Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 20 octobre 2009

Mal de mère

Quelle souffrance que ce mal là....
Pas de remède possible, rien pour le soulager vraiment
Mal de mère, mal à mère, mal amer, mal, douleur, souffrance...
J'ai le mal de mère, j'ai mal à ma mère....
Combien de fois ais-je entendu ce mal là ? Ce mal sourd, qui ne se dit pas, qui prend racine, qui s'incruste, qui fait son lit, qui fait son nid, et qui grandit
Sourd !
Muet, car on ne sait comment l'exprimer, on ne sait l'exprimer, on ne sait si on doit, si on peut l'exprimer
Car ce mal là, ne se dit pas, il se vit, de l'intérieur, car il ronge, il démange et il tue à petit feu celui ou celle qui en est atteint,
Cette atteinte là n'est pas une vaine attente.. On est atteint, ce n'est pas vraiment contagieux, mais quand on le sait, le mal est fait !
Le mal de mère, il donne la nausée, le tournis, le vide s'installe et ne se comble pas
On ne sait pas vraiment comment le décrire... Dire comment ça se passe, mais ça ne passe pas, ça on sait le dire.
Indicible, indescriptible "indisable" me dit une adolescente... Disable, disette, famine, j'ai faim de ma mère, fin de ma mère, enfin....
Comment dire que l'enfant n'a pas été aimé, n'a pas reçu l'amour de la mère, de cette mère qui se dit la sienne
J'ai mal à ma mère, à la mère qui est la mienne.... Pourtant !
Si je ne suis pas aimable par elle alors qui pourrait bien m'aimer ?
Eternelle question, sempiternelle ritournelle sans faim, et sans fin, sans réponse...
Mal que ce mal là....
Alors comme cette mère presque grand mère, on s'invente une mère....Une mère qui aime, car en cherchant bien il se peut que.
On se raccroche à cet espoir là, à cette idée là et on quête : "On piaille des souvenirs" pour trouver l'indice d'amour, le signe, le flagrant délit d'amour de cette mère là, car une mère et c'est comme ça aime ses petits
On cherche encore dans ses souvenirs ou dans ce quil en reste, dans ce qu'on en fait, dans ce qu'on ramène à la mémoire...Au conscient, de ce qui fait q'uon voudrait cette fois qui advienne...
A mour....Enfin, un peu d'amour pour témoin.. Cet amour là, de la mère qui "vous voyez, je crois qu'elle m'aimait bien quand même...
Ce bien quand même ! En dépit de quoi. En dépit du rejet, des coups, des humiliations, des insultes, de la négligence, de la transparence, du mépris... Quelques gestes, quelques gestes d'aimer bien

Parce qu'une mère ça aime bien quand même un peu bien ses enfants, la chair de sa chair.. Mais cette mère là aime t-elle sa chair ? Car sinon comment aimer la chair de celle ci.
Chère chair ! Chair amère, chair à mère ! A la mer toute !

Alors on puise, on cherche en on finit par trouver l'infime signe qui pourrait laisser croire que...Qu'il y aurait eu peut-être un peu d'amour, là où manifestement tout laisse à croire qu'il n'y en aurait pas... Mais ?
L"infime signe...Qu'on n'aurait peut-être pas vu... Qu'on n'aurait pas compris... Pauvre de soi, qui n'a pas vu que sa mère l'aimait, que sa mère l'a aimé malgré tout, malgré quoi ?
Malgré les coups, les insultes, l'indifférence, l'humiliation....
Et on n'a pas vu, pauvre de nous, et de culpabiliser cet aveuglement, cette folie que de ne pas avoir vu que....Et d'avoir cru n'avoir pas été aimé
Et n'avoir.... Pauvre mère, et pauvre de soi !
J'ai le mal de mer avec tout ça, parce qu'une mère qui n'aime pas, ça ne se dit pas.

Mater familias

D'une main de maître, ou de maitresse elle mène son monde
Mater familias
D'une main de fer parfois, sans forcément de gants de velours, ou pas toujours, juste quand il faut, ou ne faut pas...
Elle mène, guide, élève, éduque, nourrit, corrige, inflige, inculque, explique, aime, n'aime pas...
Mater familias
Où est le père ?
Père y a t-il ? N'y a t-il pas ? Ou n'y a t-il pas assez ? Pas assez suffisamment ?
Mater familias, pour prendre la place inoccupée, déficiente, laissée vacante, mais pas forcèment vide... Vide du père, d'un père qui est là, sans être là, vraiment, ou là, un peu, pas suffisamment.
L'Histoire, mais aussi et surtout les histoires de femmes en sont le témoin, les témoins
Témoin de l'absence où ces femmes doivent répondre présentes...Une présence transparente, absente de la scène, une absence en apparence, masquant l'abscence de celui qui semble présent.


Mater familias..
Pour vivre, faire vivre, aller de l'avant...Combler de part et par leur présence cette place laissée, là, comme ça.
Main de fer, pas forcèment, même s'il faut prendre les choses, les res vitam en mains.
Res vitam ?
Je les entends souvent ces histoires de femmes, de maîtresses femmes d'hier qui ont marquées l'inconscient de ces femmes d'aujourd'hui.
"Fortes femmes" disait on aussi "dans le temps"
Une sorte de matriarchat, où l'homme n'est pas absent, mais ne semble pas tenir le rôle du pater familias, ce rôle que la société lui a pourtant dévolu. Une sorte de toute puissance.
Une toute puissance qui ne se discute pas, ne se refuse pas, mais se transmets... Digne héritage !
Pater y es tu ? N'y es tu pas ?
Pater où es-tu ? Quand viens-tu ?
Transparent ? Transparence... Mais que voir à travers ? A travers le père, à travers le prisme du père, Père à travers, travers du père, père au travers, père de travers. ?

Une patiente s'interrogeait sur cette lignée de femmes qui la précédait, elle qui ne voulait pas vraiment de cet héritage là, qui voulait l'homme, le père, un pater familias, pour elle, sa famille. Elle qui voulait dans sa vie, dans cette vie remettre de l'ordre, revenir à l'ordre, à l'ordre établi depuis toujours, par une société patriarchale
Matricarche, elle ne se voyait pas ainsi. Pourtant mère, grand mère, tante, arrière grand tante et cela depuis des générations jouaient au pater familias, devenant des mater familias, par goût, nécessité ? Elle s'interrogeait...
Pourquoi ces choix, pourquoi ces désirs là justement. Choix ? Nécessité ? Contingence ?
Elle parlait de cette famille "spéciale" avec des femmes qui faisaient tout, mais "qui n'avaient même pas le droit de vote ! c'est pour dire !".
"Tout...Sans elle, peut-être que je ne serai pas là ? Tout, car d'homme il n'y avait pas, ou si peu, d'ailleurs aucune photo, aucun véritable souvenir, si ce n'est que des mauviettes."
Alors pourquoi... ? Elle ne savait pas. La transmission était maternelle, de mères en filles... C'était semble t-il celle là qui importait. La seule transmission possible, le seul lien qui tienne.

Que ces filles là puissent surtout subvenir à elle même.
Une sorte d'autosuffisante pour affronter le demain, l'avenir, un avenir sans homme, ou sans homme suffisamment pater familias ?
"Comment se fait-il que ça se répéte, pourquoi ont-elles choisi ces hommes là ?"
Interressante question..
Subevenir, pour enfin ad venir...
Elle, elle ne pouvait subvenir à rien, et surtout pas à elle. Elle ne voulait pas, elle ne savait pas, ne décidait pas, pas même de la couleur du papier peint..
Remettre en ordre les valeurs, mettre de l'ordre dans les valeurs
Mais quelles valeurs ? Celles où l'ombre du pater familias plane, englobe, englouti, dévore. Omniprésent, omniscient, partout, toujours. Sécurité
Celle où la Femme, la Mère assume, assure, Mère nourricière, mais mater familias ?
Mère, femme, fille...Une sorte de dynastie qui transmet et qui se transmet un rôle, pas celui qui devrait, mais un ordre familial. Le sceau de la famille en quelque sorte. Une histoire et une affaire de femmes, de filles. Où l'homme est, mais à une place qu'il prend, qui reste, qu'on lui donne, qui lui échoit... Choit, choix ?
Quel choix ?
Délibéré, imposé par les circonstances.. Imposé. Posé ?
Femmes...
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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