Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 23 octobre 2020

Il n'y a plus d'ailleurs !



Il n'y a plus d'ailleurs, nous sommes enfermés, confinés, muselés, réduits au silence, nous sommes à l'isolement.
Nous ne pouvons plus nous échapper de cet erzatz d'Alcatraz, car il n'y a plus d'asile, plus de refuge. Il n'y a plus rien. Le monde est devenu une gigantesque geôle.

Nous voilà emprisonnés, soumis aux diktats des puissants, de ceux qui déclarent savoir ce qui est bien pour nous, qui ne veulent soit disant pas nous voir mourir ! L'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Nous sommes les otages de ces lettres de cachet ! 

Otage d'un arbitraire qui, peu à peu tout doucement avec la complicité de quelques uns, puis de plus nombreux, persuadés que pour vivre il ne faut plus respirer, à jeté ses rets perfides sur les gueux que nous sommes afin de nous enlever l'essentiel : La liberté.
Nous sommes pris au piège et maintenus dans cet étau infernal car ceux d'en haut ont décidé non de nous envoyer au Front, mais de nous faire vivre une masquarade dont ils tirent les ficelles.
Les dieux de l'Olympe s'amusent avec les misérables mortels !


Mais de quel droit décider de notre sort, de notre vie, de notre mort ?
Ces mêmes qui oeuvrent pour le droit à une mort digne, l'euthanasie : la belle affaire !
Ces mêmes ont sans état d'âme laissé les Anciens mourir dans ces dépôts de vieillards indignes d'une soit disant république où nous sommes soit disant libres, égaux et fraternels !
Paroles, paroles et paroles, poker menteur d'incapables, d'irresponsables et d'inconscients. 
Ces mêmes ont ordonnés un tri à l'entrée des services de réanimation laissant à ceux qui se disent "soignants" le soin de décider de qui va vivre ou mourir. Ces mêmes qui ont hurlés soudards malveillants "nous sommes en guerre". 

Roulette Russe, choix de Sophie ? Ce n'est pas moi, c'est l'autre.

Il leur faut leur guerre, il leur faut leurs médailles, leurs combats, leurs batailles sans victoire et sans gloire, si ce n'est celle d'avoir contre leur gré emprisonné des gens. Que retiendra l'Histoire ?
Ils font de nous chaque jour des victimes et des assassins, nous pouvons tuer et mourir, car l'autre, notre semblable est notre pire ennemi comme nous sommes le sien.
Ces faux amis n'ont ni honte ni culpabilité. Ils n'ont rien, ne sont rien, mais ONT le pouvoir et se croient tout. Tout puissant !
Nous sommes leur jouet, leurs pions sur l'échiquier, sujets devenus objets d'une expérience macabre et perverse dont ils sont les observateurs et les décideurs jouissifs ! Grand bien leur fasse de cette jouissance perfide et sadique !

Le pays est à présent aux mains non des gouvernants qui, Ponce Pilate de boulevards se lavent les mains, mais aux médecins. Afin de se dédouaner, les politiques feignent l'ignorance et confient aux experts le soin d'appuyer sur le bouton qui fera tout sauter. Quel courage ! Au moins si cela tourne mal ils ne seront pas responsables, ni même coupables : ils auront simplement fait confiance aux sachants, à ceux qui se targuent de détenir la vérité. 
Les nouveaux Messiah, les sauveurs de l'humanité qui nous mènent au tombeau sans funérailles.

Je réclame le droit de vivre et de mourir libre, sans masque et sans chaine. Je dénie à quiconque le droit de me priver de respirer, de savoir ce qui est bien pour moi. J'interdis à qui que ce soit de s'octroyer ce droit.


Il n'y a plus d'ailleurs, enfant on m'avait expliqué que les lendemains ne chanteraient jamais et qu'il ne fallait pas croire ce qui était écrit sur les banderoles, dans les journaux, ne pas me laisser séduire par les beaux discours, la propagande martelée chaque jour.

 Les lendemains ne sont jamais meilleurs, ils sont différents. Mais enfant je savais qu'il y avait un ailleurs, j'ai appris que oui, il ne faut JAMAIS croire à ce qu'on raconte, qu'il n'y a pas une vérité mais qu'elle était singulière.

Aujourd'hui, il faut rebattre toutes les cartes, le jeu est truqué.  Des fous ont transformé la planète, après l'avoir maltraitée, violée, dévastée, ils en ont fait  une gigantesque prison d'où nul ne peut s'échapper. Un laboratoire où ils se livrent à des jeux de rôle où la vie ne compte pas, où elle n'a aucun prix, où nous ne sommes que de misérables jouets, écartelés et disloqués pour leur bon plaisir !

Ils ont construit, en toute conscience et impunité, et de manière démocratique un avenir que même les esprits les plus fous n'avaient pas osé mettre en scène dans les pires scénarii de sciences fictions. Un monde sans avenir, un monde qui s'éteint, un monde qui se meurt dans la violence et le désespoir.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo, @brigittedusch


samedi 17 octobre 2020

Mathilde 1914.

 


Pauvre Mathilde !
C'est un coup de tonnerre, un coup de tocsin, qui brise d'un coup le ciel et le silence et qui lui rompt le coeur.

C'est qu'elle s'épuise, elle se tue la Mathilde, aux champs, à l'étable, partout, pour remplacer son homme, son Jean que la guerre lui a pris. 

Il est parti un matin, il n'a pas eu le choix, comme ça avec juste du pain, un flacon de vin et quelques restes du repas du dimanche dans sa musette. Il était dur le départ, mais Mathilde n'a pas pleuré, les Hommes non plus, mais ils n'étaient pas fiers. C'est qu'ils sont durs les gars de la campagne, les paysans ,ils labourent et sèment, récoltent les moissons, ne rechignent pas à la peine. 

Pauvre Mathilde ! 
Ils sont partis les hommes, les jeunes, les plus vieux, les plus valides, les plus forts, et qui va faire le travail ? Qui va conduire les vaches ? Qui ? Il ne reste que les enfants, les chétifs, les malades, les Anciens. Ils sont partis les Hommes.


Ce ne sont pas des soldats ces Hommes là ! Mathilde ne comprend pas, ne comprends rien, elle a lu le journal, elle a entendu les rumeurs, elle a eu peur, puis a été rassurée, a eu peur encore, au cimetière, les Femmes parlaient, disaient que les Hommes allaient peut-être partir encore une fois, leurs enfants. C'est si loin ces pays dont ils parlent tout le temps au "coq d'argent" ces beaux Messieurs bien mis qui reviennent de la Capitale.

C'est quoi cette guerre, se dit-elle ! L'Alsace la Lorraine, l'Allemagne, le Kaiser, ces mots barbares qu'elle lit dans les journaux ? Et la récolte ? Qui va la faire ? Pas ces gars de la ville, ces bons à riens, ces fainéants qui ne savent pas ce que c'est que la terre

Pauvre Mathilde
Elle parle à son Jean, parti on ne sait où dans le train, elle lui raconte, marmonne toute la journée. Non Mathilde ne parle pas toute seule, elle parle à son Homme

Ah la ! Mathilde pas un jour où elle ne peine à la tâche et qu'elle ne maudit ces endimanchés, ces cafards du ministère. Elle avale ses larmes de colère et de peine, elle revoit son Jean et sa musette, avec le René, l'Auguste et l'Octave ! Ils sont sur le quai de la gare et vont monter dans le train. On sera revenu à Noël qu'ils ont dit, qu'ils disent tous! Le curé a béni tout le monde, et le curé a dit la messe, a dit qu'on allait gagner la guerre

Elle s'en fout de la guerre La Mathilde, elle s'en fout de la Lorraine et de ses mirabelles, elle s'en fout que le Rhin soit allemand, elle ce qu'elle veut c'est son Jean ! Ils parlent tous de la patrie, de la revanche, des boches.. Elle bougonne toute seule, en allant chercher l'eau pour les bêtes, toute seule, un matin encore !

Qui va rentrer la récolte ? Elle se demande ! Y a plus de gars valides, et les autres vont partir, ils en appellent tous les jours, mais le Jean, le René, l'Auguste et les gars du village ne leur suffisent-ils pas ?  Elle ne comprend pas Mathilde, elle ne comprend rien  ! Il y a les petiots qui ne vont plus à l'école, ils ont pris l'instituteur ! ce bon monsieur Albert, il ne saura pas se battre cet homme là se dit Mathilde ! c'est un monde de fous ! Depuis quand on envoie nos paysans faire la guerre ?

Puis Mathilde se souvient d'il y a longtemps, de la grand mère de la "Ferme du Bout" qui parlait des Uhlans, son homme a elle est parti, il n'est pas revenu. Il a marché, marché pendant des jours pour aller dans le nord du pays, et il est tombé pas loin d'une ville étrange, Sedan ou un nom comme ça. 

La guerre encore, la guerre toujours ! Ils ont pris nos hommes et maintenant ils prennent nos bêtes, ils ont emmené le Pimpin : qui va tirer la charrue ? elle se demande Mathilde ! Puis il vont nous prendre notre pain ? 
Ah brave Mathilde tu n'y entends rien ils prennent tout : les Hommes, les chevaux et même les draps ! Elle s'en fout de la guerre. Elle ! La Jeanne elle a eu une lettre, ils sont aux dépôts ! mais qu'est ce donc que ça un dépôt ? elle se demande, et il n'y a même pas de lits. Voila que nos hommes y dorment sur la paille comme dans nos écuries où on y met nos bêtes.
C'est pas pour les paysans la guerre ! Qu'elles se disent les femmes .

Les Femmes et les Larmes, les Larmes des Femmes.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne "1914-1918, la guerre, des Hommes, des Femmes"
Crédit photo @brigittedusch

samedi 3 octobre 2020

La traversée en solitaire

C'est une épreuve, c'est la souffrance, c'est la solitude, une ile déserte où nous sommes relégués, seuls. Seuls face à nous même, seuls au bord d'un gouffre sans fond, une abîme, un enfer.
Douleur, épreuve ultime de l'accompagnement vers le dernier passage, celui d'où personne jamais n'est revenu. 
Il faut assister impuissant à ce naufrage.
C'est une traversée en solitaire
Pour l'un et pour l'autre
C'est une rupture tragique qui n'épargne rien, un gigantesque tsunami qui dévaste tout sur son passage ne laissant que larmes et désolation
C'est une traversée en solitaire
L'un face à la mort, l'autre face à la solitude
Ni l'un ni l'autre n'ose regarder en face ce qui l'attend, ce qu'il ne veut ni ne peut entrevoir, mais dont il sait que c'est. 
L'indéniable, l'impensable et l'impensé.
C'est une traversée en solitaire
Vers un rivage inconnu pour l'un et l'autre
Ultime épreuve et ultime voyage
Une solitude et un abandon, des maux sans mots
Nul endroit pour jeter l'ancre, un voyage sur une mer déchainée qui parfois s'apaise, laisse un répit pour mieux engloutir sa proie, l'emporter au creux d'une vague, la rejeter sur une plage déserte pour la reprendre ensuite encore et encore avant de l'avaler pour de bon.
Issue toujours fatale, réel implacable qui nous rappelle à l'ordre et nous met devant la Vérité, la seule qui soit vraie, vivant ou mort nous sommes seul. Toujours seul.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch.

 

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