Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 22 mai 2011

Tout de suite ! 2

Ici maintenant tout de suite !
Vite...
Ouf.... !

J'ai déjà évoqué à plusieurs reprises cette notion d'ici et maintenant.
Ici et maintenant, pour signifier le présent, l'instant qui se vit, pas hier, pas demain mais aujourd'hui.
Mieux encore là maintenant, pas tout à l'heure, ni avant ni après.
J'ai déjà insisté sur la difficile voire, l'impossible ascèse que cette notion, que ce concept signifie.
De conseil, prescription il devient aussi parfois injonction !

Hier, je lis : " La thérapie cognitive ne s'occupe pas du passé, l'hier, elle ne tient compte que du moment présent." J'ai déjà dit, écrit ce que j'en pensais !
Le moment présent, la situation vécue, là maintenant...

Pas si simple, la pratique le confirme chaque jour !
Comment d'ailleurs le faire croire, imaginer qu'une thérapie peut faire fi de l'hier, du passé imparfait du sujet !
Mais c'est sur le tout de suite, l'immédiateté que j'ai aussi évoquée dans un article éponyme que je voudrai revenir, ici et maintenant.
Ici, maintenant, tout de suite.
Ce tout de suite immédiat, pas l'instant présent à savourer, à vivre pleinement, non. Car cette envie de tout de suite éclipse ce plaisir, ce bonheur de vivre l'instant présent et rien que celui là.
Car cet immédiat là n'est plus le présent, il est déjà passé et tourné vers le futur qu'il faut satisfaire aussi vite, pour être encore et encore demain avant l'heure !

Il s'agit en quelque sorte des travers, des dérives du concept.
Tout de suite, c'est vrai que cela ressemble beaucoup à notre société, société de consommation où tout va vite, s'obtient rapidement, les biens, les services, l'amour, les enfants, le sexe, le divorce, la vie tout de suite.
A un rythme effréné, vite, encore plus vite, pressé par le temps qui passe, qui passe trop vite !
A bout de souffle !
IL faut vivre, pas vivre pour vivre ?
Vivre pour être ? Vivre pour avoir ? Vivre pour faire ?
Vivre pour ?
Vivre tout de suite ?
Plus de recul, plus d'attente. On prend des photos et dans la seconde qui suit les voila sur l'écran de son ordinateur, un clic et elles se retrouve sur la toile !
Plus besoin d'attendre que la pellicule soit terminée pour les développer. Cette attente là.
Cette excitation avant d'ouvrir la pochette et de regarder ! Attendre une sorte de surprise.
Plus d'attente. Ces moments fébriles, avant...
Avant ? Après ?
L'instantanéité vient-elle à bout du désir, de l'attente avant la satisfaction de celui ci, ou de son insatisfaction ? Ce tout tout de suite met il à mort le désir ?
La frustration.... Celle là même qui nous mène et nous conduit parfois sur le chemin de la découverte...
Et quid après cette envie subite, satisfaite en un clic ?
Un peu comme ces voyages, circuits touristiques où tous les sites doivent être vus, "'on a fait le château de x, les jardins de y... "
On a fait ! Faire tel ou tel sites ! Faire une galerie, une exposition.
Faire, mais faire quoi ?
Faire....Aller, voir, contempler,admirer, regarder, penser, méditer, imaginer.... Lentement, le temps qu'il faut ! Le temps qu'on prend. Prendre le temps, se l'offrir, après tout !
Faire...
L'immédiateté nécessaire n'est pas l'urgence qui parfois s'impose. Mais savons nous faire cette différence ?
Désir ou besoin de faire vite, de vivre vite, de voir vite, d'entendre vite ?
Mais pourquoi ? Soif de vivre, soif d'avoir, de savoir ? Désir de combler un insupportable vide qui fait mal, qui fait souffrir, mais qui ne se remplit pas malgré l'achat, malgré le clic, malgré tout ?
Parce qu'il faut immédiatement satisfaire et combler ce manque, qui si on y regarde bien n 'est pas vraiment un manque, mais plutôt quelque chose qui cloche, une sorte d'ennui, de mal de vivre, de mal d'être qui devient sans qu'on y prenne garde un mal d'avoir.
Avoir pour être, être pour avoir et faire, faire et être ! Tout de suite car le temps passe et s'enfuit si vite que nul ne peut le rattraper et l'enfermer, un instant, un seul instant ici et maintenant. La fuite, la fuite de l'être qui se capte dans l'avoir, la fuite du temps qui passe !
Vite, il faut aller vite et satisfaire vite pour que cette seconde cet ici et maintenant soit vite satisfait, un manque à combler qui s'érode et s'effrite à un rythme lui aussi ôh combien effrené, sans frein !
Attente et patience ne sont plus de mise, comme si la vie en suspens, suspendait puis définitivement refermait cette parenthèse à tout jamais
Il est loin le temps des lettres qui mettaient des jours des semaines parfois des mois pour traverser les campagnes, les villes les océans pour arriver à leur destinataire
Il est loin ce temps de l'inquiétante quiétude, l'attente interminable des nouvelles de l'autre, de l'être aimé.... Photographie de l'instant, instantané du moment !
Il est loin ce temps passé, qu'on s'efforce parfois de retrouver, nostalgie d'un bonheur évoqué au coin d'une cheminée. Au coin des souvenirs d'une mémoire qui s'effrite inlassablement au fil du temps.
Un clic suffit aujourd'hui pour que l'information, la nouvelle fasse le tour des continents, pour que la commande passée arrive le lendemain à destination et puisse être retournée si elle ne convient pas. Un clic suffit pour payer, être remboursé. Pour échanger, dialoguer, chatter, rencontrer, aimer, se séparer.
Vite ! On s'est aimé par sms et on s'est quitté sur un texto.....
Le temps passe ! Le présent devient le passé avant même que l'avenir ne soit devenu présent, car quid du présent ?
Vite, tout de suite maintenant, je ne veux plus attendre, je ne veux pas attendre.....
Il en est ainsi de ces désirs d'enfants, de ces angoisses quand celui ci ne vient pas un mois après l'arrêt d'un contraceptif, car il devrait être là ! Déjà, un enfant quand je veux ! Oublier que la nature, le corps ne se dompte pas, ne se dresse pas, qu'il en fait parfois à sa tête ! Qu'il n'a pas envie. Tout de suite !
Et s'en vient l'attente, insupportable attente !
Comme s'il fallait contrer le temps être plus rapide ! Maitriser, tout contrôler, toute puissance....
Pourtant ! Prendre le temps, laisser le temps faire les choses ! Le temps qu'il faut, pour oublier, pour panser et penser ses blessures, faire son deuil.
Le temps n'est pas un ennemi mais peut-être un allié précieux et peut-être un ami. Nous ne pouvons rien contre lui, contre ces années qui passent et qui blessent, laissent la trace de leurs passages dans les mémoires mais aussi sur la peau, marques irréversibles de ce temps qui file, que le botox et autre artifice ne peuvent effacer !
Prendre le temps de savourer l'instant, ici et maintenant, juste celui là, un peu, ce temps là qui se vit et qui n'est pas vécu ni à vivre ! Celui de l'instant présent.
Seulement !
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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