Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 31 août 2010

La mémoire de l'autre (1)

Il en est persuadé, ce qui le fait souffrir, sa haine de l'autre, son mépris de lui même ne vient pas de lui, mais lui vient du père

Il le sait, c'est le fruit d'un long travail, d'une longue quête dans sa mémoire, mais aussi dans celle du Père surtout qui lui donne cette certitude

Mémoire.

-"Pourquoi je n'aime pas les autres, pourquoi je ne m'aime pas ? Pourquoi je ne me prends pas au sérieux ? Pourquoi je crois que les autres ne m'aiment pas etc..
Pourquoi surtout je ne respecte pas les autres et je ne me respecte pas ?"


Le déclic... Celui qui l'amène chez l'analyste

La raison... Cette question du respect

-"Je ne peux penser les autres autrement que trivialement, je ne peux parler d'eux qu'en les insultant...
Je ne peux pas faire autrement
Trop ! C'est trop et il faut que ça cesse
"


Un long chemin, douloureux, difficile, un long travail de mémoire, d'histoire, de compréhension de soi, mais aussi des autres qui l'ont précédé

Malgré des études brillantes, un travail interressant, une famille, R ne va pas bien, il ne se sent pas adulte, il ne se sent pas pris au sérieux, pas respecté...

Pourtant...

Il explore son histoire, part à la recherche de son passé, de son enfance, de sa petite enfance...
R a peu de souvenirs au début, il ne sait presque rien de ses parents qui ne l'ont pas élevé, de ce père qu'il craignait et dont il avait honte..
De ce père avec qui il ne partageait rien, qui criait à longueur de journée. Il ne comprenait rien à cet homme là qui n'avait rien à lui donner
Il ne se souvient ni de moments privilégiés ni de tendresse, il n'a en mémoire qu'un homme méchant qui en voulait à la terre entière et n'aimait pas les enfants, n'aimait pas son enfant

-"Il me faisait peur...."

Pourtant il ne savait rien de lui, personne n'avait pris la peine de lui en parler. Cet homme qui éatait son père, semblait pourtant ne pas faire partie de cette famille

Famille bourgeoise et feutrée, où rien ne filtrait, où rien ne se disait ou alors dans un langage que le petit garçon ne comprenait pas. Langage feutré comme les pièces de la maison de ses grands parents, du salon de sa grand mère qui pour "ce père" affichait le plus grand des mépris

Il n'était pas de son monde ! C'est la seule chose qu'il avait alors compris
Et il se demandait ce qu'il pouvait bien y faire ? Dans ce monde là...
Ni sa mère, ni personne ne lui donnerait la réponse
Il en était sûr. Alors le petit garçon grandit, sans trop savoir, dans la haine et la honte d'un père qu'il ne connaissait pas, dans la crainte d'un père, qui hurlait, insultait n'aimait personne pas même lui
Il lui fallut des années, pour commencer à comprendre
Se dire qu'il faut peut-être chercher de ce côté là
mais de cela il avait peur aussi...

L'analyse est une chose, mais elle ne suffisait pas... Il sentait bien, que ça n'allait toujours pas, car cette chose bancale, cette partie de l'histoire inconnue l'amputait d'une partie de sa vie, de son histoire

Il lui fallait en même temps que sa quête de lui même partir à la quête d'un père alors disparu !
Et ce n'est pas une mince affaire !

dimanche 29 août 2010

Exposition

Expose


Expose, il expose, il expose sa vie
Il pose à l’extérieur
A l’extérieur de lui-même
Ex Pose.
Une Pose


Il montre à voir, il se montre à voir
A l'autre, aux autres, qu’il connait, qu’il ne connait pas
Mais il montre et il se montre
Il pose ce qui est dedans au dehors
Il pose ce qui est in out…
Il expose ainsi..
Il montre au dehors ce qui est au-dedans
Il montre à voir ce dedans au dehors
Au dehors…Aux autres


Il vit, il existe, pour ces autres, ces autres là
Car il croit, il pense qu'ils le voient ou mieux qu'ils le regardent
Il se montre alors sous un jour, un beau jour,


« Je veux donner une belle image de moi
Me dit un jour un analysant
Je ne veux pas que les autres aient une mauvaise image de moi »


Une image de moi
Une image de soi
Pour les autres
Car les autres c'est important
Il vit par et pour les autres, pour eux, il montre une image qu’il croit belle, bonne, positive...
Du moins il pense que c'est comme ça qu'ils verront cette image de lui
« Peut-être que je me plante complètement » souligne ce même patient.
Alors il s'expose un peu partout, expose sa vie, la raconte, dans les moindres détails parfois, en photos, en vidéo
Joue la star, joue les pipoles, essaie d'être créatif, imaginatif, inventif, d'avoir de l'humour
D'avoir des amis qu’il ne connait pas, qui ne le connaissent pas non plus, mais ce n'est pas grave
« J'ai plein d'amis qui sont amis de l'image que je mets, que je donne de moi, que je montre à voir, que j'offre »
Ou alors se répand, se vide, se lâche, dit ce qui lui passe par la tête, ses souffrances, ses insomnies, la copine ou le copain qui le largue, sa haine pour les autres...
Ca déborde, ça dépasse et ça craque
Mais tant pis ou tant mieux, il montre à voir, à entendre ses cris, expose tout ça et ça fait du bien, car ça sort de lui.
Il montre, il expose donc il vit, donc il est
Terrible que cela,
Etre pour être
Avoir pour être,
Etre sans avoir n’est pas être, n’est pas l’être qu’il veut être. Avoir…
Il montre pour être.
Car il ne supporte pas le silence, le silence du manque de l'autre, le silence face à son propre silence, ma solitude et son être seul
Il hait ce terrible jumeau qui le renvoie à sa peine à sa condition solitaire
Alors je préfère cette image virtuelle, cette image qui n'est pas vraiment la mienne, mais c'est égal tout ça, car cette image là, à laquelle il arrive parfois à s'identifier lui donne l'illusion, un bref instant mais c'est toujours ça, qu’il n’est pas seul, qu’il vit au milieu d'une nébuleuse, une constellation d'autres, inconnus qui finalement sont aussi, peut-être dans le même cas que lui
Tous, seraient alors si seuls, seuls face à eux-mêmes, face à lui-même, seuls face à l’illusion de ne pas l’être et ce serait elle, cette illusion qui les maintiendrait en vie, qui leur donnerait l’envie d’être en vie…
Exposition de soi, de l’image de soi, du dedans et du dehors pour croire, en soi et en l’autre, pour croire que la solitude n’existe pas, que soi seul n’existe pas non plus, que l’univers est peuplé d’un monde d’être seuls qui ensemble ne le sont plus..
Exposition de soi, pour dire, pour montrer ça… ?
Pour montrer qui ?

Mémoires

mercredi 25 août 2010

Changement

Et voilà...
C'est nouveau !

"Psychanalyse aujourd'hui"

A revêtu de nouveaux habits
S'est paré de nouvelles couleurs et d'un nouvel écrin

Le contenu reste fidèle à ses promesses  en évoluant au fil du temps, des rencontres, des problèmatiques, des questionnements, de la vie...

Bienvenue et merci à vous d'être là, et de me donner l'envie de poursuivre cette aventure !

lundi 9 août 2010

Stalingrad

Hier mon fils et moi avons regardé Stalingrad, je l'avais déjà vu, pas lui. Nous l'avons donc regardé ensemble
Petite fille j'avais regardé avec ma grand mère, "Quand passent les cigognes"... Je l'avais regardé et j'avais vu ma grand mère pleurer. Doucement, sans faire de bruit, elle qui ne montrait pas ses émotions et nous encourageait à faire de même, ne se laisser pas aller aux larmes....
J'ai pleuré, je ne sais si ce sont ces cigognes ou les larmes de ma grand mère...

Alors j'ai revu Stalingrad, et des larmes ont coulées encore
J'ai regardé mon fils, son visage, ses émotions...
J'ai vu, lu, relu, entendu tant de fois Stalingrad....

Puis nous avons parlé, lui et moi. Comme souvent, lors de la lecture d'un livre, après un film, une émission
Il me dit "Si les richesses étaient également partagées, peut-être n'y aurait-il plus de guerre"
Puis... mais ce n'est pas possible, c'est la fameuse fable "du sac de billes".

Stalingrad... Horreur, allégorie tragique de la folie des hommes, où la vie ne compte pas, "la moitié de vos hommes sont morts, je m'en fous, envoyer l'autre moitié"..
Qu'est ce qu'une vie ? Le prix de la vie ?

Historienne, j'ai travaillé sur les guerres du XVII° siècle. Pour écrire un article sur la bataille de Rocroi, je me suis plongée dans les archives du château de Chantilly, j'ai lu les manuscrits...les récits de guerres, sans fioritures écrits par ceux qui y étaient, par ceux qui en sont revenus... le carnage, pas de quartiers.*
Réquiem pour les morts...
Te Deum pour les vivants...

Plus prés de nous, les récits de 14, guerre meurtrière qui fait un peu oublier celle de 70... Guerrre où personne ne sort quoi qu'il en dise vainqueur. Gagner une guerre ! La Belle Affaire ? Gagner quoi ? La mort de ceux qui ont versé leur sang pour quoi ? La fleur au fusil, ils sont partis.. Sans revenir. Jamais

Ma terre d'Ardenne est constellée de croix, de monuments, de gloire à ces jeunes morts, fauchés dans la fleur de l'âge, "Un petit coquelicot, mon âme"
Dans les batailles de l'ancien temps, on comptait les morts, on pansait les blessés, rangeait les étendards, ces bannières là prises à l'ennemi...
Et les vivants ? Est -on encore vivant après de telles cruautés, de telles boucheries ?

Stalingrad ? Je me suis demandée en revoyant ce film, en connaissant l'Histoire, s'il existait une once d'humanité chez l'homme, s'il existait un sentiment d'appartenir à une société qui se dit civilisée
L'Histoire, celle de notre Terre n'est que l'histoire de massacres, de guerres, de haines, de misères, de famines, d'exterminations, de dominations, de haines....
Un déferlement d'inhumanité.

Au nom de quoi ? Pour quoi ? Me demande mon fils ?

L'homme est-il suffisamment mauvais pour ce désir là, ne peut-il donc pas contenir ses pulsions de mort ?
Encouragé par une économie qui ne trouve sa justification que dans ce crime autorisé, ce crime absout par les églises, au nom d'un dieu parfois, au nom d'une liberté, d'une ? On ne sait plus très bien pourquoi ?
Comme si la paix était impossible, comme si l'idée de vivre en harmonie les uns près des autres, dans le respect était une utopie, même pas un rêve !

Stalingrad ? Comme après 18, on a dit c'est la dernière, puis il y a eu 40, la Shoah, l'Indochine, l'Algérie, le Viet Nam....La liste est longue...Le monde est en guerre, à feu et à sang !

Plus jamais ça, disons nous, en priant, ou co mémorant ces moments d'horreur devant des monuments, des stéles qui ont pour vocation de nous rappeler...
Mais nous rappeler quoi ?

Brigitte Dusch, psychanalyste.
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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