Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 15 juillet 2018

Il y a l'amertume


Amertume
Et il y a l'amertume

Il n'est pas aisé de définir ce nom commun, il en existe des synonymes bien sûr, mais suffisent-ils ? traduisent-ils vraiment l'éprouvé ? car seuls l'émotion, la perception, le ressenti nous parlent, nous causent ce sentiment qui cause si fort qu'on ne peut le faire taire.
Qui nous taraude.

L'amertume
Elle arrive comme ça, à pas de loup, sans vraiment prévenir, puis nous enveloppe comme une toile de fond, nous envahit et nous absorbe sans qu'on puisse dire vraiment ce qui arrive, Elle est. Elle est en nous, avec nous. C'est un parfum avec pour note de tête une amère tristesse, auquels se mêlent la déception, le découragement, le chagrin, la peine, l'aigreur, l'humiliation, le dépit, la rancœur, la desespérance, l'anenvie.

Mélancolie amère ; c'est une saveur étrange et singulière qui s'empare de nous et nous colle à la peau. Il faut avoir souffert, connu le chagrin et la douleur, avoir eu mal, très mal en soi, dans sa chair et dans son cœur, avoir eu tout ça, en avoir été imprégnés, et être, être encore debout, malgré tout.  Il faut aussi s'être tant bien que mal rafistolé,  pour en avoir un avant goût.

Il y a toujours néanmoins une ombre présente mais impalpable, fuyante : l'incompréhension, cet étrange sentiment d'injustice,de s'être fait trahir, instrumentalisé, violenté. De ne pas avoir mérité...
Mais mérité quoi ?
Qui mérite de souffrir ? Qui mérite d'être humilié, abandonné, lâché, laissé, rejeté, ou pire oublié ?

C'est un sentiment terrible, un a namour, un dés amour, un non amour. Il y a l'échec de n'avoir pas su, pas pu susciter l'amour, l'admiration, de ne pas exister pour l'autre. Mais quel autre ?
Celui qui justement est la cause ? En est la cause, la cause de ce mal être qui traine et se traine en nous ? L'amertume ? Cette vague qui monte et descend sans toutefois nous emporter, qui laisse ses traces sur le sable, qui se brise sur le rocher coupant et sanglant et nous laisse seul face au désarroi et face à notre souffrance, celle qu'on se crée de toute pièce, qu'on assemble, qu'on bricole et cultive car elle est notre seule raison de vivre, la seule preuve de notre existence au monde.
Nous sommes le débris de la vague, ce "rapporté", laissé, abandonné sur le sable, ce qui reste.
Reliquat, reliquus, reliqua.

Parce que l'amertume c'est ce qui reste, ce qui teste après la souffrance, l'incompréhension de celle ci, l'amer qui est là malgré tout alors même qu'on pense s'en être sorti à moindre frais, sans être trop amoché, mais s'il n'y a plus ce quelque chose qui coince il y a ce quelque chose qui traine, cette langueur inexplicable, ce mal à être à l'autre et au monde, ce découragement acre et amer, cette confusion des sens qui brule les lèvres et le cœur, il y a quelque chose qui consume l'être dans son altérité et sa singularité, un parfum de chrysanthème ensorcelé, l'inespérance d'une quelconque illusion s'il y en avait encore un mince soupçon.
Brume écume, tristesse et saveur amère, goût de fiel sans détour au hasard du chemin de la colère et de la révolte, poison violent et singulier qui s'infiltre et coule dans les veines et devient pesant, mais il est si difficile de s'en défaire, de s'en purger.
Il faut avoir souffert, trop souffert peut-être, il en reste un sentiment indescriptible d'abandon de soi mais de rebellion contre ce même soi et l'autre, une colère contre ce "Je" qui n'a pas su dire non, se battre et s'affirmer, ce "Je" qui s'est laissé défaire, sans avoir combattu jusqu'au bout, mais qui cependant ne veut pas rendre les armes.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
crédit photo @brigittedusch

vendredi 6 juillet 2018

La désespérance.


Il y a le mal, la douleur, la souffrance, le déchirement, le chagrin, la peine, les pleurs
Il y a ces moments où l'on croit que seule la Mort pourra nous délivrer de tout ça, car la vie est devenue un fardeau, un poids qu'on ne peut plus porter.
Il y a le sommeil, qui ne vient pas, qui ne vient plus, qui est absent, qui nous laisse là, seul face à nous même, aux tourmentes et aux angoisses qui ont pris possession de notre être.
Envahis.
Il y a l'agonie, lente, terrible, pesante, lourde.
Désespérance.
Etre ; un être habité par la douleur, par la tragédie,  la solitude et le désarroi, sans nul remède
Il y a le désir, qui s'est fait la malle, car on a trop mal, tellement mal que le désir n'est plus que celui de la Mort, le soulagement final, le terme, la fin, celle qui viendra à bout de tout ça. Enfin.
Ce "ça" : ces mots qui n'existent pas pour le dire, pour le décrire, car c'est l'impensé et l'impensable, l'invivable, la marque du Destin, ce mot dit qui s'acharne à détruire, ruiner l'être, l'essence, le devenir. La douleur qui submerge, la perte. Celle de l'autre, de l'amant, de la maitresse, le l'aimé, de l'enfant, de… Celui ou celle dont on attendait de l'amour, de l'affection, des sentiments, des mots et qui aujourd'hui ne nous donne plus que des maux !
On a beau raisonner ; se dire que l'autre n'est pas responsable, que son abandon et son rejet n'est en rien la cause du mal que "ça" nous fait, mais rien n'y fait !
Nuit sombre, noire, et obscure, sans lune et sans étoile.
Il n'y a plus rien que sa peine, sa douleur, son déchirement.
En attendant sa Mort.
On se voit se consumer, se bouffer de l'intérieur, le cœur est déchiré, rongé, écartelé, puis vient le tour de l'âme, elle s'abîme, se flétrit, se rétrécit. Rien, vide.
"ça' fait mal". La douleur est incidieuse, elle se répand, c'est un cancer, elle s'adapte, à tout, à nos efforts, aux médicaments, elle trouve une parade et s'infiltre. Malgré tout, parfois, une étincelle, bien mince, et n se croit rétabli, on se croit plus fort, on se croit guéri, ou presque, on se dit "ça" va aller… Et puis au hasard d'un moment ! la douleur, le pincememt, on s'écroule, les larmes. On ne peut plus les retenir et on s'effondre n'importe où n'importe comment, plus aucune tenue, retenue, on lâche; on se lâche, on laisse aller, on se laisse aller, on se laisse couler, entrainé par le tourbillon jusqu'au fond du trou, du gouffre, de l'abîme.
Submergé ! Assassiné par les vagues, par ce tsunami ravageur et meurtrier.
On laisse aller, plus d'autre choix, au creux de la vague qui porte, ou pas, qui emporte loin du rivage, nager est devenu impossible, inutile; à quoi bon ? La Mort est peut-être au bout du chemin, issue tant espérée. On ne deviendra pas vieux et c'est déjà "ça" encore lui.
Attente, attendre ? Mais quoi ?
C'est alors qu'on n'attend plus rien, plus personne. Il n'y a rien à attendre.
Comprendre "ça". Enfin ? Peut-être ?
Est-ce "ça" l'inespérance ? Cette façon d'être à la non attente, au non espoir ? Cette façon d'être au monde, pour être à nouveau au monde.
Une autre naissance ? Une autre manière d'être aussi à soi, sans les autres? L'inespérance, ce qui succède à la désespérance ?


Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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