte de pré carré où il peut évoluer, construire, édifier, vivre... Et laisser la porte et la fenêtre ouvertes. Regarder à l'extérieur, ce qui se passe, ce qui se dit. Il doit pouvoir en sortir et remettre cent fois sur le métier son ouvrage..
Resté cloitré à tout jamais est inconcevable !
Hors de la Caverne !
Car ne pas aller à la rencontre de l'autre, ne pas aller à la rencontre des certitudes de l'autre, ne pas exposer les siennes à cet autre,  ne pas partager, ne pas échanger est impensable !
La curiosité, l'ouverture d'esprit sont nécessaires, essentielles à tout être humain. Il en va de l'humanité et de son humanité.
Le sujet ne peut baigner dans l'illusion d'un savoir qui n'est qu'illusoire et factice.
Les certitudes au risque d'enfermer le sujet sont faites pour voler en éclats.  Au risque de l'empêcher de penser, de s'elever, de s'indigner, de croire, de dire, d'avoir une opinion doivent parfois voler en éclat.
Il lui faut alors re voir, re viser ses propres certitudes. Les remettre en cause et en question à la lumière de nouveaux élèments. La terre était plate, mais elle ne l'est plus !
Pourtant alors tout le monde avait cette certitude !
Et il n'a pas été simple, aisé, facile de l'admettre. Car renoncer à ses certitudes c'est dire "j'ai eu tord", c'est reconnaitre s'être trompé !
Perte de son savoir, d'une partie de soi ! Il faut pouvoir assumer ça et c'est aussi avoir suffisamment de confiance en soi pour être en capacité de le surmonter.  Dire et se dire, que notre pensée, notre avis a évolué.
Il ne s'agit pas non plus de se fondre dans le moule, de tendre vers l'Unicité dangereuse, mais d'accepter d'analyser des informations, des élèments et d'avoir un avis, de faire évoluer sa certitude !
Mais alors quid de la foi, cette croyance qui  ne repose sur rien de scientifique ni de mathématique, cette foi en une religion, en un dogme ?
Etre certain que c'est ainsi ! Que ce dieu est le seul, l'unique en lequel il faut croire et pire prendre au pied de la lettre son soit disant discours ?
Je n'apporterai aucune réponse. Croire ou ne pas croire. Nul ne peut affirmer qu'un dieu existe, et nul ne peut affirmer le contraire....
Des certitudes qui pourtant sont la source de bon nombres d'incompréhension, de guerres, de tueries, de violences et de haines, qui conduisent au rejet de l'autre différent, car il n'a pas les mêmes certitudes !
Des certitudes qui au lieu d'éclairer et de promouvoir les Lumières de l'homme l'enferme dans l'obscurité et les ténèbres. Le renferme dans la Caverne !

jeudi 8 décembre 2011

La poésie

Et si la poésie ne servait à rien ? Et si elle n'existait pas ?
Peut-on imaginer un monde sans cette parole là ?
La parole nous fait vivre et plus encore, ad venir dans le monde des vivants, dans le monde de l'humanité
La poésie nomme ce que nous ne pourrions peut-être pas dire, ou entendre autrement.
Rêver les mots ? Mais pas seulement.
Les assembler et les mettre en image.
Art éternel, pour l'éternité de l'humanité.
Peut-être ?
Mettre en mot, l'absurde et l'insolite, l'extra ordinaire et l'ordinaire
Le dire autrement, et pas seulement en rimant..
La présence de l'absence, la trace de la langue et de l'imaginaire
De l'irréel qui s'infiltre dans le réel pour en révèler les manques et les désirs
Désirs et envies d'être simplement en vie.
Simplement ?
Ou pas...
Poésie qui nomme la douleur, la souffrance de vivre, mélancolie de l'ennui
Questionnement éternel de l'humain qui se demande ce qu'il fait là et pourquoi ?
Seuls ces mots, ce langage là peut dire ça ?
Dasein ?
La métaphore, l'allégorie, rhétoriques de la vie qui parfois se traine, qui se subit qui se survit,
Mais qui ne suffit pas !
Trace de l'inconnu, du désir obscur enfoui au plus profond de l'être...
Nul n'est besoin, nul n'a besoin de tenter de définir la poésie,
Poésie de la vie, du rêve, du souvenir et de l'avenir !
Empreinte indélébile marquant au fer de l'âme l'esprit le plus rebelle, elle garde en elle le rythme des coeurs, le son des mots qui grondent à l'intérieur et s'échappe du gouffre qui fait peur !
Mais elle est là, il faut la saisir, la prendre au mot, juste, seulement un petit peu
Etre sur le quai, être à l'heure...
Car elle ne repassera peut-être pas ?
L'homme et la parole sont alors en marche pour ce rendez vous, cette rencontre sublime qui ne peut se rater !

samedi 3 décembre 2011

Antisémitisme

Je feuilletais hier quelques pages de la somme d'Enriquez* sur le lien social, une référence, malgré les années.
L'auteur tentait une explication de l'antisémitisme à la lumière des écrits de Freud (et ils sont nombreux à ce propos, quoi qu'on en dise)
Antisémitisme....?
Une ombre qui rôde depuis ? Des siècles. Un fantôme qui ne disparait jamais vraiment, qui va et vient, mais qui reste présent toujours !
Toujours ! Pas un seul moment de l'histoire du monde, de l'humanité, de France sans que ce mot n'apparaisse !
On ne parle pas d'antichristianisme, d'antibouddhisme... D'anti...Mais d'antisémitisme oui.
Certes les guerres de religions ont bien existées, des luttes fratricides ont ravagées la France à plusieurs reprises, et il en subsiste des traces encore,  visibles ou non !
Mais l'antisémitisme ?
Il ne s'agit pas dans cet humble billet d'en donner une explication, d'essayer de comprendre, de poser des hypothèses, mais simplement de porter notre réflexion sur ce que ce mot contient, comment il résonne, à quoi il renvoit !
Une peur ancestrale de ce qui est étranger, différent, qu'on ne comprend pas, la projection de toute la violence, de la haine, sur la victime émissaire, et nécessaire pour expier ce qui ne peut être accepté et nommé en soi...
Nommer, nous y voila...
Désigné.
L'antisémitisme est ainsi nommé, et avance ! Il prend forme, il prend vie, façonné par les rumeurs, les peurs, les rancoeurs..
 A de nombreuses reprises dans l'histoire il a été non seulement nommé, mais encouragé.
Il montre, démontre, monstre. C'est le monstre....Qui désigne celui qui doit mourir...
Il en fait la démonstration… Il en explique le bien fondé, la nécessité. Il faut détruire cet autre là, justement celui là.
Une mauvaise chose, une tare, une maladie, un vice, une monstruosité... que d'être juif.. !
L'antisémitisme devint alors le rempart de cette société malade d’elle-même et le seul pour combattre cette gangrène qui la rongeait alors !
En advint des justifications, des élucubrations trouvant leur origine dans la Science, le comportementalisme, la morphopsychologie.  La nécessité de légitimer !
Légitimer et légiférer, décréter. En sont témoins les lois de Vichy ! Plus zélés que les lois nazies !!!!
Puis tout s’en mèle, les médias, la propagande, l’art et la littérature, les écrits de Louis Ferdinand Céline en sont un florilège.
Etre antisémite devient alors nécessaire à la cohésion de la communauté, essentiel à sa survie puisque cette minorité la mettrait en danger, il convient donc de l'exterminer !
La solution finale....
Une mise en mot et une mise en actes...Nous le savons.
Nous connaissons aussi la suite....
L’horreur, la découverte ( ?) de cette horreur, l’homme face à ses démons, à sa haine à ses pulsions de mort, de destruction….
Pulsions terribles qui ne peuvent s’imaginer, se représenter, se mettre en mots !
Les survivants, pauvres fantômes ne sont pas tolérables ! Toute cette vérité n’est pas croyable, seuls des monstres auraient pu être capables !
Hannah Arrendt, le procès de Nuremberg, nous ont prouvé que non, ils étaient des hommes et des femmes ordinaires, pas seulement nazis, mais miliciens, français… Unis dans la haine du juif !
Il convient de condamner, de dire qu’il ne faut plus ! Devoirs de mémoires…

L'antisémitisme condamnable, condamné, car cette folie des hommes les avaient conduit à leur perte ! L'humanité s'était "des - humanisée" en stigmatisant une partie des siens, en les condamnant et les exterminant !
L'homme a tué l'homme, l'a sacrifié sur l'autel de sa folie... Personne dit encore n'avoir pu imaginer,
se représenter l'irreprésentable, l'in représentable.
Et pourtant ! Cela fut. A été. L'homme a encore du mal à assumer, à pardonner, à se pardonner... A imaginer que lui, l'être civilisé a pu...A se regarder. Car à présent il ne peut nier ! Il sait, il peut être celui là….Il doit se protéger.
Alors l'antisémitisme ne peut plus être, de doit plus être, est condamnable...
Car pas exterminé, pas exterminable...
Nous en avons la preuve aujourd'hui;
Il avance à grand pas, à visage découvert, si j'ose dire... Certains adversaires n'avançant que voilées... Mais ils annoncent clairement qui est l'ennemi, le nomme sans peur, sans crainte, au nom d'un soit disant dieu, d'un soit disant homme qui détiendrait une vérité... Celle qu'ils sont les meilleurs, encore ! Et qu'ils doivent combattre les infidèles !
Ces ennemis là, nous les connaissons, les identifions, aisément, clairement, ils ne se cachent pas...Au contraire, ils revendiquent haut et fort leur haine de l'autre ! De cet autre.
Alors ?
Quid de la bête immonde qui sommeille encore ! Qui sommeille au plus profond de l'être, du citoyen, du sujet ordinaire, qui n'est ni soldat de dieu, ni religieux quoi que...
Persuadé du bien fondé de sa terre chrétienne et du mal fondé du juif qui a tué le fils... le fils de son dieu... Il ne peut faire taire sa haine qui grandit au fond de lui !
Atavique, génétique, héréditaire presque pour certains...Pas tous !
Contrairement aux fous de dieu, celui là avancera à pas feutrés, sans se découvrir, c'est propre à lui depuis des siècles, l'histoire nous l'a tant et tant démontré ! Il ne peut plus brûler impunément de sorcières, intenter des procès en sorcellerie, dénoncer celui ou celle qui.. l'Inquisition n'est plus !
Erreur ! Celle ci sommeille encore, telle une taupe endormie, espion de la guerre froide, bien tapie au chaud du le lien social
L'antisémite nouveau, (pas si nouveau que ça) est là, et agit, dans l'ombre à son puissant et invisible niveau, il sévit, punit, décrète, choisit, laisse éclater quand il peut, comme il peut sa haine du juif, de l'élève au salarié, de l'étudiant au patient, du citoyen ordinaire au politique... Il est juif... Donc, voilà.... Différent, singulier...
L'antisémitisme pas si nouveau que ça ce sont les mots, les réflexions sur une personne dont le nom ne sonne pas trés catholique...En tous cas pas "d'ici".... Tout cela dans un cadre banal, dans une discussion banale de gens ordinaires !
Et de ressortir les clichés d'avant guerre, ces images immondes qui sommeillent toujours dans certains esprits !
Il ne leur faudrait pas grand chose à ces gens ordinaires, il suffirait d'un rien pour qu'il déterrent à nouveau la hache de guerre, pour qu'ils se laissent aller à leur haine ordinaire !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

*Eugène Enriquez De la horde à l’Etat, Gallimard 1991

mardi 29 novembre 2011

Voir en miroir

Voir en miroir...
Se voir ? Et que voir ?

Je vous propose quelques vers, ceux d'un poète, la présence de l'absence...

"Quand nul ne la regarde
La mer n'est plus la mer
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit"

J Supervielle

jeudi 24 novembre 2011

Poésie

L'art de mettre les mots, l'art des mots...
Dire autrement, mais dire...
L'art? La poésie est-elle art ?
Une étrange parole qui habite l'espace, l'espace du silence
...Une étrange parole qui envoûte le silence
Etrange et singulier, étrange et pourtant familier
Une parole qui s'inscrit dans notre silence...
Création !
La poésie est au coeur de l'art, au coeur de l'homme, au coeur de son humanité, au coeur de la pensée
..............................................................

vendredi 18 novembre 2011

Tirer leçon

Tirer leçon

Je lisais la semaine dernière un article qui posait la question de savoir si tel représentant d'un peuple tirerait la leçon d'un événement particulier...
j'ai lu attentivement son énonciation, il ne proposait aucune réponse, il se demandait simplement...Si
Alors, à mon tour je me suis demandée ce que "tirer leçon" veut dire ?
Quel sens cela a t-il ? Est ce nécessaire de prendre leçon d'un fait, d'un événement, d'une situation...
D'en apprendre quelque chose pour soi, pour l'avenir.. D'apprendre !
Apprendre !
C'est ce mot qui importe...
Apprendre suppose un souhait, une motivation, une reconnaissance, celle de ne pas savoir, de ne pas tout savoir, de remettre en cause, en question son propre savoir, de le confronter au savoir de l'autre...
l'autre ! Encore lui !
Il est décidément partout cet autre !!!!
Le savoir de l'autre...
Admettre déjà l'autre, et dans la situation dont il était question, c'était bien de cet autre là, nié, gommé, haï, détesté, tué, annulé dont il était question !
Mais ne nous égarons pas encore que....
L'autre, quoi qu'on fasse est là, existe ! et c'est tant mieux. L'autre est celui qui fait de l'autre un sujet social et ainsi de suite; Se crée le lien social, la société, le monde... La vie
Les uns et les autres. Nous sommes tous l'autre de l'autre, l'autre de quelqu'un.
Admettre cela parait simpliste, simple et pourtant, c'est bien là où ça coince, vraiment, car penser à l'autre et surtout penser l'autre ne va pas de soi... Sinon ce serait en effet simplissime !
Penser l'autre, son existence, sa différence et sa singularité, nous en avons déjà parlé
Nous vivons entourés d'autres, nous en sommes les hôtes, en les recevant et en les visitant.
Maintenant que cet autre, fait partie de notre étant, et de notre pensée, il faut accepter son savoir, son autre savoir, son autre discours qui nous est donné à entendre, qu'il nous donne à entendre
Une histoire de communication ? Simplissime alors !
Nous savons tous que non, ces histoires là sont tordues, complexes, perverses.. parfois
Car si on entend l'autre, l'autre discours de l'autre, comment l'entend ton ?
Avec quelles oreilles ? Que mettons nous derrière ces mots, quelles intentions lui prêtons nous ? Et réciproquement !
Que veut-il de nous par ce discours
La langue de l'autre
L'autre qui prend langue, pour quoi ?
Que veut-il ? Que nous veut-il ?
C'est là que rien ne va vraiment plus, ou que ça va de travers, que les chemins de traverses s'entrecroisent et se méle
Pour entendre et comprendre il faut être deux qui parlent la même langue, qui ont les mêmes mots pour désigner les mêmes choses... Ou que l'un sait ce que l'autre veut dire avec ses mots qui n'ont pas le même sens que les siens.
Une sorte de compréhension mutuelle, la plus proche possible, la moins mauvaise possible
Le savoir de l'autre est à ce prix, et parfois hors de portée de notre portée et de la sienne...
Entendre l'autre, et remettre en question son propre savoir.
Se dire que peut-être le savoir de l'autre pose question ? Complète, affirme, infirme son propre savoir, qu'il vient s'y ajouter, que ce savoir là apporte quelque chose à notre savoir
Que le discours de l'autre apporte quelque chose à son propre discours...
Prendre langue..
Ainsi pour tirer leçon de quelque situation, de la réaction de l'autre, s'il faut le reconnaitre, s'il faut entrer dans son discours, ce qui n'est pas aisé, il faut et c'est là l'essentiel faire le constat qu'on ne sait pas tout, qu'il reste quelque chose à apprendre toujours, qu'il n'y a pas de vérité, que celle ci peut se remettre en jeu...

Aussi, parfois... Qu'il faut accepter, reconnaitre, tolérer et respecter. Que l'autre peut nous enseigner, nous aider à comprendre, à grandir, à devenir...
Accepter que l'autre peut-être à l'origine, au commencement de ce processus...
C'est d'ailleurs cet autre, étrange étranger qui fait le fondement de la société, qui joue le rôle de la filiation et de la transmission.
Freud lui même ne s'y était pas trompé dans sa grande fresque mythique où il explique comment l'homme accède à l'humanité.
En posant l'Interdit.
La métaphore de l'inceste...
L'interdit de l'inceste qui empêche l'individu de s'enfermer au sein même de son propre clan, l'obligeant à aller voir 'ailleurs" au dehors de ses frontières, de s'ouvrir au monde.
Il s'agit d'une invitation à l'altérité...!
L'autre... Encore
L'autre pour...
Ainsi, tirer leçon, nous apparait bien illusoire, si ce n'est que la métaphore, encore une, de la nécessité de devoir aller vers l'autre, de sortir de sa Horde, de son monde clos.. pour fonder le lien social...
Ailleurs...
Pour simplement accéder à l'humanité. Donc de s'inscrire dans la fonction du manque, ce manque qui façonne du désir..
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dimanche 13 novembre 2011

Un jour pour se souvenir

J'ai écrit ce texte il y a plusieurs années, je l'ai mis en ligne le jour du 11 novembre sur ma page personnelle d'un réseau social. Il a suscité nombreux commentaires et multiples réflexions.
Que représente aujourd'hui le 11 novembre, pour nos enfants, pour ceux qui restent... Souvent un jour férié, pas tout à fait, les magasins, grandes surfaces sont ouvertes, les familles se promènent, font leurs courses, leur emplettes de Noël.. Déjà...
Que reste t-il alors de cette journée, de l'armistice, de la fin de la "Grande Guerre" ?
Dans les mémoires, les souvenirs.
Se souvenir, oui, mais de quoi ? De qui...
Une journée du souvenir, pour tous les soldats ? Ceux morts inutilement au nom de quoi ? Pour satisfaire toujours et encore les ambitions de quelques uns ?
Des soldats qui, il faut le souligner continuent de tomber au champ de l'horreur alors que notre pays n'est pas en guerre !
Mourir ! La mort d'un soldat compte t-elle ?
La mort d'une génération d'homme de chaque côté du Rhin a t-elle servie à quelque chose, l'homme est-il devenu plus sage ?
Nous avons tous la réponse singulière  à cette épineuse question. Qui suscite encore et encore de multiples questions...
La guerre ? La paix.
Mais pas l'oubli, la perte de la mémoire et du souvenir
.


11 novembre


C'est demain !
Je me demandais ce matin quel symbole pouvait encore représenter cette journée
Pour reprendre les termes des lycéens et collégiens : l'armistice de la guerre 14-18 et une journée d'école en moins !
Mais que représente justement cette journée fériée ?
Que veut-on commémorer, puisque ce mot est à la mode.La mémoire..
Dans ce cas tout ou presque serait à commémorer, et il y en a tant. Des grands événements, des grandes dates, à se souvenir, mais qu'on aimerait peut-être oublier. Car il n'y a pas toujours de quoi être fier, loin de là.
L'histoire de ce pays, n'est pas un long fleuve tranquille, elle ne permet à quiconque de donner des leçons...
Mais revenons à ce 11 novembre. Sans poilus.. Le dernier est mort l'an passé !
Il n'y a plus de témoin. Plus personne pour dire et raconter, à quel point ces massacres, ces boucheries ont été stupides et inutiles.
Cette guerre fut meutrière, nul besoin de le rappeler. je me souviens de ces cérémonies lorsque j'étais enfant, dans mon petit village des Ardennes, nous étions tous, sages écoliers devant le Monument aux morts, avec notre institutrice, je lisais la liste des noms sur cette sinistre bâtisse : Il y avait tous ceux de mes camarades de classe. Chaque famille avait payé son tribu, un fils, un mari, un oncle, un père, un frère...Sans compter les ravages, les maisons brulées, les terres dévastés, la maladie, la faim, les violences.
Comme s'il fallait offrir des hommes, pour tuer d'autres hommes afin de satisfaire la folie d'autres hommes !
Lourd tribu pour un inutile sacrifice !
Le dieu de la Guerre n'est pas apaisé pour autant, car il recommence à réclamer, encore et encore, sous d'autres formes. Sans rien comprendre, sans tirer de leçon, d'expérience de ses pères, et pairs.
A quoi bon commémorer alors ?
Se souvenir pour recommencer pire encore ?
Serait-ce alors le symbole de la violence, de la folie et de la barbarie des hommes ?

samedi 5 novembre 2011

Rencontre ?

La rencontre de l'autre ?
Comment rencontrer l'autre, aller au devant de cet autre là, si justement cet autre, il ne nous voit pas !
Une rencontre suppose d'être deux au moins....
Aller au devant, accueillir, aller vers..

Il y a me semble t-il des rencontres impossibles ou qui se passent mal, qui ne se passent pas bien du tout !
Pourquoi ? Mais pourquoi ces être là, ces autres là n'arrivent-ils pas à se rencontrer, à se dire, à échanger, à partager, à être deux, au moins....

Aller à la rencontre, aller, marque le mouvement, quitter, renoncer à, pour aller vers
Quitter, laisser.. Tendre vers cet autre, qui se découvre aussi être, un être étant.
Etre un inconnu, un être étrange, un être étranger.

Ne plus être dans la position statique, dans l'attente, spectateur, mais devenir acteur, poser cet acte là, décider de ..

C'est essentiel de comprendre çà, de voir, de sentir ce mouvement là, à l'origine du désir, de la volonté de la rencontre.
De percevoir ce rythme.
Ce balancement...

Mais.... ?

Encore faut-il que cette volonté soit réciproque, que l'autre en question ait lui aussi ce désir, cette volonté, cette envie
Oui, dans cette histoire il faut être deux !
Il faut aussi accepter que cet autre, là, pas si loin, en face de, près de, est différent, savoir et accepter qu'il est singulier, qu' il ne parle pas toujours le même langage, la même langue.

La différence ! Et/est de taille parfois !
Admettre l'autre dans sa singularité, ans sa dimension autre : ne pas la nier, la dénier, la critiquer, la maudire, la haïr !

Ne pas vouloir effacer cet autre là en le privant de ce qui fait sa différence, son altérité, ne pas vouloir qu'il soit autrement qu'il est.
Etant donné que la différence est autre, et effraie...
Nier est infiniment aisé et peut être confortable, rassurant aussi
Mais cet autre, dont certains disent que c'est l'enfer, est là...
L'ignorer ne peut durer

Mais voilà ! Accueillir ne signifie pas non plus tout permettre, renoncer à tout, afin de satisfaire cet autre, pour qu'il se sente chez lui dans cet ailleurs !

Un ailleurs inconnu, accueillant certes, mais pas tout !

Pas tout ! C'est justement sur ce Pas tout que la rencontre coince, cloche !
Car souvent il faut tout, à l'un et à l'autre.
Que l'ici devienne l'ailleurs, que l'ici se superpose, puis s'efface pour devenir et être, naitre et n'être plus que l'ailleurs...

Cet autre qui demande à être accueilli exige aussi parfois de son hôte qu'il renonce à sa singularité !
Alors ça grince !

Offrir l'hospitalité ne veut pas dire renoncer à sa propre langue, à sa propre essence, cela témoigne d'une ouverture, d'une générosité aussi parfois, d'intelligence toujours !
Les rencontres sont le fondement de toute société, de tout lien social

Accepter cette hospitalité là à aussi un sens... C'est aller vers l'autre, prendre ou saisir la main tendue...
Offrir en partage et en retour !
Comprendre et partager, et ne pas imposer.
Il y a des rencontres impossibles tout simplement parce que l'un refuse de voir l'autre, de le reconnaitre et de l'accepter
Parce que l'un des deux veut tout le gâteau, ne rien partager et ne veut même pas laisser de miettes
Il est dans la haine de l'autre en qui il voit son double mortifère ! L'autre devient le réceptacle de sa haine, de sa propre souffrance qu'il ne peut évacuer autrement !
L'autre n'existe pas en tant que tel ! Il n'est qu'en n'étant cela....
Et rien ne va plus !
Puisqu'on veut bien être accueilli, sans vouloir de l'autre...
en tant qu'autre. Singulier, sujet.
En tant qu'alter égo.
L'autre alors n'a pas de sens, on lui a dénié jusqu'à son existence, son essence. Autre devient synonyme de vide, et non plus de vie, un vide qu'il faut remplir de soi...
C'est une notion qu'il ne peut ni symboliser, ni conceptualiser ! Et encore moins élaborer !
Cet autre, dans le déni n'envisage pas pour aller au devant de celui qui lui tend la main d'apprendre ne serait-ce que les rudiments de sa langue, de son histoire afin de le comprendre ! De le respecter ! Et de le reconnaitre !

Car c'est bien de reconnaissance qu'il sagit !


De connaissance, de soi, d'acceptation de soir aussi, d'abord afin de faire le pas..
D'avancer pour aller vers cet autre qui tend la main...

Il reste pour certains un long chemin à faire....
Un très long chemin...
Un impossible chemin peut-être ?
Une impossible rencontre Alors !


lundi 31 octobre 2011

Thérapeute : Un métier

Etre ou devenir thérapeute, psychanalyste, psychothérapeute
Etre ou devenir
Devenir pour être ?
Mais est-on ? Devient-on ?

J'ai longuement hésité : Comment intituler cet article. Thérapeute, j'ai choisi ce mot, en souvenir peut-être d'un de mes enseignants à l'université qui nous disait 

"psychothérapeute ne veut rien dire, ce serait réduire notre champ d'action"
J'ai souvent médité cette phrase, et au fil du temps au fur et à mesure de ma pratique, l'ai presque faite mienne. Mais il savait de quoi il parlait ce Professeur, il nous enseignait, mais surtout recevait des patients et soignait la "folie" depuis tant d'années...

Mais ce n'est pas là l'objet. Pas tout à fait, encore que !
Etre ou devenir. Etre et devenir
Devenir pour étant, sûrement, plus sûrement peut-être.
Rien ne m'agace davantage que le mot "psy" employé lui aussi à toutes les sauces, formant à lui tout seul une nébuleuse obscure qui s'enfonce dans les brumes et les ténèbres d'un nouage artificiel.

Etre psy. Rêve ou/et fantasme de tant et tant de gens.
Pourquoi donc ?
"J'ai vu que tu faisais psy, ça me tente bien, finalement ça a l'air d'être cool"

Il y a certains métiers comme ça, curieusement, peu de personnes fantasme sur le désir de devenir maçon, plombier, électricien, femme de ménage, caissière
....
Mais psy, oui, comme le disent les ados "ça le fait" !

Nombres de personnes en rêvent, comme d'un second métier, souvent, parfois, parce qu'ils pensent s'être fourvoyés dans la grande ville à courir partout pour nourrir leur famille, gagner de l'argent en menant une vie de fou.
Ils ont "pris conscience" et veulent tout changer, partir sur et vers une autre voix, écouter leur voie interieure...

Alors ils se tournent vers la psy, la thérapie, ou plus exactement le plus souvent vers des thérapies "new age" pour reprendre encore les termes de mon vieux professeur.
Emerveillés par toutes ces pratiques de décryptage des gestes, des rêves, passant par l'astrologie, l'atro analyse, la morpho psycho truc,  la numérologie, le tirage de cartes spéciales, la relaxation,la méditation (au nom orientalisant), la zénitude quelconque, la sophro machin chose, les mouvements oculaires... Bref, la liste est trop longue... je vais m'arrèter là.
Mais en ouvrant des magazines ou en cliquant sur le net, nous avons l'embarras du choix !

Séduits par ces techniques prometteuses et promettant un mieux être, une belle vie,plus de soucis, certifiant éradiquer le symptôme qui vous bouffe la vie, elles attirent tous ceux en mal d'être et d'aise, se disant que finalement ils pourraient se donner une seconde chance !
Pourquoi pas ?

Mais voilà, on ne s'improvise pas thérapeute, il ne s'agit pas d'un jeu
"On dirait que je suis le psy et toi le patient"
Non, il ne s'agit pas de cela. Il a soi certes mais il y a l'autre surtout, celui qui s'adresse... Qui souffre et qui vient à la rencontre de cet autre là supposé savoir quelque chose de sa souffrance.
Qui s'en remet à lui.
Et ce n'est pas rien !

On ne s'improvise pas celui là...
Et puis encore...!
On n'a pas cette envie comme ça tout simplement parce que la vie actuelle ne va pas, ne convient plus, fait souffrir, parce que la vie fait souffrir et que la simple pensée de changer, de prendre un autre chemin, de mettre une autre chemise va "arranger les choses"

Va soulager ce '"quelque chose qui cloche chez moi" pour aller au devant de ce qui coince chez l'autre..
,

Ce qui coince, justement, c'est ça, c'est ce désir, c'est ce désir là. Ce désir de faire de la psy...
De la "psy"!

La psy... Un univers impitoyable, où celui qui n'est pas passé sur le divan ou au minimun sur une chaise, face à un vrai thérapeute risque de ne pas s'en remettre :
Une posture qui n'accepte pas l'imposture !
Une imposture qui fait mal !
Mais ne s'agit-il pas du désir du sujet, de celui qui s'autorise de lui même ?

Ce désir de "seconde vie" légitime ne se fait pas, ne se met pas non plus en acte n'importe comment....
Si devenir thérapeute est un métier, c'est aussi le fruit d'un désir. Celui de ce sujet justement....

Si la thérapie, les théories, la clinique, la psychiatrie, s'apprennent sur les bancs de l'université et dans les livres, elles se frottent aussi à la pratique, aux stages que nous effectuons dans les "lieux de la folie" de la souffrance, auprès d'autres professionnels qui nous enseignent et nous transmettre le "savoir"  à leur manière.

Apprendre, travailler, tout le temps car il faut le savoir, nous n'en n'avons jamais fini avec cette "théorie" (avec la "pratique" non plus) cette matière du savoir. Jamais !
Tout le temps il nous faut lire, participer à des conférences, écouter, écrire, travailler encore et encore, se confronter à la réalité sociale, politique, économique, philosophique, être un acteur du lien social...
Réflechir et adapter, s'adapter, comprendre.
Etre en perpétuel mouvement, toujours !
L'oeil, les oreilles, les sens en alerte....
Aussi !
Mais cela est bien loin d'être suffisant....
Il y a l'essentiel !
Ce long travail engagé qui nous permet d'articuler le savoir, l'être, et le devenir.
Ce long travail, (les analysants qui me lisent savent...) sur soi, cette analyse qui se décline souvent en plusieurs tranches, couches, interminable, finie et infinie à la fois... Qui nous emmène et nous emporte vers les chemins de notre histoire, pour comprendre. Comprendre qui ont est, mais aussi pourquoi on est. Etre ! Pour devenir Etre. Je suis...
Un long chemin, difficile, semé d'embûches, de pièges, de bonheurs, de larmes, de joies, de chagrins, de colères, de peines, de regrets, de soulagements...
Qui vaut le coût et le coup... Pour devenir soi..
Pour être soi, étant devenir...
Alors... ?
On ne devient pas forcément thérapeute.. Psychanalyste, psychothérapeute...
En tous cas on ne se sent pas psy.. Seulement...
On réalise le peu de sens et l'absurdité de ces trois lettres !
Non devenir thérapeute ne se décide pas sur un coup de tête, de dés... Parce que simplement on a envie de changer de vie ! Parce qu'on veut faire autre chose. Parce qu'on a participé à un stage de machin chose et que finalement c'est pas si mal, parce qu'on a envie d'aider les gens, de faire le bien autour de soi.
Parce que ça flatte son égo..
Parce que....
C'est, je dirai plus compliqué que ça.. Du moins je crois !

mercredi 19 octobre 2011

1941


Le compteur s'est arrêté, enfin !
Enfin
1941...

Vous, lecteurs qui venez ici, vous aviez remarqué sûrement ce compteur, dans la marge...Discret, certes, mais présent
Dérangeant...
Parce que....
Certains d'entre vous m'en ont parlé.. m'ont demandé..
Ce compteur ?

Ce compteur du temps qui passe, du temps passé !
Ce compteur qui chaque jour enregistrait un chiffre supplémentaire

... without Gilad !

1941 jours...

1941 jours sans toi....


C'est long, incroyablement long, affreusement long, insoutenable !
Tous ces jours sans savoir, où tu étais, tous ces jours à savoir que tu souffrais... Loin de chez toi, loin des tiens
Sans savoir !
Sans savoir si tu vivrai, si tu reverrai la lumière du jour, les tiens et ta Terre !

1941 jours seul, ce n'est pas humain !
Personne ne peut infliger cela à personne !
Pourtant !
1941 jours de supplice, de tortures, de misères et de douleurs
Pour toi, pour ta mère, pour ton père, ton frère, ta soeur, ton grand'père
Pour nous...

Aucune mère ne pouvait rester insensible aucun père, aucun être humain !

Enfin...!

Tu es là..
Gilad tu es là, de retour !

Tu es enfin de retour parmi les tiens, tu as retrouvé sa famille, ta Terre, ta maison, les tiens. Et j'en suis heureuse !
Infiniment heureuse, j'ai tant et tant souhaité, espéré ce moment.

Je suis heureuse que ce compteur ait disparu, ne soit plus ici. Enfin...

Il l'a été car nous nous devions de ne pas t'oublier
Nous nous devions, je me devais, ne pas te rayer de la liste des vivants.
Je me devais de rappeler au passant qui passe, que les jours passés l'étaient sans toi. L'étaient loin de toi...

C'est pourquoi ce compteur était là !
Pour conter ton absence, ton manque...
Pour dire aussi ta présence, dans nos coeurs, ta présence tout simplement !
Gilad !

Il en était de mon devoir, de mon devoir d'être humain !

Ceux qui me connaissent savent à quel point pour moi c'était important !
Vital !

Pas un seul jour sans penser à toi, à ta mère, à ta famille, pas un jour sans prière, sans espoir, sans t' envoyer l'énergie et la force pour tenir bon, pour tenir.
Des jours à essayer de ne pas penser, à essayer de ne pas imaginer ta détresse, ton désespoir, ta solitude, ta douleur et celle des tiens.

Des larmes... De la peine...Mais de l'espoir ! Une rage de vaincre, de vivre et de transmettre tout ça pour que tu sois enfin là !

Pas un jour sans tout ça, peur, peine, chagrin et colère de ses jours qu'on te volait, de ta jeunesse qu'on t'arrachait !
Pour rien !

Nous n'avons jamais cessé de penser et d'espèrer !

Nous t'attendions, tu es devenu pendant tous ces jours, notre enfant, notre fils, notre frère
Nous attendions ton retour..
Car nous savions que ce jour arriverait ! Jamais nous n'avons perdu l'espoir, c'est notre force !
Ce compteur servait à cela aussi...
Ce compteur servait à dire...
A dire au monde entier que tu étais là, que tu étais vivant !
Dire pour qu'ils ne t'oublient pas
Car l'oubli c'est pire que la mort !
C'est un assassinat sournois, une mort lente...

Et de celà, nous ne voulions pas !
Ce compteur était là pour ça
Pour intriguer,
Pour déranger,
Pour questionner, 

Pour interpeller...

Pour nous dire...
Dire que dire c'est vivre aussi, que nommer c'est faire vivre...
Prononcer ton nom, pour ne pas l'oublier
Dire ton nom...Gilad Shalit...
Ne pas le laisser sombrer dans l'oubli.

Hier, comme beaucoup j'ai regardé les images, écouté,ce "direct différé", attendant enfin ce moment...Le vivant dans ma chair et dans mon coeur

Une si longue attente !
Hier j'ai pleuré, des larmes de joie et de peine aussi pour ceux qui ne sont pas encore rentrés, pour ceux qui souffrent encore...

Je, nous ne les oublions pas...

Il en va de notre humanité. Nul n'a le droit de souffrir, d'être privé de sa liberté, de se faire voler sa vie !
Nul ne peut être l'otage de la haine, de la bétise, de la violence...
Nul ne peut obliger l'autre à vivre ça...


 un message personnel et pour vous remercier aussi, vous, qui passiez par là...

dimanche 16 octobre 2011

Vieillir

Vieillir, à vrai dire elle n'y avait jamais pensé, elle savait que c'était comme ça, inéluctable, mais y penser, non, à vrai dire non.
Il faut dire qu'elle n'a jamais vraiment eu le temps pour ça, le temps de voir passer le temps qui passe...
Qui passe, mais ne repasse pas.
Il faut dire que le temps est passé sans vraiment qu'elle se rende compte, qu'avec ce temps là, il y a aussi les années, et que celles ci passent... Elles aussi...
Il y a bien eu les anniversaires, les cadeaux, les gâteaux, les bougies, et puis les anniversaires, les cadeaux, les gâteaux, sans bougies... Parce que ça faisait beaucoup sur le gâteau !
Alors on n'en mettait plus.
Plus de bougies... Plus d'ans, plus d'années;
Le temps qui passe, sans les années...
Et puis il y a eu les cases à remplir, les tranches d'âges dans lesquelles il faut se situer pour remplir un questionnaire, une enquête.
Et puis, il y a le temps qui passe, sans s'arrêter vraiment, pour faire le point, une sorte de point sur l'âge, passé, et futur..
Travail, enfants, maison, ménage, mari, amant parfois, pour faire passer le temps et ne pas oublier... Qu'elle n'a pas vraiment l'âge... !
L'âge ?
Et puis le matin il faut faire vite, devant le miroir, ne pas trop s'attarder, il faut partir, travailler, une bonne crème, un coup de blush, de mascara, un soupçon de rouge et c'est parti.
Elle lit ou parcourt de temps en temps les magazines féminins, chez le médecin, le coiffeur, mais n'a pas vraiment le temps pour ça !
Pas l'âge pour ça...
L'âge ?
Et puis la lecture de ces magazines lui semble futile, elle ne s'y reconnait pas, se dit que ce n'est pas pour elle, elle ne comprend pas, ne comprends plus des préoccupations qui ne sont pas, ne sont plus les siennes
Et puis ces mots, ces expressions : Ca veut dire quoi ? Ce ne sont pas ses mots à elle...
Elle ne se reconnait pas, ne se reconnait plus
Elle ressent alors une étrange étrangeté, un étrange mal aise, un mal être... De ne pas être, ou plus être à sa place
Mais quelle place ?
Et puis vient le temps où le temps passe moins vite, car il y a moins à faire...
Elle s'attarde un peu plus devant le miroir
Elle voit le temps, les marques du temps...
Elle ne se reconnait pas.
Elle ne reconnait pas l'image que ce satané miroir lui renvoie..
Elle suit d'un doigt les sillages creusés dans son visage, la mine défaite,l'oeil triste, les cernes bleuis.
Un visage fatigue, le teint terne lui aussi....
Elle se dit que non, ce n'est pas elle, mais simplement une autre, une autre elle, fatiguée et malade et que demain il n'en sera plus rien...
mais le charme est rompu, les ravages du temps ne s'efface pas davantage à coup de déni que de crème ou sérum anti rides
Elle sait tout ça !
Désarmée et défaite, elle ne peut pas lutter, elle ne peut rien contre le temps
Incidieux et sordide il s'est infiltré dans sa vie, ne lui laissant aucun sursis.
Pourtant elle n'a rien vu venir, pourtant elle savait qu'il lui fallait vieillir
Mais ça n'arrive qu'aux autres ?
Se croyant à l'abri elle n'a jamais cru que le temps implacable s'attaquerait à elle, se croyant à l'abri elle n'a jamais préparé le combat
Mais quel combat, injuste et inégal, il est perdu d'avance...
Et puis tout d'un coup, elle voit les marques du temps et réalise que les ans ont passés, vite, trop vite, sans qu'elle ait eu ce temps, qu'elle ait pu au moins retenir un peu...
Un peu, juste un peu de jeunesse et vendre son âme au diable pour en garder ne serait ce qu'une promesse
L'âge est venu et le temps a fait son oeuvre
Son chef d'oeuvre

Et le temps est venu.
La première ride en a appelé une autre, puis une autre, au coin de l'oeil, puis autour des lèvres lui gâchant son sourire...
Elle ne sourit plus...
Elle n'ose affronter la glace, le miroir qui lui montre à voir cette image qu'elle ne reconnait pas...
Ce miroir qui l'insulte !
Cette femme qui n'est pas elle...
Elle réalise avec effroi que les autres la voit comme ça !
Elle se trouve laide, affreuse, immonde, vieille...
Elle se demande comment faire....
Elle veut masquer, puisqu'elle ne peut l'ôter, le gommer, le tuer, le ravage de ce temps sans pité...
Mais comment faire pour paraitre moins vieille
Car elle ne se sent pas vieille, elle ne se voit pas vieille !
Pourtant cette image, ces yeux, cette bouche... Elle n'ose aller plus loin et regarder son corps...
Elle n'a jamais vraiment eu le temps de s'attarder....
Vieillir est une souffrance, une douleur, une perte, un deuil à faire....Aussi

A Elle, elles, toutes... C elles...

mardi 11 octobre 2011

Thérapie

Alice Miller est une psychanalyste qui a beaucoup apporté à la clinique, elle s'est aussi consacrée à la recherche sur l'enfance... Auteur de nombreux livres traduits dans le monde entier elle a surtout réfléchi sur les causes et conséquences des mauvais traitements infligés aux enfants.


Je voulais vous proposer aujourd'hui, mais aussi quand vous voulez... de réflechir à cette phrase d'Alice Miller extraite de "Ta vie sauvée enfin" à propos de la thérapie


"Une thérapie adéquate me permet d'apprendre à comprendre mes sentiments et non à les condamner, à les considérer comme amis et protecteurs au lieu de les redouter et d'y voir des ennemis que l'on doit combattre."

vendredi 7 octobre 2011

Symptôme

Le symptôme
Ce qui est montré à voir, à entendre
La souffrance qui se voit, qui s'entend, la douleur qui crie, qui se crie
Le symptôme qu'on voudrait étendre, faire taire, pour ne plus souffrir, être malade, aller mieux
J'ai mal... !
J'ai mal à l'âme aussi...
Ces maux du corps qui se résument en mots, nausées, vomissements, pincements, serrements...
Ces maux du corps qui font que le sujet consulte, à leur propos, parce qu'ils se manifestent et deviennent gènants, envahissants..
Ces maux du corps qui quelque fois ne trouvent pas de mots pour les expliquer vraiment
Car ces maux là ne correspondent à aucun tableau, sont diffus, variés complexes... 

Des maux sans mots.
Ou plutôt si des maux qui amènent des mots qui ne sont pas ceux attendus. Un scénario du pire ou presque, une incompréhension, une colère aussi parfois, parce qu'on ne trouve rien
Parce que la Science, la Bien nommée n'objective rien. Elle explore, biopsise, scanne, ponctionne, mais le résultat est négatif !
Négatif. Non !
Il n'y a rien
Rien qui se voit à la radio, au scanner, à l'IRM...
Rien d'objectif, de concret, d'objectivable !
Donc rien
Il n'y a rien
Vous n'êtes pas malade !
Pourtant...
Les symptômes sont là, toujours, encombrants, empêchant le sujet de vivre pleinement, 

Les symptômes sont là comme pour lui rappeler que quelque chose ne va pas, qu'il y a quelque chose qui cloche !
Alors la Science se tromperait-elle ?
Et de nouveau recommence la ronde infernale des consultations, spécialistes en tous genres, examens cliniques et paracliniques, ailleurs,cette fois, dans un autre endroit, plus sûr, plus sècure, avec de meilleurs outils, une meilleure approche, car forcément si les symptômes sont là c'est que quelque chose est là, aussi
Car les symptômes ne sont pas des fantômes...
L'attente en devient presque insupportable, ce n'est pas que le sujet veuille être malade, mais il voudrait comprendre...
Tous ces symptômes cachent forcément quelque chose
Et si ON ne voulait pas lui dire.. Si On lui cachait quelque chose, ce quelque chose qui cloche peut-être...
Puis un médecin lui assène alors un diagnostic sans appel, "consulter un psy, c'est la seule chose à faire ! Vous n'avez rien.... C'est fonctionnel !"
Et le sujet de consulter encore, de faire moultes recherches, non plus auprès de la Science, qui n'entend rien, ne comprend rien,mais ailleurs,
Se tourner alors vers d'autres médecines peut-être, celles qu'on dit parallèles, celles qui ne peuvent rencontrer les autres
Celles qui promettent...
D"éradiquer, de tuer le symptôme, en douceur, sans lui faire de mal en quelques sortes, à grand renfort, de potions, d'incantations, de gélules et tisanes
Car forcément, le symptômes est là, il signifie bien que le corps ne va pas bien, certains diront qu'il faut l'écouter, que le genou fait fait mal, parce que le je n'aime pas le nous...
Bref, le sujet se perd...Il cherche encore ! La toile lui offre tellement d'opportunité de trouver des réponses, auprès d'autres aussi comme lui, souffrant de symptômes, fonctionnels et incompris.
Incompris par les autres et aussi par cette Science...
Théorie du complot ? Du complot de l'incompréhension.
Mais laquelle ?
Qui dans cette histoire, n'entend ni ne comprend
Le symptôme ne dit mot, mais dit maux.
Des maux qui existent et qui sont bien réels...
Mais quels mots ?
De quels maux s'agit -il ?
Faut-il vraiment tuer, venir à bout de ces maux, qui ne correspondent à aucun tableau clinique, ne représentant aucune "symptomatologie" ?
Alors quels mots, faut-il mettre dessus...
Est-il nécessaire de les tuer, avant de leur demander de s'expliquer ?
De les mettre une bonne fois pour toute en joute, en joues ? En jeux ?
Des mots enjeux avec qui il convient de ne pas trop jouer, au moins trop longtemps ?
Des maux pour de vrais, qui veulent dire quelque chose
Des maux qui sont là et qui se répètent encore et encore... Des mots qui clochent...?

mardi 27 septembre 2011

Symptômes, fantômes

Elle ne devait pas avoir la trentaine, pas encore.
Mais elle était lasse déjà, de son travail, de la vie, de tout
Elle cherchait à tout prix un moyen d'y échapper, au travail, la famille, à tout...
Elle venait d'être hospitalisée plusieurs jours pour des malaises, des mal êtres, qui semblaient selon les médecins... Fonctionnels !
Elle avait exigé des examens compliqués, douloureux, intrusifs, précis, à la pointe de la technologie, qui devraient, qui devaient objectiver quelque chose, mettre un nom sur une maladie, une pathologie..
Mettre un nom sur sa souffrance, sur son mal de vivre !
Elle avait consulté encore, et encore ! Encore !
Tous ces examens, ces consultations avaient mis un non sur sa souffrance !
Ainsi, elle était là...
Elle était là, devant moi, sans aucune envie de me voir !
Nous ne nous étions pas choisies. Elle surtout !
Mais il lui fallait passer par moi ! Comme c'est parfois le cas, à l'hôpital quand c'est "fonctionnel"
Nous ne nous étions pas choisies, elle n'avait pas demandé à être là,
Elle était en colère....

"Je suis malade vous savez, très malade me lance -t-elle d'emblée, ces imbéciles ne trouvent rien...."
Elle aurait aimé qu'ils trouvent au moins un peu quelque chose, cela l'aurait rassuré, lui aurait permis de mettre des mots sur ces maux
Car elle souffre, elle a mal, des nausées, les membres qui tremblent, les sueurs, et puis ce coeur qui fait mal, qui serre à l'étouffer, à la faire mourir
Ses jambes qui se dérobent, ne la portent plus, la lâchent..
Elle est en arrêt maladie. Cela fait plusieurs mois ! Elle se fit qu'il va falloir reprendre le chemin du travail, qui ne lui plait pas, qui la dégoute, lui donne la nausée, mais qu'il va falloir y retourner pour ne pas perdre son salaire...
A moins que !
A moins qu'une pathologie soit décelée, une grave sinon, elle n'aura droit à rien
Il lui faut être malade, sinon, elle devra travailler, pour ne pas être pauvre !
Malade sans la misère.
Elle connait par coeur la liste des pathologies invalidantes, ouvrant droit à des congés longue maladie, longue durée.
Elle cherche, à regarder sur le net et pense que plusieurs symptômes correspondent !
Elle n'a pas choisi d'être là, dans ce bureau, de voir une femme qui ne lui plait pas et qui est là, dit-elle "pour ne voir que des fous"
"Parce que je suis malade, vous comprenez, je ne suis pas folle"
La folie n'est pas une maladie ?
Elle est d'abord agressive, presque insolente....
Elle parle néanmoins tout le temps, se vide, ne s'arréte pas, elle respire à peine.
Elle tente de me mettre en colère.
Ses yeux ne se fixent sur rien, mais fuient mon regard, elle cherche désespérement à accrocher quelque chose, à défaut de quelqu'un...
Les médecins voudraient qu'elle sorte ! Elle se plaint encore et revient, ré hospitalisée pour autre chose....
Perte de mémoire, troubles de l'équilibre, perte de la vue...
Malgré tout, les examens se multiplient.. 'si on passait à côté de quelque chose"
On ne sait jamais... Passer à côté..
Confier aux machines sophistiquées le soin de montrer ce que cette jeune femme s'évertue à montrer à voir !
Comment pourtant ne pas entrendre ces symptômes, ces douleurs et ces souffrances qu'elle nous lance en pâture, nous suppliant d'en faire quelque chose, de mettre, à nous, "sachant" soit disant, d'inscrire un mot savant sur tout ça !
Puis, peu à peu, elle passe à une attitude un peu plus compliante, séductrice, un peu.
Elle a lu aussi que la folie aussi pouvait être une maladie, et qu'elle ouvrait à des droits en matière d'indemnités. Elle me le dit lors d'un entretien.
Puis peu à peu, elle devient plus calme, parle de son travail, qu'elle n'aime pas..
je me souviens l'avoir croisée, parfois, nourrie de série américaine elle courait partout, un café et un petit déjeuner à la main, jouant la femme pressée, la working girl comme elle dit !
Elle se "la jouait.". Mais ce jeu là, n'a pas suffit à lui faire oublier la médiocrité de sa tâche, car c'est ça.... Elle le dit, le souligne, "un job de merde"
Pourtant elle a fait "des études"
-"Vous étes jeune, vous pouvez peut-être envisager un changement d'orientation.. Quand vous irez mieux !"
Elle me regarde !
Cela semble presque irréel ! Comme si elle n'y avait jamais pensé...Jamais !
Irréel ! La réalité c'est pour elle cet arrêt de plus longue durée qui lui permettrait de fuir la réalité du quotidien, au travail... Surtout
Pourtant chez elle, elle ne fait rien.
Elle raconte "la petite vie tranquille" qui est la sienne suite aux nombreux arrêts maladie. La peur d'un contrôle par la médecine du travail, la peur de devoir retourner là bas.
Elle n'arrive pas à dire vraiment pourquoi. Tout la "gonfle" les gens, les collègues, le travail, ça ne l'amuse pas, ça la fatigue elle en a marre !
Elle pense à la retraite, alors comme c'est loin, il reste l'arrêt maladie
Arrêt de la vie. Arrêt sur la vie...
Une sorte de finitude immédiate, qui la met à l'abri pour un temps, quelques mois, quelques années...
Pour laisser venir..
Mais venir quoi ?
Ad venir ?
Elle n'envisage rien... Rien.
Dépression ? Non ! a dit l'expert psychiatre !
Alors qu'est ce qui se cache derrière ce refus, derrière cette lassitude ? Derrière cette maladie, ces douleurs, vertiges, malaises, montrés à voir.... Donnés à voir à nous spectateurs.
Mise en échec de l'ordre, du pouvoir médical, de la science qui n'a pas de réponse à donner, à poser, pas d'ordonnance....
Personne n'ose.. Dire... Alors !
Elle est là... Maintenant, ni agressive, ni sur la défensive, encore un peu séductrice...
Elle est là, elle ne m'a pas choisie, nous ne nous sommes pas choisies..
Elle est là...
Elle pourrait ne pas venir, ne plus venir... C'est à elle de décider maintenant.
Elle sait que je ne prescris rien, ni d'examens, ni d'arrêt maladie.
Elle est là....
Elle parle, pleure, elle ne parle plus de son travail, de ces gens, de ce qui la gonfle, des arrêts maladies...
Elle parle de la petite fille...



mardi 20 septembre 2011

Interminable deuil

"Le deuil, ça prend du temps... (...) Si longtemps que ça ?"

Interminable, terminable, tout à une fin, la fin du deuil, la fin....

Y aurait-il un temps dévolu, comme dans ce temps pas si lointain que ça où les convenances exigeaient de ceux qui restent une attitude de circonstance.
Des artifices montrés à voir à ceux qui sont encore, que la peine est là, qu'elle doit s'afficher et que le mort doit être respecté !
Pendant un certain temps, un temps imparti... Un temps de deuil, où certaines choses ne se font pas, ne se font plus
Attendre la fin du deuil pour reprendre le cours de la vie
Comme avant, comme si rien n'avait changé...
Malgré la perte, l'absence....

Disparition..
Montrer à voir à l'autre...Pendant un peu de temps, de ce temps là, pour le mort, du temps que lui donne encore les vivants.

Mais ?
Au fond du coeur, le deuil parfois n'est plus à faire, car fait depuis longtemps du temps du vivant, ou au contraire ne peut se faire...
Ne peut se faire !
L'impossible deuil au moins pour l'instant, même après toute ces années, comme si vivre sans l'autre, sans lui, sans elle, n'avait pas de sens. Comme si la vie avait perdu tout son sens
Vivre à présent pour qui ? Pour quoi ?
l'impossible oubli qu'il ne faut cependant plus montrer à voir...
Car le temps est dépassé, maintenant et qu'il n'est plus supportable pour l'autre de voir cette dame en noir !

Le deuil indécent car il est temps maintenant de tourner la page ! Le regard douloureux, rempli de compassion de celui qui ne comprend pas pourquoi depuis tout ce temps, l'esprit du mort rode encore dans la tête des vivants
Pourquoi ce fantôme ? Pourquoi s'acharner à ne pas le  laisser partir, enfin, pour qu'il trouve la paix...
Eternelle
Et le vivant d'être coupable de ne pas oublier, de ne pas laisser soit disant l'âme s'en aller..
Et le vivant de souffrir !
Pourtant !
Il ne retient rien, le vivant, il n'empêche rien, il ne peut tout simplement pas vivre sans....
Il garde sa peine bien vivante à fleur de peau, il ne peut faire taire sa douleur, retenir ses larmes...
L'absence est venue,, mais la présence hante les murs, l'écho de la voix du disparu souffle encore quelques mots à l'oreille du vivant, hagard, perdu, lui aussi et qui ne sait plus vraiment ce qu'il en est !
Il reste comme figé dans un passé présent et sans avenir.
Il ne peut tout simplement plus aller de l'avant.
Mélancolie du deuil.. qui devient pathologique

Il faut soigner ce deuil intolérable pour les vivants..
Il faut retrouver le goût de la vie et aller de l'avant....
Ne pas se tourner vers l'arrière... Avancer...Seul, sur un chemin pavé de solitude et de douleur
Il faut, cela semble simple, il suffit de vouloir !!!!!

L'impossible absence de la terrible perte.... Tous jours..

"Cela fait si longtemps, que j'en oublie les contours du visage, le son de la voix... "
Souffrance que cet oubli là, où on  se demande à quoi ressemblait alors cet autre, cet autre chéri, aimé.
Malgré les photos, on n'y arrive pas, comme si la présence devenait impalpable, presque irréelle, im matérielle....
Comme si l'autre, fantôme disparaissait dans la brume de l'oubli, les ténèbres de la mélancolie
Et cette voix, qu'on entend pourtant à l'intérieur....Ne résonne plus du même timbre...
S'éloigne, s'efface !
Passager du navire qui regarde le quai, qui le voit de plus en plus petit, de plus en plus flou, puis que ne voit plus rien..

Terrible deuil que celui là !
Cette présence qu'on cherche à retenir, puis ce semblant de présence, ce souvenir de présence, ce parfum, ce son, cette pause, ce sourire, cette manière de relever ses cheveux, de tenir un livre, de nouer sa cravate...

Cette présence qui colle et qui tient chaud, car elle seule permet de vivre et de tenir, à présent tout doucement s'enfuit, se dissipe
La peur du plus rien, la peur de l'oubli qui jusqu'ici impossible vient alors avec arrogance se substituer à....
Comment faire ? Comment ne pas oublier de ne pas oublier ?
Comme si cette esquisse qui s'évanouit dans le brouillard marquait la fin...La fin de quoi ? La fin de qui  ?

lundi 19 septembre 2011

Cora Vaucaire


Elle vient de nous quitter....

Elle restera à jamais l'interprète inoubliable des plus grands
Renoir, Prévert, Aragon..
Adieu Dame Blanche de Saint Germain des Prés !

mercredi 14 septembre 2011

Souvenirs

Souvenirs !
Mémoire, souvenirs, devoirs de mémoire, se remémorer, ne pas oublier...
L'oubli !
l'impossible oubli parfois, on aimerait tant ne pas se souvenir, mais...
L'impossible souvenir aussi, parfois, on aimerait tant se souvenir
Mémoire, une mémoire qui joue des tours, trois petits tours et puis.... ?
Une bonne mémoire, trouble de la mémoire, la mémoire trouble qui trouble
Tourbillon, souvenir, mémoire qui flanche
Et la mémoire qui se joue, qui joue avec le vrai, le faux, le rêve, le réel, l'imaginaire, l'imaginé, le désiré.
Je ne me souviens plus très bien..
Mémoire quand tu nous tiens ! Ou quand tu ne nous tiens pas
Quand tu ne tiens ! Quand tu ne tient plus...
Mémoire à court terme, à long terme, mémoire de travail, mémoire tampon..
Une longue liste de termes techniques et savants dont il faut aussi se souvenir...
Se souvenir
Puis on nous parle du devoir de mémoire, de cet impossible oubli, de cet obligatoire souvenir qui doit ! souvenir : devenu une injonction !
Il est interdit d'oublier !
Il faut ! Vous devez vous souvenir de...
Mémoire anniversaire, éphéméride de l'histoire, dates terribles, catastrophes et barbaries..
L'homme doit se souvenir...
On, ce on, pronom indéfini ne dit pas vraiment pourquoi, même si il le suggére.... mais si il est implicite
Oublier. On aimerait parfois oublier, en finir une bonne fois pour toute avec tout ça, avec tout ce qu'on traine encore et encore, mauvais souvenirs, on voudrait jeter tout ça comme on vide ses armoires ! Jeter aux oubliettes... Ma    is !
Oubli impossible, qui colle à la peau, à la mémoire, et qui revient parfois à la surface quand on ne s'y attend pas, quand on ne s'y attend plus, car on ne l'entend plus...
On n'entend plus cette petite musique sourde qui dit que... On croyait pourtant en avoir fini...
Oubli... On sait que c'est là ! Un peu comme ce mot sur le bout de la langue, mais qui ne sort pas, on sait bien que... mais ça ne vient pas !
Oubli, mémoire qui joue des tours et se joue du sujet...
Oubli en abymes, en abime de l'âme, du corps et de l'esprit
Elle ne me reconnait pas, ne se souvient pas de moi, ne sait plus qu'elle existe
Il ne sait plus ce qu'il a fait, s'il a mangé, s'il a soif....
Malade de l'oubli....
"Aidez moi à oublier ! Aidez moi à me souvenir"
Cris de détresse dans la nuit ! SOS dans les ténébres de l'oubli...
Obscur, Continent inconnu, inexploré lui aussi, terrible et terrifiant, d'où "ça" ne revient pas
Ils sont là mais je ne m'en souviens pas pourquoi ?
Tapis dans un recoin au plus profond de l'inconscient ils sont là, à l'abri de l'insupportable, de ce qui n'est pas tenable....
A l'abri ? Cachés, tus, pour ne pas meurtrir l'âme
Faire des  bleus à l'âme.... :
Contusions multiples, inguérissables cicatrises plaies impansables....
je voudrai oublier
Je voudrai me souvenir
Et parfois ils reviennent comme le corps des noyés, désespérés, cinglants, arrogants, indécents, ils sont là et nous narguent
Ils sont là ! On ne peut les limoger, les congédiers, les renier, les refouler encore
Il faut en faire quelque chose ou pas !
les laisser là immondes et difformes, dans une sorte de torpeur, une sorte de coma, une sorte de cocon...
Débranche !
Mais on ne peut pas
Tuer le souvenir c'es mourir un petit peu, sauf que de la mort on ne se souvient pas...
Tuer le souvenir c'est s'amputer de la mémoire, tuer quelque chose de soi, se frustrer, castrer... Tuer un peu de ce qu'on savait, ce ce qu'on savait savoir, et qui....
Oublier. Se souvenir alors pour oublier ! Enfin et trouvez le repos, le chemin de la quiétude, pour vivre un peu, vivre un peu mieux.....
Alors parfois on pousse la porte  du psychanalyste...
Pour demander pourquoi ? Pour demander si souvenirs il y a vraiment... Puisqu'ils ne sont pas là, Pourront-ils revenir ? Quand ? Pourquoi ? Sont-ils oubliés pour toujours ?
Mais qu'est ce que toujours ?
Et s'ils reviennent ?
Pousser la porte de l'analyste, pour savoir pourquoi on ne se souvient pas , pourquoi on se souvient de trop ?
Peu, pas, trop, mais jamais comme il faut...
Demander ? A l'analyste ? Supposé savoir tout ça ?
Savoir ?
Ce savoir là oublié et remisé dans l'Inconscient...
Quid de l'inconscient
"Je n'ai pas de souvenirs, je ne me souviens de rien, ni de mon enfance, de rien"
C'est grâve ou pas ?
Demander à l'analyste ou au thérapeute pourquoi ? Lui demander de faire res surgir de l'inconnu ces fantômes du passé pour qu'ils viennent nous hanter ?
Ou pour leur tordre le cou. Enfin !
Mais supposé savoir quoi ? Qui ? Le sujet mieux que personne sait, sait pourquoi il ne sait pas et ne se souvient pas, il ne se souvient pas de ce qu'il sait, ou ne sait pas...
Souvenirs, faux souvenirs ?
Vérité ? Vérités ?
Qu'importe ? Ou pas ?
Etre certain ou non que cette vérité est la vérité, que ces souvenirs sont les bons, sont exacts au moindre détails prés
Mais comment savoir ?
Souvenirs fabriqués pour venir combler le manque, souvenirs ciments venant colmater l'angoisse ?
Allez savoir !

dimanche 11 septembre 2011

11 septembre

Une pensée furtive, fugace, presque indécise,
Lointaine mais précise, douloureuse et fébrile...

Pourquoi ce jour là ?
Une pensée pourtant, qui hante et qui frôle l'indécence
Aussi, je crois
Parler des morts, pour les vivants, ce n'est pas si facile !
Parler de la mort quand on vit encore....
Convoquer les morts au rendez vous de la mémoire

Les faire vivre encore pour encore mieux souffrir...
Souffrir de l'absence, du retour impossible !
 
Se dire, dire et écrire qu'il ne faut plus jamais
Plus jamais ça, plus jamais recommencer !
Encore et encore, cela fait bien des années...
Pourtant, encore et parfois
Souvent...
On dit ça, on dit qu'il faut se souvenir pour ne pas oublier ...
Ne pas répéter !

Mais encore la barbarie prend forme, se lève et se réveille
Tel un démon qui ne peut réprimer sa fièvre
Sa fièvre du mal
Sa soif de sang
Son désir...

Pour détruire....
Pourquoi ce jour là alors ?
Il restera lui aussi gravé dans les mémoires, les corps et les âmes
Des vivants, de ceux qui sont encore là, qui n'étaient pas là, de ceux qui ont échappés, de ceux qui sont revenus
De ceux qui accrochés encore aux remparts de l'enfer, qui pleurent les morts et rêvent qu'ils vont se réveiller
Mais nous ne dormons pas..
Gigantesque cicatrice jamais refermée, ouverte pour l'éternité, béance sanglante de l'humanité !
Alors je me hisse pour essayer de voir, essayer de croire qu'il n'existe pas, qu'il existe quelque chose d'autre que l'horreur, que le mal, que la douleur
Pourquoi ce jour là ? Pourquoi un jour ? Pourquoi ça ?
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