Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 15 juin 2014

Merci

Un simple petit mot : Merci, mais qui engage, qui noue, qui entretient le lien social.
Un de ces petits mots désuets qui fait sourire, parfois, qu'on oublie, souvent,mais qui pourtant est essentiel. Pour soi, pour l'autre, pour nous, pour tous.

"Bonjour, bonsoir, bonne journée, ça va ? S'il vous plait, merci.."

Simple comme bonjour et pourtant pour certains, pour beaucoup trop ça ne va pas de soi.
Alors pourquoi ?
Ce qu'on nomme pudiquement "compétences, habilités sociales" sont des règles de savoir vivre.
Savoir vivre : Encore une expression qu'il convient de décomposer, d'analyser, c'est pourtant simple encore une fois : Savoir vivre avec les autres, et avec soi même. Aussi, condition première peut-être.
Cela implique le respect ; du respect, pour les autres et pour soi, l'un n'allant pas sans l'autre non plus.
Ainsi va la vie, ainsi va le lien social qui fait que l'homme sorti de la Horde devient sujet humain, membre d'une communauté, d'une société. Qui fait des je le nous.
Alors merci ?

Il convient une fois encore de remonter aux sources, à l'origine et à l'histoire du mot, une expérience non seulement intéressante mais essentielle et indispensable si on veut comprendre la représentation de ces cinq lettres pour chacun d'entre nous.
Dire merci c'est s'acquitter de la dette, ne plus rien devoir, en rester là être quitte, ne pas être en compte, solde de tout compte.
Dire merci c'est reconnaitre l'autre, ce qu'il nous a donné, apporté, prêté et le lui dire.
Pourtant l'histoire de ce petit mot est bien loin de cette acception là, de cette représentation contemporaine. Etre à la merci... Etre soumis, être entièrement sous la dépendance de...
Etre... !

S'il est question de la dette, il n'est pas question qu'elle soit soldée, au contraire, car si ceux là sont en compte, il est loin d'être réglé. Il y a ce rapport de forces, cette inégalité qui ressort avec violence de ces cinq lettres là. "Merci". Ainsi corvéable à merci...Il n'y a rien à l'horizon qui puisse y mettre un terme bien au contraire, c'est une répétition, une mal édiction, on n'y peut rien

Pauvre peuple ! Corvéable à souhait, mais à la merci de qui ? Loi du plus fort ? De celui qui détient ce qui fait le pouvoir, pouvoir pris, ravi au plus faible ? Pour le dominer ? Et le réduire à merci, à sa merci.

Cette lutte est sans merci... Aussi, alors à quoi bon ?

Y aurait-il de cette résurgence, réminiscence sourde, trace indélébile de cette représentation du passé qui germe encore dans les coeurs, dans la mémoire de celui qui ne peut se résoudre à...
Ou bien simple oubli ?
Défaut d'éducation, perte des valeurs, des repères, du cadre, des limites, de la représentation, de la symbolisation, de la perte ?
Bien sûr il y a de ça, bien sûr il y a du manque, de l'absence de transmission, mais une fois encore que peut-on transmettre quand on n'a rien reçu ?
A quoi bon remercier... !

Il faut rappeler quand même avant de conclure que l'étymologie de ce joli petit mot signifie "salaire,récompense, solde" d'où le sens médiéval où son sens le plus fort était grâce et miséricorde (demander merci)...
A méditer donc, sans oublier de dire "merci".

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map