Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 24 juin 2018

Il y a le déni : Verleugnung


Il y a le déni : Verleugnung, mécanisme de défense, une notion théorisée par Freud pour nommer cette non considération d'une partie de la réalité (laquelle ?). Un refus de voir en face, d'accepter des perceptions, dire "ça n'existe pas", ignorer, même si cette réalité est bien vécue et perçue. Le sujet sait, mais se comporte comme de "si rien n'était". Il  n'y a pas, n'a jamais été. "Ca n'est pas"

On déni, de l'autre, de soi, des autres, le déni est un peu partout, pour s'arranger, de ce qui gène, dérange, met mal à l'aise, mal à l'être, le déni historique en est un bon exemple.

Sortons maintenant des définitions, écartons nous de la théorie pour voir et surtout entendre ce qu'il en est.


Aveuglement ? Mensonge ? Envers soi même ?
Et puis il y a le lapsus, le rêve qui renvoie des images, des émotions, des fragments d'une histoire, d'un sentiment, d'une perception ; un goût amer et désagréable qu'on a voulu oublier, nier, ignorer, dénier…. Pour ne pas souffrir, pour ne pas voir, pour ne pas résoudre, pour ne pas affronter. Tout ces petits rien qui renvoient à la surface, au réel, ce morceau de Réel que nous n'avons pas voulu prendre en compte et en charge. 
-"Pourquoi ça revient comme ça, en pleine figure alors que je ne m'y attends pas ? "
-"Pourquoi ces cauchemars ? Ces réveils nocturnes avec ces images ?"

Pourquoi en effet accéder de façon impromptue (mais l'est-elle vraiment ?) à cette réalité ? à cette vérité qui n'a pas été acceptée, qui a été cachée par le sujet lui-même ? cette vérité qu'il savait vraie, réelle, inscrite dans son histoire dans son passé ? Savait-il ou supposait-il que celle ci était masquée par un scénario écrit de toutes pièces pour vivre un réel qui n'aurait pas été supportable pour lui ?
Masque, pantomime, théâtre, cinéma, mascarade, camouflage, travestissement, faux-semblant, déguisement, scotomisation, déni…
Alors voilà que là au détour d'un mot, d'un rêve le sujet accède à ce qu'il s'était caché, comme pour se préserver (ce qu'il se dit aujourd'hui) 
-"Je savais bien au fond de moi que quelque chose clochait, sonnait faux, mais je n'avais pas envie de voir, d'aller plus loin"
Explorer quoi ? Aller à la rencontre de qui ? De la souffrance, alors que la béquille permet d'avancer, cahin-caha mais d'avancer. 
-"Comme une sorte de déni, de fausse croyance, pour me rassurer sans doute, me dire que je ne m'étais pas trompé, me bercer d'illusions"
Illusion : ces doux mensonges qu'on se raconte pour ne pas sombrer, pour vivre dans ne sorte d'apaisement nécessaire, ce consensus frauduleux dont on n'est pas dupe, pas vraiment, mais qui convient. Le conscient sait être diplomate, s'arranger avec le réel, faire sa vérité, faire avec une vérité, la rendre acceptable pour la faire sienne.
-"Je suis souvent déconcerté par la méchanceté, celle de l'autre, je pense sincèrement avoir bien des défauts mais pas celui là, et je me sens complétement démuni."
-"Ce rêve c'est une claque, un retour au réel bienvenue dans le monde des vivants, longtemps je n'ai pas voulu voir, mais au fond je savais que je me racontais des fables et je vivais tranquille, idiote, car tout le monde sauf moi savais la vérité"
S'en suivent parfois la culpabilité, la honte et surtout la colère de s'être laissé berné, floué par soi même, de s'être soi même trompé car la réalité n'était pas supportable, de ne pas aimer ça, de le détester à tel point que ça en devient insupportable. Comment admettre que l'amour de l'autre était feint, défunt aujourd'hui avant même d'être né un jour. Furieux d'être la propre victime de ses propres mensonges, de sa tromperie, de s'être instrumentalisé à tel point ? Reconnaitre n'avoir été qu'un jouet dans le cœur de l'autre, dans ses promesses, ses mots et confidences ? Inventer, se convaincre d'être aimé ? N'est-ce pas une béquille acceptable ? Qui peut vivre sans amour ? Cette quête essentielle à l'existence ? Cela vaut-il d'accepter le mensonge pour vérité ?
Cette quête d'amour n'est-elle pas la faille, le point faible de chaque sujet humain, car c'est cela justement qui fait son humanité ? Pouvons nous vivre autrement ?
A quoi sert alors le déni, simple évitement pour nous rendre un monde plus supportable ?


Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

lundi 18 juin 2018

Et si on parlait d'Histoire


Psychanalyse et Histoire.
Sciences Humaines, tout ce qui touche à l'Homme, au sujet m'intéresse, m'interpelle, me passionne. Un regard croisé, essentiel car l'un nourrit l'autre qui l'explique et l'éclaire. Réciprocité et miroir, l'un n'allant pas sans l'autre car l'autre est nécessaire à l'un.

Pour inaugurer cette première rubrique, je vous propose de vous raconter l'histoire à travers des hommes et des femmes, des événements, des mythes, comment ceux ci se sont mis en place et pourquoi. Ces non anonymes mais souvent oubliés ont marqués le temps de leur temps, ils ont laissé des traces sans le vouloir souvent, ils hantent encore des lieux abandonnés ou au contraire ouverts à la Mémoire. Ils n'ont parfois rien publié, mais simplement écrit : des journaux, des billets, des lettres, des mémoires, des notes qui ne nous étaient pas destinées, mais qui néanmoins nous sont parvenus et nous permettent d'en savoir un peu plus. Ces témoignages d'un passé intime et singulier est souvent touchant, ils reposent dans des fonds d'Archives, des liasses de vieux papiers et il nous appartient, nous historien ou simple curieux d'aller au devant de ces richesses.
D'autres avant nous ont fait la démarche, ils ont écrits des livres, construit des mythes, des articles, des histoires parfois, trop souvent même romancées pour le public, comme si ce dernier n'était pas capable d'apprécier la vérité historique, les blancs, ce que nous ne savons pas, car il ne subsiste rien, et l'historien ne peut remplir ce vide, il doit au contraire faire preuve d'humilité.
La psychanalyse, la philosophie, la médecine, toutes ces sciences de l'Homme nous permettent de comprendre, de poser des hypothèses, mais jamais d'affirmer, car que savons nous de l'"intérieur" de ces êtres, de leurs pensées, intimité, sentiments ?
Restons alors modestes et rendons leur hommage sans être dupes du transfert qui s'opère inévitablement.


Je vous donne rendez-vous bientôt pour vous présenter un Grand. Un soldat, un stratège, un curieux jeune homme "le plus grand général de son temps" disait de lui Michelet.
Mais chut, je ne vous en dis pas davantage.
A très bientôt.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
crédit photos @brigittedusch

dimanche 10 juin 2018

Quel chemin ?

  ll dit :
"Je me suis perdu sur le chemin, sur les chemins… ceux que je prends, ceux que j'ai pris,  un peu comme Ulysse lorsqu'il veut retrouver son ile, mais je n'ai pas d'ile, pas de je, et pas de règle du jeu. Les dés sont pipés dés le départ, je suis né sur le mauvais chemin, peut-être, c'est difficile de prendre le bon après."
Bon, mauvais ? y a t-il un chemin ?
Peut-on s'égarer sur les chemins de traverse, semer des petits cailloux pour retrouver Ithaque ? prendre la mer et revenir au même endroit. Voyage tragique ? Initiatique ?

Quitter et partir dans l'espoir de revenir, d'aller ailleurs : mais où ?
Je me suis perdu sur le chemin, et je ne sais plus où je suis, je me suis égaré quelque part dans l'obscure forêt que j'ai oser traverser, je suis au cœur du labyrinthe sans issue, au large de la mer, aux confins des océans vides et bleus, offert en sacrifice aux dieux et aux éléments déchaines.
No way.

Nulle part, mais de quelle part s'agit-il ? De quelle part de nous partons nous pour aller et venir sans parfois revenir. Le voyage d'Ulysse fut-il beau,? Ou futile traversée contre vents et marée, attaché pour ne pas faiblir et faillir aux chants des Sirènes. Mirages qui promettent, qui répondent à nos rêves les plus fous pour nous faire dérailler et partir vers ces continents obscurs et inconnus.

Découvreur de notre talent, de notre envie, pour rester en vie, s'accrocher à la lumière, ne pas fermer les yeux, ne pas descendre aux Enfers sans être certain d'en revenir ?

Où allons nous ? Que cherchons nous ? Pourquoi prendre ce chemin plutôt qu'un autre ? Sommes nous agis sans pouvoir agir nous mêmes ? Pauvres fous que nous sommes ; pauvres hères condamnés à l'errance,  l'impermanence et la solitude, avec la Mort comme seule certitude. Il faut sans doute avancer; à l'aveugle ou éclairés, par notre âme, notre désir ? Sans faillir ? La route est-elle déjà tracée à l'avance ? Le destin écrit sans espace blanc, sans vide pour y loger un peu d'espoir et de souhaits ? Que reste t-il au sujet ?

Etre perdu sur le chemin n'est en rien tragique, car ce n'est que dans la perte que l'on se trouve, que l'on se retrouve et se découvre. Ne faut-il pas se perdre pour explorer de nouveaux espaces insoupçonnés cachés au plus profond de soi et ne pouvant se révéler que là, sur ce sentier semé d'embûches et parfois de ronces mais aussi d'aubépines et de fruits sauvages ?
Le chemin perdu où l'on se perd, se prend et se déprend, pour mieux se reprendre ; il en faut parfois du temps pour trouver la route, sa route ; celle de l'ici et maintenant sans se soucier d'hier et de demain.

Faut-il alors prendre ce que le Destin nous offre sans pour autant en accepter le Fatum ?

Les chemins de traverse ne sont-ils pas le passage obligé pour accéder à l'Eden, à ce paradis perdu  où sont cachés tous ces secrets de la Connaissance interdite ? A ce fruit défendu que l'Homme par peur s'est interdit pour ne pas être dieu ? La crainte et la peur ; Avoir le Savoir peut être terrifiant car il n'existe alors aucune raison de ne pas prendre le Chemin, car s'il existe, c'est celui de soi, de ce Je caché, de ce Je qui terrifie de ce Je rangé au fond d'un tiroir dont on a jeté la clé.


Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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