Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 31 mai 2008

Enfant

Un pervers polymorphe en disait Freud... Cette toute petite phrase a fait et fait encore couler beaucoup d'encre chez qui ne sait ce que le Père pensait vraiment, ou voulait dire vraiment...
Mais qui le sait vraiment ?
Chez qui ne sait ce que le mot pervers signifie, en psychanalyse..
Pervers polymorphe, par opposition à l'adulte, pervers tout court, car l'enfant est un être en devenir !
Pourtant....

Je n'ai affaire et à faire que très peu et très rarement aux enfants
Il y a fort longtemps, au début de ma carrière, à l'hopital psychiatrique (on disait centre hospitalier spécialisé, euphémisme déjà !)j'ai travaillé dans un service de pédo psychiatrie, et je n'aimais pas vraiment ça.
Lourd très lourd, trop lourd, des cris, des hurlements, une odeur et une saleté parfois insoutenable... Je me demandais ce que je pouvais faire, pour ces enfants....
Ce que je pouvais leur apporter : Du réconfort ? De la bienveillance ? Une écoute ?
Pas de langage pour communiquer. Ils ne parlaient pas, moi si, alors je leur parlais, j'étais (et je le suis toujours) persuadée qu'ils comprenaient.
Peu à peu, j'ai appris à les apprivoiser, et à apprivoiser ma peur. Car c'était bien de peur qu'il s'agissait, j'ai appris simplement à les regarder.... Nous parlions ainsi à travers le regard.. J'ai encore en mémoire les grands yeux pleins de souffrance de certains d'entre eux.
Un regard insoutenable aussi, douloureux, suppliant mais de quoi ?
Un regard terrible !
Un regard qui disait...Mais qui disait quoi ? Un regard qui en disait long ? Peut-être ?
Qu'il nous fallait interpréter ? Décoder ? Traduire ?
Intuition....Ecoute : Oui, écouter ce regard et le laisser parler, le laisser associer, librement, associer les mots, dire les mots avec les yeux.

Un autre langage, mais un langage...

Si en arrivant là, je me suis demandée ce que je pouvais vraiment faire ?

J'ai appris peu à peu que je pouvais faire, un peu, tellement peu ! Aussi pour leur famille !

Puis j'ai rencontré d'autres enfants, physiquement moins atteints, mais psychologiquement tellement mal !
Rapidement j'ai su que je n'avais pas vraiment ma place auprès de ces enfants....
Que quelque chose "coincait" dans mon approche de cette enfance là, de ces êtres en devenir, mais pour lesquels ce devenir était déjà si sombre, où les promesses d'un avenir n'étaient pas vraiment au rendez vous...
C'était ça peut-être qui me faisait mal alors...
Cette abime là, ces êtres jeunes en souffrances, déjà si abimés par une vie à peine commencée.
Un sentiment d'injustice ? Mais de justice par rapport à quoi ?
La justice n'est qu'une invention et une création de l'homme pour sortir la tête à peu près haute, de la horde, pour ne pas sombrer dans le chaos !
Alors de quelle justice on parle ?
Justice ne va pas ! Quelle explication alors ? Si tant soit peu qu'il en faut une ? Mais peut-on tout expliquer ? Ne sommes nous pas ici confrontés au roc infranchissable de la compréhension.
Bien sûr les dossiers médicaux regorgeaient d'informations, d'explications... Mais ce n'est pas ça qui peut expliquer tout ça.
Ce n'est pas ça qui peut justifier.... Car rien ne justifie !
Sans cesse je me demandais : Que faire ? Comment faire ? Et pourquoi cette sorte de mal aise, de géne ?

Des années de pychanalyse plus tard j'ai compris pourquoi..

Ainsi l'essentiel de ma pratique, de ma clinique, la plupart de mes rencontres s'est organisée auprès des adultes, des adolescents, des couples, des familles...
En thérapie systèmique ou familiale... l'enfant, mais plus souvent l'adolescent est là
Le jeune adulte peut-être, comme ces lycéens plus tout à fait enfants, ados, et pas encore vraiment adultes... en mal d'être, en mal de devenir, qui passent à l'acte, alcool, drogue, médicaments, tentatives de suicides pour hurler leur désespoir !
Qui n'ont plus de désir, ou tellement de désir que leur seul moyen de le dire, de le crier, de le hurler est de mettre en acte cette souffrance....
Acter, pour que l'autre s'y arrête, y prenne garde.
S'interresse, s'y interresse...
Mise en acte et passage à l'acte, pour qu'on puisse acter nous aussi et mettre en acte quelque chose, mettre en acte cette adresse de la souffrance dont il ne sait quoi faire, dont il ne peut faire, qui est trop, qui est en trop, qui est de trop
Une sorte de saignée psychique, pour laisser couler, laisser aller....
SOS, bouteilles à la mer, bouteille à la mère !
Désir de mort pour dire à quel point on voudrait vivre, mais qu'on ne sait pas, qu'on ne sait plus, et que finalement on voudrait qu'on nous y aide, ou qu'on nous apprennent !

Ces rencontres là, dans un service d'urgence souvent, suite à l'appel tout aussi desespérée d'une équipe épuisée déjà, s'efforçant de ramener à la vie celui qui n'en voulait plus, qui voulait en finir, ou qui s'abimait tant et tant qu'il n'y avait plus d'autre solution que d'être amené là.

Ces rencontres là derrière le rideau d'un box, puis dans la chambre, parfois dans le jardin, sur la pelouse de l'hôpital, car les murs enferment, car les murs sont de trop, étouffent, insupportent, empêchent de vivre, empêchent de dire, ces rencontres là ne s'oublient pas...

L'enfant je l'ai rencontré aussi après l'école, plus particulièrement aux prises avec l'école, quand il lachait prises, ou qu'il l'avait lachée depuis longtemps
Cassés, dénigrés, méprisés souvent, par un corps enseignant démissionnaire, malade de lui même, par un entourage qui ne se reconnait pas dans ce vilain petit canard en qui il plaçait tant d'espoir. Qui devait réussir là où lui avait échoué..
Cet enfant là, paumé, perdu, largué à des millions de km, sur une autre planète, arrivait là avec un sacré bagage, un lourd fardeau qu'il lui faut trainer parfois depuis et pour encore bien des années : "difficultés scolaires, ne comprend rien, ,ne fait aucun effort, débile, limité...." A la ramasse, à la godille !
Cet enfant là, doué, plus que doué parfois, mais pas doué comme il faut pour subir le lavage de cerveau énesquement correct ! Pa structuré cognitivement pour comprendre, assimiler la bouillie infâme des programmes scolaires
Cet enfant là qui ne voyait plus qu'en l'école qu'un gigantesque bourreau, infatigable tortionnaire qui lui imposait d'avaler et de digérer des matières, qu'il jugeait lui même fécales !

Rencontres ordinaires mais si extraordinaires, d'une richesse et d'une émotion singulière. Longs cheminements aussi, création et imagination, pour pouvoir sortir de cette ornière, retrouver dignité et estime de soi, retrouver le désir !
Rendre un sens au mot aimer, s'aimer.
Mettre du sens et historiser...Mettre en mots, faire des liens, restaurer les liens, retricoter, ramailler.
Et pour ça trouver le point d'ancrage, la maille pas trop lache, pas trop déchirée, sur laquelle s'appuyer, pour pouvoir crocheter ou tricoter les fils de la résilience.
Puis après, seulement après, enfin après parler école, matière scolaire, programme et examen...
Broder sur le tricotage, mais broder autrement aussi, avec d'autres aiguilles, avec d'autres navettes, qui vont qui viennent !
Dire que c'est possible, montrer que c'est possible, prouver que c'est possible ! Rendre possible
Permettre le possible !
Permettre, sans promettre !

Ce n'est que dans ces contextes, particuliers et singuliers que j'ai affaire à l'enfant...

Alors pourquoi en parler ? Qu'en dire ?
Que dire de l'enfant, de l'adolescent, en génèral, dans la vie de tous les jours, pas seulement au décours des consultations, ou des scéances de thérapie ?
Si j'entends régulièrement la plainte des parents, ne sachant plus comment faire, ou ne sachant pas faire du tout. Je suis également interpellée par les articles qui envahissent les magazines, et les quotidiens..
L'enfant objet de toutes les attentions, objet d'amour...Enfant roi est à présent l'enfant tyran..
Objet. Pas sujet...
C'est là que tout ce tient, ou ne se tient pas justement !
La fin du siècle précédent et le début de celui ci, a vu naître l'époque de l'enfant ! l'ére de l'enfant
L'enfant tout...
L'enfant à qui on doit tout !
Tout est du ! Tout lui est du ! L'injonction vient de où ? De qui ? Pour déculpabiliser qui ? Et quoi ? Pour déculpabiliser de quoi ?
De quoi faut-il, est-il nécessaire de s'acquitter pour en arriver là ?
Quelle culpabilité ? Quelle manque ? Quelle absence ? Quel ratage ? veut on se faire pardonner..
Tout donner, tout permettre, no limit n'est pas aimer, élever, éduquer....
Peur de mal faire, ne plus savoir quoi faire, que faire et à qui s'adresser. A qui demander ?
Il y a encore quelques années, ce savoir là, ce savoir faire là, se transmettait de mère en fille, de grand'mère en petite fille. Il y avait toujours une ainée, une qui savait, ou était sensée savoir...Un peu plus, si ce n'était pas tout..
Puis ce savoir là, a été décrété mauvais, pas bon, emprunt de morale ou de valeur "réactionnaire"
Le fils s'était rébellé contre le père, la fille renie la mère ! Il faut tuer le père, pourquoi ne pas tuer la mère. Valeur refuge, les parents, la famille devient une valeur ringarde, une valeur pour les nuls, dont ils faut au plus vite s'affranchir
Et faire confiance à d'autres supposés savoir.. D'autres supposés savoir ce qu'éduquer veut dire, ce qu'élèver veut dire. Cette notion, ce concept, s'apprend maintenant à l'université, et est couronné par des diplômes.
Et voici donc, que certains jeunes gens sans rien avoir fait, sans rien avoir rien connu, sans même avoir vécu quelques expériences que la vie ne manque pas de réserver, promus au rang d'éducateurs !
Conseiller en éducation, psychologue, pycho machin chose.... spécialistes de l'enfance, des" qui savent" ! des qui saventcommentonéduquelesenfantsdesautresmaisquinesontsurtoutpaslessiens !
Parce que :
Pour les siens il préfèrent s'adresser ailleurs. Ce qui finalement semble sage !
Alors on voit fleurir, tas de magazine, livres, émissions télé, qui mettent en garde ! qui disent aux parents ou futurs parents ce qu'il ne faut pas faire, comment coucher son bébé, comment le laisser pleurer ou non, ce qu'il faut faire, le laisser s'exprimer, tout lui dire, ne rien lui cacher..
Utiliser un langage vrai, de vérité.
Rien ne doit avoir de secret, la vie, la mort, le sexe, la bouffe, l'alcool
Il faut expérimenter, la vie est un gigantesque laboratoire, tout voir, tout lire, tout entendre, de manière à se faire une idée. Mais une idée de quoi ?
Si je ne suis pas franchement opposée à cette manière d'appréhender l'éducation, à utiliser le parler vrai, à expérimenter, à être confronté aux situations aussi pénibles soient-elles. Encore faut-il que ces expériences là, ces événements là soient parlées, expliquées, dites, que l'éducateur, parent mettent des mots, mettent en mot.
Et pour ce faire, qu'il soit là, présent. Présentement présent, en chair et en os....
Eduquer n'est pas seulement nourrir, mais c'est donner une éducation, transmettre des valeurs, des compétences, des expériences, parler, jouer, échanger. Transmettre, apprendre... Que chacun puisse apprendre de l'autre.

Pourquoi donc parlons nous après avoir tant encensé l'enfant roi d'enfant tyran ?
Il semble que le langage ordinairement parlé ne soit plus pertinent....
Quel sorte de langage faut-il alors inventer ?

mercredi 28 mai 2008

Non espoir

J'ai mis beaucoup de temps, des années, beaucoup d'années avant de comprendre que le contraire d'espoir n'était pas nécessairement le désespoir.

Pas forcément.
Que ce préfixe privatif, n'enlevait rien, mais changeait le sens de ce mot, lui donnait une signification différente
Etre désespéré ne signifie pas ne pas avoir d'espoir. On peut être désespéré et avoir de l'espoir, perdre espoir, sans être désespéré...

Ce n'est pas facile à comprendre, à admettre, à mettre en sens.
Ce n'est pas si simple, pas aussi simple, d'en comprendre, d'en saisir les subtiles nuances... Subtilités infinies et infimes du langage qui font du signifiant nul signifié ou qui affuble le contenant de nul contenu !

Le non espoir, c'est une sorte de no man's land, une sorte de terra incognita, un territoire désert, inculte peut-être, où on ne se risque pas, ou pas trop, où l'on se retrouve parfois plongé sans trop savoir pourquoi. Ni comment
No comment !
Le non espoir est une vue de l'esprit, une représentation temporo spatiale virtuelle, profonde et intime dans laquelle notre moi, peut se perdre. Se perdre sans s'y retrouver, sans se retrouver, s'il a perdu le lien. Cette sorte de fil d'Ariane, qui lui indique l'issue du labyrinte. L'issue, une des issues, un des possibles, mais sûrement pas le seul !
Peut-on se perdre dans le labyrinte ? Peut-on s'y retrouver ? Et trouver l'issue est-il l'unique solution ?
Qui sait ? Et qui peut savoir ? Et qui veut savoir ?

Le non espoir ? Comment pourrait-on tenter un essai de définition, un essai de savoir, un essai de représentation ?
Comment mettre du sens ? Comment mettre en sens, ce concept sans dessus dessous, sans aucun sens peut-être, mais pas à sens unique...

Le non espoir... Ma première rencontre, du moins celle qui m'a interpellée, car des rencontres il y en a à chaque instant, seulement on ne les vit pas, on ne les voit pas comme telles, on n'en tire pas toujours la substantifique moëlle... ma première rencontre avec lui le fut lors d'un entretien avec un patient ! Encore et encore ! Oui, mais ils m'ont tant enseigné, ils m'ont tant apporté, ils m'ont tant donné !

Rencontre triangulaire ! Le tiers n'est pas toujours celui que l'on croit, et dans cette histoire, nous le fîmes et le firent chacun notre tour, à des moments différents, parfois en même temps. Mais ce tiers était là, toujours au milieu d'une relation qui se veut duelle, d'une thérapie qui ne met en scène que deux sujets..
En plus du transfert, il était là, comme une ombre, pas un fantôme, ni bienveillant, ni malveillant.. Mais là, présent, collant...Ce genre de présence qu'on sent, qu'on ressent... Le non espoir !

Ce patient malade attendait la mort, comme si on peut attendre la mort ?
Il me plait de croire que c'est elle qui nous attend, que nous la faisons attendre... Parfois..

Nous l'attendons tous, sans trop savoir quand elle viendra nous surprendre. Drôle de rendez vous que celui là, où l'autre n'est jamais à l'heure, du moins à l'heure qu'on voudrait.. Souvent trop tôt, des fois trop tard !

Mourant, il n'était pas, mais mortellement atteint. S'il le savait ? Ce jour là, je n'en sais rien, moi je ne le savais pas. Je le vis donc ainsi, sans savoir, sauf qu'il n 'allait pas ! qu'il n'allait pas bien dans son corps, mais dans sa tête aussi, c'est pour cela qu'on me demandait de le voir
Et je le vis donc ! Et nous fimes plus que de nous voir !
Il me demanda immédiatement "si j'avais du temps" comme si lui n'en n'avait pas, ou que le sien était compté. Le nôtre, nous ne le savons pas, est aussi compté...
Il me parla de lui, de sa vie, puis de sa maladie. Me questionna... Voulais savoir, ou ne voulait pas. Faisait les demandes et les réponses, s'inquiétait et se rassurait.. Pour finalement conclure. "Je ne peux pas mourir je n'ai pas fini, j'ai plein de choses encore à faire... Vous comprenez "
Si je comprenais ? Bien sûr que je comprenais, nous avons tous plein de choses à faire, et pas forcément envie de mourir, du moins en ce moment M, peut être avions nous envie hier, tout à l'heure, ou demain, mais pas forcément à l'instant.

Ce n'est qu'après, après être sortie de sa chambre, où je venais de passer presque une heure et demi, où j'avais entendu cet homme se raconter, se livrer, se dire ses espoirs, son espoir, son espoir de vie, de vivre, de continuer... Que je reçus le diagnostic et le pronostic en pleine figure.

"Trois mois"...

Je ne sais ce qui se brisa chez moi, à ce moment là ? L'espoir ?

Je ne sais ce que je ressentis au plus profond de moi ? Le désespoir ?

J'avais envie de pleurer, les larmes montaient et je les sentais au bord de mes yeux.... Même si depuis des années, je voyais, j'accompagnais les gens vers leur ultime destination.
J'étais bouleversée, je le suis à chaque fois, le serai toujours depuis toutes ces années, nous le sommes tous, intérieurement, intimement, même si le soignant, le médecin ne le montre pas, le cache au plus profond de lui, il l'est. Et c'est humain de l'être ! Et c'est bon de l'être !

Cet homme venait de me dire son espoir, son espérance, mais son espoir de vivre, de vie. Son espoir de guérir...De continuer, de faire, de vivre encore des choses, d'aimer, de travailler...
Et deux mots, deux simples mots, annulaient, brisaient, an-hilaient ce désir, cette pulsion de vie.. Cet espoir ...

Non espoir. . Il n'y a rien à attendre..
Pas de happy end, de fin hollywoodienne, de guimauve sucrée, où le miracle se produit. Pas de docteur House pour démontrer à ses assistants qu'ils se sont lamentablement plantés dans le diagnostic..Et que forcément il y a autre chose et que ça va aller mieux..

Nous sommes dans un des meilleurs services du meilleur hopital européen, voir mondial, pas dans une série télé, à l'eau de rose ! Pas de beau gosse en blouse blanche et l'air ténébreux pour trouver une solution, un remède ou une intervention miracle.

What else ?

Pas de deus ex machina !

Nothing at all...
Alles ist nicht geht !

Mon patient allait mourir.... il faudrait le lui dire.
Mais avant de mourir, il devra souffrir, de sa maladie, des traitements de cette maladie, qui ne le guériront pas, ne le prolongeront pas..
Il se verra mourir, lentement, pire verra la vie quitter son corps, sentira la mort s'en saisir, verra son corps mourir
Alors espèrer quoi ?
L'espoir ici ne serait pas décent... Indécent peut-être pas ? Mais pas décent.

Espoir ? Mais en quoi ? En quoi et en qui faudrait-il espérer
L'espoir alors c'est pour qui ?
On se trompe à ce point quand on dit qu'il faut espèrer, que c'est le moteur de la vie, de la pensée, que l'espoir est essentiel, fondamental...
Là il est en effet essentiel... Le non espoir !

Alors l'espoir c'est pour les riches, les riches de la santé, quelle richesse que celle ci, elle vaut des millions de dollars ! Plus même ! Elle n'a pas de prix !
Ou bien faut-il interpréter autrement, postuler qu'espèrer serait la richesse du pauvre, la richesse du nul ? Du simple d'esprit... De celui qui n'a pas, qui n'a jamais vraiment eu...mais qui espère avoir, un jour peut-être ?
Qui gratte une grille de bingo, et joue au loto.... pas au tiercé, trop rationnel. Pas au poker non plus, il faut de l'art et de la chance..

Mais le loto, le jeux de hasard rendrait alors justice, celle d'une autre répartition, d'une autre solidarité, celle du hasard ? Bien heureux hasard qui reconnait ses enfants ?
Espoir à l'eau de rose, ou à l'eau de Selz ?
Gout sucré ou salé... Boire la coupe jusqu'à la lie, la lie de l'espoir, au gout amer, au gout sucré et mensonger de ceux qui croient encore qu'en l'homme il y a du bon, qu'en chaque chose il y a du positif, de l'espoir, et qui s'accrochent, qui tiennent bon pour ne pas renoncer..
Qui se retrouvent suspendus.. à l'espoir ? Au bon vouloir de l'espoir ?

Sinon à quoi bon vivre ? Mais est-il bon de vivre ? Fait-il bon de vivre ? Fait-il bon vivre ?
Une vie sans espoir peut-elle être vécue ?
On ne peut pas espèrer ne pas mourir. L'idée de la mort si elle est toxique est néanmoins la seule vérité, le seul espoir de l'homme, le seul qui se réalisera. Le non espoir est de ne pas savoir quand. Et encore ?
La mort empoisonne notre quotidien, il faut vivre avec ça, pas d'autre posologie, la vie n'est qu'un soin palliatif. Soyons sérieux une fois, vivre ne guérit pas de mourir, au contraire vivre nous rapproche chaque jour un peu plus de l'issue fatale !
Nous y allons allègrement chaque jour, sans y penser vraiment. Inconscients que nous sommes !

Non espèrer n'est pas non plus renoncer. C'est peut être admettre qu'il n'y a pas de lendemain qui chantent mieux qu'hier ou aujourd'hui.
Non espèrer c'est peut-être tout simplement vivre. Vivre ici et maintenant, l'heure et le moment présenst. Comme a fait ce patient, comme nous avons fait ensemble. Comme nous avons pu faire de ces moments, des moments uniques conjugués seulement au présent, même s'ils parlaient du passé et de l'avenir.
Ce présent constitué par le non espoir a permis d'envisager le passé sans le réécrire forcément, et d'envisager l'avenir comme une possibilité d'après. Mais d'après quoi ?

D'envisager sereinement autant que ce fut possible ce présent là pour penser un avenir improbable, mais du moins d'y mettre de l'ordre. Mettre en ordre, ranger ses affaires, ses papiers, sa vie avant de partir. Pour où, on n'en sait rien. Et sans espoir de retour, du moins dans cet ici et maintenant là.
Apprendre à vivre au jour le jour, en préparant son départ, en mettant en scéne sa sortie et ses adieux. Chaque jour étant comme un rappel du public, un de ces bravos, où on vous demande de chanter encore une chanson, de danser une dernière danse, sans vraiment savoir, si elle sera la dernière...
Mais les fausses sorties finissent par lasser, le meilleur acteur, et le meilleur public.
Parfois on se dit qu'il faut enfin une fois pour toute en finir, et en finir pour de bon !
Pas de réssucitation... On ne succite pas ça ! On n'y croit d'ailleurs pas, même dans les contes de fées ça n'existe pas...
Dans de mauvaises séries, peut-être qui continuent à alimenter certaines croyances ?

Partir pour toujours, doucement, sur la pointe des pieds, dans la souffrance de tout laisser, mais surtout dans la douleur, et dans le non espoir de rencontrer ou de trouver quelque chose derrière, de l'autre côté de la vie, de l'autre côté du mur.
Espèrer qu'il y aurait autre chose ?
Quel fou peut espèrer cela ?

Partir et réaliser qu'on aurait pu mieux faire peut-être, avec les autres, avec soi même. Mais que nul espoir de mettre à jour, de mettre au propre ce qu'on considére comme un brouillon
C'était pour de vrai !
Je n'en n'espèrais pas tant... A vrai dire je n'espèrais rien....

Mais cette rencontre, du non espoir a été pour moi, une de mes plus belles rencontres..
Ne plus rien espèrer, ne rien espèrer est peut-être la seule véritable liberté. Celle qui fait que nous ne sommes plus attachés pieds et poings liés à une réalité....

Le non espoir, comme une sorte de lacher prise, de prise de conscience, sur la non prise, la non violence qu'on se fait à soi même. L'abandon de soi. La seule confiance qu'on peut mettre en soi...
L'espoir ne fait pas vivre alors, il empêche de vivre, en limitant les possibilités, les rencontres, les potentialités.. L'espoir limite, encadre et enferme toute forme de vie...
Il nous rend sourd, aveugle et nous maintient dans nos peurs, nos craintes ?
Privé de sens, il nous prive de nos sens à ce point ?
Le non espoir libérateur, sauveur.... ? Qui nous enseigne alors que tout est possible ?


A Jean, que je n'oublie pas, que je n'oublierai pas, qui m'a tant appris, tant donné, avec qui j'ai fait un petit bout de chemin, qui m'a offert de partager le dernier bout de son chemin. A notre rencontre, à nos larmes, à nos rires, à ce que nous avons construit pendant ce temps, cette inter mède entre la vie et la mort. Un rendez vous qui n'a pas été manqué. Une belle ré -création. Merci

lundi 26 mai 2008

Der Die Das

C'est une question de genres
Il y en a deux en français, le masculin et le féminin :Le ou La
Trois en allemand et en anglais pour les principales, féminin et masculin, plus un : le neutre.
Quid du troisième... Le it, le das..Le neutre
En français le neutre n'existe pas...
Le neutre ?
Celui qui n'est ni masculin, ni féminin... Le neutre, entre les deux, ni l'un ni l'autre, ou un peu l'un et un peu l'autre, un peu des deux..
Neutre, neutralité ?
Qui est entre les deux...
Qui ne prend pas parti, qui n'entre pas dans les conflits. On parle d'un état neutre, d'une couleur neutre, d'un corps neutre en chimie pour désigner un corps formé par la combinaison d'un acide et d'une base dont certaines propriétés s'annulent réciproquement... Neutre donc !
De certaines fleurs qui ne contiennent ni étamine ni pistil, d'insectes n'ayant pas de sexe..
Neutre donc...
Ni féminin, ni masculin...Rien des deux ?
De la neutralité soit disant, et qui se le doit "bienveillante" du psychanalyste, qui n'intervient ni n'interfére dans le récit, dans le discours, dans la parole, dans la vie de son analysé, analysant...


Revenons un peu à ce trait grammatical répartissant les classes, les catégories, déterminant le sexe des choses, males ou femelles, filles ou garçon, le ou la..
Pourtant paradoxalement le genre ne représente pas grammaticalement le sexe, si on s'attarde un peu sur l'allemand, nous sommes forcés de constater que si die Frau, est bien féminin, Mädchen et Fraulein sont neutres..Pourtant, il est toujours question de désigner des êtres de sexe féminin, une fillette et une Mademoiselle...
Neutres ?
L'anglais réserve ce genre pour les objets inanimés...
le latin et le grec aussi comportaient un neutre, le fameux templum de nos déclinaisons par exemple..
Qu'est-il devenu dans notre langue, englouti... Dévoré...Happé..

Pas de neutre, ni de neutralité ?
Ni dans la langue, ni ailleurs.
Les choses, personnes, objets, sentiments, sont filles ou garçon. Le ou La. Pas d'alternative.
Pas d'intergenre. Pas de transgenre.
Forcément masculin et féminin...
Alors pourquoi le neutre, pourquoi pas le neutre ?
Une dualité, donc ! Pas une certaine dualité, mais une dualité forcément. Une pensée dichotomique en la matière. Ainsi tout est masculin ou féminin. Il n'y a aucune autre possibilité. Simplissime. Aucune faille entre les deux. Aucune faille grammaticale, lexicale, aucun vide qui pourrait être comblé, ou quelqu'autre possibilité pourrait éventuellement s'engouffrer.
Pas de neutralité de ce côté là, il faut se déclarer. Comme on se déclare, ou comme on est déclaré à l'état civil. Le choix est simple. Féminin, masculin
Deux cases dont l'une à cocher !
Simplissime.
Rassurant aussi. Certains sociologues ont proposé pourtant une alternative, une possibilité autre que le sexe male ou femelle, en y opposant le neutre justement. Ils semblent n'avoir reçu que peu d'écho...
Tout n'est pas aussi simple. Ultra simple, pour ne pas dire simpliste..

Seuls les anges n'ont pas de sexe ! Et encore..
Asexués ? Privés de. Privé de l'un et privé de l'autre. Sans l'un et sans l'autre. Ni l'un ni l'autre
Comme pour se rassurer, mais de quoi ? De qui ?
Le sexe des anges ?
No sexe ou intersexe..
Quid ce cet intersexualité ? Qui est, mais qui semble niée
"Je ne suis ni homme ni femme, un peu des deux peut-être, cela dépend des moments"... Me dit un ou une patiente encombré (e) d'un sexe qu'elle ne reconnaissait pas, qui ne lui convenait pas, et qui ne la ou le représentait pas.. ? Le, la ? Je ne sais, elle ou il non plus, alternant plusieurs prénoms selon le moment, et qui un jour opte "pour un prénom neutre... c'est féminin et masculin, féminin ou masculin"
Neutre ! Encore
Un peu des deux, l'un ou l'autre, sans que le choix puisse se faire, ou être fait.. Ce choix ? Mais quel choix ? Au petit bonheur de l'autre ? Qui ne saura ? Et qui ne verra ?
Quid du neutre donc ? De l'inter sexe ? De l'inter genre ?
De celui ou celle qui n'est pas tout à fait ce que l'on croit, ou ce qu'il ou elle croit, ce que l'autre croit.
De ce sexe indeterminé, mais qui pourtant se doit de l'être. Il n'est pas question qu'il ne le soit pas, et pourtant !
On n'en parle pas, ou peu, et pas partout...Cela semble invraissemblable, impossible...In imaginable, ne pouvant ni se représenter, ni se mettre en mots...
La neutralité donc. Qui ne peut s'exprimer, ni par un article défini, car celui ci ne définit que ce qui est par définition défini, et la neutralité semble ne pas l'être... Ni par un pronom mis à la place du nom, puisque le nom est lui même défini par l'article qui le précéde et qui invariablement en donne le sexe. L'identité sexué
Le sujet ne peut donc être neutre...Il n'y aurait pas grammaticalement parlant de singularité neutre, ni de subjectivité neutre...
Alors comment traduire, exprimer cette singularité là ? Cette singulière singularité qu'exprime le sujet "neutre" ?
Est ce un moyen, une solution, convenable, correcte, grammaticalement, syntaxiquement, lexicalement pour ne pas voir ce qui pourtant est montré quand même à voir.
Pourquoi la langue refuse t-elle cette rencontre là ? Une singulière rencontre que celle là.. Pas prévue cependant par les gardiens du temple

Templum, templum templum
Déclinons en toute liberté.
Mais quid de cette liberté là ?

samedi 24 mai 2008

Héritage et transmission

Cette question semble fondamentale...
Il ne s'agit pas de "Quoi transmettre ?"
Mais plutôt "Comment transmettre ?"
Le quoi, cela s'entend constitue le patrimoine, les biens si chèrement (oh combien) acquis et pas toujours à la sueur de son front...

Il s'agit donc essentiellement de "comment transmettre ses biens matériels à ses enfants, ou petits enfants, le plus facilement possible et surtout de la manière la moins couteuse possible...."

Notaires et juristes rivalisent d'astuces toujours juriquement correctes, écrivent moults ouvrages afin que cette transmission là puisse se faire dans les meilleures conditions, tout en prenant au passage une commission (mais cela vaut bien le conseil, et le conseil vaut bien gratification, tout travail méritant salaire).

Héritage ? Transmission ? Transmission de cet héritage !

Quid de cette transmission là ?
Quel cadeau ? Véritable cadeau ou cadeau empoisonné, de ceux dont on ne sait quoi faire, qu'on remise par devers soi, et qu'on ressort à l'occasion ?
Quel fardeau ? Quel boulet ?
Pourquoi cet acharnement à vouloir à tout prix léguer, transmettre un peu ou beaucoup de soi, de ce qu'on a amassé, gagné tout au long de sa vie, et qu'on ne pourra garder puisque mort, on n'emporte rien dans l'au delà. Qu'il faut tout quitter.
C'est ainsi. L'homme n'est finalement que peu de chose, il quitte, seul ses biens lui survivent...Son souvenir ? Son empreinte ? Trace de son passage ici bas ?

Donc, ainsi on peut se convaincre qu' on ne quitte pas tout à fait, puisque ce qu'on laisse, survivra, restera, sans nous... restera au delà de nous. Un peu de nous...Alors !
Un zeste de soi, vaut bien un petit geste, envers le survivant. Qui on l'espère transmettra encore et encore. Au delà de son nom, de ses gènes !
Quel ambition, mais surtout quelle vanité !
L'homme est ainsi fait, et ainsi encouragé.

Alors le transmettre...Pour que ce ne soit pas perdu ?
La perte, le vide....Crainte, angoisse, peur de cet inconnu, vaste désert inutile que l'on s'oblige à ignorer, à dénier.
Transmettre... Mettre au delà :Trans.... que cela traverse
Transgénérationnel...
Pour laisser un peu de soi, encore un peu, le reste, qui reste.
Le reste pour penser un peu à celui qui part, qui est parti, qui manque peut-être et qui comble ce manque, ce vide par "un petit quelque chose....Pas grand chose...De l'argent...Une maison....Des terres...Des titres....De l'argent....Des comptes en banque..Des entreprises,"
Le reste qui comble le vide, le rempli et empêche l'oubli

Et celui qui reste d'affirmer encore sa puissance, la puissance de l'amour de celui qui est partit pour celui ou ceux qui restent, en transmettant, un peu, beaucoup, passionnément...Ou pas du tout..
Un peu, beaucoup, à l'un, passionnément à l'autre, ou pas du tout !
Et que faire ce beaucoup, de ce un peu, et de ce pas du tout !
Cadeau... Cas d'eau ? Mais de quel eau trouble s'agit-il ?
Où s'agite t-il ? Sans peut-être savoir nager... Ou surnager, nager sur, surfer, sombrer...
Comment nager surnager et ne pas se noyer, pour récupérer à bout de bras ces cadeaux qui sont si souvent empoisonnés

Transmission donc ?
Quelle signification lui donner
Que craint donc celui qui transmet ce lourd et encombrant fardeau
Que son fils, ou sa descendance ne sont pas capables d'en faire autant, qu'il manque ou manquera ?
A t-il si peu confiance en celui ci ?
A t-il peu confiance en ce qu'il lui a transmis de son vivant ? A travers l'éducation, l'amour, la tendresse, l'affection qu'il lui aura ou aurait donné ?
Crainte encore pour l'avenir, et un avenir sans soi, "Après moi le déluge" n'aurait donc plus court ou cours dans cette logique là..
Car il s'agit bien de l'après moi. Après moi, il ne pourra que rester quelque chose, de mon passage...
La trace, on y revient, l'empreinte, le fossile... Le reste dans l'archéologie des souvenirs, des mémoires. L'image s'estompe, mais la pierre reste, fait qu'on se rappelle, qu'on s'incruste, dans les mémoires, dans les souvenirs, dans la vie, dans l'espoir et dans l'avenir de l'autre
Un autre qu'on dit aimer, mais dont on se méfie, quand même un peu, dont on n'est pas sûr de la réussite, alors un petit coup de pouce pour l'encourager n'est pas un mal
Un mal ? Quel mal y a t-il à léguer ses biens
Ses biens, le soi encore, l'être et l'avoir
Peut on croire qu'au bout de toute une vie, nous n'avons pas encore su faire la différence ? Que nous n'avons pas compris le paradoxe de ces deux auxilliaires ? De ces deux instruments de la langue qu'on s'amuse à ustensiliser au cours de la parole mais qui en réalité nous jouent bien des tours pendables : Qui sommes nous ? Et qu'avons nous ?
Nous ne sommes rien et n'avons rien, répondra le sage ?
Mais combien d'années ou combien de vie pour arriver à une telle ascèse morale, intellectuelle et spirituelle ?
Alors nous continuons de transmettre, non contents de transmettre nos tares, nos maladies, nos idioties, nos croyances les plus folles, nos secrets de familles, nous léguons nos biens à nos enfants qui fort heureusement pour certains ne savent qu'en faire !
Et s'en défont. Et s'en dé-font, ainsi font font font les petites marionnettes,

Ainsi font font font trois petits tours et puis s'en vont......

mercredi 21 mai 2008

Intrusion

La Birmanie, le droit d'ingérence, l'intervention, l'aide internationale, les condamnations, le refus de cette aide..... Et tant d'autres choses encore !
Doit-on ? Ne doit-on pas ?
De quel droit ? De celui du plus fort ? De celui qui sait ?
Mais qui sait quoi ? Ce qui est bien ou pas ?
Cette question est en effet fondamentale, elle fait actuellement couler beaucoup d'encre. Une partie de la population mondiale assiste impuissante à la mort lente de quelques milliers d'individus. Ce n'est pas nouveau, cela fait des siècles et des siècles !
On voit la mort, pas vraiment en vrai, sur le petit écran, mais où est la différence entre la vraie mort et la fiction.. Celle où les figurants se relèvent ?


Curieusement, on s'indige de l'attitude des gouvernants, des responsables, des politiques, des militaires qui dirigent ce pays. Qui se sont proclamés responsables, qui s'en sont autorisés d'eux mêmes. Qui ne sont pas dignes, pas forcément convenables, conformes...A une certaine idée de la démocratie ?


Curieusement, je n'entends et ne lis que peu de compassion, d'empathie pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui meurent à petit feu.

Mourir encore ! Quelle fatigue de voir et de voir encore la mort, défiler sous nos yeux.. N'aurait-on rien d'autre à nous montrer ?
Mais c'est loin, il y a la distance, la distance en Km, mais la distance psychologique aussi, comme dit le bon sens commun, loin du coeur....


Le problème essentiel se résume au droit d'ingérence. Doit on imposer l'aide à ce pays dont les gouvernants n'en veulent pas.
Curieux paradoxe que celui là.... Aider, contre, donner, alors que l'autre ne veut pas. Imposer une aide.
Comment le peut-on ?
Au nom de qui ? De quoi ? Du droit de qui ? Du droit de quoi ?
Je ne rentrerai pas au fond du problème, savoir s'il existe ou non, mais je crois que c'est le cas, une clause spéciale autorisant l'ONU à intervenir quand une population est en souffrance.
On pourrait reposer les mêmes questions quant au fondement de cette clause, de cette loi, de l'ONU.
Il s'agit ici de l'autre. Ce qui signifie d'abord reconnaitre, et admettre cette notion d'altérité. De différence, d'autre autre.


Oui, une population est en souffrance, elle est en danger, elle est maltraitée... Nous sommes devant le schéma de la victime et de son agresseur. Seulement dans ce cas précis, il n'y a pas une victime, mais des victimes et des agresseurs
Des responsables qui eux estiment que c'est bien de ne pas intervenir, qu'ils n'ont pas besoin de l'aide d'autres pays. D'une aide qui se veut humanitaire !



Qu'ils se suffisent à eux mêmes, s'auto suffisent, comme ils se sont auto proclamés, qu'ils savent ce qui est bien, du moins qui ont décidé de ce qui était bien. Si toutefois cette notion a un sens, existe...Signifiant ? Signifié ?



La Russie de Poutine a réagi de même lors du drame du Koursk, laissant mourir des hommes au fond de l'océan, afin que l'occident ne contemple et ne ne mesure l'ampleur de leur manque, de leur retard... ne se mèle pas de leurs affaires, militaires en l'occurence; L'intime de l'Etat.
Pénétrer dans ces domaines n'était pas imaginable, représentable,
Ces domaines là sont réputés inviolables et doivent le rester... Rien ne doit transparaitre, déborder, laisser deviner, laisser suggérer....

En est-il de même ici ?
Que cache t-on ? Que ne veut-on pas qui soit vu ? Que ne veut-on pas montrer à voir ? Et pourquoi ?
Pourquoi, cacher, taire...
Pourquoi ne doit on pas voir ? Sinon quel danger courons nous, ou plutôt quel danger court éventuellement l'autre
Qui en laissant voir, ou entrevoir, deviner, ouvre alors une faille où l'ennemi, l'autre pourrait s'engouffrer
Est ce là, la crainte de la faille est cepour elle qu'il ne faut pas faillir, ne pas faillir et sacrifier des vies, qui vont payer ce prix.
Cette faille, ce petit vide qui laisse entrer. Laisse entrer ce qu'on ne veut pas forcément ! Ce qu'on n'attend pas, ce qu'on ne maitrise pas non plus !


Le prix du non laisser à voir
Plutot mourir que de laisser voir, laisser deviner, laisser pénétrer ce territoire secret, intime qui ne doit pas être dévoilé au risque d'un danger terrible, une certaine peure de perdre une virginité grotesque qui ne convainc pas même celui qui faint d'y croire.
Curieux comportement, comportement pathologique à différéents niveaux. Car au nom de ce désir de ne pas montrer, on sacrifie la vie d'innocents. Mais quel prix ont ces vies ?
La vie a t-elle un prix ?
Que vaut l'individu ? Le sujet ? Est-il un sujet ?
Y a t-il une place pour le sujet ? et de quelle subjectivité est-il question?
L'homme n'est il pas une fraction de l'état, d'un état qui n'est ni providence, ni providentiel ?
Ingérence ? Intrusion ?
L'autre ici serait un intrus, un étranger dont on n'a nulle envie de voir pénétrer ni le sol ni les secrets que pourrait renfermer ce sol, ou se renfermer sur ce sol, qui se referme et se refermerait encore et encore, peut-être à tout jamais
Intrus et étranger, exil de soi même, exil en soi même
Mais que pense l'occident de l'étranger ? De l'étrange étranger ? Qu'il craint parfois, souvent de voir pénétrer son sol...Et s'y planter
Pourtant cet occident là, voudrait pénétrer au nom de quoi ? Au nom du droit qu'il s'est donné sur le sol étranger, d'un étranger étrange mais qu'il voudrait aider...Humainement aider...
Prétendre apporter de l'aide, prétendre apporter un savoir, à ceux suppose t-il qui ne savent pas, mais qui devraient savoir quoi ? Au juste ? De juste ?
Qu'est ce qui est juste ? Qu'est ce que le juste ?
L'intrusion de l'intrus dans l'étrange étrangeté étrangére à soi même ?
Au risque d'être paranoïaque on pourrait dire que l'intrusion est partout, que tout est intrusé, pour être ustensilisé... Manipulation ?
Intru. Instru... Mentalisation. On pourrait dire ça, en effet
Mais l'essentiel reste dans la certitude de certains, d'être certains d'avoir raison, de savoir ce qui est bon pour l'autre. Sans savoir qui est cet autre, et encore moins sans s'interroger sur ses réels besoins. Encore moins sur ces désirs ?
Mais quels désirs ? Le désir de l'un puisque l'autre n'apparait que contraint et soumis par le désir de l'autre. Désir de bien faire ? Cela n'est pas le propos, mais désir de faire et cela suffit, suffit à faire et surtout défaire, et déffère une autorité, une toute puissance qui n'a de raisons que la raison du plus fort !
Intrusion dans le désir de l'autre, signifie non seulement nier le désir, mais fondamentalement nier l'autre. Le nier, le dénier, et ne lui reconnaitre qu'existence en fonction de soi, et seulement de soi...
Ingérence et intrusion. Manipulation et instrumentalisation. Violation des droits, mais violation de ses devoirs, par une intrusion massive qui annule et annhile l'autre qui n'existe pas, qui n'existe plus ou qui s'il veut exister, doit obligatoirement passer par le désir et le bon vouloir de celui que se dit, savoir et être fort !
Jusqu'où faut-il aller ? Instruire et intruser ?
Sauver ? Aider ? Proposer ? Guérir ? Instrumentaliser ? Apaiser ? Reconnaitre ? Respecter ?

dimanche 11 mai 2008

Les mères !

Ah que ne dit-on pas des mères ?
Tant et tant ! Vous m'en direz tant !
Reproches, fautes, coupables...
Elles sont sans cesse sur le banc des accusées, coupables !
Accusées de tous les maux, elles ne trouvent guère d'avocats véritables que des commis d'office, bien décidés pourtant, à les défendre. Surtout si ce sont des fils !

Pourquoi donc les mères... Pourquoi et qu'ont elles fait ? Ou pas fait ?
Fait ou pas fait, cela revient au même, car si elles ont fait, elles ne l'ont pas fait bien, et si elle ne l'ont pas fait...Cela a fait défaut ! Cela a manqué ! Et la mère qui manque....Qui manque à ses devoirs, la mère défectueuse, la mère que fait des faux !
Défaut ! Nous y voila, des faux et des faux à défaut de faucilles pour couper, éraser, éradiquer, castrer toutes actions, pensées, volonté, désirs...

Pauvres mères, ce n'est pourtant pas la mer à boire que d'élever des enfants..
La mer à boire, il faut le faire, et parfois la coupe est amère ! Pauvre mère !
La coupe est pleine, pleine de mères

Tache impossible que d'éduquer constatait Freud ! Amer peut-être ? Réaliste sûrement.
Mais parlait-il au nom et en nom du Père, du fils, ou du psychanalyste ?
Mais que disait-ils des mères, lui qui n'aimait pas vraiment les femmes ou qui les craignaient et s'en méfiait peut-être un peu...

Comme les hommes de son temps, le Père méconnaissait ce sexe qui l'intriguait pourtant, qui ne voulait pas révèler ses secrets, qui se tordait, se tordillait scandaleusement et hurlait dans les murs de la Salpétrière...
Pourtant il a exploré, voulu comprendre, analysé... Mais il s'est heurté à l'aridité du vaste "Continent noir" pourtant si fertile qui ne s'est ni dévoilé, ni laissé vaincre.

Freud misogyne, sûrement... Ou Ignorant. Ou maladroit.

Au point de leur faire envier le satané pénis... Attribut viril ! Phare, emblème de la masculinité à défaut de virilité.
Dépourvue de pénis, la pauvre femme est condamnée d'avance. Née femme, la voilà victime et condamnée à tout jamais
Heureusement "on ne nait pas femme on le devient" Merci cher Castor !


Mais pour des décennies la voilà castrée à tout jamais, il lui manque ce qu'elle convoite pourtant et qu'elle n'aura jamais.

Tant pis pour elle ! Ou tant mieux
Que ferait-elle de ce "machin" pour reprendre les termes d'une de mes patientes ?

Mais pourtant, selon les épigones, elle aura le phallus, du moins un substitut : Elle s'en saisira et le brandira au nez et à la barbe de l'homme, qui en a lui ! l' enfant ! emblême de sa féminitude...de sa féminité, de sa femmellité.

Pauvre mère en effet, qui porte l'enfant, mais le porte déjà mal in utéro, elle lui parle trop, mal ou pas assez ! Catastrophe ! le pauvre enfant, pas encore né est déjà traumatisé !
Mère qui n'a pas su, ne sait et ne saura le protéger.. Du dedans, du dehors, de la horde, du père !

Mis au monde, ne va t-elle pas trop l'accaparer, le dévorer, le manger du regard, et par là peut être délaisser le père, telle la mante religieuse qui pour un temps, n'a plus besoin de s'accoupler puisqu'elle a satisfait au besoin de l'espèce. Qui sans elle s'en verrait menacée.
Que ne doit on pas aux mères ? Ou alors faut-il le leur reprocher ça aussi, la continuité de notre espéce, en l'espèce et en l'état ?

Procrér, mère ventre, mère continuité de l'espèce, mère femelle, mère porteuse...
Elle avait les siècles passés tout intéret à mettre au monde un garçon, sinon elle risquait d'être répudiée, jetée, délaissée, reléguée..
Bonne à faire des hommes qui iront mourir à la guerre pour nourrir la folie des hommes, la folie meurtrière !

Mais revenons à cette mère, porteuse et éleveuse. Et de son petit, de sa portée.

Ou bien elle ne s'occupe pas de ce petit être ou ne s'en occupe pas suffisamment, pas assez, pas assez bien, mais toujours avec du "pas" du négatif, elle ne sera pas suffisamment aimante, suffisamment enveloppante, protectrice, maternante, femellisante..
Des mères animales abandonnent leurs petits....

Mère abandonnique, source des tous les maux, que les malheureux un peu plus grands mettront en mots sur les divans des analystes. S'épancheront longuement sur cette femme qui leur a donné la vie, et qui leur a donné si mal, tant de mal ! Qui certains les encourageront dans cette stupide croyance que leur mère est source de tous leurs maux... Ou cause de leur bonheur, insupportable ou insurmontable bonheur d'une mère qui aurait été trop aimante, trop collante, trop posséssive, qui ne lui aurait pas laissé de place, ou une toute petite place.
Du peu, du pas, on passe au trop, au trop peu, au trop trop....

Elle n'est pas une mère !
Trop mère, trop de mère, pas assez de mère, pas de mère.... C'est amère !

Mère sacrée, mais vierge, qui a pourtant enfanté, mais qui pourtant est divinisée justement car elle n'a jamais fauté.
Reproduction sexuée, et sexuelle, plus vraie pourtant de nos jours, puisqu'on peut y assiter, et l'assisté, et comble de la .....choisir le père, le garder, le jeter... Le manipuler? lui faire un chien de sa chienne, lui faire un enfant dans le dos.

Mère sans père devenu inutile et mère vierge de toute intrusion du sexe male
.. Ah les miracles de la sciences, bébés éprouvettes et mère couveuse.
Quid de l'enfant ?

Elle couve, elle couve, elle met au monde, elle borde, elle gronde, elle caresse, elle aide, elle crie, elle nourrit, elle soigne, elle réprimande, elle frappe parfois, elle aime, elle embrasse, elle félicite, elle cajole, elle rassure, elle guide les premiers pas, elle se lève la nuit...elle aime encore, elle pleure souvent, elle aime toujours, elle déteste parfois, elle se fache encore, elle pardonne la plupart du temps, elle aime, elle pleure, elle embrasse encore, elle prend la main, elle serre la main, elle aime, elle lache la main, elle fait signe de la main un beau matin à son enfant qui s'éloigne, un peu... qui revient... et qui repart encore... qui revient, et qui ne revient pas.. ou alors si loin, si longtemps après !
C'est un peu le fort Da, mais à l'envers
L'enfant lui est sûr que sa mère reviendra. Elle, elle ne l'est pas !

Mère à toutes épreuves, à toutes les sauces, à toutes les fêtes, à tous les maux, à tous les mots, à toutes les calomnies, à toutes les gémonies.
Responsables de nos malheurs, de nos troubles en tout genres, de notre anorexie, de notre boulimie, de nos insomnies, de nos manies, de nos toxicomanies, de nos addictions, de nos maladies..
N'a t-on pas dit, écrit, enseigné, avant de revenir un peu à la raison, que c'était la mère, elle encore elle, toujours elle qui était responsable de l'autisme de son enfant, de sa psychose !
Mère phobogéne, anxiogène, psychogène

Accusée taisez vous !
Vous étes coupable, vous étes née coupable et vous n'avez rien à dire !
Pas d'avocat, de plaidoierie, elle est inutile, pas de procés, il est fait d'avance ! La sentence est prête, toute faite.

On aime sa mère, et on la déteste, on l'aime et on la hait, on l'aime trop, pas assez, pas comme il faudrait, du moins pas comme elle voudrait, pas comme on voudrait non plus.
Ou on ne la deteste pas assez, car on ne peut pas, on n'y arrive pas, on voudrait bien, ce serait plus simple, plus facile...Pour qui ? pour nous ? pour elle ?

Mais elle ne nous aime pas non plus comme on voudrait qu'elle nous aime, enfant objet unique de son amour, on doit la partager, avec le père, avec le frére, avec la soeur, avec tous ces rivaux !
Plus tard en grandissant, on se dit qu'elle nous a aimé moins peut etre que le père, le frére la soeur, ou plus ? Ou on n'en sait rien.

Alors est-on quitte ? Ou resterons nous éternellement en compte ? Ne solderons nous jamais les comptes, les dettes, celles que l'on croit devoir, celles dont on se croit redevables ?

On se dit aussi qu'elle ne nous a peut etre pas aimé, jamais, ce qui est peut etre vrai
Et alors ? En avait -elle le droit
Mais doit on se poser la question en ses termes là?
Droit, le droit est partout, pas encore de loi pour régir ses rapports là ,
Tu aimeras ta mère, je crois dans un vague papier qui se nomme testament, un commandement c'est ça ! Mais force de loi ?

Injonction d'aimer ta mère, mais elle ?
Injonction d'aimer son enfant, c'est l'usage, c'est la coutume, c'est comme ça. Il le faut, on le doit, l'amour maternel ! Il est divinisé, sacralisé, élevé au rang de mythe supréme.
Elle aime son enfant, c'est comme ça, cet amour là ne s'apprend pas, elle l'a eu fond des tripes, c'est animal, c'est bestial !
On veut encore nous faire croire tout ça
On mélange tout, on confuse tout, instinct, pulsion, passion, on secoue, on mélange bien, et on distribue un peu d'amour maternel par ci par là. Comme le plus vieux métier, il est vieux comme le monde
Curieux non ce rapport, cette équation entre la maman et la putain. La maman ou la putain.
Deux destins de femmes... Le quel choisir ? Mais y a t-il y choix ?

Pauvre enfant, et pauvre mère aussi, qui avant d'être mère a été un enfant, un bébé, une petite fille et qui a eu elle aussi une mère... Qui l'a aimé. Y songe t-on ?
Sa mère, l'a telle aimé trop ? pas assez ? pas du tout ?
Qu'en savons nous ?
Que savons nous de l'amour de la mère de notre mère pour sa fille ?
Que savons nous de cette relation là ? De cette tendresse là ?
De ces sentiments là. Elle même le sait-elle ?
Que donner quand on n'a rien reçu ? ou trop reçu ,
Quand on a été trop aimé ou pas assez ?
Ce qui revient au même ou qui est pire

Il ya la mère et la fille, la fille et la mère, la mère et le fils le fils et la mère
Que n'a t-on pas écrit (des choses fort justes,souvent d'ailleurs) sur ces duos insolites et détonnants.
Les relations, ne sont pas les mêmes, les gestes, la tendresse....
Mais l'amour maternel ? l'amour de la mère ? L'amour à la mère, le mal à la mère, la maladie de la mère, le manque de mère, le vide de mère...
Une bouteille à la mer...E

Quoiqu'elle fasse, la mère ne le fait pas bien, pas assez bien, et parfois mal, c'est ce que disent les magazines, les psy de bazar, les psychanalsystes qui ont oubliés qu'ils ont et qui pontifient des théories...
C'est ce qu'on lit dans les journaux, voit à la télé, dans les séries, les mauvais films.. ou les bons
Il faut bien une intrigue

C'est sain de reprocher à sa mère, mais c'est toxique et simplissime de tout lui mettre sur le dos, même s'il est large et de se défiler des responsabilités qui nous incombent
On peut pendant des années, pleurer sur le divan que tout ce qui n ous arrive est de sa faute, ce qui est sans doute vrai, puisqu'on le dit, en tout cas c'est vrai pour le patient
Mais après ? Vivre toute sa vie avec ces regrets, ces remords, ses rancoeurs et surtout ces non dits, ou ces trop dits. Ces et ses silences !
Ce n'est pas ça faire le chemin, du moins pas vraiment comme ça.

Peut être a t-on la chance de s'en expliquer, de s'en ouvrir à elle, si on le peut, si c'est possible et si on n'en a encore le temps. Si on le désire, si elle le désire. Si la rencontre peut avoir lieu
Que de rendez vous manqués !
Que de rencontres ratées
Que de longues d'ondes différentes, de défauts de connections...

Une de mes patientes a pu le faire....Elle avait mal à la mère, mal à sa mère, qui avait mal et male de son enfant...La guérison arrive en sus, de surcroit parfois !

Il faut parfois régler ses comptes, ses contes avec sa mère, ça compte dans la vie, dans notre vie, dans sa vie à elle, dans notre vie de mère, si on le devient...
Ouvir une fois pour toute le tiroir caisse.
La mère compte dans une vie et elle nous conte parfois une bien sombre histoire, avec laquelle nous ne sommes pas toujours au clair. Clarifier ou éclaircir, mais nous ne menons pas une enquête policière, tout juste une quête, à la recherche de soi même. Si toute fois on y parvient
Mère que ne dit-on pas en ton nom ? Que n'as tu pas fait encore ?
C'est ta faute, mais c'est à toi qu'on s'adresse quand on souffre, c'est ton nom que le jeune soldat qui agonise sur les champs de bataille gémit dans son dernier soupir, c'est encore "maman" qui est tatouée "pour toujours" sur le bras du dur des durs ou du légionnaire....
C'est "Mama" me dit un jour un ancien prisonnier des goulags sibériens devenu mercenaire en sortant une vieille photos jaunie de la poche de son treillis. Il me désigne en souriant une Babouchka trônant sur un misérable banc, un chat sur les genoux "Mama" Son visage s'est éclairé, je ne l'avais jamais vu aussi heureux
Maman, c'est plus doux que mère !

Oui, la mère a des tords parfois, souvent quelque fois, mais si elle n'a pas été celle qu'on aurait aimé qu'on soit, nous n'avons pas non plus été l'enfant dont elle a révé !

Il m'arrive alors de penser à la mienne. Toute une histoire que la nôtre, sans elle et sans cette histoire si particulière je ne serai pas devenue moi, je ne serai pas devenue psychanalyste, je ne serai pas devenue une femme libre.
Si nous n'avons pas toujours pu nous dire les choses que nous aurions voulu, il me plait à croire que nous nous sommes aimées, chacune à notre manière...Maladroitement peut-être. Mais elle m'a transmis le plus beau des héritages, et je l'en remercie !
Aujourd'hui, et pour toujours elle me manque !

C'est un article lu dans la presse médicale qui m'a agaçée vivement et m'a donné envie d'écrire tout ça : "Si les enfants ont de l'asthme c'est de la faute de leur mère "assène sans complexe le titre accrocheur
Et d'expliquer à grand renforts d'exemples (surgénéralisation pathologique ?) que la mère stressée pendant sa grossesse provoquaient ces troubles chez le nouveau né, puis l'enfant !!!!
Sans manquer de préciser ôh quelle horreur ! le côut entrainé par le stress de ces mères déjà mauvaises.

Peut-être par ce que mère moi même ?

Mais c'est avec bonheur et espoir que je le termine cet article.
J'ai regardé avec beaucoup d'émotion le merveilleux film franco-israélien de Radu Mihaileanu
"Va, vis et deviens"
Une mère guidée par l'amour qu'elle porte à son enfant, un amour inconditionnel, lui ordonne de suivre une autre mère, en partance pour un avenir meilleur.. Un avenir qu'elle ne pourrait pas lui donner. Une possibilité de vivre. Seulement de vivre !
Pas de mot ! Mais le regard, le regard seul de ces deux femmes, de ces deux mères, dont l'une venait de voir mourir son fils de faim, de maladie dans ses bras, et l'autre qui perdait le sien....
Cet enfant a eu trois mères, il a toujours été fidèle a celle qui lui a donné la vie, en aimant les deux autres, qui l'ont aimé aussi, fort, très fort, si fort.
Qui chacune à leur manière lui ont donné l'amour et lui ont donné la vie.
Ces trois femme lsui ont fait le plus beau des cadeaux, celui de devenir un homme !


Va.... Vis ....et Deviens !

C'est sur ces mots, ces mots d'espoir, ces mots d'amour aussi que je veux conclure....

lundi 5 mai 2008

Les noeuds de l'enfance..

"Aujourd'hui que vous étes psychanalyste, vous avez forcément dénoué tous les noeuds de votre enfance" m'écrit une jeune analysante, particulièrement aux prises avec ceux de son enfance à elle !
Les noeuds de l'enfance ? Les dénouer ? Tous ? Forcément ?


Tous les noeuds ?
Dénouer tous les noeuds ?
Forcément ?
Ce forcément durassien... Forcément !

Sûrement certains et heureusement ! Suis je tentée de répondre... Mais tous ?
Car il n'y a pas de noeud unique, forcément !
Il y en a plusieurs....

Les noeuds de l'enfance ? Noués lors de l'enfance,
C'est sûrement eux qui ont fait que je sois devenue psychanalyste, et thérapeute...Oui, sûrement.
Ce sont eux qui ont fait que je me suis posée toutes ces questions, enfant déjà. Que je voulais comprendre. Ce qui n'allait pas, mais ce qui allait aussi.
Que j'ai cherché à avoir des réponses, que je me suis engagée sur ce long chemin, dans ce difficile parcours. Que les réponses amenaient encore des questions, que ces mêmes réponses dénouaient mais renouaient encore....

Que j'ai cherché encore et toujours.
Sans regret, avec douleur parfois, avec bonheur souvent.

C'est sûrement eux qui ont fait la femme que je suis aujourd'hui...

La souffrance, celle de l'enfance, mais aussi celle qui suit celle ci, la souffrance tout court cette fois, est souvent déterminante pour comprendre. Mais elle n'est pas la seule et heureusement. C'est la vie, la vie tout court, qui est faite de bonheur, de joie, de souffrance, de chagrin, de joie encore et de bonheur.... Un éternel recommencement, le chemin de la vie, faite et ponctuée d'événements heureux et/ou malheureux, mais que nous affrontons plus ou moins bien, cela dépend. Mais que nous essayons d'affronter, de dépasser, de digérer, pour être plus fort, pour vivre au quotidien tout simplement, du mieux que l'on peut, avec soi, mais aussi avec les autres. Si l'on peut. Comme on peut !


Alors on se fait le pari : Se comprendre d'abord. Du moins essayer de tenter
Puis peut-être, après le désir de comprendre les autres.
Mais se comprendre avant, étape essentielle, fondamentale, essentiellement nécessaire avant de s'engager dans le difficile parcours d'aller à la rencontre de l'autre.
Se rencontrer, ne pas manquer son rendez vous avec soi, pour éventuellement accepter un rendez vous avec l'autre...

Se comprendre pour s'aider...
Se comprendre pour aider...
Comprendre les autres pour les aider ?
Le mot aide ne convient pas ici. Il est presque de trop, incongru.
Bien que parfois, il faut porter, tenir à bout de bras la souffrance de l'autre, pour lui permettre de tenir debout, du moins pas trop courbé, affligé par le chagrin, la peine...
Porter ! Soutenir ! Su porter !

Alors, comprendre, dénouer, délier, pour accompagner, écouter... ?
Offrir un espace de parole, un espace d'écoute, un espace à celui qui s'engage sur ce long chemin ?

Pour en revenir aux noeuds de l'enfance, on peut se demander comment ces noeuds adviennent
Pourquoi un noeud ? Des noeuds ?

Qu'est ce qui se noue ? Qui noue ? Et pour quoi ? Pour qui ? Comment ?
Pourquoi ensuite dénouer ? Pour soi ?

Sommes nous alors "un sac de noeuds" ? Sublime et pittoresque métaphore
Mais dans ce cas précis, il y a le sac, celui qui contient le noeud, les noeuds,
Et dans quel état se trouve ce sac ne contenant que des noeuds

Je m'attarde volontairement juste un peu sur le noeud, sa représentation, la représentation que j'en ai. Elle est paradoxale, d'une part le joli noeud qui orne les nattes de la petite fille (oui, la natte, la tresse, on tisse ? on lie on noue ? les cheveux, la chevelure, les méches que l'on retient par ce joli petit bout de chiffon qui deviendra le noeud, ces méches rebelles, folles qu'on prive de liberté, de mouvement naturel, pur les discipliner sagement et transformer la sauvageonne en petite fille modèle)
Et le noeud qui ferme, qui empéche que ça ne s'échappe, qui obstrue, qui relie les liens...
les liens ?
Le noeud qui ferme le sac

Et puis il y a ce noeud au fond de la gorge, qui empêche les mots de sortir, de s'échapper, de se dire, de se laisser aller, de laisser les mots de courir en toute liberté...
J'ai la gorge nouée, les sanglots ne peuvent même pas éclater !
Le noeud qui empêche les aliments de passer
Ce qui reste à travers la gorge, ceux qui restent...
Celui qui tord l'estomac, les intestins...
Le corps est noué, les muscles, les nerfs...
Tout est dur! tendu ! prêt à se défendre

En position de combat
Mais pour affronter qui ?
Pour affronter quoi ?
Les fantômes et les squelettes enfouis dans les placards, au fond des oubliettes, des caches secrétes, de la crypte souterraine ?

Déterrés le morts! ou plutôt les pseudo morts, ceux ou ce qu'on ne peut tuer ! Qui ne peuvent pas mourir !
Les éveiller et les empêcher de dormir au cimetière,
Debout !
Toutes ces ombres, ces spectres qui rodent, qui hantent notre inconscient. Qui heurtent et frappent aux portes de notre conscient, comme un inconnu la nuit au plus profond de l'hiver
Alors nous le laissons entrer, lui faisons une petite place, une toute petite à table d'abord, puis comme il fait froid et que la tempête de neige est au plus fort, on lui offre une paillasse pour la nuit, à défaut de la chambre d'amis.

Toutes ces ombres...Enfouies, mais pas suffisamment
Et qui reviennent de temps à autres
Se rappeler... Se souvenir
Don't remenber the bad days !
Don't remenber !
Vergiss nicht !

Noeuds que je dénoue, que je renoue, et que je noue encore et encore.Comme sur un tricotin !

Noeuds de l'enfance, du souvenir construit assemblé et rejeté pourtant au plus loin de mon inconscient, mal refoulé, pensionnaire à vie de ma mémoire à long terme... Qui fait que jamais je n'oublierai.
Même la démence ne m'en protégera pas !

L'homme est-il donc condamné à vivre de noeuds ? A nouer et vivre encore et encore avec les noeuds de ses propres fantômes et ceux de ses ancêtres parfois ?
Les maisons ne sont pas hantées, ce sont les êtres, et nul ne peut exhorciser ! Nul ne peut extirper ces esprits malins cachés à tous jamais au plus profond de ces noeuds du corps, mais aussi et surtout de l'esprit.
Esprits malins qui torturez l'esprit de l'homme, qui nouez pour qu'il n'oublie pas, comme on fait un noeud à son mouchoir
On fait un noeud tant et si bien, qu'on ne sait plus pourquoi on l'a fait
On le dénoue alors, pour redonner forme au mouchoir !
Lisse, tout lisse et uni, il est prêt à servir, à resservir
Et puis, pour ne pas l'oublier

On refait encore une fois, un petit noeud.................

jeudi 1 mai 2008

Scansion

Grande question que celle là ? La pratiquer ou pas ?
Lacan en a usé et abusé ! Tant et tellement que c'en est caricatural.

Aujourd'hui, un analysant avisé écrirait peut-être sur un site déjanté et loufoque : "Aujourd'hui,je suis allée chez mon analyste, il a interrompu la séance au bout de cinq minutes et a quand même empoché mes 500 fr.vdm"
Et il aurait raison, du moins il n'aurait pas tord..
Cela démontrerait qu'il a un certain sens de l'humour, de la formule et surtout qu'il saurait mettre des mots sur une pratique qui ne manque pas d'interpeller...
Scansion ou pas scansion ?

Mais pourquoi au juste.
Les freudiens, du moins ceux qui se réclament du Père, directement du Père, ne la pratiquent pas. La scéance, quoi qu'il arrive, dure 45 mn.... Retard ou non.
45 mn, presque chrono en mains...!
Si votre rendez vous est à 15 h, vous en aurez terminé à 15h45, que vous soyez à l'heure ou que vous ayez une demi heure de retard ! Dans ce cas là, tant pis pour vous, ou tant mieux !
Certains analystes mettent un réveil, ou une minuterie...Et l'analysant peut ainsi voir défiler le temps ! Etre surpris dans son discours, dans son silence. Sur Pris en plein milieu de son inconscient, de son retour du réfoulé..

Se dire qu'il lui reste encore quelques minutes à dire !

Car le temps sur le divan n'est pas le même que le temps ordinaire. Sa perception n'est pas la même !
Il ne coule pas de la même manière, il peut être plus long, ou plus court. C'est selon.


Les héritiers de Lacan, ou qui se disent tels ! interrompent la séance quand bon leur semble ! Enfin vous diront-ils, si toutefois, ils concédent ou condescendent à vous ou simplement à dire quelque chose, quand cela leur semble nécessaire, utile, essentiel.
C'est eux non "les supposés savoir" ?

Interventionnistes donc. Car ce bon qui leur semble est à leur pure discrétion, appréciation.
Le bon moment. "C'est tout pour aujourd'hui".
Cette formule en impose, il faut en convenir....Elle n'appelle pas de commentaire, aucun, ni de soupir, aucun, du moins apparent. Celui qui se rebifferait, n'aurait rien à faire là, ou serait guéri, c'est peut-être ça la "guérison en sus" ou de "surcroit" !!!

"Peut-être avait-il une course à faire" me dit un jour un patient qui n'avait pas apprécié cette méthode
"Il a censuré ma parole" Dit un autre.
"Il m'a quand même pris mes 100 Euros !" reconnait plus pragmatiquement une jeune femme qui se dit "plus près de retourner chez de tels charlatans"

D'autres y trouvent leur compte ! C'est le cas de le dire
L'analyste dans sa toute puissance... L'analyste sachant savoir ce supposé ou ce satané savoir, que lui analysant ne sait pas et paie n'importe quel prix pour enfin savoir, ou pour enfin espèrer peut-être savoir, ce qu'au fond, il n'a peut-être pas vraiment envie de savoir. D'où le nombre de resistances... Au savoir, à l'analyste, au savoir de l'analyste, au savoir de l'analysant, au savoir de la cure. Au savoir tout court !
Bref, si l'analyste le fait me dit une jeune femme : "C'est qu'il a ses raisons"
Ses raisons qu'elle ne connait pas, mais que lui doit savoir
"C'est pour mon bien" Mais le bien de qui ? Le sien ? Celui de l'analyste ?
Allez savoir ?

Pour en revenir à la scancion... Elle peut,sous certaines conditions et dans certains cas, elle peut être utile, nécessaire....Pour l'analysant.
Pas toujours, pas tout le temps "C'est plus du jeu, sinon"

Trop de scancion tue la scancion
Et c'est vrai.

En revanche, ce que je qualifierai d'outil thérapeutique, bien manié comme tous les outils dont dispose le thérapeute, peut être interressant, peut dénouer, faire avancer le travail analytique, pendant et en dehors des séances...
C'et d'ailleurs son objectif.
Il peuten effet, à certains moments de l'analyse, que le sujet et son analyste auront repérés permettre à l'analysant de dénouer, de comprendre, faire des lien, d'aller au delà..
De reprendre ensuite à la séance suivante. Plus facilement peut-être, ou bien autrement, car cette scansion là, aura marqué, scandé le tempo, celui de l'inconscient ramené sur le divan.
Pourquoi pas ?

Souvent vécu comme une frustration, la scancion l'est en effet, mais la frustration n'est elle pas nécessaire au développment (le b a ba de la psychologie de l'enfant)
Ce serait croire, -à tord, mais aussi à raison- que l'analysant est un enfant ?
Enfant, sûrement pas, mais le transfert permet souvent une régression. La regression dont parle Freud.
Mais l'analysant est-il en mesure de faire face à cette interruption de sa parole ? D'y trouver de l'intéret ? De lui donner du sens ?
Nous avons tous en mémoire la souffrance de Maud Mannoni lorsque Winnicott (qui ne l'avait pas informée de la durée de ses séances) interrompit brutalement leur entretien...
Brutalement ! C'est en fait parfois vécu comme une violence...
Une frustration, nous l'avons déjà souligné, sûrement. L'interruption de la séance au moment où l'inconscient se fait jour... Jouir ? Pour reprendre un propos prété à Lacan ?
La jouissance de l'inconscient ? de l'analysant ? Ou celle de l'analyste ?
Une jouissance impossible ? Mais pour qui ? Et pour quoi ?
Faire jouir ? Ou faire jour ?
Ramener au conscient le matériau refoulé, car jusque là impossible à surmonter, associer ces mots, ces pensées, ces rêves, perlaborer.... Puis brusquement être interrompu "c'est fini pour aujourdh'ui !"
C'en est fini pourqui ? Le sujet ? ou l'analyste, qui montre là son impossibilité à surmonter sa propre jouissance ou celle de son analysant, préférant ainsi par là, castrer. Mais castrer qui ? Encore une fois ?
Castration ? Frustration ? Violence ? Brutalité ?
Qui refoule encore et qui refoule quoi ? L'impossible impossibilité de la jouissance de l'inconscient à faire jour au conscient ?

La scansion donne t-elle sa mesure, son rythme à la cure ?
La cure est-elle une partition ? Celle de l'inconscient qui se joue sur le divan ?
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