Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 30 janvier 2021

Faire sens !



Tout est question de sens, le bon sens, le sens commun, donner du sens, faire sens. En un mot : comprendre.
Pour comprendre ce qu'il arrive, ce que nous sommes, ce qu'il se passe, il faut que  la situation l'événement,  fassent sens, c'est à dire que ces derniers ait été appropriés par le sujet qui le vit ou en est témoin. Qu'il lui soit intelligible et qu'il puisse le mettre en mémoire. S'en souvenir.
Le sens est la raison d'être de notre existence et de nos actes, c'est pouvoir donner une explication, une justification à ce qui arrive, quelle en est l'origine, la source ? Car il faut bien un socle, un fondement qui permet la compréhension de ce qui arrive, de l'action. Le sens c'est une valeur fondamentalement humaine, elle s'inscrit dans un cadre légitime et raisonné, ordonné permettant de rassurer le sujet humain, au moins un peu. 

Le sens c'est de l'ordre mis dans le Chaos, l'ordonnancement de l'Origine où tout était désordre et pagaille. Un cadre raisonné, ordonné et intelligible.

Donner du sens, c'est alors comprendre.

Comprendre : c'est d'abord faire sien un savoir, une connaissance, l'assimiler. Pour  Descartes, il s'agissait d 'embrasser par la pensée". Il faut recevoir mais surtout pouvoir se représenter ce savoir ou ce concept. Cette représentation nous permet de saisir le rapport de signification existant entre ceci et cela. C'est aussi être en mesure de se référer à notre histoire, à notre propre savoir afin d'élaborer cette représentation, la modifier, la conforter et peut-être la remplacer. Une opération intellectuelle, cognitive mais aussi et surtout émotionnelle (en ce qui concerne par exemple le travail de mémoire, collective et individuelle). Souvent pour comprendre nous avons besoin d'explications, c'est à dire de mots, de phrases servant à relier 

Faire sens c'est donner du sens à sa vie, c'est comprendre, c'est être acteur, c'est être dans le monde qui nous entoure et en saisir dans une juste mesure les enjeux.
Alors qu'est-ce qui cloche, lorsqu'on entend "mais ça n'a pas de sens, aucun sens, c'est absurde"
Il est donc impossible pour le sujet de relier son savoir à ce qui arrive, il ne comprend pas, il n'a pas "le mode d'emploi" aucune représentation, aucun modèle ne correspond à ce qu'il est en train de vivre, aucun fonctionnement, rien ne peut se raccorder à ce qu'il a appris, vécu, connu, retenu. Il est perdu il ne peut plus rien ajuster car ce qui se passe ne correspond à rien, n'est jamais advenu. Il n'y a plus de référence, plus de sens. Ce qu'il vit, ce qu'il subit est pour lui devenu incompréhensible, inintelligible, indéchiffrable, inconnu. 
Ne plus faire sens c'est retomber dans les affres du Chaos et du vide. C'est ne plus rien comprendre car quoi qu'on fasse il n'y a rien, plus rien si ce n'est que le Néant. Alors à quoi bon ? Pour quoi faire ? 
Ne plus donner de sens, c'est se demander à quoi sert la vie, l'existence si elle est bridée, soumise à des lois et des règles qui ne veulent rien dire, qui ne sont justifiées par rien ou par tout et son contraire.
Nul ne peut donner du sens aux injonctions paradoxales qui n'ont pour seul but que de rendre l'autre fou, c'est à dire de lui faire perdre tout sens commun.
Car si plus rien n'a de sens : comment comprendre et expliquer puisque ce gouffre est l'espace de l'absurde ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

vendredi 22 janvier 2021

Il y a le repli 1



Il y a le repli, le repli sur soi, le repli en soi.
Dans sa tanière, sa caverne, loin du bruit, du monde, des mots qui ne sont plus que des violences qui explosent et blessent au plus profond de l'âme.


Il y a ce repli là pour ne pas mourir, tout en mourant un peu.


Les jours passent, dans la tristesse, dans une sorte de nébuleuse sombre dont on ne voit pas l'issue. Personne ne sait vraiment comment elle est arrivée là, personne vraiment ne l'a vue venir, arriver 
lentement mais insidieusement. 

Pourtant elle est là, elle s'est infiltrée dans une des failles qui ne demandait qu'à s'ouvrir juste un peu afin de l'accueillir, lui laisser déverser sa misère, laissant présager la catastrophe. Sinistre prédiction. Sinistre présage. 

Choc, stupeur, effroi, méfiance, défiance, ou déni, insouciance, incroyance. Pourtant !

Qui pouvait se douter qu'un jour, en quelques semaines, en quelques jours nous serions privés d'un bien inestimable mais dont peu finalement avait conscience de sa juste valeur de son juste prix. 

Liberté !

Celle ci semblait acquise, n'avait pas de sens, elle était c'est tout, combien d'entre nous avaient oublié qu'elle était le fruit de combats, de luttes, de guerres et de massacres ? Combien ? 
Même si cette liberté si chère à ce pays qui s'en réclame, et qui clame le droit de ces citoyens n'était pas aussi vraie que ça, elle était, du moins il en restait quelques lambeaux, minces filaments qui s'accrochaient, se tricotaient et se ravaudaient à la lumière des chandelles presque éteintes.

Pénombre de la tristesse. Impuissants devant une telle monstruosité, une telle ignominie. Nous voyons avec peine, colère et chagrin notre vie s'éteindre. Plus le droit ! avant de n'avoir peut-être plus aucun droit. Il faut demander l'autorisation. Mais à qui ? Comble de l'horreur et de l'absurde nous voilà obligés de nous autoriser de nous même pour aller chercher notre nourriture, travailler. Misérables chasseurs cueilleurs nous ne pouvons même plus aller dans les lieux de plaisir, boire, manger, danser, rire avec nos semblables nous sont interdits

Enfermés, avec une chaine qui comme une peau de chagrin se rétrécit au rythme d'un décompte macabre que les médias à la botte d'un gouvernement nous assène à longueur de journées. Morts, cas, malades, infectés, morts, mourants, contaminés ; un registre lexical de l'anxiété, puis de l'angoisse avant d'être celui de la peur et enfin de la terreur.

L'autre est un ennemi, un tueur potentiel, et nous sommes tous l'autre de l'autre

Le temps s'écoule lentement, et tristement, un jour chassant l'autre avec son lot d'interdits et de misère. De malades et de morts. De peur et de violences.

Le temps s'écoule, et le repli s'installe, plus personne n'a envie, ne désire, ne veut.  la vie s'éteint, faible chandelle qui vacille dans les ténèbres et l'obscurité d'un hiver infini. Une immensité de nuages noirs et menaçants. Non Guillaume, nous ne pouvons plus, nous ne pourrons peut-être plus jamais rallumer les étoiles. Pourtant il est temps d'y mettre le feu, de faire flamber le ciel d'un gigantesque feu d'artifice pour renaître enfin à la vie que d'infâmes nous ont confisquée. Au nom de quoi ?

Il y a le repli, pas la défaite, il y a le repli pour reprendre des forces, pour compter ses armes, et mettre en place une stratégie. Nous ne sommes pas nombreux mais nous ne sommes pas vaincus, nous refusons l'échec. La partie n'est pas finie, à nous camarades de jouer, à nous de nous unir et de refuser un discours unique, usant de l'arme la plus perverse. La Peur !

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo @brigittedusch

dimanche 10 janvier 2021

Se retrouver



Sie sagt, ich sage, du sagst, wir sagen

Se retrouver, être à soi, présent à soi même, être là. Si je ne suis pas là ; alors où suis-je ? Si je ne suis pas ici, c'est donc ailleurs que je suis : Mais où est cet ailleurs, et comment y suis-je arrivé ? M'y a t-on emmené, de mon plein gré, me suis-je aventuré dans des espaces inconnus, lointains, ai-je suivi un chemin ? Lequel ? Où suis-je ? Est-ce que je le sais ? Puis-je retourner sur mes pas ? Pour Me retrouver ?

Faut-il s'être à ce point perdu ? Mais s'agit-il de cela ? Curieuse métaphore que cette expression que ce mot qu'on applique à soi même ? Je suis là, ici et ailleurs, mais je suis perdu. Je suis englué dans une nébuleuse, un nuage qui m'emporte au gré du vent, sans que je sache quand et où s'arrêtera le voyage.  

Voyage immobile, parmi la foule, parmi les autres, qui me happent et m'engloutisse. je suis envahi, absorbé par leurs mots, leurs maux, leurs paroles, leurs questions, leurs désirs : Et moi ? Où suis-je dans tout ça ?

Me voici dans cette spirale infernale, tourbillon sinistre qui m'emporte loin de mes bases, loin de moi, de mon être, de mon âme, je ne sais plus, ne m'entends plus, n'entend plus la voix qui au fond de moi se tue à me dire :Attention, danger, stop.

L'ouragan me porte, tout tangue, je ne sais plus où je suis, où je vais, qui je suis. Je suis au bout d'un voyage terrible dans l'enfer de l'autre qui m'oublie, me dilue, me dévore et n'entend ni ma plainte, ni ma douleur, ni mes cris, et ne voit pas mes larmes. 

Je suis au bout du voyage, du voyage de ma vie, qui n'a plus de sens, qui n'a plus d'avant, pas d'après. Je ne suis plus acteur de rien, pas même spectateur, simple figurant d'une mauvais scénario auquel je n'entends rien

Il faut que ça cesse, que tout cela cesse, je veux retourner sur le chemin, mon chemin, je veux que ça s'arrête, je veux ME retrouver. Je veux me retrouver pour ne pas mourir

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit Photo, @brigittedusch


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Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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