Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 5 mai 2016

L'emprise

L’emprise
« Le salut de l’homme est dans le choix » Freud (mars-avril 1923)
L’emprise On parle plus couramment de pervers, des pervers narcissiques, on en parle tant que le terme en est devenu quasiment banal, comme le mal, qu’il fait et qu’il est.
J’ai donc choisi de parler « d’emprise » pour reprendre le concept freudien de « pulsion d’emprise ». La pulsion (Trieb) caractérise l’humain, elle lui est propre et singulière. Freud en donne la définition suivante (elle) nous apparait comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations issues de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme mesure de l’exigence de travail qui est imposé au psychique en conséquence de sa liaison au corporel »[1], il la distingue de l’instinct (lnstinkt). C’est une manière d’investir le monde. Il s’agit d’une force inconsciente entre le psychisme et le corps qui oriente le sujet vers un objet qui va lui apporter satisfaction, mais pas seulement, car elle vise toujours au-delà de l’objet. Freud la situe dans le registre du mythe. « Les pulsions sont des êtres mythiques, grandioses dans leur indétermination »[2] Et l’emprise ? Qu’est ce que ce « mal » là, cette orientation vers laquelle le sujet tend et se tend, pour tordre, se tordre et distordre les liens mis en place avec l’autre ; sa proie, sa victime, son objet. Avant de faire la une des magazines, le méchant ou/et pervers narcissique est une notion développée par Racamier et Eiguer. « lnstrumentalisation”,” ustensilisation” sont des néologismes pour expliquer, représenter et mettre des mots sur des actes, ceux d’hommes pourtant advenus à la civilisation, à l’humanité qui comme l’à souligné à moultes reprise le père de la psychanalyse « ne va pas de soi ». Cette pulsion est originaire nous explique t-il, ‘la pulsion des pulsions… Une pulsionnalité, une pulsion de pouvoir » une racine du comportement humain en quelque sorte. Un sentiment de toute puissance.
L’emprise de l’autre, la main mise sur l’autre qui de sujet devient objet. En est réduit à cette condition d’instrument pour mieux être utilisé par son « agresseur ». Deux personnes, un lien qui se tisse et qui au fil du temps se tord. Un lien tordu qui s’impose et qui enferme le sujet/objet au cœur d’une immense toile d’araignée, un labyrinthe sans issue, une prison dont on a jeté la clé. Un espace qui se réduit de jour en jour telle une peau de chagrin. L’un domine et l’autre se laisse dominer, utilisé, maltraité, réduit en esclavage mental par son ‘agresseur ». lsolement, maitrise, humiliation, violences sous toutes ses formes, rien est épargné à un sujet qui se laisse entrainer dans cette spirale infernale, dans ce cocon dont il ne sortira, s’il peut le faire pas indemne. On s’attache beaucoup à décrire le méchant, le pervers, celui qui use de tous ces/ses artifices y compris les plus séduisants pour arriver à ses fins, au mécanismes, aux symptômes, à tous ces items qui font tirer la sonnette d’alarmes aux proches, inquiets, terrifiés par l’attitude d’un père, frère, fils, fille, amie qu’il ne reconnaissent plus depuis un certain temps, depuis que ce proche a rencontré untel ou unetelle. Il ou elle n’est plus le même, ils ne comprennent pas. Ce ll ou elle n’entendent pas, ne veulent, ne peuvent rien entendre, car le mécanisme s’est instauré, subrépticement, doucement, par des petits riens, des remarques, conseils au début, flatteuses parfois qui deviennent rapidement des injonctions, des menaces ! ll est trop tard, la toile est tissé le piège refermé, les proches dangereux car pas dupes écartés, le jeu pervers peut commencer. On s’attache souvent moins à la personnalité de la victime ou plutôt de l’instrumentalisé. Comment en est-il arrivé à tomber dans un panneau aussi grossier. Car il est souvent intelligent, doté d’un bon sens critique (du moins le pense t-on), issu d’un milieu et d’une éducation favorisée, indépendant… Alors quelle est la faille ? Ce n’est hélas (ou pas ) pas aussi simple que ça, car il ne s’agit pas seulement d’individu, de sujets humains, mais d’une relation , un lien entre deux personnes (dans le cas qui nous intéresse, mais le cas s’applique aussi à l’emprise sectaire) qui devient malade, pathologique et pervers. C’est de ce lien qu’il s’agit, de cette rencontre là, de ce rendez vous qui ne pouvait pas se rater, qui a bien eu lieu pour jouer ça, cette mise en actes et en scène Je vous proposerai lors de prochains articles plusieurs « vignettes cliniques » issues d’observations de ces liens singuliers, de rencontres diverses depuis une bonne vingtaine d’années, afin d’illustrer et de tenter de comprendre ce mal.
 Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
[1] S. Freud, nouvelles conférences sur la psychanalyse p. 130

[2] Au delà du principe de plaisir pp41-112, p. 80
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