Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 30 décembre 2009

Pas d'âge

Pas d'âge pour la thérapie !

Pas d'âge pour se connaitre, pour aller à la rencontre de soi, pour entreprendre cette quête... Longue parfois, souvent ! Pourtant.
Pas d'âge pour s'engager sur ce chemin là...

Prendre cette route, décider d'aller en avant, la découverte, quelque fois emprunter des chemins de traverse, prendre le temps, se donner le temps, s'offrir le temps, malgré le temps qui passe, se donner ce temps là, nécessaire à la compréhension de soi, à ces interrogations qui ont occupées pas mal de temps déjà, assez, trop !

Sur ce point Freud a tord (sur d'autres aussi, tant d'autres !). Lors d'une conférence en 1904 il affirmait qu'il n'était pas possible pour les plus de cinquante ans d'entreprendre une psychanalyse "faute de disposer de la plasticité nécessaire pour explorer leurs fantasmes, le monde imaginaire ou transformer leur regard sur le Réel"
Fort heureusement les neurosciences, les sciences cognitives, nous démontrent aujourd'hui qu'il n'en est rien. Au contraire (mais ce sera l'objet d'un autre article)
Et puis le monde a changé, vieux n'a pas la même signification, l'idée qu'on se fait de la vieillesse non plus....
Pas d'âge, non il n'y a pas d'âge... Et heureusement, rien n'est joué d'avance non plus, alors pourquoi un age pour ?

A l'hôpital j'ai rencontré beaucoup de "personnes agées" qui avait ce désir là, d'entreprendre pour reprendre les mots d'une patiente "ce travail là".

Je reçois également beaucoup de femmes, certaines ont dépassés les cinquantes ans ! Et c'est peut-être ça qui les décide à engager cette quête...
"S'offrir ce temps, dans le temps, au coeur du temps.. Pour être mieux le reste du temps qui reste".
Une de mes patientes avait plus de 60 ans quand elle décida enfin de "parler", d'entreprendre "pour elle" ce long chemin pour se délivrer de ce "traumatisme" si pesant. Tellement pesant qu'elle n'en pouvait plus de le porter et décida de le déposer, enfin, en fin....Dire les mots
Il n'est jamais trop tard, il est parfois grand temps.
Grand temps pour....

Entreprendre une thérapie ou s'engager dans une psychanalyse, décider de faire quelque chose pour soi, de faire quelque chose pour ce quelque chose qui coince, qui cloche. Ce quelque chose
qui fait que la souffrance devient par trop insupportable. Cette décision là n'est pas aisée, elle relève d'un certain courage, celui d'affronter ce qui fait peur, ce qu'on cache, refoule au fond de soi.. Depuis longtemps, si longtemps, trop longtemps
Oui, il faut du courage pour venir, pour trainer son corps plusieurs fois par semaine sur un divan, ou simplement l'amener à s'asseoir en face du thérapeute...
S'adresser à un tiers pour y déposer sa souffrance, son angoisse, ses questionnements, pour tenter de comprendre qui on est !
Pas d'age pour ça
Pas d'âge pour mettre en acte, pas seulement aller, mais l'acte qui procède du faire et du dire.
Aller à la rencontre de sa langue...Comprendre le dialecte de son inconscient...
Il n'y a pas d'âge pour ça !

Naufrage


samedi 26 décembre 2009

Pont

Il suffit de passer le pont...
Mais ce n'est peut-être pas toujours si simple
Aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été fascinée par les ponts.. Ils m'intriguaient, m'interrogeaient, m'appelaient, me questionnaient....

Ailleurs, ici, là, de l'autre côté" celui que tu veux, si tu veux, tu as le choix, aller, partir, revenir, sauter, regarder, contempler, admirer...
Fascinant ! Il s'établissait alors une sorte de dialogue intérieur. Je regardais (encore le regard, ce voir là, ce voir ça !) et passais des heures sur ces deux ponts qui franchissaient la rivière. Cette rivière qui semblait parfois terrifiante pour la petite fille que j'étais alors. Cette rivière intrépide qui engloutissait les nageurs, même les plus aguerris, qui l'hiver sortait de son lit impunément pour envahir les prairies...

Calme parfois mais imprévisible toujours

Et le pont ! Qui semblait la dominer, la dompter, enfant déjà j'avais compris qu'il n'en n'était rien, que ce n'était pas aussi simple que ça, qu'elle demeurait la plus forte.. Que personne, surtout pas la main de l'homme en viendrait à bout
Il suffit de passer le pont,
Et ce n'est pas aussi simple !
Il y a ce regard, ce regard dans les profondeurs, les abîmes peut-être ? En bas, du haut de ce même pont qui surplombe, qui domine
Mais qui domine quoi ?

Le regard dans cette dimension que nous offre le pont, ce prisme, cette prise de vue, ce grand angle ?

Regard sur le dessous, du dessus, où nous sommes
Et alors.. Qu'en fait-on de ce regard là ,
Nous permet-il de mettre de la distance, prendre du recul et contempler ? Nous offre t-il cette introspection essentielle à la compréhension de nous, des autres, du monde ?
Ou
Nous plonge t-il au sein d' une profondeur condescendante qui nous permet justement de ne pas nous mouiller ? Ou pas trop, ou juste ce qu'il faut ?

Et puis il suffit de passer le pont
Pour se retrouver sur l'autre rive..
Ah cette autre rive, meilleure que l'autre, celle qu'on quitte, peut-être ? En est-on vraiment sûr ?
Si ce n'est le cas, on peut repartir, rentrer au bercail, retourner d'où on vient, après tout ce n'est pas si compliqué
Il suffit de passer le pont
Encore !
Il relie, bascule, se relève, se soulève...
Simple tronc d'arbres ou architecture compliquée il fait face, il permet, il offre le passage, la traversée, plus besoin du passeur et de sa barque, encore que...
Traverser, travers, vers, vers quoi ? un autre, un autre côté...
Il suffit donc de passer le pont.
Pour voir, découvrir et explorer
Partir revenir, raconter, dire, la belle histoire de l'autre côté, l'impossible rencontre de l'autre côté,

Repasser le pont à condition que;..
Ce soit encore possibile, que le pont soit encore là... Qu'il ne soit pas une illusion
Fragile édifice, menu brindille qui peut s'effondrer, que les hommes se disputent, se gagnent, comme un territoire, ultime entrée, pont levis abaissé.. Pour l'assaut final !

Ouverture, sur la mémoire celle de l'oubli qu'on ne peut refermer, qu'on voudrait bien, mais qui jaillit au moment le plus innatendu et qui comme la rivière innonde ce qu'on avait élaboré avec tant de mal...
Pont sur la souffrance, la douleur.. Pour passer outre ! Et...
Il faut tout recommencer... Fragile édifice que ça, qui ne tient pas et qui s'écroule faute de béquilles suffisamment solides, suffisamment bonnes, comme cet amour là, qui a peut-être manqué, parce que de pont il n'y avait pas !
Ah le pont, mince lien qui noue...Qui se dénoue, qui ne tient pas ! Ou trop, ou pas comme il faut ?

Faire chacun un bout du chemin pour se retrouver au milieu de ce pont, sorte de check point où l'on échange les prisonniers de la mémoire cachée, tue pendant des années, ou on troque tant bien que mal la souffrance pour un lendemain qui devrait chanter. Ou qu'on s'efforce de faire chanter..

Si faux,

S'il faut puisqu'il le faut, pour tenir, pour tenir le pont, encore et encore !
Au risque de sa vie ! Tenir, ne pas lacher, ne pas laisser passer l'ennemi, ne pas le laisser passer à l'ennemi, passe, encore, passage, la passe..
Qui ravirait, rapterait...
Oubli !
Franchir ce pont là, pour qu'il nous emmène une fois pour toute fouler cette terre inconnue, inexplorée, convoité, révée et fantasmée, désirée au plus profond de soi. A jamais, à toujours, pour l'éternité..

Franchir ce pont là
Partir à la quête, l'innaccessible quête, celle de toute une vie, celle qui n'en finit pas, car on passe et on passe, on repasse, on dépasse, et on trépasse

Il ne suffit plus de passer le pont

Qu'est ce que ce pont ? Qu'est le pont ?
Métaphore d'un autre, de l'Autre, d'un soi même étranger, pas connu, mé connu, dont on est coupé, dont on s'est coupé ?
Ce je qui est un autre, et qu'on ne connait pas, cet étrange là, tapi au fond de soi,et qui nous terrifie, le jour la nuit et qu'on ne comprend pas, cet autre je de l'autre côté du miroir, du pont infranchissable qui sépare le jour de la nuit. Qui ne peut les réunir jamais, comme si....
Le pont
La fille sur le pont qui n'en peut plus d'en finir, et qui n'en finit pas, pas tout de suite
Le pont ! on passerait bien, on sauterait bien
Un pont trop loin !

lundi 21 décembre 2009

Identités ? Nations ?

Le sous titre pourrait être un essai de définition ?

Est-ce raisonnablement possible ?
Est-ce possiblement raisonnable ?
Est-ce raisonnable tout simplement ?

L'article précédent sur les identités a suscité questions et réflexions. Preuves que cette question nous tient à coeur, et que nous avons à coeur d'y mettre du sens, du sens et du sentiment.. C'est bien là que ça coince ...
Emotion, émotionnel, presque épidermique...

Pourquoi ?
Je m'écarterai volontairement du débat et du battage médiatique qui je le crains ne pose pas de questions véritables et constructives.
L'identité est au coeur du sujet. Savoir qui on est, qui on voudrait être, ne pas être, qui est l'autre ?

L'un n'est pas l'autre, c'est justement ça l'identité, c'est ce quelque chose qui fait que le sujet est singulier, n'est pas identique !
Paradoxe, double lien ? dubble bind ? Discours qui conduit directement à la folie ? Ou à la schizophrènie selon cette théorie si bien développée par Bateson : "Je te donne l'ordre de désobéir.. Sinon !"
On peut se le demander si on s'attarde un peu...

Identité c'est être" pareil", même, l'éthymologie du mot ne peut être plus précise," l'identitas" du bas latin ou "l'idem" du latin classique désigne bien, tout d'abord le caractère de ce qui est permanent, puis le caractère de deux objets identiques...Ou reconnus comme tel.
Alors ? Tous pareils ?
Mais non, puisque l'identité du sujet sert justement à le différencier d'un autre sujet.. Pour l'Autre !

La carte d'identité mentionnant le nom, le prénom, la date de naissance, le nom des parents, la taille, les signes particuliers, pour prouver que l'un n'est pas l'autre. Que l'autre n'est pas l'un !

Où est donc l'identité dans tout ça ? Puisque justement elle pointe le quelque chose d'autre ?

Allez savoir ? Ou plutôt ne vous perdez pas dans tous ces méandres là, qui ne servent qu'à embrouiller le sujet qui a déjà fort à faire pour savoir qui il est ! Son identité en quelque sorte !
Son je, qui pourtant parfois, souvent est un autre....

Vos papiers ? Si vous en étes dépourvus. Ca risque d'aller mal pour vous, car chacun doit pouvoir être identifié...
Nous y voila.. Ah le piège !
Identité, identifier, identification, identificatoire.. A y perdre son latin !
C'est que le substantif est malin, selon qu'on l'emploi avec le" s" ou sans le" s". A ce fameux S pas celui du pluriel, l'autre, encore un autre. Mais que ferions nous sans l'autre ?
Ainsi le nu, le sans, au sens transitif... Correspondant au verbe identifier, l'action de, donc de reconnaitre l'identique
Et le avec, le réflèchi, s'idenfier à....

Pour la psychanalyste que je suis, qui aime jouer avec les mots, leurs acceptions multiples je dirai presque que c'est jubliatoire !

Identifier quelque chose, c'est le reconnaitre, dire c'est lui, c'est pas lui, il ressemble à..

Mais s''identifier.. C'est là que ça devient passionnant

Freud, notre Père "à tous", fort contesté cependant par ses turbulents épigones, a retenu les deux acceptions, mais a compris car, brillant et génial était le Père, qu'il fallait entendre s'identifier au delà de "imiter, faire comme, etc.."
Il en a fait à juste titre un mécanisme psychologique fondamental, pour lui, il s'agit bien de l'opération par laquelle le sujet se constitue...Ce n'est pas une simple imitation "mais une appropriation fondée sur la prétention à une étiologie commune : Un tout comme si"

Vous allez me dire qu'on s'égare non... identité, identification, C et F ne s'y sont pas trompés, ils ont très vite fait le lien.Touchés le point de capiton, heurtés le roc.... Pertinents, qu'ils en soient remerciés...
Identificatoire... Nous y voilà, je l'attendais, car non négligeable loin de là !

Je me contenterai de vous citer Pontalis, personne n'a fait mieux...
"Processus psychologique par lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut de l'autre, et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui ci. La personnalité se constitue et se différencie par une série d'identifications."

Interressant ? Le poids des mots....

Maintenant, arrétons nous sur nation..Car c'est quand même bien l'adjectif qui en découle, qui fait couler de l'encre... Qui ancre la discussion !

Encore un peu d'éthymologie, aller chercher la racine du mot, c'est partir à la quête de son identité...
Nation d'où viens-tu ? Quelles sont tes origines ?
Du latin natio, naissance, natus, extraction...Le "Von" allemand, le "from" anglais.. Issu de ...

Puis nation revêt (tiens comme c'est étrange) plusieurs acceptions, a évolué au cours de l'histoire.
La communauté d'hommes ayant conscience d'être unis par une identité historique, culturelle, linguistique, religieuse devient une entité politique, concept né de la constitution des grands états, avec les frontières, des territoires propres (limites, limes)
Les critéres cultures, histoires langues ne suffisent plus.....Ils ne peuvent constituer à eux seuls une nation, s'y ajoute un système de valeurs, une sorte de contrat social implicite (et c'est là que le bât blesse peut-être ) entre les membres de la nation : l'appartenance sociale.

Entre temps la Révolution parle de citoyens pour dénommer les sujets de cette nouvelle "nation" érigée dans un bain de sang et dans l'assassinat d'un monarche et de sa famille....
Bienvenue !

Identité juridique, identité individuelle (oh le beau pléonasme !) identité du sujet, identité sociale....

Et maintenant, identité nationale.. cela fait l'effet d'un brûlot !
On mentionne surtout : Le sentiment d'ientité nationale...

Sentiment encore ! Ressenti, ce que chacun ressent envers... La nation donc ?
Comment il se ressent ou ressent son identité face à la nation ?
Son "je" ... En quelque sorte...
Sentiment, ressenti, émotion... A chacun de voir ! C'est tellement simple ça !
A chacun donc de mouiller sa chemise, de se mouiller, de se jeter dans ce vaste océan d'incertitudes et de suppositions au risque de se noyer. On perd vite pied !On en ressort (au mieux) tout nu !

Car nous voila plongés dans l"habitus social, les répères identitaires, références communes....Des références véhiculés par la famille, l'école, les médias et cela depuis l'enfance. De quoi s'interroger sur la liberté, le libre arbirtre, la libre pensée.
La pensée de l'identité. Les trans-missions.. Cadeaux le plus souvent empoisonnés, fardeaux trop lourds à porter ou réparer. Impossibilité souvent d'être ou de devenir Je qui alors est plus qu'un autre, mais les autres. Ceux de...
Allez donc faire avec ça !

Identité, identification, processus identificatoire.... Nation...Identité nation...Ale

Et arrive, enfin, au bout de la langue, au bout de cette longue trajectoire le mot, et le mot seul : Patrie
Je lui préfère de loin le doux nom "d'Heimat !" (pour cause d'identité sans doute...)
Patrie....
La terre des pères, Père ? Père ! Nom du père ! Terre du Pére
Encore faut-il qu'il soit là, qu'il y ait un père, mais c'est un autre débat.. Bien que, l'histoire repose peut-être la dessus, sur le non du Père... Alors ?
Paternelle ?
L'origine... Mais de qui ? De quoi ?
Au nom du père ? Au non du père ? Au nom de non ? Au non de nom ?

A vous de voir.....? Ou d'esayer de voir, d'assembler, d'associer...
A vous de voir donc l'impossible possible...Voir !

Publié sur la page facebook par BD,

mercredi 16 décembre 2009

Identités ?

Vaste sujet que l'identité...

Quand on y ajoute : Nationale...?

Cela devient un sujet actuel et brulant... Actualité brulante, comme souvent, parce que ça touche là où ça peut non seulement faire mal, mais surtout là où ça fait peur dans une société, un monde qui n'en finit pas de panser ces plaies sans même les penser,vraiment, qui n'en finit pas avec ses fantômes, ses spectres enfouis dans les mémoires, même s'il veut faire de celles ci un Devoir !

Actualité ?

Un Ami très cher me demandait si je pouvais lui dire ce qu'identité nationale signifiait pour moi...
Impossible de lui répondre, je n'en sais rien à vrai dire !

L'identité, la quête du sujet... Savoir qui il est, qui suis-je ? Mais la définir...C'est déjà une question fort complexe, même et surtout pour la psychanayste que je suis. L'identité étant au coeur du Sujet !
Mais y ajouter cet adjectif alors là, je suis un peu perdue, même si la psychanalyste ni le sujet, ne sont pas dupes..

Qu'est l'identité d'abord ?
Et la nation...?

C'est bien difficile pour un sujet bercé par plusieurs cultures et plusieurs langues de se définir dans une seule. Bien complexe mais surtout bien réducteur
C'est bien compliqué pour un sujet vivant dans une campagne où l'étranger est celui qui n'est pas "natif"..C'est bien difficile dans ces conditions là, de définir "l'identité nationale"

Je ne comprends pas bien la question, encore moins le débat, à vrai dire peut-être parce que jamais celle ci ne m'a effleurée.
En exil perpétuel de quelque chose, nous le sommes tous, parfois malheureusement de nous même...
A la recherche d'une place, au sein de sa famille, de ses pairs, de la société...Nous le sommes tous aussi, certains y parviennent mlieux que d'autes, qui n'y arrivent pas !
La souffrance n'a pas de frontières, de langues, de couleurs, de religions....
La douleur non plus...
Avoir mal se dit dans toutes les langues, et sans parole...Nul besoin de mots, pour faire savoir ça à l'autre s'il est prêt à l'entendre
Alors l'identité nationale c'est quoi ? Se sentir d'ici, et pas d'ailleurs ? De quelque part et pas de nulle part ?
Mais c'est quoi au juste ce "quelque part" dont on doit se sentir ? Ce quelque part d'où on se doit d'être et aussi d'avoir ?

La bétise et la peur.. Couple infernal que celui là, l'un alimentant l'autre, l'un est l'autre, et que ferait l'un sans l'autre ? Ces "je t'aime moi non plus" ?
Une sorte de vieux couple, où s'est sournoisement, mais durablement infiltrée une vieille maitresse, la méchanceté qui invite parfois sa cousine pas si lointaine la haine.
C'est de cette relation là dont il est question. Le couple qui invite un ou plusieurs tiers.. Et il se passe des choses dans ce trio là, dans ce triangle là, une relation plus ou moins perverse, plus que moins quand même, cela dépend de qui prend le dessus. Mais une relation toxique...

C'est aisé d'instrumentaliser, d'user et brandir des vieux démons qui font toujours recette pour raviver la crainte, et le rejet de l'autre, différent. Mais différent de quoi, par quoi ?
Au nom de quoi ? Au nom de qui ?
Qui décide ça ? De ça ? Et pourquoi ?

Cette bétise là, je l'ai rencontrée enfant.. Où j'ai essuyé injures et insultes, humiliations aussi, parce que "je n'étais pas d'ici". Moi, je ne le savais pas. J'ai alors appris ce qu'était la bétise. Ma grand tante disait que c'était la pire des infirmités. Que nulle science ne parviendrait à en venir à bout !

Délit de faciés, de nom, de couleur, de peau, de cheveux, d'accent..
Identité nationale ? Alors ?
Pour ma part, je me sens d'ici, de partout, de nulle part... En exil...Ce "nulle part", il faut le lire dans les yeux de ceux qui arrivent.. Pour trouver un peu de paix dans un ailleurs qu'ils croient meilleur ! Mais qui au fond de leur âme gardent ce quelque chose de chez eux. Cette peine indicible... Nostalgie ?
L'Heimatsprache ?

C'est peut-être diviser au lieu d'unifier.. Autour d'une question qui n'appelle sûrement pas de réponses, ou d'étranges réponses...
Qui sait ?

Cet article a été publié par BD sur la page Facebook analyse et thérapies aujourd'hui et a donné lieu à un interressant débat.

mardi 1 décembre 2009

Le non du père

Ce non là qui ne transmet pas le nom...
Ce non, là, qui arrête tout net, brutalement, la transmission
Non, pas de nom...
Pas de nom du père car le père a dit non.
Ainsi en est-il de ces enfants là, qui grandissent, sans le nom du père... Sans le nom, de celui qui malgré tout reste le père. Est le père.

De nom parfois ils n'ont pas, parfois on les affublent de celui du saint du jour, de la rue où on les trouvé, du prénom à la mode alors, au gré de l'employé qui leur donnera un numéro...
On les dit alors "de père inconnu", mais connu de la mère, peut-être, sûrement, mais pas connu de l'autre, de l'Autre...
Pas de nom du père alors, laissé, resté là, car du père on ne sait rien, on ne sait et on n'en saura jamais rien, peut-être, sûrement...
Parfois le nom de la mère... Ultime cadeau, le seul, l'unique.. Si elle l'a laissé, en même temps que son enfant...Une sorte de signe, à défaut de signature. Laissant une trace, la sienne ? Ou laquelle ?
Celle d'un nom à elle, le sien, celui de son père... Le nom du père. Le nom d'un père.
Alors l'enfant porte le nom du père, mais d'un père qui n'est pas le sien, mais celui de sa mère ?
Quelle place alors sur l'échiquier familial ?
Non du père ?
Nom du père de la mère ? C'est à n'y rien comprendre. Transmission et transgression interdite, inconsciente et symbolique, de ce nom là, du nom de celui qui ne peut pas, en aucun cas... donner...

Ne peut pas être le Père ! Le père de cet enfant là.

Que faire de ce nom là... Le transmettre ensuite.... Et ainsi de suite
Et ainsi va le nom de la mère

La mère nourricière, parfois pas, la mère porteuse, parfois oui, simplement ça, seulement ça, mais c'est toujours ça....
Ainsi va le nom de la mère qui germe et construit, tente laborieusement de construire, de poursuivre une lignée....

Mais il manque quelque chose, quelque chose ne va pas...

Fragile édifice que ce chateau de cartes bancal... Qui menace de s'effondrer au moindre coup de vent, la moindre intempérie.

Bancal, ne tient pas droit, il manque un appui, fragile lignée qui s'en va au gré de...

Il y a un vide, celui du nom du père, à cause de ce non là. Plus on construit, plus il avance et plus c'est fragile. Ca peut s'effondrer d'un instant à l'autre... Longtemps après.. sans que celui sur qui ça tombe ne sache vraiment pourquoi
Innocente victime de ce non là !
Ca tombe et il tombe. Il aimerait bien savoir pourquoi ?
La faille est là. Repérable à un endroit précis; Impossible à colmater. A cacher peut-être... Maladroitement, à taire, mais combien de temps ?


Je suis bien le fils du père, la fille du père. Je porte le nom du père, mais de quel père ? Au juste ?
"Et ce n'est pas juste, juste, car le nom que je porte n'est pas le nom de mon père à moi, mais celui de ma mère, et c'est celui de son père à elle ! Je n'y comprends plus rien, car de ça, ca ne se peut pas..."
Pourtant ainsi soit-il de ces enfants là.
Nom de la mère au mieux, au pire peut-être.
Se raccrochant à une branche de l'arbre, sans possible appui sur l'autre branche de celle ci. Il ne s'agit pas alors du même, mais d'un autre, un autre arbre, non nommé, non su, non dit. Secret que cet arbre là, qui se dissimule dans l'épaisse forêt. Obscure crypte d'où s'échappe un beau jours tous les fantômes qui n'en peuvent plus de se tenir là.
Terribles que ces spectres là qui vous dévisagent et vous dévorent, disent et redisent, assénent en choeur qu'il manque quelque chose pour que ça tienne debout tout seul !
Que ça tienne ! Que ce foutu bricolage s'en va de partout, que le rafistolage qui a permis de tenir jusque là, s'éffiloche et se troue .
Troué, à force d'être ravaudée... La toile qui s'est tissée, ne tient plus,la trame pas suffisamment solide est au bout. A bout
Bout de force, bout de ficelle, bout de tout;...
Non, de non, ce foutu nom du père.
Au nom du fils !

mercredi 25 novembre 2009

Du mauvais usage des mots

"les mots ça fait mal" confie une analysante,
Les mots c'est pire que les coups
Des coups bas que ces mots là, des maux que ces mots là.
les mots font mal, les mots sont des armes qui touchent, qui blessent, qui tuent parfois, tout, ou simplement une partie de soi.
Visés et atteints en plein coeur
Au coeur de l'orage, au coeur de l'âme, au coeur du sujet. Cette flèche là, se fiche là.
Laissant une blessure, qui saigne, une blessure qui ne se ferme pas, qui ne guérit pas, car on ne panse pas l'impensable.

"Je ne comprenais même pas le sens de ces mots là,ces mots ? Ce qu'ils voulaient dire, j'entendais la violence, leur violence, je savais qu'ils n'étaient pas beaux, des gros mots, des mots laids" laideur, noirceur, poids de maux.
Vide de sens pour cette fillette qui les reçoit, mots visant la femme qu'elle n'est pas, pas encore. Femme, image, et représention impossible pour ce père là, que cette femme là
Une vision à lui... Là.
Mots sans nom, sans son, vide de sens et de représentation. Des mots qu'on ne symbolise pas... Pas tout de suite, mais qui font mal immédiatement, tout de suite, après, plus tard, toujours...
Des mots qui touchent, qui atteignent leur cible du premier coup, souvent, toujours !
Il faut être cruel pour utiliser cette arme là, ces armes là. Arme blanche, lame tranchante, effilée et sourde, mais qui fait résonner et raisonner toute la violence contenue dans quelques syllabes.
Il faut être cruel, pour utiliser cette arme là. Il faut être méchant. Il faut avoir cette volonté, ce désir puissant de faire mal, de détruire.
Le mal, le mal pour faire mal là où ça fait mal. Toucher là, où ça fait le plus mal.
Mot projeté en avant, mot qui s'échappe, qui fuse, sans retenue,sans cran d'arrêt, sans "sécurité"
Il ne faut guère avoir de cran peut-être pour user de cette arme là.
Une arme qu'on ne peut retourner contre soi. Une arme contre soi cependant, sûrement, une arme projetée sur les autres. En miroir !
"Je les entends toujours ces mots là...'"
On n'en guérit pas.

Ces mots de la haine, comme des obus, comme des mines anti personnelles, pourtant bien personnelles et personnalisées.
Singuliers que ces mots là. qui heurtent l'oreille, la mémoire et sonnent à la porte de l'inconscient toujours et encore ! Ils sonnent, raisonnent et résonnent toujours. Ne s'effacent pas, ne se gomment pas.
Comme la trace de craie sur le tableau noir, mais assombrissent les nuits blanches des insomnies de celui que en est blessé à tout jamais.

mardi 17 novembre 2009

Sublimation

mercredi 25 novembre 2009, à 10:48, en hommage mes amis artistes... Publié sur Analyse et thérapies aujourd'hui

Elle ne peut être que sublime. Forcèment sublime, au sens durassien, sublimissime

Bien heureuse sublimation, béni soit celui qui parvient à sublimer !
Mais sublimer quoi ?
Plus heureux alors que le malheureux qui ne peut montrer à voir que ses symptômes, témoins de sa souffrance et de son mal aise. Névrose, chargée d'angoisse et de culpabilité ?
Heureux alors celui qui a pu transposer aussi vite, aussi rapidement, qui a pu sublimer ses pulsions...
Qui a su dévier ces pulsions là en un "sentiment supérieur"... Qui a pu tirer sa force de ces pulsions là, pour créer, qui a pu les déplacer pour investir des "objets socialement valorisés"
Pulsions ? Pulsion ? Pulsion sexuelle.. déplacée vers un but non sexuel, autre....

Sublimation... J'aime m'arrêter aux seuls mots. Et celui ci est merveilleux, dans la forme, dans le fond, dans le son... Il est beau. Esthétique. De l'art à lui tout seul !

J'aime sa représentation...En fermant les yeux on imagine la sublimation d'un corps qui de l'état solide passe à l'état gazeux... Triviale réalité, mais elle l'est souvent ! Il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en convaincre
Pourtant ! Transformation de la matière, rapidement, en direct.. On ne passe pas par la case fusion, ni vaporisation. Une sorte de tour de magie ! Magique !
Oui, il y a quelque chose de magique et de merveilleux dans le mot et son acception.... Une sorte d'alchimie dont personne n'a le secret. Ou si peu....

Le secret ? Celui de cette recette un peu spéciale où l'on dévie sa pulsion... Déviation singulière qui satisfait la libido par la création. Création d'un objet, d'un texte, d'une matière alors ?
Pas d'angoisse ni de culpabilité,mais au contraire la satisfaction esthétique... une sorte de contentement intérieur, un bonheur intense.. ..Fonction cathartique... Bénéfice narcissique... Un bonheur ?
Celui de la pulsion assouvie. .De la passion ?

Une jouissance, une tension extrème, l'excés de cette tension là..Au delà du "principe de plaisir" , qui celui là, ne peut satisfaire que celui qui aspire à la sécurité, à la routine, qui vivote... Mais n'ose pas oser ! N'ose franchir cette ligne là... Non il se contente du "juste ce qu'il faut", cela lui suffit !
Parfois ce même regarde cet autre là, qui a franchi.. Qui a osé passé au feu rouge... Se dit qu'il aimerait bien, qu'il ferait bien... Mais n'acte pas. Reste fixé là... Mais éprouve une sorte d'envie pour celui qui a osé...Peut-être se contente t-il de son "sam'suffit" et se réfugie dans sa névrose toute ordinaire... ?

Sublimation...

Sublimation ? Où se situe t-elle alors ? Est-ce le chemin qui mène au résultat, ou le chemin lui même ? Ce cheminement intérieur, cette sorte d'ébullition intense, où tout semble permis, où l'accés au Savoir, au Tout, à la Connaissance, à la Lumière, au Soi nous est offert.
Ouverture sur l'Univers, et l'Infini... Etre dans l'infini...Parler un autre langage, un au delà de la langue, celui universel de la Création, qui pourtant n'est accessible queseulement parfois..

On ne sublime pas toujours ?

Un moment spécial et singulier qui ad vient, cadeau de l'Infini à celui qui est au rendez vous. A celui qui ouvre sa porte, sans crainte ni angoisse, à celui qui pense que tout est possible, que Tout peut-être, parce que Tout est. Il suffit d'en saisir un peu.. A sa manière, à sa façon...
Prendre les yeux fermés le chemin des Possibles, aller, avancer...Croire peut-être ? Avoir cette foi là ?
Ce moment fort, puissant et intense où Tout est possible car celui qui crée ne fait plus qu'un avec ce Tout là. Pourtant il n'y a pas de fusion.. Symbiose, non... trans fusion ?
Comme si cette force détournée de la matière se transformait... Comme si ce Tout pour un instant était limpide,accessible à sa conscience humaine, qui d'un seul coup devient in humaine, sur humaine...comme si toutes les réponses aux questions étaient données d'un seul coup..

Une sorte de Paradis, mais pas artificiel, au contraire...Au delà de l'artifice, au delà, du dicible, de l'imaginable...
Rencontre fugace avec un "au delà de soi" . Moment bref, intense et inoubliable, qui transforme en effet le sujet : Le Sublime....
Un état de grâce.. Les mots n'existent pas pour décrire ce bonheur là, cet état là.. Cet état où tout arrive, où la création ne puise pas son inspiration, mais où celle ci semble insufflée par ce Tout. Ce tout accessible seulement quelque fois.. Si on y prend garde...Si on laisse la faille.. Si l'on accepte cette rencontre singulière.
Un cadeau inestimable... Se laisser aller... Laisser venir, laisser parler... Laisse ad venir..

Sublimation évoque chez moi une lumière. Une lumière dans le noir qui jaillit. La Lumière... peut-être cet inconscient collectif dont parle Jung (dont je ne suis pas familière).
Ma propre définiton de la sublimation pourrait être "tutoyer le ciel et danser avec les étoiles !"
Ceux qui ont franchi cette ligne... Ceux qui ont vécu cette expérience singulière... Qui ont fait quelques pas de tango avec les astres se reconnaissent, je l'ai dit, déjà... Une lueur dans les yeux de ceux là. De ces mêmes qui ont ouvert la porte, sur le Ciel, et son immensité... Dans leurs yeux brillent pour toujours cet infime étincelle qui fait que l'autre sait...

Freud, malheureusement, n'a pas vraiment poussé plus loin la porte ni ses investigations. Trop "dans le désir" sûrement à faire de sa découverte une science.
Lacan a voulu décoder l'inconscient.. "Structuré comme un langage"..le lisant comme tel, lui faisant rencontrer la linguistique..Entre autre ?
Comment déchiffrer ce qui nous échappe ? Puisque l'inconscient nous échappe ?
L'inconscient est un territoire bien obscur, un vaste continent inexploré, inexplorable peut-être, qui ne nous livre que ce qu'il veut bien nous livrer. Nous offrant sûrement des cadeaux. Encore suffit-il de les voir et de les accepter.
La sublimation en est un, sans aucun doute !

Ecrit et publié par B.D
A ceux, qui à travers ses lignes, se reconnaîtront, trouveront écho...A vous !

Black trip

On se dit qu'il serait bien d'en finir. Que de cette manière là, enfin on serait tranquille.
En finir ! Définitivement avec tout ça. Que la vie est un enfer et que nulle part ailleurs, si toute fois ailleurs il y a ça ne peut être pire

Parce que le pire est ici, le pire est ce qu'on vit, tous les jours, depuis des jours et des jours... A n'en plus finir, à n'en plus conter, à n'en plus compter

D'ailleurs on ne les compte même plus, ni les emmerdes, ni les jours. A chaque jour suffit sa peine, même pas ! Puisque ça ne finit jamais.. Inlassablement, jour, nuit, jour, etc... S'il existait un entre deux, cet espace là aussi serait envahi...
Parce qu'il n'y a pas de place pour autre chose, ça tourne en boucle, et on aimerait, voudrait de toutes ses forces que ça s'arrête, que ça arrête...En fin !
Pour avoir peut-être enfin la paix, le silence, le silence de l'âme, le silence de l'esprit. La paix
Mais ça tourne, tourne et recommence sans fin, sans limite, sans arrêt..
On n'en peut plus, on ne trouve plus les ressources, les capacités pour faire face, pour s'adapter, pour ajuster. Pour montrer, à l'autre, à soi, montrer à voir !
Toute l'énergie passe à cela, trouver la stratégie pour faire face, pour affronter, pour se battre. Pour pas même gagner, mais sortir pas trop meurtri du combat.
Pas trop amoché, du moins que ça ne se voit pas trop..
La lutte est âpre et on sent bien qu'on est pas de taille, on se dit qu'on ne l'a jamais vraiment été, on se dit qu'on a fait semblant qu'on a pu tenir les quelques rounds sans trop montrer.. Sans trop montrer à voir.
Mais cette fois, on a envie que ce soit le dernier, qu'on compte jusque trois, et que c'est soit fini, fini pour de bon. On se dit qu'enfin de l'autre côté enfin on sera libre, qu'il n'y a rien, et que rien finalement ce n'est pas rien, et on n'aspire plus qu'à ce rien
On se dit que finalement c'est pas difficile, même que c'est facile, il suffit de fermer les yeux, de laisser, d'entendre...Un... deux... ne pas faire l'effort de bouger, de se relever, non de rester au sol, et d'entendre enfin le trois. Fin du match ! End game !
C'en est fini, pour de bon, cette fois..
Mais on pense, on se dit que peut-être on pourrait se rater... Et que..
On pense à toute cette merde qu'on va laisser à ceux qui reste... Et que
Mais on pense à toute cette peine qu'on va faire, parce qu'il y a quand même ... Et que
Mais on pense à ceux qui ont peut-être besoin de nous pour continuer à... Et que
Mais on pense, en boucle, et ça ne s'arrète pas, on n'arrive pas à y mettre fin
.....Deux.... Alors lentement, on se bouge.. on relève la tête le reste du corps, et dans un terrible effort
Il n'y aura pas trois !
Jusqu'à la prochaine fois !

vendredi 13 novembre 2009

L'autre femme

Dans ces cas là, il y a toujours une autre femme, forcèment une autre femme : "L'autre" !
L'autre femme nécessaire ..
Cette femme là.

Elles. Sans qui.. Sans qui elle...
Cette autre femme, souvent, est une inconnue, devinée, espionnée, jalousée, enviée, fantasmée,
Fantasmée...
Parce que forcèment cette autre femme là a quelque chose de spécial, de plus singulier. Forcèment.
Cette autre femme ! Une sorte de diable en jupons, souvent... Et encore ?


-"De jupons elles ne portent plus, elles ne portent d'ailleurs plus rien" dit en soupirant une de ces femmes, "victime" de 'l'autre femme"
Fantasmée, elle l'est, mais aussi, secrétement, désirée : objet de convoitise, d'envie...
Objet.
Sur elle se déversent la haine, les regrets, les remords, les colères, les angoisses, les peines, les regrets.
L'autre femme, femme perdue, cause de la perte, d'une perte !
La perte à soi. Perte d'une image, de l'image de l'autre femme que ce foutu miroir ne renvoit plus, au bout de toutes ces années.
De femme là, alors devant, soi, devant le soi devenu, n'est plus...
Il reste une image...
Et derrière l'image, devant soi pourtant, se profile, se dessine l'autre, autre visage, cruel celui là qui dénonce la faille qui fait que l'autre femme c'est Elle !
Alors sur elle se déverse le désespoir. Desespoir de ne pas être, de ne plus être peut-être, ou pire n'avoir jamais été comme cette "autre femme".
Elle... L'autre....Femme...

"Elle a le temps de se pomponner, elle, de se faire les ongles... Moi, je ne suis juste bonne qu'à torcher les mômes, faire le ménage, le reste, quoi..."

Et de la colère ! Ce "moi je" sous entendu "ne suis pas cette autre femme"

Comme si elle, elle avait ce plus, ce qui me "manque à moi". On fonctionne toujours selon ces opérations, selon cet arithmétique symbolique, ce qui manque là, on le cherche ailleurs, et on l'additionne. Ca doit le faire, faire une somme, un tout, un bloc.

Mettre le plus à la place du moins, combler ce qu'il y a en creux.
Comme cela serait simple. Du vide et du manque, il y a certes, du vide et du manque, il y aura, toujours. C'est ainsi, une sorte de tonneau des Danaïdes, comme si le manque appelait le désir, le désir pour combler le manque, un peu, mais pas tout, juste assez cependant, pour qu'il reste du vide, un manque encore à combler un peu.. Et ainsi de suite
Comme si c'était à cette "autre femme" de combler le manque. Mais manque y a t-il ? Et se comble t-il de cette façon là.
Autre. On est tous l'autre de quelqu'un.

mardi 10 novembre 2009

Mots barrés.

-"Tu as déjà terminé ?"

-"Ce jour là, le prof nous avait distribué des mots barrés... C'est facile, en quelques minutes j'ai fini, alors j'attends, les autres mettent du temps. Pour une fois que je suis bon.. !"

-"Tu as déjà terminé, ou tu n'as rien fait ? "
-"J'ai fini"
-"Montre moi."
-"Mais ce n'est pas possible, tu as copié ! "
-"Mais sur qui ? Les autres n'ont pas finis"
-"Mais alors tu as triché !"
-"Mais comment ? "
-"Je n'en sais rien, mais tu avais les résultats"
-"Quels résultats madame ?"
-"Mais tu as bien fait quelque chose, ce n'est pas possible..."
...
-"Tu seras puni... "


Oui...


"Comment voulez vous que je lui explique que je n'ai pas besoin d'une heure pour faire ça, les mots barrés je les vois, vous comprenez, vous, ils se détachent nettement des autres
Je regarde la grille, et immédiatement, ils sautent aux yeux.. On ne peut pas les rater
Alors je n'ai plus qu'à barrer, facile non... ?"

Et c'est n'est qu'un exemple dans l'histoire scolaire de cet ado.. Comme pour d'autres, qui d'un seul coup d'un seul trouvent le résultat, mais ne peuvent expliquer comment...
Savent "parce que c'est comme ça !

Lui, il sait lui pourquoi il fonctionne ainsi, il ne l'a pas toujours su et en a souffert.
On n'aime pas les différences, les personnes, les élèves qui ne comprennent pas, ou comprennent bien avant
"La réponse je l'ai avant même qu'elle ait fini de poser sa question... Je vois tout de suite où elle veut en venir... "

Il en a souffert, l'école n'est pas tendre avec ces enfants là, ni avec les autres. L'école ne fait pas de cadeaux. Elle n'aime que les "bons élèves" ceux qui sont déjà "formatés", qui conforte les enseignants dans une pédagogie et un enseignement dépassé, anachronique...

Qui les empêchent de remettre en cause des méthodes d'apprentissage désuettes, de voir, et regarder l'élève qui ne "fonctionne pas comme les autres", de s'y arrêter, de s'interroger, de chercher à comprendre...
Une seule tête et une seul, un seul enseignement et un seul...!
Tellement plus simple de se dire "celui qui ne comprend pas ce que je dis est un idiot...!" Je n'exagère malheureusement pas.
Isolement, repli, refus scolaire parfois... Des élèves doués, plus que doués parfois, relégués aux oubliettes... De cette immense machine à broyer !


Alors il a appris à connaitre, à comprendre, à identifier, à en savoir le mécanisme...Puis à accepter, et utiliser cette particularité là !
En faire un "atout"

-"C'est plus simple, c'est mieux de savoir. De savoir qu'on est pas fou, pas débile, c'est rassurant
Ca va mieux.. Je me sens plus à l'aise.."

Prendre le temps là où il faut, quand il faut, accepter aussi que souvent ça va plus vite, aussi, alors ne pas perdre le temps, là où il faut, quand il faut...

Avancer alors sur cette route singulière...
Pour suivre le chemin, son chemin...Trouver sa voie.
Compréhension de la singularité de l'autre, du fonctionnement autre de l'autre...
Savoir que cette particularité là fait partie de soi...Est soi !
A tous les enfants, élèves, ados et adultes que j'ai rencontrés et suivis dans ce cadre, aux enseignants qui, s'ils lisent cet article, puissent s'interroger sur ce qu'est la "préférence hémisphèrique" et avoir un autre regard sur les enfants qui soit-disant, " ne suivent pas"

lundi 2 novembre 2009

25 Frs

Elle n'avait que 25 fr, pour vivre elle, sa fille laissée à ses parents, dans sa Vendée natale, et son fils, ce dernier né... venant de naitre.
25 fr, pour trois ...
"Ce n'est pas assez, je ne peux pas "a t-elle déclaré alors à l'Assistante publique où elle a déposé son enfant, lui, le fils, le dernier né...quelques jours après sa naissance
Lui... Laissé là, quelques jours après qu'elle l'ai mise au monde ..
Mis et laissé au monde
Mais comment vivre avec 25 fr à Paris en 1900...?
Comment ?
"Le père voyant Mlle ....enceinte pour la deuxième fois la laissée et est parti sans dire où il allait" a scrupuleusement inscrit l'employé de l'Assistance
Formule toute faite... ? Père : case vide, néant, inconnu.....X
Père ?
Qui était ce père qui abandonne une femme a qui il a fait deux enfants...Ou un seul ? Nul ne sait, ou celui qui savait a emporté avec lui ce secret dans la tombe !

Secret, tombe, squelette, fantôme..Non dit, caché, tu, tué...Pas dit, honte, culpabilité, crypte........

"N'ayant plus d'aide et déjà une fille de quatre ans et demi en nourrice, se voit forcée d'abandonner le dernier né, ses gages n'étant pas suffisants pour les besoins de trois personnes"
Cruelle destinée...

Mais laquelle ? Celle de cet enfant laissé, confié à l'Assistance pour y être nourri...Celle de sa mère, obligée de laissé ce dernier né faute de moyens pour l'élever ?
Cruelle ? Pour qui ? Pour quoi ?
Ces destins là sont courants, banals presque... Peu d'argent...Donc pas de moyens.
Absence de moyens, a, privatif... Abandon, don, sans don, je laisse à...
Abandon..
Laissé là cet enfant pour une autre vie, une vie différente...Peut-être ?
Espérant alors que l'Autre, cet état providence substitut aura davantage de moyen. Un plus qu'elle n'a pas, car c'est seulement des moins qu'elle, cette mère là peut offrir. Comment donner du moins même si deux moins donnent soit-disant du plus ?
Moins... Laissé à.
Et de repartir pour sa propre vie, une autre vie, différente.... Sûrement, car elle ne pourra plus être comme avant. Peut-être ?
Historienne, je me suis interressée à l'abandon, celui des enfants, au cours des siècles, au cours du temps, je me suis interrogée aussi sur l'amour maternel, l'amour familial, le désir d'enfant... l'amour de ses enfants ?
Femme, mère, psychanalyste, je me suis posée, j'ai posé ces mêmes questions...
L'amour.... Comment peut-on parler de cet amour là, un amour qu'on ne connait pas, un contexte autre. 25 frs...
Nul ne peut juger, nul n'a le droit de dire, il fallait, il faut, elle doit, elle aurait du..
Nul, personne, ne peut, ne sait,

Qui sait ?
Etrange affaire que celle là... Une femme enceinte choisit de laisser aux bons soins de l'Assistance cet enfant là, le dernier né, qu'elle a porté neuf mois, et nourri une dizaine de jours... Pourquoi ?

Amour ? Maternel ? Liens ? Lait ? Nourriture ? Allaitement ? Maternel ? Lien....Mais lequel
Cet enfant là... Que sait-il de tout ça ? Je ne sais pas... Peut-être en sais-je davantage ? Davantage que lui, ais je pénétré ses secrets, dérangés ses fantômes, pour tenter de comprendre ce qu'il a tenu secret au plus profond de son âme.

A t-on le droit de remuer tout ça ? De rechercher dans tout ça ? De vouloir comprendre tout ça ?
Tout ça ? Moi. Avoir entre les mains ces vieux dossiers, lire "ça," ça m'a fait mal ! J'ai éprouvé, ressenti de la souffrance, toute la souffrance de cette femme, au guichet de l'Assistance.. Laissée, délaissée, abandonnée elle aussi à la détresse, celle de son être seul, face à cette décision terrible, face à ce choix tragique...

J'ai éprouvé de la douleur pour ce petit être, qui a grandi dans la froideur d'un orphelinat, dans l'indifférence d'adultes, dans l'hostilité peut-être de toutes ces familles qui l'ont accueilli non pour lui donner de l'amour, mais pour remplacer les bras partis à la guerre.
Les larmes sont venues à mes yeux, à la lecture du misérable pécule... Du peu que cet enfant là, ce garçon là a gagné à la sueur de son front à la peine de son âme, sans amour, sans chaleur....
25 Frs ne suffisaient pas pour une enfance autre que celle là ?
25 frs est-il le prix de la vie, de l'enfance, d'une rencontre ratée ?
Celle d'un rendez vous manqué avec l'amour de la mère....Mère où étais tu alors ? Mère ne sera tu donc jamais là, cette fois ?

A Arsel... A Armance... A... Comme Amour...

jeudi 22 octobre 2009

Quand il manque le début de l'histoire

On fait quoi, quand il manque le début de l'histoire, de son histoire, quand il manque, quand on ne sait pas, parce qu'on ne nous a pas dit ?
Quand notre histoire commence par "il était une fois... moi" ?
Et avant : le déluge.
Car c'est souvent de déluge qu'il s'agit !
Ancêtres quand tu nous tiens, ou plutôt quand tu ne nous tiens pas ! Quand tu n'es pas là pour lier, nouer, peut-être voire sûrement. Quand tu es absent pour tisser grâce à toi, l'immense toile dans laquelle tout sujet s'inscrit, doit s'inscrire
Toile... Toile d'araignée, qui se tisse, tisse, inlassablement le lien de A jusque... Soi
Mais on fait quoi alors quand tout commence par "il était une fois moi" ?
Car il faut bien commencer par quelque part
Je suis souvent confrontée à l'abandon.
Celui, celle qui est abandonné(e) et celui ou celle qui abandonne....

Ces rencontres là, pour des raisons très particulières m'ont toujours infiniment touchée...
Rien n'est plus déchirant que ces histoires là, ces histoires si singulières où il manque quelque chose, fragile chateau de cartes qui repose sur du vide, sur le vide
Le vide des origines
Abandon.. sous X, laissé, abandonné, "on n'a plus voulu de moi, on n'a pas voulu de moi,on m'a laissé là"
Ce là.. N'importe où parfois...
Et s'enchainent alors les histoires de vie terribles souvent, pas toujours.. Parfois, la famille d'accueil à défaut d'être aimante est "accueillante "
Mais... Famille substitut de famille, d'une famille qui a failli, qui n'est pas, qui manque..

Et souvent, toujours, cette question récurente, pourquoi, pourquoi moi ?
Moi, vilain petit canard, si vilain qu'on m'a laissé là..
Si vilain que pas aimable, gardable, vilain, bon pour être abandonnable..
Alors parfois vient ce besoin.
Ce besoin de rechercher, de retrouver trace d'une filiation, d'un nom, de racine, d'un début... D'une explication, d'un pourquoi, d'un motif.. Pourquoi?
Nul ne peut se contenter du "c'etait comme ça? " courant à l'époque
Historienne, je me suis penchée sur ce phénomène, les abandons à Paris au début du siècle précédent..
Mais l'Hisoire ne suffit pas ici à penser, encore moins à panser l'hitoire, l'histoire du sujet.
Déraciné, sans racine
On lui a oté ainsi, toute chance de savoir, de savoir d'où il vient, qui il était, qui était avant lui. Qui était là avant lui, qui a fait de lui ce qu'il est...
De où je viens ? De qui je viens ?
Questions sans réponse, pour toujours peut-être ?
Même s'il n'y a pas toujours de réponses aux questions qu'on se pose, même s'il n'y a pas une réponse, une bonne réponse. Cette question là, place le sujet face au vide, à l'inexplicabilité de son existence, de son issue, du "là d'où je viens" quasi fondamentale pour aller, pour vivre et devenir
Pourtant, rien ne semble joué, d'ailleurs rien n'est joué d'avance, nous avons, je le crois sincérement, infiniment, profondément le libre arbritre, le libre arbitre de notre destin. Celui d'écrire notre présent, notre futur, même s'il manque le passé
Ce passé qui manque et manquera, nul ne pourra le combler, c'est comme ces archives, ces trous, qui manquent, et qui ne permettent pas à l'historien de comprendre. De reconstituer.
Le romancier ou l'historien du dimanche inventera pour combler le manque, le chercheur dira "je ne sais pas, il y a des trous dans les années..." et n'écrira rien, puisqu'il ne sait pas
Ne pas savoir ouvre aussi la porte au fantasme, à l'imaginaire, à l'imaginé, à l'impensable pourtant mis en pensées... Et puis ?
On imagine, on fabrique, on construit.. On élabore, comme on peut, avec ce qu'on a, mais surtout avec ce qu'on a pas, on comble le manque avec du manque. Le seul matériau a disposition pour écrire le passé, l'avant soi..
Ou alors, on décide que ?
Et que l'histoire alors peut peut-être commencer par "il était une fois moi..."

Pour Arsel (comme j'aurai voulu pouvoir t'aimer davantage, avoir ce temps là) et Armance...
Pour Eric. Notre rencontre à permis d'écrire cet article, sois en remercié

mardi 20 octobre 2009

Mal de mère

Quelle souffrance que ce mal là....
Pas de remède possible, rien pour le soulager vraiment
Mal de mère, mal à mère, mal amer, mal, douleur, souffrance...
J'ai le mal de mère, j'ai mal à ma mère....
Combien de fois ais-je entendu ce mal là ? Ce mal sourd, qui ne se dit pas, qui prend racine, qui s'incruste, qui fait son lit, qui fait son nid, et qui grandit
Sourd !
Muet, car on ne sait comment l'exprimer, on ne sait l'exprimer, on ne sait si on doit, si on peut l'exprimer
Car ce mal là, ne se dit pas, il se vit, de l'intérieur, car il ronge, il démange et il tue à petit feu celui ou celle qui en est atteint,
Cette atteinte là n'est pas une vaine attente.. On est atteint, ce n'est pas vraiment contagieux, mais quand on le sait, le mal est fait !
Le mal de mère, il donne la nausée, le tournis, le vide s'installe et ne se comble pas
On ne sait pas vraiment comment le décrire... Dire comment ça se passe, mais ça ne passe pas, ça on sait le dire.
Indicible, indescriptible "indisable" me dit une adolescente... Disable, disette, famine, j'ai faim de ma mère, fin de ma mère, enfin....
Comment dire que l'enfant n'a pas été aimé, n'a pas reçu l'amour de la mère, de cette mère qui se dit la sienne
J'ai mal à ma mère, à la mère qui est la mienne.... Pourtant !
Si je ne suis pas aimable par elle alors qui pourrait bien m'aimer ?
Eternelle question, sempiternelle ritournelle sans faim, et sans fin, sans réponse...
Mal que ce mal là....
Alors comme cette mère presque grand mère, on s'invente une mère....Une mère qui aime, car en cherchant bien il se peut que.
On se raccroche à cet espoir là, à cette idée là et on quête : "On piaille des souvenirs" pour trouver l'indice d'amour, le signe, le flagrant délit d'amour de cette mère là, car une mère et c'est comme ça aime ses petits
On cherche encore dans ses souvenirs ou dans ce quil en reste, dans ce qu'on en fait, dans ce qu'on ramène à la mémoire...Au conscient, de ce qui fait q'uon voudrait cette fois qui advienne...
A mour....Enfin, un peu d'amour pour témoin.. Cet amour là, de la mère qui "vous voyez, je crois qu'elle m'aimait bien quand même...
Ce bien quand même ! En dépit de quoi. En dépit du rejet, des coups, des humiliations, des insultes, de la négligence, de la transparence, du mépris... Quelques gestes, quelques gestes d'aimer bien

Parce qu'une mère ça aime bien quand même un peu bien ses enfants, la chair de sa chair.. Mais cette mère là aime t-elle sa chair ? Car sinon comment aimer la chair de celle ci.
Chère chair ! Chair amère, chair à mère ! A la mer toute !

Alors on puise, on cherche en on finit par trouver l'infime signe qui pourrait laisser croire que...Qu'il y aurait eu peut-être un peu d'amour, là où manifestement tout laisse à croire qu'il n'y en aurait pas... Mais ?
L"infime signe...Qu'on n'aurait peut-être pas vu... Qu'on n'aurait pas compris... Pauvre de soi, qui n'a pas vu que sa mère l'aimait, que sa mère l'a aimé malgré tout, malgré quoi ?
Malgré les coups, les insultes, l'indifférence, l'humiliation....
Et on n'a pas vu, pauvre de nous, et de culpabiliser cet aveuglement, cette folie que de ne pas avoir vu que....Et d'avoir cru n'avoir pas été aimé
Et n'avoir.... Pauvre mère, et pauvre de soi !
J'ai le mal de mer avec tout ça, parce qu'une mère qui n'aime pas, ça ne se dit pas.

Mater familias

D'une main de maître, ou de maitresse elle mène son monde
Mater familias
D'une main de fer parfois, sans forcément de gants de velours, ou pas toujours, juste quand il faut, ou ne faut pas...
Elle mène, guide, élève, éduque, nourrit, corrige, inflige, inculque, explique, aime, n'aime pas...
Mater familias
Où est le père ?
Père y a t-il ? N'y a t-il pas ? Ou n'y a t-il pas assez ? Pas assez suffisamment ?
Mater familias, pour prendre la place inoccupée, déficiente, laissée vacante, mais pas forcèment vide... Vide du père, d'un père qui est là, sans être là, vraiment, ou là, un peu, pas suffisamment.
L'Histoire, mais aussi et surtout les histoires de femmes en sont le témoin, les témoins
Témoin de l'absence où ces femmes doivent répondre présentes...Une présence transparente, absente de la scène, une absence en apparence, masquant l'abscence de celui qui semble présent.


Mater familias..
Pour vivre, faire vivre, aller de l'avant...Combler de part et par leur présence cette place laissée, là, comme ça.
Main de fer, pas forcèment, même s'il faut prendre les choses, les res vitam en mains.
Res vitam ?
Je les entends souvent ces histoires de femmes, de maîtresses femmes d'hier qui ont marquées l'inconscient de ces femmes d'aujourd'hui.
"Fortes femmes" disait on aussi "dans le temps"
Une sorte de matriarchat, où l'homme n'est pas absent, mais ne semble pas tenir le rôle du pater familias, ce rôle que la société lui a pourtant dévolu. Une sorte de toute puissance.
Une toute puissance qui ne se discute pas, ne se refuse pas, mais se transmets... Digne héritage !
Pater y es tu ? N'y es tu pas ?
Pater où es-tu ? Quand viens-tu ?
Transparent ? Transparence... Mais que voir à travers ? A travers le père, à travers le prisme du père, Père à travers, travers du père, père au travers, père de travers. ?

Une patiente s'interrogeait sur cette lignée de femmes qui la précédait, elle qui ne voulait pas vraiment de cet héritage là, qui voulait l'homme, le père, un pater familias, pour elle, sa famille. Elle qui voulait dans sa vie, dans cette vie remettre de l'ordre, revenir à l'ordre, à l'ordre établi depuis toujours, par une société patriarchale
Matricarche, elle ne se voyait pas ainsi. Pourtant mère, grand mère, tante, arrière grand tante et cela depuis des générations jouaient au pater familias, devenant des mater familias, par goût, nécessité ? Elle s'interrogeait...
Pourquoi ces choix, pourquoi ces désirs là justement. Choix ? Nécessité ? Contingence ?
Elle parlait de cette famille "spéciale" avec des femmes qui faisaient tout, mais "qui n'avaient même pas le droit de vote ! c'est pour dire !".
"Tout...Sans elle, peut-être que je ne serai pas là ? Tout, car d'homme il n'y avait pas, ou si peu, d'ailleurs aucune photo, aucun véritable souvenir, si ce n'est que des mauviettes."
Alors pourquoi... ? Elle ne savait pas. La transmission était maternelle, de mères en filles... C'était semble t-il celle là qui importait. La seule transmission possible, le seul lien qui tienne.

Que ces filles là puissent surtout subvenir à elle même.
Une sorte d'autosuffisante pour affronter le demain, l'avenir, un avenir sans homme, ou sans homme suffisamment pater familias ?
"Comment se fait-il que ça se répéte, pourquoi ont-elles choisi ces hommes là ?"
Interressante question..
Subevenir, pour enfin ad venir...
Elle, elle ne pouvait subvenir à rien, et surtout pas à elle. Elle ne voulait pas, elle ne savait pas, ne décidait pas, pas même de la couleur du papier peint..
Remettre en ordre les valeurs, mettre de l'ordre dans les valeurs
Mais quelles valeurs ? Celles où l'ombre du pater familias plane, englobe, englouti, dévore. Omniprésent, omniscient, partout, toujours. Sécurité
Celle où la Femme, la Mère assume, assure, Mère nourricière, mais mater familias ?
Mère, femme, fille...Une sorte de dynastie qui transmet et qui se transmet un rôle, pas celui qui devrait, mais un ordre familial. Le sceau de la famille en quelque sorte. Une histoire et une affaire de femmes, de filles. Où l'homme est, mais à une place qu'il prend, qui reste, qu'on lui donne, qui lui échoit... Choit, choix ?
Quel choix ?
Délibéré, imposé par les circonstances.. Imposé. Posé ?
Femmes...

dimanche 18 octobre 2009

Histoires d'Histoire

Je suis historienne aussi..
J'aime l'Histoire et j'aime les histoires
Les histoires font l'Histoire
L'Histoire est la somme des histoires
Des histoires des hommes, des femmes, de toi, de moi, de vous, de nous, de nous tous

La somme. Gigantesque somme
Mais l'Histoire c'est tout ça
Etudiante en histoire, et encore aujourd'hui, j'ai parcouru les histoires, celles de ces femmes et de ces hommes qui ont vécu il y a des siècles avant nous.
J'ai lu leurs lettres, leurs écrits, leurs billets, leur testament..
J'ai lu pour comprendre
J'ai dressé leur généalogie pour comprendre, m'y retrouver...Les comprendre !
Mais quels liens avec les hommes d'aujourd'hui ? La psychanalyse ? La thérapie ?
Quels liens avec ces histoires là d'hier et ces histoires d'aujourd'hui ?
Celles que disent les sujets en thérapies, en analyse.
Leurs histoires, qui façonnent l'Histoire de demain....
Généalogie... Psychogénéalogie.. J'ai déjà parlé de tout ça dans de précédents articles, de ces fardeaux, cadeaux empoisonnés, boulets, héritages et secrets dont on aimerait parfois se passer, passer.. Faire passer, parce que justement ça ne passe pas
Plusieurs de mes patients racontent leur "histoire",mentionnant par là "les histoires de famille"
Souvent ils ont cherchés, reconstitués ces histoires là, comparer des dates, des faits, "troublants"
Ils cherchent alors à comprendre, à savoir ce qu'on ne leur a pas dit, cachés. Ils découvrent des invraisemblances, des mensonges, par omission...
Des "histoires" encore...
Pourquoi on ne m'a pas dit ça... Je croyais que... Regardez ces dates, ça ne peut pas coller ?
"Des mensonges, que des mensonges... Rien que des mensonges, cinquante ans de mensonges, j'ai l'impression d'avoir été trahie, manipulée, qu'on s'est foutu de moi.. Et comme une idiote j'ai continué à dire, à transmettre ces mensonges..."
Mensonges ?
Petits arrangements avec la vérité. Pour ne pas dire la vérité, la travestir, l'habiller un peu mieux
Tellement cette vérité là est difficile, impossible à affronter, à voir, à regarder en face
Parce qu'elle ne va pas, ne convient pas, on l'arrange alors un peu...
On ne dit pas tout, on oublie, ce qui coince, ce qui gène, ce qui "ne fait pas beau sur la photo" ce qi gâche le décor
Car ce décor là, on le veut irréprochable
Cet oncle là, on ne m'en a jamais parlé, je ne savais pas qu'il existait... D'ailleurs il n'existait pas ou plus... Rayé de l'arbre, cassée la branche , casser la branche. Supprimer...
Comme aux Archives, ces personnes rougissant devant l'acte ne mentionnant pas le nom du père...Encore lui, ce fameux Nom du Père !
Le manque du NDP !
On ne peut transmettre que ce qu'on nous a transmis, raconté, omis, oublié, rapporté, arrangé...Et on arrange aussi nous même, à "notre sauce", un peu comme une recette qu'on améliore...Ou non...
Histoire d'histoires, des historiettes disait-on au XVII° siècles, mais des histoires de famille, qui deviennent en effet des histoires de famille ! De celles qui fâchent parfois, qui séparent... Qui laisse une branche de côté, une branche sciée... Une branche élaguée, parce que génante, parce qu'on espère qu'ainsi l'arbre repoussera un peu mieux
Mais de quel côté sommes nous assis ?

samedi 26 septembre 2009

L'ogresse

Elle dévore, tout.
Elle a dévoré déjà, mais ce n'est pas assez, il lui faut encore et encore, toujours plus
L'ogresse...
"Je suis la petite fille de l'Ogresse" me dit un jour une analysante. Mais j'ai décidé qu'elle ne me dévorerait pas.. Elle a pourtant essayé...
Ogresse, effrayante et terrifiante
Syndrôme de l'ogresse, complexe de l'Ogresse ?
En tous cas, il faut s'y arreter, tenter de comprendre, tenter de démèler ces fils, ces noeuds, qui se sont tissés, fermés cadenassés sur des générations.

Femmes encore !
Femme toujours, parce qu'elles transmettent ? Donnent la vie ? Donner la vie ? Est-ce vraiment un don.
Chateaubriand écrivait que sa mère la lui avait "infligée"..
La mère donne t-elle ? Et que donne t-elle ? A la fille, à un enfant, une fille, mais qui n'est pas forcément "sa" fille.
Le devient-elle ? Comment ?
Que signifie ce "sa", sa fille, ma fille, ce possessif, qui montre, désigne, le lien.
Le lien, la filiation, le fil conducteur, le lien qui attache, qui relie, l'un à l'autre, l'autre à l'un
Un fil à la patte, un fil à la pâte.... Mettre la main à la pâte, pour que ce fil ne soit plus à la patte ?
Trancher, couper, le fil, telle la Parque... Mais qui des deux ? Qui de ces deux là coupe, tranche le cordon.... ?
Femmes et filles, mère et fille fille et mère, c'est cette relation là...Qui interpelle, qui s'interpelle, qui se mèle, qui s'enmele, s'en mèle
QSu'il faut déméler
Qu'un jour, une fille petite fille une femme décide de déméler, de dénouer, pour mettre un terme pour pouvoir respirer, pour vivre. Sans être étouffé
Il faut pouvoir, se sortir de ce noeud là, qui enserre, étouffe, insidieusement , qui tue... Au fil du temps !
Il faut vouloir.... Il faut aussi que la souffrance soit forte, trop forte, et qu'il faut à moment donné que ça cesse. Et de chercher pourquoi ça fait mal, et d'enquêter sur le pourquoi ça coince....
Choisir de travailler en ce sens, dire que ça vient de l'enfance, avant l'enfance, et que l'enfant, celui là a mal, car on lui fait mal, ce on là, c'est l'adulte, des adultes qui pourtant sont là pour prendre soin de lui, l'aimer... Au mieux
Des adultes aimants ? Mais n'aimant qu'eux même, aimant l'autre pour eux mêmes, aimant cet enfant là pour eux mêmes
Et de relater comment cette ogresse ravit l'enfant de sa fille, ravit l'enfant de la mère
Offrande ? Rapt ? Ravissement ? Confiscation ? Enlèvement....
Prendre pour soi, prendre par devers soi. Enlever, oter, confisquer, retirer,
Comme si la fille ne pouvait garder, élever cet enfant là...Comme si elle l'Ogresse, seule elle pouvait le faire. Se donnait cette légitimité là.....
Légitimité, car c'est bien de cela qu'il s'agit
Mais qui décide de ça ?

vendredi 25 septembre 2009

Passion ?

Ils se sont séparés il y a des années maintenant, longtemps, cela fait si longtemps pense t-elle !
Pourtant elle pense encore, elle y pense toujours, pas un jour sans qu'il n'occupe ses pensées
Elle sait que pour lui c'est pareil.
Cela fait des années, bien des années, longtemps, si longtemps qu'ils ne se sont pas parlés
Pourtant elle n'a pas oublié le son de sa voix
Elle l'entend toujours lui parler, lui dire...
Ils ont chacun leur vie, maintenant, depuis longtemps, ils ont comme on dit "refait leur vie"Si tant soit peu qu'on peut refaire, faire à nouveau, une vie, une autre vie, un vie différente. Un autre départ, pour une autre arrivée peut-être ?
Chacun vit loin de l'autre, à des Km, loin, comme pour être sûrs de ne plus jamais se rencontrer, se retrouver... Jamais
Pourtant, il occupe ses rêves, elle accapare ses pensées
"Ton père va bien ? " "Ta mère va bien ?" demandent-ils innocemment à leurs enfants.
Comme si cet "aller bien " de l'autre était essentiel à leur aller bien à eux...
Pourtant, ils sont séparés
Ils se sont quittés parce que la vie à deux, à eux deux n'était plus possible, parce que l'amour quand il devient passion est aussi parfois et souvent destructeur.
Destructeur...
Ils ont vécu tous les deux, une de ces histoires d'amour comme on voit au cinéma. Ils se sont trouvés, aimés et plus quittés. Mais le feu et le feu ne peuvent s'apprivoiser, composer, être.
Tous les opposait, c'est ce qui sûrement les a rapprochés. Transgresser les interdits, aller vers l'inconnu, un autre étrange, et étranger à soi, à sa propre image
Un autre qui osait, ce que soit même seul, on n'aurait pas osé. Un de ces autres qui font qu'avec cet autre tout devient possible. Yes ! I can...
Jamais il n'avait envisagé la vie sans elle, elle peut-être parfois ? Mais il était là.
Chacun partait pour l'aventure, sans se soucier de l'autre, comme s'il était seul, comme s'il vivait pour lui, seul à côté de l'autre, là. Se déculpabilisant en pensant que de toute façon l'autre ne le rendait pas heureux, à ce moment là, mais chacun revenait à la maison, et tout recommençait, plus fort encore..
Un amour passion comme ça, pense t-elle ça n'arrive qu'une fois dans la vie. Elle est heureuse d'avoir connu ça, même si cet amour là la détruite, les a détruits, tous les deux, leur vie, leur vie à deux... Leur amour. Leur ensemble. S'aimer aussi fort c'est aussi se détruire aussi fort, avec la même force, une pulsion de vie, de survie et d'en vie... d'en Corps !
Se faire mal aussi fort qu'on s'est aimé... Amour, haine, passion, douleur, souffrance, une sorte de limes pas défini, un fil tenu, le fil du rasoir, l'équilibriste... Un amour en border line...


"Il faut mieux être foutu, que ne pas être du tout."
Pourtant, elle est, toujours... Belle, jolie, aimable, mais elle se sent "abimée, lasse et fatiguée"

"Ca vous met à plat comme un combat de boxe. KO. Plus envie de s'en relever, vraiment, envie de tranquillité, de calme plat, envie de rien, car après ça tout est plat, inodore et sans saveur"

Sa vie à elle, lui semble triste, monotone, elle n'aime plus, plus aussi fort, ce n'est plus possible, "Quand on a aimé comme ça, on n'a plus rien à donner"
Plus rien, comme si elle avait épuisé tout l'amour possible, la passion...
Elle ne regrette rien, et rêve toujours de lui, ils se retrouvent et s'aiment encore, toujours, la passion est là, elle pleure parfois au réveil... Ils se retrouvent ainsi. Elle attend ce rendez vous.
Elle sait que c'est folie, il est son seul amour, elle n'aime et n'aimera jamais que lui !
Parfois elle ne sait plus si le rêve est réalité, l'autre jour elle s'est réveillée, en larmes, elle avait compris que c'était fini...qu'il avait refait sa vie, son rêve le lui avait dit.
Pourtant, elle recommence à rêver de lui, encore, et toujours ils se retrouvent et s'aiment à nouveau.
"Votre mère va bien" demande t-il encore et toujours à leurs enfants.
Mais ont-ils une seule seconde cesser de s'aimer ?

Image 6

Elle ne sait pas quoi faire de sa vie, à l'entendre, elle n'a jamais vraiment su quoi en faire, et à présent, elle ne sait plus du tout.
Elle pense que si elle se retourne et qu'elle fait le bilan, il n'y a pas grand chose de bien "les enfants peut-être ? Et encore ils ont fichu le camp et je n'ai pas souvent de nouvelles.."
Elle est persuadée qu'elle s'est sacrifiée, enfin, pas vraiment, mais que c'est un peu ça... Qu'elle s'est laissée allée au fil du temps, des événements, de la vie elle même qui a décidé pour elle.
Décidé... Il semble qu'elle n'ait jamais vraiment décidée. Même de venir ici. Ce n'est pas elle qui l'a décidé. Elle pense cependant que ça peut-être bien, lui faire du bien.
Elle n'est pas vieille, pas jeune non plus et refuse de donner son age, de se donner un age
Ca ne veut rien dire, sauf qu'on a tout raté, que tout est derrière et qu'il n'y a plus rien devant.
Elle est seule. Mais tout le monde est seul
Elle voudrait pourtant qu'on s'interresse à elle, qui ? Elle ne sait pas vraiment, mais quelqu'un peut-être ?
Elle est toujours mariée, depuis des années, qu'elle ne compte plus non plus, mais à quoi bon ? Elle le reste puisque c'est comme ça, et que ça a toujours été comme ça. Elle l'est restée dans un premier temps pour les enfants, puis quand ils sont devenus grands, elle, était devenue "trop vieille"
Et puis les habitudes... C'est comme ça "moche, mais pas de surprise"
Des surprises, il semble qu'il n'y en ait eu guère dans sa vie, elle aurait bien aimé, mais "ça n'est pas pour moi ces vies là, ces aventures là..."
Comme si la raison l'emportait sur un désir profond, non dit, et inassouvi.
Comme des regrets dans le ton, dans les silences.. Ces aventures là ?
Elle aurait bien aimé vivre autrement, avec un peu plus de "passion". Mais c'est bon pour les films, les feuilletons, "les feux de l'amour"
L'amour elle dit ne pas y croire, ne pas vraiment savoir ce que ça signifie. Elle a rencontré celui qui est devenu son mari, mais elle ne sait si elle l'a aimé
"On s'est entendu, et puis je ne voulais pas vivre seule, alors..."
Pas de dépit, une sorte de résignation, de sacrifice ! Encore lui
Sacré sacrifice... Mais qui ? Qui demande ce sacrifice là ? Qui le lui demande ?
Et en échange de quoi ?
Elle répète souvent "sacrifice" "Je me suis sacrifiée" pour son mari, ses enfants (ils ont quand même une bonne situation, et n'en sont même pas reconnaissants")
Silence, silence et silences. C'est tout pour cette fois ci
Elle s'en va... Dit à la prochaine fois. Fatiguée, lassée, vidée par des années de sacrifices !

Dans la nuit...



jeudi 24 septembre 2009

Libres

"Nous sommes libres de tout, sauf de ne pas être libres"
Jean Paul Sartre...

Si cela vous tente, de réflechir, de méditer, et surtout de partager, je serai très heureuse de lire les commentaires et d'en parler !

mardi 22 septembre 2009

Soraya

C'est par hasard (?) que je suis tombée sur la diffusion de ce téléfilm en zappant sur mon "OK"
Pas très envie de regarder quelque chose de long, compliqué alors nous nous sommes dits que "Ca ferait l'affaire" sans trop d'entrain
Je ne connais que trop peu l'histoire de l'Iran, j'en sais ce que m'en ont dit mes amis (dont un très cher, que j'aime beaucoup) qui ont fuit ce régime du temps du Shah... Je connais encore moins cette princesse, j'avais entendu son nom, toute petite... "Pauvre Soraya !)
Peu convaincue par le glamour et le côté "roman feuilleton" du début, je me suis pourtant laissée portée par les deux parties de l'histoire
Histoire triste et terrible qui débute pourtant comme un conte de fées
On oublie souvent que ceux çi, contrairement à la légende, finissent, comme le chante Catherine Ringer"mal en général"
Celui ci particulièrement.
Et de penser ensuite : La Femme, encore elle ! Qu'elle soit princesse ou roturière son sort n'est guère enviable, vraiment...
Une femme, acceptable, et qui pourra être une mère. C'est surtout ce qu'on lui demande, ce qu'on attend d'elle. La transmission, et quelle mission que celle là !
Le destin de Soraya, se résume à la fonction de "mère porteuse d'un héritier"
Au XX° siècle !


Peu à peu me sont revenues ces réflexions, cet "engouement" pour cette princesse des mille et une nuits, aimée, adulée puis abandonnée, reniée, répudiée, parcequ'elle n'a pu enfanter.
Ventre vide.... Vacuité...Exilée.
Il ne lui resta que le titre de princesse ! la Belle Affaire
Quand les petites filles rêvent et jouent à la princesse, belle robe, bijoux...Parures, diamants et dentelles...Prince Charmant...En rêve, fantasme.
Mais en vrai ?
Tragédie ?
"Princesse aux yeux tristes" C'est ainsi qu'on la nomma, après, quand loin du Palais, la pauvre femme se réfugia dans sa peine et son malheur, celui de ne pas avoir été capable d'être mère, de ne pas avoir été une mère, de ne pas avoir donné un héritier.
Bonne à rien !
Tragédie !
Ces yeux tristes...
Elle me rappelle une autre princesse, qui avait elle aussi ce regard triste, si triste..
Pourtant, elle a donné un héritier. Elle
Le sort des princesses n'est décidement pas enviable !
Et de se demander encore pourquoi ces destins là suscitent des réactions, de la sympathie, voire de la compassion du public, des autres, de ceux qui regardent, qui voient, spectateurs passifs et voyeurs de ces vies brisées ? Qui assistent impuissants à la vie de ces soit disants puissants.

Comme si quelques part, ces autres là, ne trouvaient pas ici, dans ces vies là, une part d'eux même, un fragment de puzzle, un morceau de souffrance, un vestige de quelque grandeur, espoir, douleur passée.. Ou à venir ?
Comme si cette souffrance, ces malheurs, ces peines, ces chagrins ne rendaient pas plus proches ?
Comme si finalement, ces destins grandioses, enviables n'étaient que pitoyables...Il semble alors que cette pitié fascine.
Ou bien elle émeut, elle ne laisse pas indifférent, ces souffrances montrées à voir, font pleurer dans les chaumières. Comme si le malheur était plus accéssible que le bonheur. Qui lui fait des envieux.
Troublant !
Soraya, princesse aux yeux tristes, princesse dans une cage dorée, princesse qui n'a pu voler des ses propres ailes brisées par... ?
Curieux destin que celui de ces femmes "célèbres", dont la vie privée se confond à la vie publique...Mais y a t-il une frontière ? Un infime limes qui peut départager, cliver ?
Je me souviens de ces difficultés rencontrées lors de mes travaux de recherche en Histoire, devant ce corpus que je ne savais ordonner. Mon directeur de thèse vint à mon aide et me dit"vie publique et vie privée... Peut-être ? "
Mais comment faire cette diffèrence ? Je n'en vois pas, il n'y en a pas ?

C'était par là, qu'il me fallait donc commencer...

mercredi 16 septembre 2009

Image 5

Elle passe la plupart de ses après midi à faire du shopping, elle n'a pas grand chose à faire, d'autre.
Elle s'ennuie, sortir, faire les boutiques, ça la distrait.
Elle n'arrive pas vraiment à s'occuper autrement..;

Les enfants sont grands maintenant, ils ont quitté la maison, elle y est seule la plupart du temps, son mari travaille, il est absent, alors elle s'ennuie
Quand les tâches ménagères sont terminées, elle sort, elle ne regarde pas la télé, comme ses copines, ça ne l'interresse pas, elle ne lit pas, ou alors quelques magazines féminins.
Des magazines qui parlent de mode, de maquillage, de nouveautés.
Elle ne va pas non plus au cinéma, ça ne l'interresse pas !
Alors elle sort, elle va en ville, ou prend sa voiture et va dans les grandes villes de la région
Elle s'y promène des journées entières, rentre dans toutes les boutiques, n'achète pas forcément, mais se laisse quand même tenter, par un "sac", un "petit haut", un vétement qui s'il ne l'est pas, devient vite indispensable... pour elle
Elle n'en n'a pas vraiment besoin, même pas du tout. Mais elle le voit, le repère, l'essaie, hésite parfois, le laisse, puis y pense, elle ne pense même plus qu'à ça, cela devient dit elle "une obcession"
Il lui faut alors, elle repart dans le magasin, appele la vendeuse de son portable pour qu'elle lui mette de côté...
Elle essaie, des vétements, à n'en plus finir, il faut être tendance "fashion"
Elle lui faut posséder le sac ou les bottes vues sur le dernièr magazine... Elle aime les vétements, s'habiller.
Elle change tous les jours, plusieurs fois par jour, parfois,
Quand elle rentre, elle déballe ses achats, et se demande où elle va les ranger, alors elle reste des heures devant son armoire et se demande ce qu'elle va entasser dans une valise pour les mettre au grenier. Les ressortir un jour "la mode est un éternel recommencement"
Elle sait qu'elle n'a pas vraiment besoin de tout ça, mais c'est plus fort qu'elle, elle a besoin d'être, et pour être, il lui faut avoir. Avoir pour être vue, regardée, des autres.
Elle sait qu'elle est, qu'on la regarde parce qu'elle a sur elle les derniers vétements de la dernière collection de la boutique la plus chère et la plus en vue de la ville
Ca lui donne une certaine assurance, ça lui permet d'être...
Elle ne parle jamais d'argent, de ce que ça coûte, de ce que ça lui coûte "'j'ai encore fait chauffer la carte bleue.. " dit-elle en riant
Elle ne parle pas non plus de ce qu'en dit sa famille, son mari....Comment ils trouvent ses derniers achats...
Elle fait attention à elle, à son image, sa ligne..."Si jamais je ne rentre pas dans un 36, ou un 38, c'est catastrophique, je ne mange plus, je fais du sport, jusqu'à temps que je puisse retrouver une taille normale"
Elle ne pense jamais que les tailles peuvent varier, que parfois un 40 peut-être un 38....C'est elle qui ne va pas... Alors !
C'est elle qui est en cause, c'est elle qui est la cause
C'est elle qui est face au vide, au vide de l'ennui, à cet énorme gouffre, qui telle une spirale l'aspire...Elle a sûrement tenté de se débattre, de se défendre, de résister.
Et puis à quoi bon !
Alors elle achète, elle dépense pour remplir, elle compense, l'argent qu'elle lache, le moins pour engouffrer tous ces plus dans son armoire.
Pour se revêtir de tous ces a tours qui lui donnent la vie, qui la font être alors qu'elle ne fait qu'avoir.
Avoir...Ne faire qu'avoir, se faire avoir, avoir fait...
Avoir, être, devenir, rester
Verbes d'états..........................................................

lundi 14 septembre 2009

Désujetisation

Désujétiser, ce verbe n'existe pas, désujétisation non plus, mais ce néologisme me parait décrire exactement le processus qui consiste à oter sa qualité de sujet à l'être humain
De sujet il devient objet
Se trouve, se retrouve au coeur de la possiblité de manipulation.

C'est une opération singulière et méthodique que celle là, scientifique, presque tayloriste
Une opération de désincarnation, de décorticage, de démontage, méticuleux, précis, ordonné
Certains en deviennent maitres.


Désujétiser
C'est partir du postulat que sujet il y a. De se placer de ce côté là. D'y rester, côute que coute.
Il se conforte dans sa position de sujet

Toute la réussite de l'opération consiste en la considération de l'autre, ou plutôt en sa déconsidération
Ne plus le reconnaitre comme sujet. Si l'autre est différent, singulier dans sa position d'autre justement, semblable mais différent. Il devient différent, autre autrement
De sujet il devient objet.
Ainsi convaincu de cette différence, les rapports de force, ou tout simplement les rapports relationnels ou communicationnels ne sont plus équilibrés. La balance penche forcément plus d'un côté que d'un autre.
Objet. S'adresse t-on à un objet ?
On assiste alors au schéma suivant : un sujet A qui entre en relation avec un sujet B qu'il a objectivisé.
le sujet A jouit de sa puissance de sujet et peut user de B, objet, en toute quiétude, et surtout en l'absence de culpabilité.
La banalisation de l'autre...Donc se donner la possibilité, s'autoriser de soi même à en user, en abuser. Instrumentalisation.
L'objet ainsi est soumis à la destruction psychique lente et méthodique de son "agresseur"
Agresseur qui lui aussi, c'est plutôt banal est un sujet ordinaire. Une sorte de monsieur "Toutlemonde"
Avec un profil singulier, qui tire sa jouissance dans la désujétisation de l'autre.... Son instrumentalisation
Pas forcément pour l'utiliser, mais surtout pour jouir de cette perte de qualité de sujet de l'autre anéanti...
S'installe alors un rapport particulier, une relation dysfonctionnelle. Une relation qui ne tient pas, qui cloche car elle fait mal, elle fait mal à cet autre qui a perdu sa qualité de sujet
Une relation qui n'est plus à armes égales. Car c'est bien d'armes qu'il s'agit, d'absence d'arme
Un est armé, l'autre n'est pas, un peu comme s'il tirait dans le dos...
Harceleur, agresseur, victime, agressé
L'un et l'autre, mais l'autre n'est pas l'un
Un des deux y laisse sa peau, son moi peau, ce qu'il est.
C'est un deuil impossible à faire, car inreprésentable, car insidieux...
L'un donne les coups, l'autre les reçoit, mais ce n'est pas aussi simple que ça.... Il se passe quelque choses dans cette relation là, singulière qui s'est nouée entre ces deux là...
C'est peut-être du côté de ce lien là, de ce qui s'est tissé qu'il convient de s'interroger
Comment, quand et pourquoi ?

Reg arts


samedi 12 septembre 2009

@mi

Ce jour là elle est triste, désespérée..
"Je viens de perdre un ami"
Silence...Puis elle se reprend, devant mon regard interrogateur..
'Un ami ?"
"Oui, enfin, c'est sur internet, vous savez, je suis inscrite sur ....et j'ai des amis, des tas d'amis et ce matin, je vois qu'il en manque un..."
Silence, elle se reprend
"Oui, je regarde plusieurs fois par jour combien j'ai d'amis, des personnes qui demandent à être mes amis, ou qui acceptent mon invitation à le devenir..."

Elle est inscrite sur ce réseau social, depuis quelques temps, elle y a des amis, la plupart elle ne les connait pas, ne les a jamais vu, et ne les verra sans doute jamais.
Un nombre d'amis, important, sorte de baromêtre de popularité, témoin du lien social qui se crée, qui se fait, se noue au hasard de rencontres virtuelles, d'inscription à des groupes, pages, discussions, intérêt commun
Des amis.

"Ami, ce mot là signifie quoi pour vous ?"
Elle hésite, ne sait pas vraiment quoi et comment répondre
Puis "Je ne sais pas exactement dire, des gens.."
Puis de parler du net, des forums de discussions, de tout ce temps qu'elle passe derrière son écran devant son clavier
"C'est facile, un clic, on parle, on discute, on raconte, on voit ou non, on chatte, tout ça de chez soi, sans mettre le nez dehors
Justement le nez dehors, elle le met de moins en moins
"Pour faire les courses, et encore, tout ce que je peux commander sur le net, je le fais, c'est mieux"
Gain de temps, pas vraiment, du temps elle en a, peut-être trop, justement, un trop de temps qui fait vide, qui donne le vertige...
"Et cet ami perdu ?"

"Il manque un ami sur ma liste, il n'est plus là, il est parti, il s'est rayé de ma liste...
J'ai fait des recherches pour savoir s'il était toujours inscrit, il l'est, mais n'est plus mon ami.. "
Silence
"Je ne comprends pas, je n'ai rien dit, d'ailleurs je ne lui ai jamais vraiment parlé, en fait, j'ai simplement cliqué sur le lien pour accepter cette amitié.."
Elle me regarde "oui, on clique pour accepter ou non, c'est bien..."
"Cela me faisait 80 amis, vous vous rendez compte, moi qui ne voit jamais personne !"
Nous y voilà donc...
Jamais personne.
Et d'expliquer que : "En vrai, dans la vie de tous les jours, je ne vois personne, je ne connais pratiquement personne, la caissière de la superette, le facteur parfois...un voisin.. Mais sinon..."
L'isolement social. Voulu ? Cherché ? Souhaité ? Suscité ?
Crainte de l'autre, de son regard, de son être "en vrai" de sa présence dans le réel ?
Refuge dans le virtuel ou un seul clic engage une relation d'amitié ?
Mais quid de l'amitié ?
Elle ne peut définir ce terme, elle ne sait pas, elle parle bien des copines qu'elle avait en classe, des filles avait qui elle sortait, des gens avec qui elle travaillait

Mais ce n'était pas des amis..
Alors, ces vignettes, au coin d'un profil, ces gens, ces personnes inconnues, sont des amis ?
Et pourquoi ?

Plus tard, nous essayons de parler de cette perte là, de cette désinscription de sa liste, de cette dés affection. De cette dé faction. De cet abandon.
Abandon, il s'agit bien de cela? La perte, d'une amitié... Virtuelle relation inconnue, d'un inconnu,
Pourtant elle ressent quelque chose de très fort, de la peine, du chagrin, une certaine souffrance, celle d'être le "mauvais objet" qu'on laisse au bord du chemin qu'on déclique...
Elle culpabilise, se demande ce qui sur son profil, sa photo ses commentaires aurait pu déplaire à cet ami qui l'a quitté...
Elle ne peut admettre qu'elle ne porte aucune responsabilté. Elle souffre.
Une souffrance bien réelle, qu'elle reconnait cependant disproportionnée et irraisonnée, mais qui est pourtant là, et contre laquelle elle ne peut rien.
Contre laquelle elle ne peut rien, vraiment, qui fait qu'elle se sent ridicule, mais c'est ainsi
Si cet @mi l'a quitté, c'est que....
Il y a donc du manque, du moins 1 sur sa liste, du moins qui retire du plus
Un moins d'amour, d'amitié, un moins qui s'est retiré
Qui lui est retiré !

jeudi 10 septembre 2009

image 4

Il n'aime pas qu'on le prenne en photo
Il ne veut pas être sur la photo
Les photos...
Il se cache derrière ses mains, il fait barrage à l'objectif. Il refuse ce rapt là, cette capture d'image.
Un ravissement....
Il ne veut pas qu'on se saisisse de cet instant, de l'instant, d'un instant, qui lui appartient, à lui, à lui seul.
Il ne veut pas partager ça, avec personne, pas même ses proches...
Il ne veut pas. C'est tout.
Pourquoi ? Il n'a pas à se justifier, c'est comme ça c'est tout.
L'image, le droit à l'image, le droit de l'image. l'image de soi.
La photo.
Capture d'image, d'un instant, d'un moment
Immortaliser de cet instant, pour un toujours éphémère, un toujours jamais. Pour quoi ? Pour qui ? Mémoire ? Mémoire du temps qui passe.. De ce temps qui échappe, qui nous échappe.
Maitriser alors cet instant de temps en le fixant sur un morceau de pellicule, puis sur une image, un écran, pour le voir, après, plus tard, bien plus tard
Pour se souvenir. Se souvenir de ces instants, de ces moments, de ce visage là à ce moment là
Regrets, nostalgie, passé...D'un passé qui n'est plus
Se souvenir des jours heureux et je pleure
Mais je pleure sur qui ? Sur quoi ? Sur ces jours là ? Sur soi ? sur l'image de soi ? L'image de soi à ce moment là ?
Figé. Fixé, pour l'éternité. Immortalité qui devrait subsister dans un au dela, un delà de soi, quand le soi ne sera plus là.
Capturer cet instant bref dans un présent qui ne dure pas, comme pour faire fi du temps, d'un futur à venir, d'un vieillissement inexorable, du travail du temps qui se fait, malgré tout, malgré la photo, qui malgré tout, jaunit.
"Pour avoir un souvenir, pour moi, s'il te plait, laisse moi te prendre en photo"
Mais il ne veut toujours pas : "je n'aime pas ça"
Comme si cette image fixée sur le papier permettait le souvenir..
Souvenir, mémoire, regrets, passé. Comme si les traits d'un visage aimé, pouvaient s'estomper dans la brume de l'oubli, des années qui passent et on ne se souvient plus très bien, c'était comme ci, c'était comme ça.. Je ne sais plus vraiment !
Une patiente m'expliquait avoir brulé un jour toutes les photos de sa jeunesse, sans regrets, justement pour ne plus en avoir
Cela lui était insupportable de voir, revoir encore sa "beauté fanée"
"A quoi bon, voir tout ça, ce visage lisse, ces yeux, ces cheveux.. A quoi bon avoir été belle, si belle alors qu'aujourdhui,,il n'en reste rien, plus rien, un visage vieilli, ridé, des cheveux blancs que je suis obligée de teindre, des yeux tristes d'avoir tant pleuré ceux qui m'ont quitté, les peines et les chagrins ont raison de tout..."
Alors elle a brulé, elle a fait un petit tas, de toutes ces photos là, de ces témoins d'un passé révolu, puis elle a immolé ce passé en buvant une coupe de champagne
"Belle cérémonie" poursuit-elle, je me suis enterrée moi même, du moins j'ai enterré cette femme là, celle du passé qui est morte, qui n'est plus, pour me permettre de vivre, d'être, moi la vieille !
Elle se sent soulagée à présent, plus de nostalgie, le temps passe, celui qûi est passé est révolu. Vivre avec ses souvenirs, dit elle est mauvais, "ça ne donne rien de bon"
L'image de soi qui insupporte parfois, mais aussi l'image de l'autre... Se demander si l'autre, enfants, petits enfants, n'auraient pas aimé savoir, voir qui était cette femme avant.. Avant d'être cette femme d'aujourdh'ui
Femme d'hier... Vestige du passé, d'une beauté fanée.
Prisonnière d'un passé, d'un moment figé, d'un instant que l'objectif a incarcéré pour un toujours à jamais insupportable. Une cage rouillée, étouffante dont il faut se liberer.
Mais la beauté est-elle la raison, la seule qui raisonne, qui fait qu'on ne veut plus voir, sa voir, re voir ?
J'ai toujours un petit pincement au coeur, une certaine émotion quand je feuillete l'album familial et que je vois mes grands parents, ma mère, mon père, jeunes....Comme je ne les ai jamais connu, vraiment, comme je n'en n'ai pas gardé le souvenir...Je ressens aussi un certain malaise devant cette intrusion, pénétrant une intimité à laquelle je ne suis pas conviée. Ces photos ne m'étant pas destinées. Se pose alors de l'adresse de celle ci ? Pour qui ? Pour quoi ?

La photographie de soi, l'image de soi. Qu'on voit de soi par le prisme de l'objectif. Cette image là est la confrontation de soi au réel de soi. L'expression de la représentation de soi dans le réel
Se voir sur la photo, se reconnaitre ou pas.
"C'est moi... C'est pas moi."
Confrontation au Réel, à la réalité de soi, de son existence. Voir, SE voir
Projection de l'image de soi dans une dimension autre, sur le papier, sur l'écran, dissociation...?
Un soi étranger à soi même, un soi qu'on découvre peut-être en même temps que les autres regardent. Un soi qui surprend, qui étonne, qui déçoit...Un soi qui n'est pas le moi ?
Soi est alors un autre ? Un autre moi, que ce moi n'imagine pas, ne voit pas.
L'image de la photographie est différente de l'image du miroir.
Finalement me dit une adolescente "On ne se voit pas, on ne voit jamais vraiment comment on est."
On ne verrait donc pas ce qu'on montre pourtant à voir à l'autre.
Quel est ce moi que je ne saurai voir ?

mercredi 9 septembre 2009

Le violoncelliste de Sarajevo

Livre découvert sur les rayons de la bibliothèque, pris au hasard du titre, de la couverture. Comme je le fais la plupart du temps. J'aime cet imprévu, ce "hasard" cette découverte d'un auteur ou d'un livre. Sans trop savoir si j'aimerai ou pas. Libre de poursuivre le récit ou non !
Une rencontre ou non...

Le siège de Sarajevo. Un obus comme tous les jours, plusieurs fois par jour. Cette fois, il fauche 22 personnes qui font la queue devant une boulangerie
Presque banal dans cet univers de guerre, dans cet enfer.
Un homme pourtant ne veut pas de cette banalité là, il refuse;
Chaque jour, à 16 h, il se rend sur les lieux et joue au violon "l'Adagio " d'Albinoni, à cet endroi précis, en hommage aux victimes
Il jouera 22 jours consécutifs...
Imperturbable

Il se rendra sur les lieux et jouera au mépris de la mort, des snipers, des balles perdues, il joue.

Une histoire vraie, qui débute le 27 mai 1992...Un violoncelleiste virtuose, Vedran Smailovic, jouera, jouera, sous les bombes, sous les balles, seul, sans public, pour lui, pour les morts. Pour ?
Puis peu à peu, les gens savent, passent, écoutent, s'arretent, un instant, plus longtemps...
Il y a un homme là bas, qui joue une musique, c'est triste, il vient tous les jours.

... Une sorte de rumeur, qui s'amplifie, chaque jour...

Acte de résistance ? Courage ? Refus ? Volonté d'humanité encore ?
Chacun est menacé, tout le temps, la vie ne tient qu'à un fil, pour celui qui se risque hors des ruines dans les décombres, qui se risque hors des remparts pour chercher de quoi maigrement subsister...Qui s'accroche à la vie, au fil tenu de la vie, encore !

L'auteur à travers le quotidien de trois autres personnages, une jeune sniper, Flèche, un homme qui va chercher de l'eau pour sa famille et une vieille voisine acariatre tous les 4 jours, Kenan, le boulanger Dragan qui tous les matins se rend à son travail.
Il nous livre le quotidien, leur quotidien au milieu de ce champ de ruines, leur lutte pour la vie, leur vie, pour que tienne encore un peu, encore un jour le fil tenu de leur existence.

Chacun risque sa peau, sous les balles des snipers, des contres snipers, des obus des "hommes des collines"
Nul pathos, nulle lamentation. Il n'y a pas, ou plus la place pour ça.
Un récit sobre, presque un documentaire, une analyse des sentiments, des émotions, des affects..
Courage, peur , craintes, états d'âme, questionnements intérieurs...
Les persponnages sous les balles sont face à eux même, face à leur être seul, à leur possible derniers moments... Ils doivent faire face aux événements, à leur devoir, fuir, avancer, laisser de côté...
Face à la mort, tout le temps, face à leur fin, possible, tout le temps !
Tous pensent au passé à cette ville, ce Sarajvo qu'ils n'ont pas quitté parce qu'ils l'aiment et qu'ils refusent de le laisser à ces "hommes des collines" qui veulent le détruire et par là, les détruire, casser, briser leur rêve, leur histoire. Avec des bombes !

La destruction de la bibiliothèque est poignante. C'est une partie de l'âme de la ville qui est arrachée à son corps. Un corps détruit, des ruines, un champ de ruines qui se vide de ses âmes un peu plus chaque jour... Un quotidien insoutenable, mais terriblement "normal", devenu terriblement banal !
La banalité du mal !

Chacun est face à lui meme, à ses craintes et à ses fantômes, à ses cotés sombres aussi. L'homme est duel, divisé, clivé, il voudrait etre, mais n'ose pas, craint de mourir, la mort est au rendez vous à chaque seconde, c'est elle qui décide quand et comment... Sans trop de surprise, la surprise étant d'être encore vivant en se relevant sous les gravats...
Alors on se demande si on est lâche, courageux, on regarde on attend de voir un autre, un inconnu traverser la rue, atteindre l'autre côté, pour s'engager soi même, se croyant à l'abri d'un sniper, puisque l'inconnu est encore en vie. On se demande si c'est bien, ou mal d'avoir attendu, d'avoir ustensilisé l'autre, d'avoir expérimenté, de s'en être servi comme "cobaye".
Le lecteur, lui aussi est face à lui même, grâce à l'image que lui renvoit ce miroir.... Héros, anti-héros, collaborateur, résistant... Tout à la fois, le meilleur ? Le pire ? Mais qu'est-ce que ces valeurs, ces concepts dans un univers de destruction, où l'homme détruit l'homme, où il est ustensilisé par l'homme, où il est l'autre de l'autre, l'autre mauvais qu'il faut détruire.
Il y a toujours un autre mauvais ?

Et puis le lecteur qui se laisse emporter par le quotidien de ces trois héros héroïques et ordinaires oublie lui aussi que la mort n'est plus extra ordinaire, qu'elle est en ce lieu devenue banale. En revanche, aller chercher de l'eau, du pain, se raser, se laver, cuire son repas etc.... sont des actes impossibles mettant la vie en danger,
Le quotidien est risqué, les habitants, rescapés sont des morts en sursis, ou des vivants en sursis, en attente d'un secours d'une Europe qui s'en fout, qui se bat elle aussi dans les salles de conférence, sans lever le petit doigt pour arrèter ce massacre, à une heure d'avion de chez nous !
L'enfer de Sarajevo était à notre porte, derrière cette porte que personne ici n'a jamais osé entrouvrir


Steven Galloway Le violoncelliste de Sarajevo. Ed. Lattes.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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