Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 27 mars 2014

Vote, votons, votez !

Voter : Elire un président, un maire, une nouvelle star, le meilleur cuisinier, la reine du shopping... Voter, il faut voter, en élire un, le bon, le meilleur, l'unique parmi les autres ; en un clic, par téléphone, SMS, ou bien en glissant un bulletin dans l'urne.
Ce qui est le cas depuis quelques semaines on ne parle que de ça ou presque. Les médias commentent, suggèrent, conseillent, soulignent, notent, espèrent, se moquent, provoquent, font des pronostics, des suppositions, des projections, des simulations. Un championnat de banalités et de stupidités.
Les journalistes deviennent des "Madame Irma" prédisant la victoire d'untel et le recul de l'autre, la poussée d'un parti et la fin d'un candidat !

Vote blanc, par procuration, par correspondance, vote sanction, vote à reculons, abstention...
Pour quoi ? Et pour qui ?
Depuis pas mal de temps déjà le vote sanctionne, élimine et choisit par défaut, les candidats élus ne le sont que grâce ou à cause du mécontentement de la politique menée par le précédent élu. Ce mauvais, ce mal noté, celui qui perd et perd encore des points dans les sondages.
Elu puisque, à cause de l'incapacité de... Mais rarement grâce à ses compétences, ses qualités. Grâce à la volonté des électeurs. De leur désir...
Ah le Désir encore !
Le désir d'élire, le désir d'un élu, l'élu des électeurs, l'être désiré. Ou l'être désirant ? Mais désirant quoi ? le bonheur de ses administrés ou bien le sien ? Le bonheur de pouvoir, d'être et d'avoir ce pouvoir qui donne accès, donne la puissance, celle d'être au dessus. Au dessus de quoi
Pou voir... Etre cet être élu ?
Elu.. Cela laisse alors rêveur, voire songeur.
Un mauvais songe qui n'annonce souvent rien de très bon, un bad trip qui vire parfois au cauchemar.
L'élu : Tout un symbole, tout un imaginaire.
Pour élire, il faut prendre une décision, renoncer, choisir encore ! Mais comment s'y prendre ? Qui choisir parmi ces candidats qui tous avec plus ou moins de sincérité, d'authenticitié promettent l'Eden, maux et merveilles mais le meilleur ! Promesses impossibles à tenir, mais l'électeur, le citoyen ordinaire ne veut pas y penser, il a besoin d'y croire, besoin de croire, besoin d'espoir. Celui ci fait vivre !Alors... Croyons, attendons : il va faire ceci et cela.. Nous sortir de là, nettoyer la ville ou le pays ! Et que sais-je encore. La lune aussi...? Mais la lune reste dans le caniveau. Hélas !
Une fois encore les lendemains ne chantent pas, ils pleurent chaque jour un peu plus. "Le sanglot long des violons"...
Les citoyens, ne savent plus, ils sont désorientés, déboussolés, perdent le Nord. Pourtant il avait dit, il avait promis. Oui, mais en la matière, nous savons que les promesses n'engagent que ceux qui y croient, et pas ceux qui les font, ils ne les tiendront pas,il n'ont même jamais songé à le faire, tout est affaire de slogans, d'accroche, de racolage, il faut des voix, parfois même ces voix inattendues les laissent sans voix car il n'ont pas eux même trouvé la voie qui pourrait être la bonne, celle qui conduirait un peu plus loin, un peu plus haut. Ils n'y croient peut-être pas eux mêmes, ils ne croient peut-être pas en eux mêmes. Mais la politique c'est un business qui peut rapporter gros, si on en croit les affaires.
Alors parole, paroles, des mots et des maux. Langue de bois ! Sans parole, mais dans ce jeu là ça ne compte pas, une sorte de poker menteur, un bluff, on attend l'autre au tournant.. Mais quel autre, puisque l'un vaut l'autre et que l'autre n'est pas mieux que l'un.
Désespérant. Le paysage politique l'est très certainement... L'admettre serait compter avec les sans voix, ceux qui s'abstiennent de donner leur voix car ils ne veulent consentir à se laisser entrainer vers les voies de garage qui leurs sont proposées.
Alors quoi faire ? Et la prochaine fois ?
Vote sanction, rejet massif d'un parti, d'un président qui ne donne pas satisfaction ou pire qui se moque ouvertement de la Nation. Qui ne tient ni ses engagements mais méprise le Peuple qui là conduit là. Oublier que la démocratie c'est aussi cela, tenir du peuple ce droit et ce devoir de le représenter.
Mais le peuple ? Misérables fourmis qui n'ont d'utilité que de payer, encore et encore. Mais jusque quand ? Les moins pauvres enrichissent les plus pauvres et les actionnaires, qui eux n'enrichissent qu'eux mêmes ?
Désespérant. Mais pourtant, ça recommence, tous les 5  ans on change de président en espérant que... on passe de droite à gauche, ou de gauche à droite en espérant que ! Espoir quand tu nous tiens, mais on se réveille à chaque fois avec la gueule de bois. Car dans l'histoire l'électeur est toujours trahi, trompé, cocu, par le candidat, le parti ou l'équipe choisis, mais il ne se révèle et ne se réveille que très rarement satisfait...
Gauche ou droite : Quelle est la différence ? Aucune sûrement, question de nom, de couleur, bleu, rose, bleu marine, vert.. rouge.. ?
Pourtant il y retourne , il vote, et revote, accomplit son devoir de citoyen un peu comme son devoir conjugal, car il faut bien ! Après tout c'est un droit, alors allons y, il retourne sa veste aussi parfois, ça ne fait pas de mal, on peut se tromper, mais voilà, le choix n'est pas extensible et il faut bien le dire, ce sont toujours les mêmes, les professionnels de la politique, ils se reproduisent entre eux, c'est incestuel ce monde là... Et arrogant aussi, méprisant !
Alors on se tourne vers les extrèmités de l'échiquier, à gauche et à droite oubliant que ces deux là ne disent rien de bon, rien qui vaillent la peine d'être exploré à nouveau.
Derrière des discours qui se veulent citoyens, décomplexés (comme ce mot est vide) républicains, bien propres (trop, et c'est le trop qui est l'ennemi du bien) se cachent le mal et la haine de l'autre, Il en faut, il faut bien recueillir, rassembler ce négatif là, ce Mal là, latent depuis toujours... Cette ignorance et cette peur de l'autre.
Puis ceux qui de colère, de dépit glissent un peu honteux dans l'urne ce bulletin maudit, espérant toutefois qu'ils "ne seront jamais au pouvoir," mais "si seulement et si seulement si ceux qui nous gouvernent en ce moment -là ou autres - pouvaient comprendre" cette bouteille à la mer, ce SOS lancé par des citoyens fatigués, épuisés, écoeurés, lassés, meurtris, fatigués, excédés de ne pas être entendus et pire méprisés.

Les pions sur l'échiquier sont toujours les mêmes.Voter semble ne rien changer, répétition incessante, les pions sont déplacés, seulement pour un temps.. Mais quel temps ? 5 ans, 6 ans ? Quelques révolutions, toujours sanglantes, mais qui n'apprennent rien au mieux pas grand chose, des guerres et des massacres, il faut bien faire tourner l'économie. La vie des autres ne représente pas non plus grand chose pour ces gens éloignés de ce peuple qui pourtant les conduit sur les marches du pouvoir.
Les candidats sont tous pour la plupart des "produits déceptifs" pour reprendre les termes des marketteurs, et le consommateur se fait avoir, mais hélas ils ne peut pas les reporter, les échanger, se faire rembourser par la caisse centrale de son magasin, malgré la carte de fidélté de certains partis acquise à prix d'or.
Alors ? Que faire ? Au municipales certains candidats pour mieux faire passer la pilule (et combien elle est amère) se disent apolitiques. Peut-on l'être vraiment ? Et comme il faut plaire à tout le monde ils s'affichent avec les représentant des grands courants... Désarmant les plus naïfs et les plus crédules. Chaque électeur devient alors complice d'un système inadapté, d'une démocratie qui montre chaque jour un peu plus ses limites, d'un cadre qui ne favorise qu'une élite... Mais qui ne remplit pas son rôle, sa fonction. Il n'assure plus depuis trop longtemps déjà aux citoyens que nous sommes, la sécurité, le travail, le respect... La reconnaissance. Serait-on devant le mur, le roc de la castration ?

Pour conclure je voudrai simplement souligner que votum désignait en latin classique, la supplication adressée à Dieu en échange d’une requête demandée ou exaucée.
Il nous reste de quoi méditer.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

vendredi 21 mars 2014

Langue morte

La psychanalyse est-elle une langue morte ?
Paradoxe, oxymore peut-être  ? Dire que ce qui fait naitre de la parole, ce qui fait naitre  la parole est aujourd'hui enfoui ou en fuite dans un monde où les mots n'ont plus leur place pour exprimer les maux.
Le chant des mots n'a plus de champ, plus d'espace, plus de lieu pour s'exprimer, se dire et se répandre. Suspendus au vol et en vol, envolés les mots le sont, tus et tués car ils sont de trop.
Trop...
Trop encombrants, trop violents dans un monde où la violence est de mise, de rigueur aussi et se déploie sans cadre et sans limite, dépasse de chaque espace, s'écarte et explose car rien ni personne ne semble en mesure de la contenir
Alors la psychanalyse ? Quid de l'analyse, de cet espace où peuvent se dissoudre les mots, se mettre en lien, tisser la langue, la lier et la délier...
Quid dans un monde presque magique qui ne s'invente pas, qui s'impose et impose à celui qui souffre méthodes rapides et recettes mirifiques. Il suffit de...
Quelques clics qui méritent pourtant quelques claques.
On voit partout fleurir méthodes qui viennent à bout de tous les maux, ceux, ce qui ne sont pas exposé en vitrine est à l'intérieur, vous n'avez qu'à demander, on va vous le servir.
Toutes les soupes que vous voudrez à toutes les sauces. Thérapies cognitives, regards fixé sur un objet, photos à déchirer, traits à tirer sur..... Méthode Coué revisitée et hypnose, et si vous êtes sages, vous n'aurez rien à dire et s'il vous manque la confiance, ne vous inquiétez pas il vous reste la séance photo avant de vous dénuder à la piscine devant des inconnus, un shooting psy et c'est parti !  Et si vous résistez vraiment il vous reste photoshop ! J'oubliais les séances de relooking... on vous refait le portrait et la garde robe également parce que "ma Chérie ça ne va pas du tout... !"

On pourrait en rire... Ou en pleurer. A vous de voir, d'avoir...
Mais surtout à vous d'être !
C'est fou ce que la technique peut aujourd'hui faire pour vous, affirmation de soi, confiance en soi rien ne résiste à la science informatique ou l'omniscience de quelques fous, sans doute plus fous ou plus filous que le public qu'ils essaient de convaincre pour vous promettre la lune et plus... Si affinités.
Paroles et paroles encore mais pourtant paroles qui emprisonnent et musèlent celles, les seules qui pourraient être libératrices. (Mais à quel prix)
Paroles liberticides pour arriver à dénouer ce qui ne peut pas être mis en mots car ces maux restent dans le champ de l'indicible. Ce fameux indicible qui ne pouvant être dit, mérite d'être zappé, gommé, effacé... ! Infiniment plus simple.
Plutôt que de tomber le masque, on en remet une couche, car le Catharsis fait peur peut-être ? Ou est tout simplement inconnu de ces imposteurs qui affirment connaitre la formule magique ; celle qui vous permettra de retrouver, le sommeil, le sourire et le bonheur... Plus si affinités encore !
Ce plus qui manque ! Mais qu'importe ! Ils n'en sont pas à une contradiction près, un mensonge et une mascarade. Rendez vous au carnaval de l'imposture,  asseyez vous, regardez dans les yeux, fixer le crayon (il faut bien un leurre dans ce marché de dupes) et penser à la scène, revoyez l'image, ne pensez plus à rien, tout va disparaître, le  crayon est magique, morts, fantômes et cauchemars, ils font faire leur dernière danse, tango macabre
Abracadabra, parce que je le veux... Disparaissez à jamais clame, déclame et réclame le filouthérapeute...
Pauvres de nous, nous ne sommes pas sauvés ! Pourtant qui l'eut cru ils le promettaient..
Prométhée est toujours enchainé, éternelles Danaïdes, rien ne viendra vous délivrer. Tonnerre de Zeus, le vent sifflera ! Se lèvera mais vous ne pourrez même pas tenter de vivre !
L'ére, le temps est à la langue morte, à la parole muselée et tuée, la parole interdite, surtout celle de la souffrance, impossible et intenable que ces thérapeutes du dimanche ne peuvent ni soutenir ni entendre !
Alors on tue, on en fait lettre morte, iniiment plus simple, moins encombrant, et plus confortable, du moins pour un temps, le temps de l'imposture, car celui de la blessure n'est ni résolu ni dissous. Mais peut-il, l'être dans de telles conditions où l'Etre n'est pas ?
Où l'Etre lui même est nié dans sa singularité, son essence et sa posture de sujet unique ne pouvant être réduit à une série d'item et à un protocole.
C'est en effet une autre histoire !

Brigitte Dusch. Psychanalyste, historienne.

jeudi 13 mars 2014

Les blessures invisibles.


Les blessures invisibles

Le temps du chagrin...

Un chagrin qui s'estompe..
L'espoir mais pas l'oubli. Toujours dans nos coeurs. A jamais, car comment oublier. Vivre avec encore, mais vivre quand même, blessures et cicatrices, plaies ouvertes et béantes, qui se ferment et s'ouvrent à chaque souffle, à chaque larme, traces ineffaçables, présentes à la mémoire.

Mais un jour on se tient debout, un jour on fait face à ses fantômes, sans bruit, sans heurts et sans pleurs, un jour on affronte ce moment là sans trop de terreurs, sans trop de peur.

Alors on retourne, on fait le voyage à l'envers
On retourne dans sa mémoire
Et là on regarde
On voit tout en face encore,
Comme une rafale
Mais cette fois c'est toi, c'est moi qui décide
De revivre, de revoir, de ne pas fuir.
Ce jour là arrive, il faut du temps, de la patience, des larmes, de la peur et des pleurs
Il faut attendre longtemps et parfois même cesser d'y croire
Se dire que c'est fichu, que c'est perdu
Se demander aussi pourquoi on est là ?
Mais on y est.
C'est le plus important.
On est arrivé là, alors il faut avancer, encore
Juste encore un peu.
Pour vivre encore, espérer encore...
Avec ça, peut-être, mais avec et ce n’est pas rien.
Amitiés à vous


Ce texte m'est venu comme ça presque par hasard et je l'ai partagé avec mes amis, mes proches. Ceux là qui savent mon engagement depuis plus de vingt-ans auprès de ceux qui souffrent de ce traumatisme, de ce post trauma comme ils disent ou du PTSD comme disent les livres et articles savants.

Peu importent les noms qu'on donne à ces souffrances, importent les souffrances.
Beaucoup de réactions, de commentaires, de récits, de partages d'expériences
Car on n'en ressort jamais indemne, quand on la chance d'en ressortir. Il en reste la trace, les traces indicibles mais ineffaçables. Invisibles parfois mais qui déchirent le coeur et l'âme. Ces cicatrices qui s'ouvrent ou s'entrouvrent pour laisser échapper les ombres et les fantômes pourtant bien cachés et enfouis au fond de la crypte.
Jamais bien loin, toujours prêts à ressurgir, la nuit, le jour, au moindre bruit, au moindre mouvement, au moindre rien, au moindre tout.
C'est pour eux que j'écris. Qu'ils viennent de la guerre, de la violence ordinaire ou pas, du quotidien banal ou non, ils sont là.
Trauma traumatisme, traum'a traum'a pas, trauma ne m'aura pas, et pourtant, il court, il choppe il attrape il s'achoppe et il s'accroche et tient bon. Et c'est ce qui fait mal. Mal, très mal... Un mal qui ne cesse pas.
Alors s'amorce la descente, aux Enfers souvent, la plupart du temps, et la douleur, la souffrance et la peur, trauma de guerre ou autre, trauma quand même ! Insomnies, idées noires,  cauchemars, angoisses, sueurs froides, tremblements, trous noirs, vertiges, colère... Longue liste intenable, longue liste non exhaustive hélas.
Je reviendrai sur ces points, sur ce qui bouffe, qui ronge la vie ordinaire pour en faire un enfer.
Mais l'enfer est sur terre, l'enfer c'est le Réel, ce réel sur lequel on se cogne, on se fait mal encore, trauma une fois, traumatismes des fois... et des fois à la puissance exponentielle.
Ces fois ne sont pas coutumes et on peut leur tordre le cou, pas d'un seul coup certes, mais on le peut, c'est un cheminement difficile, long, douloureux et complexe. On avance, on chute encore, des hauts et des bas, on ne sait plus, on s'accroche, on rampe, on plonge, on boit la tasse, on saisit la bouée, on respire, on remonte..
le chemin est long. Et la décision aussi, celle qu'on prend, dont on décide une bonne fois pour toute, quand on peut, pas quand on veut, ce serait trop simple ! Et il est long aussi ce chemin là, celui qui conduit à la décision de : Prendre un rendez-vous, mettre les mots sur, dire , écrire, raconter, retourner.
Retourner au combat, livre LA bataille, ultime combat à armes inégales, l'ennemi est fort il s'est infiltré. Il est là et ne renonce pas, alors il va falloir inventer, trouver une stratégie, le prendre de côté, si on ne peut l'affronter en face
Connais ton ennemi, presque mieux que toi même, fais de ses armes les tiennes et amène le sur ton terrain. Ensuite bats toi !
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

lundi 3 mars 2014

Tenter de vivre

Le vent se lève..Il faut tenter de vivre

Ces vers de Paul Valéry, titre et leitmotiv du dernier film de Miyazaki laissent une impression singulière
Le vent se lève
Il faut tenter de vivre
Tenter de vivre... Infiniment plus difficile que de mourir, essayer de vivre, s'essayer à vivre
Parfois vivre est un supplice.
Et pourtant il faut tenter de vivre pour le meilleur espéré et le pire redouté...
Ce pire là qui fait que parfois vivre devient intenable et impossible.
Chaque jour est un combat, chaque jour ce désir de vivre est remis en jeu, se remet en je
Tenter de vivre et se donner rendez vous, pour ne pas se manquer et réaliser combien on s'est manqué, de peu quelque fois, mais suffisamment pour que ce manque là soit douleur, que ce manque là soit !
Alors le jour se lève, la nuit s'apaise et s'achève et il faut tenter de vivre
Un jour encore, un jour de plus, un jour pour quoi ? Un jour pour qui.
Avancer sans bruit, sans faire ce bruit qui rappelle à la vie ! Qui éveille et qui réveille
Tenter de vivre encore un peu.
On se demande alors comment il se fait, comment ça se fait que malgré tout, malgré tout ça, ces poids et fardeau on est encore là ? Et on se demande "pourquoi moi"?
Ceux là sont dans la douleur qui n'a pas de mot pour la dire, pour se la dire, s'ils se sont manqués, c'est qu'il reste une part d'eux mêmes ailleurs,dans un ailleurs enfoui dans la mémoire, mais dans un ailleurs inaccessible et pourtant bien réel
Tiraillés ils sont entre l'effroi et le désir, celui d'y retourner et celui de le fuir.
Ils voudraient mais ne veulent pas, ils voudraient mais ne peuvent pas.
L'inconscient lui ne renonce pas si facilement et chaque nuit qui succède à chaque journée terrible le mène là bas vers cette tragédie, vers ce fantômes, ces ombres qui le hantent et qui font de sa vie, un enfer, le mot semble ici un doux euphémisme.
Alors il faut tenter de vivre. Tenter de raccrocher, de réparer ce qui est cassé, recoller l'impossible et l'indicible, raccommoder ce qui est déchiré, arraché,troué,
Troué, trouer, trou de la mémoire de l'oubli qu'on voudrait pourtant et qui ne vient pas ! Tenter de vivre et d'oublier, l'oubli pour tenter de vivre... Un peu, rien qu'un peu.
L'oubli impossible, la mémoire qui tourmente. Cette mémoire qu'on aimerait perdue, laissée au fond du trou, cette béance suspendue, ce vide qui donne le vertige.
Mémoire qui troue et qui tue. Alors tenter de vivre quand même ? D'avancer sur la route, de heurter et buter sur les pavés, glisser et tomber, puis se relever, encore ! Tenter de vivre ?
Reprendre le chemin ? Là où il s'est arrêté ? Là où on l'a laissé ? Ce tenter là serait tentant, mais il faudrait oser, l'oser, mais pourquoi ? Ce serait alors combler le trou, l'enfouir et le fuir à tout jamais, penser sans panser la cicatrice qui fera un jour ou l'autre symptôme, douleur, cris, pleurs, hurlements à n'en plus finir;
Pourtant il faut tenter de vivre, tenter de tenir, tenter d'être à la vie, aux autres, qui croient encore que c'est possible, mettre son mouchoir par dessus ses larmes et sa souffrance et lever la tête : Hauts les coeurs et les corps, haut le coeur et la nausée. Envie de vomir, de rendre une bonne fois pour toutes ses tripes ?
Tenter de vivre ? Pour soi, sûrement, car la vie est là, et retrouver l'envie. Tenter d'avoir envie pour tenter d'être à nouveau envie, rien qu'un instant, l'instant suffisant pour tenter de vivre ?
Mais tenter de vivre se doit d'être tenté....

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste

A José, David, Phil et les autres à leurs camarades qui liront et à qui je dis souvent, et à qui je dirai encore.... "Il faut tenter de vivre" Quand même...!
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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