Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 29 août 2014

Alter non ego

Je suis l'autre ou pas ?
Je suis ou pas ?
Etre ? Mais être l'autre....

Voir et trouver en l'autre, soi même ou un autre soi même qui finalement n'est pas tout à fait soi ?
Quid alors de cette mêmeté rassurante, qui le devrait au moins mais qui ne l'est pas .
Quid de cet alter non ego ?

Il est toujours question de l'autre me direz-vous ? Mais est-il alors question de soi ? Soi et soi, l'autre et l'autre, mais soi n'est pas l'autre ?
Ressemblance, dissonance, harmonie ?
Si l'altérité désigne le caractère qui est de l'autre, sa singularité en quelque sorte c'est pour bien désigner et souligner sa différence.
Reconnaitre en l'autre un être différent de soi même, véritablement autre, respecter cette altérité, la voir, la distinguer et l'accepter
Il n'y a rien à voir là avec la tolérance, car voir en l'autre un sujet singulier est une des conditions du lien social.
Convient-il de rappeler qu'alteritas héritage du latin signifie différence ? Ainsi tout est dit, ou presque.
Car tout n'est jamais complétement dit, il y a toujours un reste, un reliquest qui fait une faille où tout peut s'engouffrer... peut-être ?
Ainsi l'autre est différent, singulier, existe surtout. Ainsi le monde est-il fait !
Pourtant chacun s'évertue à chercher en l'autre un peu de soi, pour s'y reconnaitre, s'y fondre parfois, une recherche éperdue d'âme soeur aussi, qui viendrait compléter, faire un tout de soi et de l'autre, un tout où se soi et l'autre fusionne pour ne faire qu'un. Un seul
Mêmeté encore une fois

L'autre n'étant pas soi et soi n'étant pas l'autre !
Peur alors de cette étrange étrangeté, de ce quelque chose qu'on ne reconnait pas, qui n'est pas soi, pas de soi, qui ne va pas de soi et qui justement fait de l'autre un autre. Etrange, curieux et singulier.
Alors tenter de changer l'autre, de le faire changer, de l'amener à soi, sur son terrain, dans son espace telle une proie peut-être pour mieux l'absorber, mieux l'assimiler, mieux la digérer ?
Penser alors que soi, et seul soi sait ce qui est bien, bon pour soi mais aussi pour l'autre, que ce soi, détient en quelque sorte la vérité, une vérité, et que l'autre doit y adhérer
Et parfois en toute bonne foi, pour réduire sa souffrance, pour être heureux, au détriment alors de cet autre qui joue sur une autre partition, un autre terrain
Une rencontre qui n'est pas, puisque personne ne fait un bout de chemin pour aller au rendez-vous de l'autre ?
Alter ego... Un peu comme l'Utopie, un monde sans aspérité, où il n'y a pas de conflit, pas de Polemos, où rien ne se passe et règne l'harmonie
Un monde sans singularité où il n'y a qu'une seule pensée....Mais quelle pensée ?
Et qui en décide ?
Qui décide et de quoi ?
Vaste sujet, vaste débat !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

jeudi 7 août 2014

L'injonction

Tu... Tue ! Dois.. Devoir.
L'injonction est un ordre, un commandement, qui ne se discute pas.
Enjoindre de faire, de payer, de dire, d'obéir. Contraindre, forcer, obliger.
Injonction thérapeutique, paradoxale.
Un ordre formel qui ne peut et ne doit être contourné et transgressé. L'injonction d'enjoindre
Dans un dernier article j'évoquais le mal dit, ce mal qui est dit sans détour. Au cours de la conversation. Sans souci de savoir qu'elle sera la répercussion des mots dits, prononcés.
Ces mots qui s'avèrent au cours du discours une condamnation à mort, une injonction de.... Ne pas vivre, donc mourir.
Il y a des mots et des maux qui sont par essence des injonctions
Qui privent d'espoir, de vie, d'en vie.
Diagnostic et pronostic ! On ne marchande pas, c'est le dernier prix.
Pourtant ; qui a le droit ? Et surtout qui sait.
Ces mots soulèvent un questionnement permanent, sans réponse non plus. Bien que ! A force de constater les ravages de ces mots sauvages, ces mots assénés trop brutalement, certains services mettent en place ce qu'ils nomment pudiquement "consultation d'annonce"
Annonce. Euphémisme ? Comme s'il y avait un art et une manière de dire. "Vous avez ceci ou cela"
Vous avez, nous y voilà.
Avoir. Vous avez et par conséquent vous êtes. L'avoir de la maladie fait de vous un être malade.
Un mot et le sujet devient l'objet de son mal, la chose de la médecine un numéro de dossier avec une pathologie au nom barbare et savant
Nous savons tout ça ! Nous déplorons tout ça. Vous, Je, ainsi ce nous.
Ces mots, ces ordres qui ne laissent place à aucune faille pour un discours autre, pour celui du sujet qui justement n'en veut pas. Ces mots assassins qui tuent avant même que le mal fasse son oeuvre ! Mots qui tuent le désir, qui ne laissent place pour rien d'autre qu'une pensée unique, celle de celui qui décide pour tous. Totalitarisme de la pensée, encore. Unité, unifier, ne plus voir qu'une seule tête. Plus de place pour la singularité. Dangereuse et rebelle qui vient plomber les statistiques qui démontrent que. Cela doit être ainsi et pas autrement.
Dénoncer alors ces protocoles où ne rentrent que les sujets conformes, pouvant prouver l'efficacité ou la non efficacité... Sauf que c'est penser une fois encore que : Chaque sujet est unique.
Cette unicité qui fait de lui sa force lui permet d'échapper aux statistiques qui ne sont que des chiffres et des graphes qui ne veulent rien dire de plus que l'injonction du moment.
Vous devez être mince, avoir confiance en vous, décider de votre vie, faire le bon choix, trouver le bon partenaire, élever vos enfants, être de bonne humeur, sourire, accepter tout cela, sans rien dire, surtout sans vous rebeller.
Faire semblant, accepter et courber l'échine. Se résigner, se dire que de cette maladie on n'en réchappe pas, le médecin l'a dit, le grand professeur aussi. Sauf que ! Qui sont-ils ces gens pour affirmer ça ? De quel droit se donne t-il celui de vie ou de mort sur un sujet ?
Ces scientifiques qui raillent les astrologues et les voyants ? Mais ils sont mille fois pire ! Car ils jouent sur la peur et le pouvoir qu'ils imposent à ceux qui les consultent tremblant de peur et plaçant leur espoir dans les quelques mots que ces "pontes"  lâcheront avec parcimonie...
On ne leur demande pas de mentir, simplement d'être humain ! Encore trop difficile pour certains. S'ils ne contrôlent pas leurs émotions, leur peur, est-ce le problème du patient ? Du malade car il faut bien l'appeler par son nom ?
Mais il en est de même pour ces enseignants, instituteurs, professeurs, conseillers en tout et rien qui d'un seul mot, d'une seule observation sur le carnet scolaire biffe l'avenir professionnel et l'avenir tout court d'un enfant !
Comme s'ils savaient. De ces enfants blessés et meurtris par ces injonctions, j'ai souvent entendu la souffrance et la douleur. Celle d'être des "bons à rien"... Le maitre là dit. Mots assassins encore.
Et d'apprendre à ces enfants, que ce mal dit n'est pas une mal ediction comme les paroles de la méchante fée dans les contes. Qu'ils ont le droit de ne pas y croire, que c'est même un devoir.
Ne pas y croire pour croire en autre chose, en béné diction, ce qui est bien dit, ce qui est dit,ce qu'on se dit. Maudire et bénir, mal et bien ; encore, et ce n'est pas aussi simple, nous le savons
Mais ce qui est dit n'est pas immuable, il reste au sujet au moins un soupçon d'espoir. Juste ce qu'il faut pour qu'il soupçonne qu'il peut, changer, faire, agir être acteur de cette part essentielle qui fait que sa vie n'est pas le destin que les autres ont choisi pour lui
Car nul n'a ce droit, nul n'a ce pouvoir, nul ne peut...
Espoir ! Désir ! Envie... Pour rester, et être en vie.

Britgitte Dusch, psychanalyste, historienne.
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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