Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 30 novembre 2018

A quoi ça sert d'être Immortel ?


A quoi ça sert d'être Immortel 
Quand ceux qu'on aime s'en sont allés ?
A quoi ça sert d'être encore là 
Quand les aimés ne le sont plus ?

Le plus difficile n'est pas de mourir
Mais de leur survivre.
Rester est un Enfer, un supplice parfois
Le Vide s'installe doucement, dans l'habitude, presque banale
Le Manque fait mal, creuse la plaie, lentement, douloureusement
L'absence s'étire, les jours passent dans la solitude et l'abandon.

Il reste la tristesse, le chagrin, les regrets et la peine;
La nostalgie, la mélancolie.
Les larmes arrivent encore parfois, quelquefois, quand on pense à autrefois
D'autres fois il n'y aura
L'absence est définitive, ils ne reviendront pas
On se dit alors que peut-être ils nous attendent
Ailleurs, dans un au delà ?
Au delà du Monde, de soi, d'eux, un inconnu mystérieux,
Mais nous ne savons pas
Personne ne revient de ce Royaume là !

Alors il nous faut attendre, 
Et vivre cette douloureuse présence absente.

Vivre est une douleur, Combien de temps encore ?
A quoi ça sert d'être immortel ?
De reste là inutile, seul et perdu ?

A quoi ça sert d'être là ? 
Si ce n'est pour d'attendre l'heure ?
L'heure de la Mort, la Notre, cette fois.
A quoi ça sert d'être immortel ?
De ça je ne veux pas.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne, in "Des nouvelles d'Arsel"
Crédit photo @brigittedusch

jeudi 22 novembre 2018

C'est un long cortège noir




C'est un long cortège noir
Dans la pénombre de la rue
Une pâle lueur reflète des visages
Figés, meurtris et dignes
C'est un long cortège noir
Une marche funèbre
Sans un bruit, sans un sanglot
Celui ci étouffé par le silence
Lourd et pesant
Du désespoir
C'est un long cortège noir

Celui des femmes en deuil
Maigres fantômes dans la nuit
De leur peine et leur chagrin
Ombres sortant des ténèbres
De ces années de ruines et de misères
C'est un long cortège noir
Qui s'avance sous un ciel gris
Un ciel déchiré, écartelé, en éclats
D'obus et de fumées.
C'est un cortège noir
Funeste et tragique
Pour elles la vie n'est plus qu'un cri
Un cri terrible bravant le ciel jusqu'aux Enfers.
C'est un long cortège noir.
~ ~ ~ ~ ~...…………… ~ 

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne "Des Hommes et des Mots"
crédit photo @brigittedusch

mercredi 14 novembre 2018

Les Filles de Novembre


Les Filles de Novembre se lèvent en hurlant
C'est un long cri de guerre
Un horrible gémissement,
Un cri profond et stridant qui s'élève au vent.

Au vent qui emporte leurs plaintes vers un ciel brulant,
Au vent qui  a emporté leurs Hommes
Leur mari, leur frère, leur père, leur amant

Les Filles de Novembre ont les yeux plein de larmes
Le coeur plein de colère,
L'äme toute à sa peine

Un sacrifice qui n'en valaient pas la peine

Les Filles de Novembre ont tenu et attendu
Des lettres, des bribes et des mots, des instants
Des nouvelles de ceux partis au loin,
Loin d'elle, des enfants, de leur terre et de leur lit

Les Filles de Novembre sont restées au Pays
Fébriles sans un mot, redoutant la terrible visite
La peur et la mort chevillées au corps
Elles ont avancées, dans la poussière, les ruines, la faim et la mort,
Combien de plaintes, de souffrances et de chagrin ?

Les Filles de Novembre
Sont restées debout
Malgré tout.
Aujourd'hui tout est fini
Mais plus jamais rien ne sera comme avant

Les Filles de Novembre
Seront toujours, veuves, orphelines et seules
Les éclats d'obus ont emportés à tout jamais
L'espoir d'un amour arraché pour toujours

Certaines seront veuves
Ne se remarieront jamais
D'autres attendront le retour d'un disparu
Il y a celles qui partent retrouver une trace,
Celle de celui qui n'est pas encore revenu,
Certaines pour oublier prendront un mari, fonderont une famille
Après tout il faut bien vivre
D'autres chanceuses retrouveront celui parti la fleur au fusil
Mais rien ne sera plus comme avant
La gueule ou le cœur cassé,
A tout jamais ces Hommes seront meurtris
Jamais ils ne pourront oublier l'horreur et la barbarie
Pourtant il faut bien vivre !

Alors les Filles de Novembre vont à nouveau pleurer
Vont à nouveau aimer, mais à quel prix
La guerre est une connerie, les femmes et les hommes devraient s'aimer, devraient pouvoir danser sur la place du village pendant le mois de Mai, commencer la moisson au mois de Juillet sans que le tocsin ne vienne les enlever.

A toutes les Filles de Novembre, mes mères et mes sœurs, de misère mais aussi de bonheur
Pour qu'on ne vous oublie pas, nous sommes votre mémoire.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne "Des hommes et des Mots"
Crédit photo @brigittedusch
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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