Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 18 avril 2012

Ecrire c'est jouer

Créer c'est jouer !

Jouer et créer ! Freud pensait déjà que le sujet qui crée est un sujet qui joue. Winnicott s'est lui aussi longuement intêréssé à cette faculté de l'enfant..! L'enfant possède cette capacité de créer le jeu du moment que l'environnement soit là pour ça, ce "good enough" intraduisible !
Il suffit pour s'en convaincre de prendre le temps de regarder et d'écouter les jeunes enfants... Jouer, créer, créer et jouer
Raconter des histoires, imaginer des personnages, leur donner vie....
Le jeu est indispensable, essentiel au développement, si on part du postulat que l'inverse du jeu est le réel, il semble bien difficile de ne pas s'en évader... Jouer !
Freud a développé cette hypothèse, soulignant aussi à quel point le jeu était formateur et construisait la personnalité du sujet en devenir, jouer pour pouvoir supporter l'absence de l'objet, ce qu'il constate en observant son petit fils jouer avec sa bobine..!
Jouer c'est créer.. Inventer, imaginer..
Créer c'est jouer... A quel jeu ?
Depuis des années j'anime des ateliers d'écriture, en présentiel, ou en ligne. Chacun vient y chercher ce qu'il cherche. Loisir, besoin, envie d'écrire, mais aussi envie de comprendre, de se comprendre à travers ce lien que représente l'écriture.
Associer des mots en rapport avec un support, texte, image, photo, musique.. Mettre en scène leur propres mots à partir de leurs perceptions singulières, et leur donner toute leur dimension symbolique.
L'atelier est un lieu de création, et de jeu ! Les mots sont des outils, assemblés, triturés, organisés, associés, façonnés. Les matériaux utiles à la construction de l'édifice !
Un mot, un seul est source de perception, de représentation qui vont donner lieu à une mise en textes, une mise en acte et en scène de son état d'âme, de son imaginaire.
Imaginaire, image, imagine... Crée, création, ré création...
Association !
Ecrire c'est jouer ? Jouer avec les mots et les sons, pour les faire raisonner et résonner, pour dire et traduire : Translation disent les anglo-saxons.. Intraduisible aussi !
Ecriture et lecture sont souvent intimement liées... Lire l'écriture des autres, qui par là, dit, confie ses sentiments.. Qui nous parlent, qui nous disent, qui nous emportent.. Dans l'image, l'imaginaire et les représentations... Et qui nous offrent une mise en mot singulière..
Jeux de mots, mots croisés !
L'écoute des mots ! chuchotés, bafouillés aussi parfois ! La littérature, quelle qu'elle soit est souvent là pour instruire, il ne s'agit pas seulement de savoir, de connaissances purs, mais de savoirs et connaissances sur nous mêmes aussi.. Chacun a dans un coin de son coeur un livre qui l'a aidé, soutenu, maintenu, quelques vers ou quelques mots qui lui ont maintenu la tête hors de l'eau, lui ont donné l'envie, le désir..
Ecrire, un langage écrit, visuel mais aussi sonore, car l'écriture si elle parle, se parle ! Et parle à l'autre aux autres. Car c'est s'engager, engager le dialogue ou du moins l'amorcer.
J'écrivais il y a quelques années que c'était aussi prendre un risque, c'est vrai, celui d'aller vers, à la rencontre de l'autre, comme jouer, on joue seul mais on trouve aussi du plaisir à jouer avec l'autre
Ecrire c'est jouer ! Jouer c'est aussi écrire !

jeudi 12 avril 2012

Les enfants de la nuit

Les enfants de la nuit


Ils sont les enfants de la nuit, de ces ténèbres  de ces années sombres, ombres géantes qui les ont privés de leur identité, de leur être, de l'essence même de leurs Pères !
Si j'écris cela aujourd'hui, c'est parce qu'il semblerait que malgré ce semblant d'éclaircie, cette minuscule étincelle ils sont une fois encore appelés à devenir une fois encore les enfants de la nuit ! Répétition encore !
Enfants de la nuit mais pas de l'oubli !

Enfants de la nuit, sombre, obscure et sans étoile, enfants de parents qui n'ont rien pu léguer,  rien transmis,  rien donné ! N'ont rien pu offrir en partage et en héritage ce qu'on leur avait ravi, arraché. Parce qu' on leur avait tout pris. Dépouillés de leur être, de leur âme, tout a été fait alors pour qu'il ne reste rien, rien de rien, effacer à tout jamais toute trace de l'effacement !
Alors ceux qui sont revenus, ceux qui ont survécus, ceux qui encore était en vie... N'ont rien trans mis... Non plus...
Pour les protéger, pour les garder en vie ! Envie...

Mais quel goût peut avoir cette vie si on a confisqué ce qui en fait le sel, ce qui fait la différence entre eux et ces autres, qui les haïssent ? Les nient ?
Cette vie ainsi vaut-elle la peine d'être vécue ? Ainsi, dans l'ignorance d'être et de faire partie...
D'être là sûrement, mais aussi peut-être sans trouver la place, sans trouver le sens, sans pouvoir s'inscrire à l'endroit qui est le leur ?

Ils vivent, ils survivent parfois en tentant de se hisser au delà de ce brouillard, de cette brume qui assombrit et obscurcit le ciel, car il manque ou pire peut-être quelque chose est en trop !
Une trace en creux et en relief qui comme une empreinte a marqué la mémoire, l'âme en a gardé la trace, sans trop en connaitre le sens, le pourquoi... Mais !
Il y a en effet  ce "quelque chose", cette lueur obscure, mais présente et qui fait que ces enfants là, bien que grands maintenant se reconnaissent, ils se reconnaissent à ce manque ou à ce trop, qu'importe, mais toujours à ce quelque chose qui les lient malgré le silence !
Malgré l'obscur et les ténèbres, malgré ce silence qui pèse !
Le silence est peut-être pour eux ce qu'il y a de pire, car souvent plus personne n'est là pour le briser, et raconter, mettre les mots qu'il faut, qu'ils attendent pour enfin savoir. Ils se doutent de ce manque ou de ce trop, car ils savent, mais ne savent pas tout, ne savent rien parfois de cette histoire singulière dans laquelle ils s'inscrivent, mais où ils ne sont pas, car pour être il faut aussi savoir !

Alors ils tentent dans un ultime geste d'espoir ou de désespoir de reconstituer l'histoire, de rassembler les pièces de ce puzzle qui leur ont été confisquées ou pire substituées.
Ils sont les enfants de la nuit, nuit terrible, sans étoiles et sans ombre, obscure et noire, nuit sans lune, jour sans soleil, ni lumière !
Puis un jour n'y tenant plus ils se disent que peut-être ça vaut le coup, de chercher à savoir... De chercher à connaître pour retrouver la trace, l'empreinte, la marque !

Mais pour dérouler la pelote, peut-être faut-il donner à trouver le fil... Ou la clé qui  ouvre la porte !
Eux les enfants de la nuit, les enfants de l'ombre, on ne leur a rien donné ! Au contraire on a jeté la clé. A eux de la retrouver, à eux de partir à la recherche de ce qu'on leur a caché, tu, volé, arraché.
C'est une partie d'eux qui manque... C'est une partie d'eux qui leur a  été confisquée, pour les protéger....Une marque en creux dans la chair, un vide dans le coeur, un trou dans l'âme.
Un trait confisqué, une marque indicible, mais qui prend tout son sens lors de cette quête périlleuse, au risque de : Découvrir, lever le voile, déchirer le mensonge.

Comme si toujours le danger était là ! Et il l'est; le crime rode, les prédateurs sont toujours prêts à dévorer !
Prêts à bondir sur les proies qu'ils n'ont jamais cessés d'être ! Pourquoi ?.... C'est à ce prix, au prix de leur vie qu'ils partent à la recherche de leur vie, de celle que l'on ne leur a pas transmis lorsqu'ils sont advenus au monde. Ils sont, mais ils ne sont pas, pour être il leur faut renaître, il leur faut advenir enfin à leur histoire, à l'Histoire !

A tous les enfants de la Nuit. Mes frères et mes soeurs qui se reconnaitront.

dimanche 1 avril 2012

Ecriture

Ecrire son désir, le désir d'écrire.


Ce billet pour répondre aux diverses questions qui me sont posées à propos des ateliers d'écriture :
Pourquoi des "Ateliers d'écriture" ?
Mon rapport et ma relation à l'écriture sont très anciens, ils datent de l'enfance, j'ai toujours aimé écrire, mon journal, des histoires, des scènettes de théâtre pour faire des spectacles....Et des lettres, à mes amis !
Un amusement, mais aussi une manière d"exprimer mes émotions, mes pensées, pour moi, et aussi pour les autres. Lire et écrire, deux passions.
Deux passions qui ne m'ont jamais quittées et que je n'ai jamais quittées, je ne sors jamais sans une feuille ou un petit carnet crayon au fond de mon sac ou de ma poche. Pour noter, écrire, dessiner...
Mes années passées à enseigner en lycée puis dans la formation continue et professionnelle m'ont amenées à repenser l'écriture.
Celle ci y est la plupart du temps cadrée, encadrée, régie selon les règles strictes de la méthodologie imposée par des textes.
Une écriture où finalement on ne se dévoile pas, du moins pas tant que ça ! Ou il faut dire et écrire ce qui est attendu, être noté en fonction de cette conformité.
Je me souviens de ces élèves qui ne comprenaient pas l'injonction paradoxale de  l'épreuve 'écriture d'invention" S'ils devaient écrire, ils ne devaient pas inventer..  Ne rien écrire de personnel !

"Ca ne colle pas ! Invention, ça veut dire pourtant que c'est nous.. Que ça vient de nous..." disaient-ils.
L'envie d'écrire une suite, de donner son avis...A un age où l'envie d'être écouté et entendu est forte. Mais qui malgré la question de l'énoncé n'est jamais sollicité...
Je sentais bien là ce "quelque chose qui cloche" ce manque, cette non possibilité de pouvoir dire sa pensée, ses idées avec ses mots. La frustration.
User de ces mots et de ce devoir d'écrire et d'écriture pour s'exprimer, c'est à dire, mettre au dehors ce qui est au dedans !
Car l'écriture c'est une dynamique... Une expression écrite... rédigée, mais dites autrement que par la parole...

Alors écrire ?

C'est ailleurs que c'est développé ce désir, cette envie, cette découverte de l'écriture, de l'autre écriture, qui n'attend pas de notes, d'évaluation, de remarques, de "peux mieux faire".
Ce désir de partage d'échange autour et avec les mots, au travers, par le biais de l'écriture.
Je viens du monde asilaire, celui qui avait le temps d'entendre, d'écouter, d'accompagner les patients, d'organiser des sorties, de faire avec. Le monde asilaire avec ses neuroleptiques certes, mais qui avait surtout davantage de moyens que le monde psychiatrique d'aujourd'hui. Les patients, "chroniques" et " de passages" bénéficiaient alors d'une véritable prise en charge thérapeutique, d'une écoute individuelle, de thérapies de groupes...D'ateliers.

Ateliers divers, tricots, cuisine, promenade, modelage, occupationnel comme le notait le planning.
La thérapie passait aussi, surtout par là ! Ecouter aussi d'une autre manière, entendre différemment, faire participer les sens, les sensations. Entrer en contact avec le dehors, mettre en relation soi et le monde.. Etre au monde.

C'est une patiente âgée présente depuis longtemps qui un jour me dit "tu ne pourrai pas nous faire écrire ?" Et de m'expliquer qu'elle aimerait bien ça... 
-"Je n'ai pas toujours été une vieille folle tu sais, avant j'étais institutrice, j'apprenais les enfants à lire et à écrire, chanter des chansons..."
L'idée chemina et nous mirent toutes deux au point ce premier "atelier d'écriture".

Un après midi par semaine, il réunissait tous les patients désireux et curieux.... Pour écrire, et ils écrirent, tout, des poésies, des chansons, illustrèrent des dessins, des photos, dans le seul but de se faire plaisir et non d'une exposition ou quoi que ce soit d'autre. Ils ne voulaient rendre compte qu'à eux mêmes et à ceux qui étaient présents dans le groupe. Il semblait que ce temps là soit différent, hors du temps asilaire. Hors du temps tout court !
"Une bulle dans un ailleurs" avait résumé une jeune femme alors !
Thérapeutique ? Certainement, mais pas que ça...

L'écriture est un moyen, un excellent moyen de dire, de donner à lire ou entendre à l'autre son histoire, vraie, supposée ou fictionnelle.
Tout ou presque dans notre vie quotidienne passe par l'écriture, elle constitue parfois un blocage, un isolement, parce que la personne ne sait pas dire ce qu'elle aimerait, voudrait, parce qu'elle ne trouve pas le mot juste, parce qu'elle n'arrive pas à exprimer ses émotions, ses sentiments, elle se prive alors d'un moyen, d'une possibilité d'entrer en relation avec l'autre, les autres, ses semblables, tisser le lien social
L'écriture peut ainsi constituer un frein à ce vivre ensemble indispensable !

J'entends parfois "j'ai vu une expo, j'ai lu un article... j'aurai voulu réagir, laisser un commentaire, dire ce que j'en pensais, poser une question... M'exprimer, mais c'est impossible, je n'y arrive pas, je ne sais pas comment faire, comment dire, trouver les bons mots, ceux que je sais, mais ne sais pas dire"
Eprouver le manque, l'impossibilité.
Eprouver cette sensation est une réelle souffrance...Une blessure narcissique parfois, une perte d'estime et de confiance en soi dans les cas les plus extrêmes qui conduisent à des évitements et un certain isolement social !
Ecrire procure aussi du bonheur, de la satisfaction, un mieux être !
C'est une mise à distance... Aussi !

Que ce soit dans ma pratique d'accompagnements d'enfants, d'ado, d'adultes autrement que dans un cadre thérapeutique l'écriture a toujours été un excellent moyen, un outil extra ordinaire.
Pas seulement pour dire, pour mettre en mots mais aussi et surtout pour permettre à celui qui le fait de concrétiser, de prendre note, et prendre en compte. Ou en conte !
De ra compter, de conter et de compter avec ces mots qui deviennent siens.
Et de rendre compte !

Mon expérience des ateliers est multiple et singulière, c'est une nouvelle histoire à chaque fois, en groupe ou en individuel, animer des ateliers est une aventure unique.
Elle l'est aussi pour chacun, pour chaque membre du groupe, qui y trouve du plaisir, de l'intêret, mais aussi du bonheur et du mieux être, qui éprouve un certain soulagement, une mise à distance d'une anxiété, d'une question,....
Une expérience qui permet de mettre des mots sur le papier parce qu'il est impossible de les lâcher autrement, qu'il est nécessaire de passer par là autrement !
Et puis il y a ce bonheur d'offrir, de donner en héritage, le plus beau des cadeaux, ses souvenirs, écrire son histoire et l'histoire de sa famille en illustrant les photographies... Un album singulier, un album qui redonne vie à ceux qui ne sont plus là, mais qui ont transmis...
L'écriture permet.. permet de dire, de donner, de se donner, d'offrir et de s'offrir, de poser, de penser, elle permet ! Et ce n'est pas rien.

Pour informations rendez-vous sur http://ateliers-dusch.blogspot.fr/

A Zélie....Et à notre premier atelier.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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