Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 13 octobre 2013

Confiance en soi ? 1

Elle n'est jamais vraiment sûre d'elle, la moindre remarque, réflexion, le moindre regard, tout peut tout remettre en question, en une fraction de seconde.
Elle se retrouve alors démunie, pas bien, comme elle dit, avec une boule, au ventre, dans la gorge, ça dépend, mais ça coince quelque part, des suées, froides, chaudes de la tête aux pieds, un mal aise, un mal être...
Il est complétement déstabilisé, le film qu'il a tant aimé a reçu une mauvaise critique, ses collègues en parlent négativement et surtout raillent ceux qui l'ont aimé.
Il se tait, ne dit rien, mais ne se sent pas bien, ses pensées n'arrêtent pas de tourner, tourner en boucle, en disque rayé, il n'arrive pas à arrêter cette machine infernale qui l'abasourdit, il ne s'entend plus, il n'entend plus rien, ça le serre, lui fait mal, il devient rouge, blanc, à l'impression d'avoir des sueurs froides, il  n'ose plus rien dire et dans ces cas là, il quitte la pièce...

Sûr de soi, confiance en soi.. Des expressions à la mode, presque des injonctions, il faut être affirmé, mais attention, pas trop, juste comme il faut, juste... Le juste milieu...
Mais ce n'est pas facile, comment faire, car "à chaque fois qu'un autre n'a pas le même avis, je me dis que je suis une idiote" confie Sophie* et de poursuivre, "j'adore manger ma tarte aux pommes avec une boule de glace, l'autre jour, une collège explique que ce sont les imbéciles, les rustres qui la mangent de cette manière... Vous comprenez j'ai été terriblement blessée, je n'ai rien osé dire, je n'ai pas osé dire que... "
Que quoi ?
Qu'elle, elle aimait la manger de cette manière avec une boule de glace ?
Pourquoi ?
Par crainte de rentrer dans la catégorie mentionnée par cette collègue en apparence bien sûre d'elle ?
Cet exemple banal semble caricatural et pourtant, hélas il ne l'est pas.

C'est une foule de petits détails de petites anecdotes comme celles là qui mettent mal à l'aise qui font que des hommes et des femmes tout comme Sophie se retrouvent brutalement remis en question, déstabilisés. Bien sûr on pourrait analyser le comportement, il y aurait matière, on pourrait noircir des feuilles et en écrire un livre entier. Mais ce n'est pas le but de ce billet. L'objectif étant de souligner la fragilité du sujet humain, une fragilité parfois insoupçonnable, car ces hommes et femmes ne sont  ni timoréees, ni timides, ni... ni...
Seulement, la moindre remarque, réflexion constitue une effraction, elles se sentent remise en cause et en question dans leurs convictions, leurs croyances, leurs pensées, pas une seule fois il leur vient à l'idée que l'autre qui parle avec un tel aplomb n'a pas tout à fait raison, qu'il se trompe ou bien que simplement c'est son avis, à  lui et qu'elles ne sont pas obligées de le partager... Heureusement !
Car nous sommes différents, nous sommes tous des sujets singuliers, et chacun a le droit de manger sa part de tarte comme bon lui semble, avec ou sans glace, son thé avec ou sans lait.

Tolérance ? Respect de l'autre..
Bien sûr ces notions entrent en ligne de compte, mais ne nous intéressent pas et n'interpellent pas nos sujets là immédiatement, dans cette situation, car ce sont elles qui se trompent, qui sont persuadées de faire fausse route, qui sont dans l'erreur. ELLES sont le problème, c'est chez elles que quelque chose ne va pas et les autres :... Eux, ces autres ont forcément raison, ils savent ce qui est bien, bon, ce qui se fait ou non. Ils détiennent forcément cette vérité, la vérité, la seule vérité qui soit. Ils donnent le ton, disent ce qui doit être ou pas. Eux ils savent... !

Alors qu'elles ?

Elles, elles sont nulles ! Forcément. Elles ne savent pas, leur avis est mauvais, elles n'ont rien compris, alors elles n'osent s'exprimer, discuter et encore moins dire ce qu'ils pensent, elles se taisent ou parlent pour acquiescer, même si elles ne sont pas d'accord au fond d'eux mêmes. Mais qu'importe  leur avis puisqu'il est forcément mauvais, puisqu'il n'est pas comme ceux de ces autres qui savent tout.

Alors pourquoi ce regard  ? Ce regard sévère et injuste sur elles mêmes ? Pourquoi ce manque de bienveillance, d'indulgence ? Pourquoi ce manque de confiance ? D'amour, d'estime ?

* le prénom est bien sûr fictif.
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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