Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 28 juin 2014

La Guerre.

On me demande souvent "mais pourquoi la guerre vous fascine t-elle à ce point ?"
La guerre ne me fascine pas, elle m'interpelle, elle questionne en moi le sujet, la faculté du sujet à faire la guerre, ce pourquoi qui le conduit à mettre en scène ces actes là.
La guerre, faire la guerre, jouer à la guerre, sauf qu'elle n'est pas un jeu, et que le je lorsqu'il s'y frotte y laisse des plumes et s'y pique. Toujours.
La guerre est là, toujours au coeur de l'histoire des Hommes depuis les Origines... La guerre ordonne, fait et défait les frontières, trace les lignes de démarcation, les gomme, les remodèles, sans se soucier vraiment des hommes, seule compte la terre, ce morceau de territoire, d'accès à la mer... Sans se soucier des hommes.
Pourtant ce sont les hommes qui font, qui vont à la guerre, qui en reviennent ou pas. Mais peu importe il y en aura une autre, et encore une autre, toujours une autre, qui sera la dernière, qui sera pour qu'il n'y en ait plus d'autres jamais.
Et pourtant !

Alors pourquoi la Guerre ?

Freud a tenté d'y répondre dans la longue lettre qu'il a adressé à Einstein. Tenté. On peut toujours essayer. On peut toujours poser des hypothèses, voir le Mal qui est en chacun de nous se libérer et être légitimé pour raison d'état, se dire que nous restons coûte que coûte un être sauvage, une sorte de monstre, de Minotaure dont la mince couche de vernis a craqué... vite et bien, pour réveler la vraie nature, l'état de nature... Violence, haine, destruction, de-s-humanité.
Se qui se cache ne tient pas, ne tient qu'à un fil, celui de la vie ou de la mort, une bombe à retardement. Et si on se trompe de fil, elle explose...

Mais encore ? Mais toujours
Depuis plusieurs mois je m'intéresse à la guerre 14-18, cent ans déjà ! Cent ans et pourtant. Depuis ce temps j'essaie de comprendre le quotidien de ces hommes sur le Front, sur les champs de bataille, mais pas seulement, car la guerre n'épargne rien, elle est rapidement partout, et l'arrière s'efface pour laisser la place à une guerre totale, sans pitié. Il ne reste plus rien d'humain, d'humanité dans ce carnage, dans cette tragédie où tout n'est que ruines et ravages.

Pourtant ! Tout se mettait en place pour l'homme, son confort, son avenir, son plaisir. Le progrès, celui que la "civilisation" était sensée  lui offrir, lui donner pour réduire la peine, le travail.
Profiter. Aspirer à une autre forme de bonheur que ce progrès devait apporter, apprécier la vie, les choses de la vie....
Pourtant ?
Encore pourtant.. Pour tant de progrès, d'avancée sur le chemin du bonheur, de la vie aisée, de la douceur de vivre. Pour tant ?
On dit souvent que cette maudite guerre est arrivée car tout avait été tenté en vain !
Qu'elle était la seule issue à un conflit qui rodait lui aussi, comme la mort toujours prête à sauter sur sa proie, comme si les hommes ne pouvaient jouir sans honte, sans peine et culpabilité du bonheur et de la paix qui l'accompagne ?
Comme s'il était nécessaire que la pulsion se décharge et libère la violence qu'elle n'en pouvait plus de contenir.
Contenir ce qui ne tient plus..

Mais la guerre se décide et contraint ceux qui ne l'ont pas décidé à être en première ligne, à donner, à gâcher leur vie qui ne leur appartient plus
Montre t-elle alors les limites ou les illusions de la liberté de l'être, de la singularité, du désir d'individualité et par là de la démocratie ?
Faisant ainsi du sujet libre le fragment d'un tout  qui ne peut être que totalitaire. Un pour tous, mais jamais tous pour un.
Le un n'existe plus, mais a t-il seulement existé.. Illusion ? Encore
L'homme n'est plus, il devient in humain, il lui faut sortir de l'Humanité et du monde des hommes pour rejoindre les champs de bataille ?
Soldat de plomb et de larmes qui le plombe au fond des tranchées de l'horreur et de la boucherie, avançant à la mort sans savoir vraiment pourquoi ? Etre là ? Plutôt qu'ici ou ailleurs, sans l'avoir voulu, décider, obéir, servir, mourir, crever... !
"La guerre c'est moche",  me dit un jour un étudiant... Oui, c'est toujours moche, il n'y rien de plus barbare. C'est l'esthétique de l'horreur, la fascination du Néant, la marche vers l'Enfer qui est sur terre, car la seule issue est d'en finir...
Vie, vies sacrifiées sur l'autel de la sauvagerie, de l'inhumanité, de l'hypocrisie des hommes qui ont la certitude de défendre un bout de terre qui leur appartient.
Illusion encore ! La guerre nous montre l'homme tel qu'il est, à l'âge de pierre, à l'âge des Origines, l'homme de la horde qui se donne des airs civilisés sous de beaux habits dorés en usant d'un langage châtié, comble de la perversion ...

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

samedi 21 juin 2014

Détail

"Mot que le mal de la banalité a mis à l'index, qui ne peut plus être prononcé sans une certaine appréhension, dont la représentation n'est plus la même tant l'acception et le détournement infâme et odieux l'ont fait glisser de sens, l'ont précipité vers la nausée."

Telle en est à présent ma définition.

Encore un ! Mot, idée, phrase, concept... Banalisé, usé et abusé, mot violenté et violé.. Mot capturé, kidnappé et ajouté à une longue liste qui permet de mettre en mot une idéologie nauséabonde.

Mot qui implique une représentation douloureuse, manipulé et instrumentalisé à des fins haineuses, mauvaises, toxiques et perverses.

Dérapage ?... !
Mot de la langue perverti par les pulsions de mort de ces sujets qui n'ont que leur haine à offrir en partage, puis qui s'en expliquent et s'indignent : l'interlocuteur a encore une fois du "mal comprendre"..
Mal entendu, ce mal dit... ?
Sûrement pas, ne soyons pas dupes !

Ustensilisation des mots, des propos et des consciences. Grande Messe de la raillerie et de l'insulte, mal de la banalité encore une fois. Toute puissance et impunité assurées... Le discours se relâche et se lâche, ainsi l'escalade de l'intolérance est à son comble. La violence également. L'insécurité rode, tout comme le crime qu'elle permet et légitime.
Le lien social peut-il encore tenir bien longtemps devant un tel discours "identitaire" ? Ou celui ci ne serait qu'un détail ?... Lui aussi ? Curieux retournement de la situation ?

Oui, certains mots dans la bouche de certains sujets prennent un certain sens, une certaine couleur, une certaine odeur...
Ces mots dits ne me plaisent pas, tout comme la haine et le rejet de l'autre qu'ils génèrent. Incitation à la haine et à l'intolérance, ils sont le relais de l'emprise, et des pensées qui s'autorisent dans toutes les sphères de la société, politique, sportive, culturelle. Dans l'espace du sujet humain qui ne sait plus "vivre ensemble", qui ne veut plus vivre ensemble. Ils prennent origine dans le Mal pour se dissoudre dans le quotidien le plus banal, au détour d'une conversation, d'une plaisanterie ou d'un discours...
Mais voilà le mot est dit, lâché.. Avec ce qu'il sous entend et ce qu'il sous tend !
Mot jeté en pâture, jouez, alimentez, réjouissez vous ! Faites et fêtes en ce que bon vous semblera ! C'est à vous !

Le détail est un mot fort, qui prend tout son sens et toute sa puissance dans le discours dont il est lui même le détail. Elément de rhétorique il n'échappe pas à l'écoute, à l'ordre des mots et à leur sonorité, il résonne et donne le ton, il s'accorde ou pas, selon certains rythmes, certaines cadences. Il se scande et se chante, se marmonne ou se hurle, se crie ou se murmure, coule ou coince, se coince et se noue au fond de la gorge. Il sonne faux !
Surtout quand il marche au pas de l'oie...

Le détail est un mot qui à présent dérange, un mot dont le son à une certaine résonance, une certaine  raisonance. Il appartient alors au registre trop familier du discours de l'intolérance. Celle de l'autre encore une fois. Minorant, minimisant, détail de l'histoire et histoire du détail qui se fond sur le fond et se tient sur fond de rhétorique mais usé et instrumentalisé de telle sorte que celui qui le dit lui donne ce sens qui sent le souffre et le diable qui lui insuffle.

Lors d'un dernier dérapage car l'euphémisme est à la mode, (d'usage fréquent en ces moments de troubles, de lien social distendu et tordu) certains s'insurgent et clament fort qu'on ne peut plus dire quoi que ce soit, user des mots sans que certains -qu'ils ne nomment pas mais désignent cependant- y voient ce qu'il ne faudrait pas y voir.
C'est donc qu'il y a quelque chose à y voir, un quelque chose qui ne serait pas beau à voir. Projection encore, perversion de la langue,des mots et du discours.
Perversion tout court !

On ne s'en sort, pas on nage dedans sans même savoir vraiment nager. On ploie sous le poids ! Faire de la victime un assassin, pratique courante chez le pervers qui se repait et jouit à n'en plus finir de lire dans le regard de celui qu'il provoque la stupeur, l'effroi et surtout l'incompréhension.
Ce discours est un détail, et la vie n'est qu'une somme de détails plus ou moins bien assemblés, une fournée de détails... Mots qui se tordent d'horreur, mais dont personne ou si peu osent en relever l'essence diabolique, malsaine et toxique.
L'histoire est une somme de détails, de génocides, de meurtres, de tragédies, de guerres, de tueries, de sang...Et d'horreur. L'homme est au coeur de son histoire, chaque jour est son oeuvre, il n'en tire aucune leçon, et n'en détaille aucune mesure.
Une transgression dont ils se délectent et jouissent. Etymologiquement transgresser est le fait de traverser, franchir, aller au delà des limites, au delà de l'interdit posé, nous en avons déjà souligné toute l'importance. C'est le franchissement de cette ligne jaune qui fait que le lien social encore une fois peut tenir. Mais peut-on en revenir ? Après ? Peut-il y avoir un après ? Ou bien ce pas en dehors du cadre est-il une mort ? Une mort non seulement du mot mais de la langue, celle qui fait corps ? Ce pas est-il une avancée vers ce Styx mystérieux dont on ne revient jamais ? Cet autre côté qui est peut-être ce côté le plus sombre de l'homme ? Du sujet qui se retrouve alors du côté d'avant l'Humanité, d'où il n'est vraiment jamais sorti ? Cette relation forte, cette tentation du Mal résidant peut-être dans cette résidence là, au fond de la Horde insécuritaire, mais identitaire ? Une Horde sauvage où tout peut être permis ? Sauf le remords et le regrets ?
Est-ce alors seulement un détail ?
Pour l'historien tout détail n'est pas rien, puisque l'histoire en est la Somme ce grand tout qui fait l'histoire des Hommes. Ce détail qui change tout, qui change le visage d'une vie ainsi que d'un monde. Ce détail qui fait que le monde d'après ne sera plus jamais comme avant...Ce qui en fait sa particularité, un détail de la langue... !
Un détail.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

dimanche 15 juin 2014

Merci

Un simple petit mot : Merci, mais qui engage, qui noue, qui entretient le lien social.
Un de ces petits mots désuets qui fait sourire, parfois, qu'on oublie, souvent,mais qui pourtant est essentiel. Pour soi, pour l'autre, pour nous, pour tous.

"Bonjour, bonsoir, bonne journée, ça va ? S'il vous plait, merci.."

Simple comme bonjour et pourtant pour certains, pour beaucoup trop ça ne va pas de soi.
Alors pourquoi ?
Ce qu'on nomme pudiquement "compétences, habilités sociales" sont des règles de savoir vivre.
Savoir vivre : Encore une expression qu'il convient de décomposer, d'analyser, c'est pourtant simple encore une fois : Savoir vivre avec les autres, et avec soi même. Aussi, condition première peut-être.
Cela implique le respect ; du respect, pour les autres et pour soi, l'un n'allant pas sans l'autre non plus.
Ainsi va la vie, ainsi va le lien social qui fait que l'homme sorti de la Horde devient sujet humain, membre d'une communauté, d'une société. Qui fait des je le nous.
Alors merci ?

Il convient une fois encore de remonter aux sources, à l'origine et à l'histoire du mot, une expérience non seulement intéressante mais essentielle et indispensable si on veut comprendre la représentation de ces cinq lettres pour chacun d'entre nous.
Dire merci c'est s'acquitter de la dette, ne plus rien devoir, en rester là être quitte, ne pas être en compte, solde de tout compte.
Dire merci c'est reconnaitre l'autre, ce qu'il nous a donné, apporté, prêté et le lui dire.
Pourtant l'histoire de ce petit mot est bien loin de cette acception là, de cette représentation contemporaine. Etre à la merci... Etre soumis, être entièrement sous la dépendance de...
Etre... !

S'il est question de la dette, il n'est pas question qu'elle soit soldée, au contraire, car si ceux là sont en compte, il est loin d'être réglé. Il y a ce rapport de forces, cette inégalité qui ressort avec violence de ces cinq lettres là. "Merci". Ainsi corvéable à merci...Il n'y a rien à l'horizon qui puisse y mettre un terme bien au contraire, c'est une répétition, une mal édiction, on n'y peut rien

Pauvre peuple ! Corvéable à souhait, mais à la merci de qui ? Loi du plus fort ? De celui qui détient ce qui fait le pouvoir, pouvoir pris, ravi au plus faible ? Pour le dominer ? Et le réduire à merci, à sa merci.

Cette lutte est sans merci... Aussi, alors à quoi bon ?

Y aurait-il de cette résurgence, réminiscence sourde, trace indélébile de cette représentation du passé qui germe encore dans les coeurs, dans la mémoire de celui qui ne peut se résoudre à...
Ou bien simple oubli ?
Défaut d'éducation, perte des valeurs, des repères, du cadre, des limites, de la représentation, de la symbolisation, de la perte ?
Bien sûr il y a de ça, bien sûr il y a du manque, de l'absence de transmission, mais une fois encore que peut-on transmettre quand on n'a rien reçu ?
A quoi bon remercier... !

Il faut rappeler quand même avant de conclure que l'étymologie de ce joli petit mot signifie "salaire,récompense, solde" d'où le sens médiéval où son sens le plus fort était grâce et miséricorde (demander merci)...
A méditer donc, sans oublier de dire "merci".

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne

dimanche 8 juin 2014

Dérapage

Un billet d'humeur
Une réaction à l'actualité
Une colère face à la haine, la stupidité mais aussi et surtout la perversité
Celle d'un homme qui dérape, qui sort du sillon, du chemin pour dire, sous forme de plaisanterie, sous une bonhomie sidérante et effrayante. Dire en toute impunité les mots de l'horreur
Alors dérapage ?
Terme employé pour minimiser, euphémisme pour masquer l'indécence et l'immonde
"Mais ce qui est dit est dit", disent les enfants. "Donner c'est donner, reprendre c'est voler"
Comme ces aphorismes raisonnent et résonnent
Comme le son de ces mots est juste
Donner du sens, offrir au peuple sa haine en partage, signe d'amour, d'alliance et de ralliement ?
Puis reprendre les mots, les mots échappés ? Non même pas, les mots assénés, en toute conscience, connaissance !
Alors de qui se moque t-on ?
Nous le savons, mais qui ose le dire ? Qui ose dénoncer cette intolérance au nom de liberté de tout dire, de tout moquer, de tout tourner à la dérision qui n'est que déraison ?
Mais pas tant que ça, chaque mot est pesé, sous pesé, sur pesé. Dixit
Chaque mot est étudié, mis en scène et en acte. 
Nous voici devant l'horreur qui se clame et se déclame devant des spectateurs, outrés,ravis aussi, qui entendent tout haut ce qu'ils disent aussi peut-être, mais surtout ce qu'ils pensent sans oser le dire. Le mal ainsi libéré peut se propager
Ouvrir la boite de Pandore !
Boite à milice, et poubelle de la pensée meurtrière, celle de la non reconnaissance de cet autre, intoléré car intolérable encore
Mots pervers, perversité du mal, banalité du mal, mal de la banalité
Affront, humiliation, insulte, violence...
Mal, pulsion de destruction et de haine, instrumentalisation de la bêtise et de la crédulité de ceux qui ne savent penser par eux mêmes. Pour qui le mal est une jouissance, un désir, le seul qui les fait vivre !
Honte, mais qui s'en soucie ?
La perversion comme la pornographie a un nouveau visage, une nouvelle voix et une nouvelle voie, le chemin de la haine est souvent plus simple que celui de la sagesse, qui demande une tenue impossible quand il n'y a plus de cadre ni de limites
Quand tout ce qui fait le lien social, ce lien tenu mais qui justement doit être maintenu explose, vole en éclat.
Quand la Loi ne remplit plus le rôle que le sujet attend
Quand tout fout le camp... Nous avons ça !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

dimanche 1 juin 2014

La nouvelle pornographie

Pornographie... Moderne ? Nouvelle ? Quid ?

Serait-ce cette nouvelle manière de se mettre en scène et en actes de se montrer à voir à l'autre, autre qui paradoxalement n'est pas, n'existe pas, est gommé, rayé du champ de l'autre, de son espace ?

Cet autre là, témoin de l'exhibition, de cette représentation de soi obscène et sans limite, témoin malgré lui la plupart du temps. Spectateur pris en otage ? Ou spectateur complaisant, qui malgré tout se repait de cette image qu'il n'a pas sollicitée ? Mais qui lui est montrée à voir de plein fouet.
Supporte ? Ou non ? Mais qu'importe ?

Témoin involontaire et victime ?

Non voyeur il se doit de supporter l'image qui lui est renvoyée. Supporter. Il en est le support envers et contre tous.
Alors quid de ce besoin de montrer, à voir, à entendre, de se montrer dans le plus simple appareil, dans sa nudité crue, celle du corps, mais aussi et surtout celle de l'âme, dénué de pudeur, de cadre et de limites, dénué de tout, de bon sens commun, de sens commun tout court, dé noué ? Car dans toute pornographie il y a de l'indécence, de l'obscénité, de l'immoralité, de la grossiéreté, de l'indignité.

Quid de ce besoin singulier de se mettre en scène, pour être et avoir, avoir l'être qu'on voudrait être peut-être ou qu'on voudrait avoir à donner à l'autre, qu'on implique, qu'on met dans le coup... Sans même lui demander son avis.
Pornographie partout, à la ville, à la campagne, à la plage et dans la rue;
Seul au monde. Seul en Eden ? En ce paradis perdu... Peut-être ?
Peindre, écrire, décrire, c'est l'éthymologie grecque qui le dit. Mais il y a aussi la tolérance, ce qui n'est pas dit. La tolérance, un peu comme la maison, lieu clos... où ce qui est peint, écrit et décrit peut l'être..
Lieu clos, maison close de la monstration à l'autre, qui pénètre l'intime et l'intimité car il en est l'invité, car il y est invité ?

Il est donc encore question de soi, et de l'autre, de l'autre et de soi, de cette relation impossible, intenable souvent, compliquée et complexe toujours, l'un ne peut être sans l'autre et réciproquement, l'un est l'autre, et l'autre et l'un. Couple infernal lui aussi... L'enfer c'est l'autre, mais on est toujours l'autre de quelqu'un qui à défaut d'être notre hôte est parfois un autre bien encombrant.

La pornographie : Cette nouvelle pornographie qui est d'infliger à l'autre une image de soi qu'il ne veut pas, qui ne l'intéresse pas. Lui imposer et s'imposer alors sans limite, sans la moindre éducation et sans le moindre souci de son existence. De la gène qu'on peut lui occasionner.

"Il se croit tout seul sur terre" lance un ado à propos d'un "autre" génant, bruyant "bref tout seul"... Car tout seul le pornographe se croit. Et c'est bien là que ça coince, que ça heurte, que ça cogne...
Tolérance, respect, limite, nous y voilà encore, et encore une fois.
Ce qui fait le lien social, ce qui fait que celui ci peut tenir, du moins rien qu'un peu, un tout petit peu, et pour que ce lien tienne il faut y mettre du sien, chacun du sien au moins un peu, rien qu'un petit peu.
La liberté toute n'existe pas, ne peut-être, sinon au risque de museler celle de l'autre. Des autres qui sont eux aussi.
Car la nouvelle pornographie n'est pas que sexuelle, elle est,tout simplement partout, perverse, détournée justement de son objet pour être montré à voir autrement et ailleurs. Il y a toujours de la violence. Celle de soi à l'autre, celle de soi faite à l'autre. Une violence infligée.
Une violence de tous les jours, banale, une fois encore et nous savons ce qu'est ce mal : Celui de la banalité, nous savons aussi ce qu'est cette banalité : Une forme insidieuse, sournoise, toxique et perverse du Mal.

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste.

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