Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 25 novembre 2009

Du mauvais usage des mots

"les mots ça fait mal" confie une analysante,
Les mots c'est pire que les coups
Des coups bas que ces mots là, des maux que ces mots là.
les mots font mal, les mots sont des armes qui touchent, qui blessent, qui tuent parfois, tout, ou simplement une partie de soi.
Visés et atteints en plein coeur
Au coeur de l'orage, au coeur de l'âme, au coeur du sujet. Cette flèche là, se fiche là.
Laissant une blessure, qui saigne, une blessure qui ne se ferme pas, qui ne guérit pas, car on ne panse pas l'impensable.

"Je ne comprenais même pas le sens de ces mots là,ces mots ? Ce qu'ils voulaient dire, j'entendais la violence, leur violence, je savais qu'ils n'étaient pas beaux, des gros mots, des mots laids" laideur, noirceur, poids de maux.
Vide de sens pour cette fillette qui les reçoit, mots visant la femme qu'elle n'est pas, pas encore. Femme, image, et représention impossible pour ce père là, que cette femme là
Une vision à lui... Là.
Mots sans nom, sans son, vide de sens et de représentation. Des mots qu'on ne symbolise pas... Pas tout de suite, mais qui font mal immédiatement, tout de suite, après, plus tard, toujours...
Des mots qui touchent, qui atteignent leur cible du premier coup, souvent, toujours !
Il faut être cruel pour utiliser cette arme là, ces armes là. Arme blanche, lame tranchante, effilée et sourde, mais qui fait résonner et raisonner toute la violence contenue dans quelques syllabes.
Il faut être cruel, pour utiliser cette arme là. Il faut être méchant. Il faut avoir cette volonté, ce désir puissant de faire mal, de détruire.
Le mal, le mal pour faire mal là où ça fait mal. Toucher là, où ça fait le plus mal.
Mot projeté en avant, mot qui s'échappe, qui fuse, sans retenue,sans cran d'arrêt, sans "sécurité"
Il ne faut guère avoir de cran peut-être pour user de cette arme là.
Une arme qu'on ne peut retourner contre soi. Une arme contre soi cependant, sûrement, une arme projetée sur les autres. En miroir !
"Je les entends toujours ces mots là...'"
On n'en guérit pas.

Ces mots de la haine, comme des obus, comme des mines anti personnelles, pourtant bien personnelles et personnalisées.
Singuliers que ces mots là. qui heurtent l'oreille, la mémoire et sonnent à la porte de l'inconscient toujours et encore ! Ils sonnent, raisonnent et résonnent toujours. Ne s'effacent pas, ne se gomment pas.
Comme la trace de craie sur le tableau noir, mais assombrissent les nuits blanches des insomnies de celui que en est blessé à tout jamais.

mardi 17 novembre 2009

Sublimation

mercredi 25 novembre 2009, à 10:48, en hommage mes amis artistes... Publié sur Analyse et thérapies aujourd'hui

Elle ne peut être que sublime. Forcèment sublime, au sens durassien, sublimissime

Bien heureuse sublimation, béni soit celui qui parvient à sublimer !
Mais sublimer quoi ?
Plus heureux alors que le malheureux qui ne peut montrer à voir que ses symptômes, témoins de sa souffrance et de son mal aise. Névrose, chargée d'angoisse et de culpabilité ?
Heureux alors celui qui a pu transposer aussi vite, aussi rapidement, qui a pu sublimer ses pulsions...
Qui a su dévier ces pulsions là en un "sentiment supérieur"... Qui a pu tirer sa force de ces pulsions là, pour créer, qui a pu les déplacer pour investir des "objets socialement valorisés"
Pulsions ? Pulsion ? Pulsion sexuelle.. déplacée vers un but non sexuel, autre....

Sublimation... J'aime m'arrêter aux seuls mots. Et celui ci est merveilleux, dans la forme, dans le fond, dans le son... Il est beau. Esthétique. De l'art à lui tout seul !

J'aime sa représentation...En fermant les yeux on imagine la sublimation d'un corps qui de l'état solide passe à l'état gazeux... Triviale réalité, mais elle l'est souvent ! Il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en convaincre
Pourtant ! Transformation de la matière, rapidement, en direct.. On ne passe pas par la case fusion, ni vaporisation. Une sorte de tour de magie ! Magique !
Oui, il y a quelque chose de magique et de merveilleux dans le mot et son acception.... Une sorte d'alchimie dont personne n'a le secret. Ou si peu....

Le secret ? Celui de cette recette un peu spéciale où l'on dévie sa pulsion... Déviation singulière qui satisfait la libido par la création. Création d'un objet, d'un texte, d'une matière alors ?
Pas d'angoisse ni de culpabilité,mais au contraire la satisfaction esthétique... une sorte de contentement intérieur, un bonheur intense.. ..Fonction cathartique... Bénéfice narcissique... Un bonheur ?
Celui de la pulsion assouvie. .De la passion ?

Une jouissance, une tension extrème, l'excés de cette tension là..Au delà du "principe de plaisir" , qui celui là, ne peut satisfaire que celui qui aspire à la sécurité, à la routine, qui vivote... Mais n'ose pas oser ! N'ose franchir cette ligne là... Non il se contente du "juste ce qu'il faut", cela lui suffit !
Parfois ce même regarde cet autre là, qui a franchi.. Qui a osé passé au feu rouge... Se dit qu'il aimerait bien, qu'il ferait bien... Mais n'acte pas. Reste fixé là... Mais éprouve une sorte d'envie pour celui qui a osé...Peut-être se contente t-il de son "sam'suffit" et se réfugie dans sa névrose toute ordinaire... ?

Sublimation...

Sublimation ? Où se situe t-elle alors ? Est-ce le chemin qui mène au résultat, ou le chemin lui même ? Ce cheminement intérieur, cette sorte d'ébullition intense, où tout semble permis, où l'accés au Savoir, au Tout, à la Connaissance, à la Lumière, au Soi nous est offert.
Ouverture sur l'Univers, et l'Infini... Etre dans l'infini...Parler un autre langage, un au delà de la langue, celui universel de la Création, qui pourtant n'est accessible queseulement parfois..

On ne sublime pas toujours ?

Un moment spécial et singulier qui ad vient, cadeau de l'Infini à celui qui est au rendez vous. A celui qui ouvre sa porte, sans crainte ni angoisse, à celui qui pense que tout est possible, que Tout peut-être, parce que Tout est. Il suffit d'en saisir un peu.. A sa manière, à sa façon...
Prendre les yeux fermés le chemin des Possibles, aller, avancer...Croire peut-être ? Avoir cette foi là ?
Ce moment fort, puissant et intense où Tout est possible car celui qui crée ne fait plus qu'un avec ce Tout là. Pourtant il n'y a pas de fusion.. Symbiose, non... trans fusion ?
Comme si cette force détournée de la matière se transformait... Comme si ce Tout pour un instant était limpide,accessible à sa conscience humaine, qui d'un seul coup devient in humaine, sur humaine...comme si toutes les réponses aux questions étaient données d'un seul coup..

Une sorte de Paradis, mais pas artificiel, au contraire...Au delà de l'artifice, au delà, du dicible, de l'imaginable...
Rencontre fugace avec un "au delà de soi" . Moment bref, intense et inoubliable, qui transforme en effet le sujet : Le Sublime....
Un état de grâce.. Les mots n'existent pas pour décrire ce bonheur là, cet état là.. Cet état où tout arrive, où la création ne puise pas son inspiration, mais où celle ci semble insufflée par ce Tout. Ce tout accessible seulement quelque fois.. Si on y prend garde...Si on laisse la faille.. Si l'on accepte cette rencontre singulière.
Un cadeau inestimable... Se laisser aller... Laisser venir, laisser parler... Laisse ad venir..

Sublimation évoque chez moi une lumière. Une lumière dans le noir qui jaillit. La Lumière... peut-être cet inconscient collectif dont parle Jung (dont je ne suis pas familière).
Ma propre définiton de la sublimation pourrait être "tutoyer le ciel et danser avec les étoiles !"
Ceux qui ont franchi cette ligne... Ceux qui ont vécu cette expérience singulière... Qui ont fait quelques pas de tango avec les astres se reconnaissent, je l'ai dit, déjà... Une lueur dans les yeux de ceux là. De ces mêmes qui ont ouvert la porte, sur le Ciel, et son immensité... Dans leurs yeux brillent pour toujours cet infime étincelle qui fait que l'autre sait...

Freud, malheureusement, n'a pas vraiment poussé plus loin la porte ni ses investigations. Trop "dans le désir" sûrement à faire de sa découverte une science.
Lacan a voulu décoder l'inconscient.. "Structuré comme un langage"..le lisant comme tel, lui faisant rencontrer la linguistique..Entre autre ?
Comment déchiffrer ce qui nous échappe ? Puisque l'inconscient nous échappe ?
L'inconscient est un territoire bien obscur, un vaste continent inexploré, inexplorable peut-être, qui ne nous livre que ce qu'il veut bien nous livrer. Nous offrant sûrement des cadeaux. Encore suffit-il de les voir et de les accepter.
La sublimation en est un, sans aucun doute !

Ecrit et publié par B.D
A ceux, qui à travers ses lignes, se reconnaîtront, trouveront écho...A vous !

Black trip

On se dit qu'il serait bien d'en finir. Que de cette manière là, enfin on serait tranquille.
En finir ! Définitivement avec tout ça. Que la vie est un enfer et que nulle part ailleurs, si toute fois ailleurs il y a ça ne peut être pire

Parce que le pire est ici, le pire est ce qu'on vit, tous les jours, depuis des jours et des jours... A n'en plus finir, à n'en plus conter, à n'en plus compter

D'ailleurs on ne les compte même plus, ni les emmerdes, ni les jours. A chaque jour suffit sa peine, même pas ! Puisque ça ne finit jamais.. Inlassablement, jour, nuit, jour, etc... S'il existait un entre deux, cet espace là aussi serait envahi...
Parce qu'il n'y a pas de place pour autre chose, ça tourne en boucle, et on aimerait, voudrait de toutes ses forces que ça s'arrête, que ça arrête...En fin !
Pour avoir peut-être enfin la paix, le silence, le silence de l'âme, le silence de l'esprit. La paix
Mais ça tourne, tourne et recommence sans fin, sans limite, sans arrêt..
On n'en peut plus, on ne trouve plus les ressources, les capacités pour faire face, pour s'adapter, pour ajuster. Pour montrer, à l'autre, à soi, montrer à voir !
Toute l'énergie passe à cela, trouver la stratégie pour faire face, pour affronter, pour se battre. Pour pas même gagner, mais sortir pas trop meurtri du combat.
Pas trop amoché, du moins que ça ne se voit pas trop..
La lutte est âpre et on sent bien qu'on est pas de taille, on se dit qu'on ne l'a jamais vraiment été, on se dit qu'on a fait semblant qu'on a pu tenir les quelques rounds sans trop montrer.. Sans trop montrer à voir.
Mais cette fois, on a envie que ce soit le dernier, qu'on compte jusque trois, et que c'est soit fini, fini pour de bon. On se dit qu'enfin de l'autre côté enfin on sera libre, qu'il n'y a rien, et que rien finalement ce n'est pas rien, et on n'aspire plus qu'à ce rien
On se dit que finalement c'est pas difficile, même que c'est facile, il suffit de fermer les yeux, de laisser, d'entendre...Un... deux... ne pas faire l'effort de bouger, de se relever, non de rester au sol, et d'entendre enfin le trois. Fin du match ! End game !
C'en est fini, pour de bon, cette fois..
Mais on pense, on se dit que peut-être on pourrait se rater... Et que..
On pense à toute cette merde qu'on va laisser à ceux qui reste... Et que
Mais on pense à toute cette peine qu'on va faire, parce qu'il y a quand même ... Et que
Mais on pense à ceux qui ont peut-être besoin de nous pour continuer à... Et que
Mais on pense, en boucle, et ça ne s'arrète pas, on n'arrive pas à y mettre fin
.....Deux.... Alors lentement, on se bouge.. on relève la tête le reste du corps, et dans un terrible effort
Il n'y aura pas trois !
Jusqu'à la prochaine fois !

vendredi 13 novembre 2009

L'autre femme

Dans ces cas là, il y a toujours une autre femme, forcèment une autre femme : "L'autre" !
L'autre femme nécessaire ..
Cette femme là.

Elles. Sans qui.. Sans qui elle...
Cette autre femme, souvent, est une inconnue, devinée, espionnée, jalousée, enviée, fantasmée,
Fantasmée...
Parce que forcèment cette autre femme là a quelque chose de spécial, de plus singulier. Forcèment.
Cette autre femme ! Une sorte de diable en jupons, souvent... Et encore ?


-"De jupons elles ne portent plus, elles ne portent d'ailleurs plus rien" dit en soupirant une de ces femmes, "victime" de 'l'autre femme"
Fantasmée, elle l'est, mais aussi, secrétement, désirée : objet de convoitise, d'envie...
Objet.
Sur elle se déversent la haine, les regrets, les remords, les colères, les angoisses, les peines, les regrets.
L'autre femme, femme perdue, cause de la perte, d'une perte !
La perte à soi. Perte d'une image, de l'image de l'autre femme que ce foutu miroir ne renvoit plus, au bout de toutes ces années.
De femme là, alors devant, soi, devant le soi devenu, n'est plus...
Il reste une image...
Et derrière l'image, devant soi pourtant, se profile, se dessine l'autre, autre visage, cruel celui là qui dénonce la faille qui fait que l'autre femme c'est Elle !
Alors sur elle se déverse le désespoir. Desespoir de ne pas être, de ne plus être peut-être, ou pire n'avoir jamais été comme cette "autre femme".
Elle... L'autre....Femme...

"Elle a le temps de se pomponner, elle, de se faire les ongles... Moi, je ne suis juste bonne qu'à torcher les mômes, faire le ménage, le reste, quoi..."

Et de la colère ! Ce "moi je" sous entendu "ne suis pas cette autre femme"

Comme si elle, elle avait ce plus, ce qui me "manque à moi". On fonctionne toujours selon ces opérations, selon cet arithmétique symbolique, ce qui manque là, on le cherche ailleurs, et on l'additionne. Ca doit le faire, faire une somme, un tout, un bloc.

Mettre le plus à la place du moins, combler ce qu'il y a en creux.
Comme cela serait simple. Du vide et du manque, il y a certes, du vide et du manque, il y aura, toujours. C'est ainsi, une sorte de tonneau des Danaïdes, comme si le manque appelait le désir, le désir pour combler le manque, un peu, mais pas tout, juste assez cependant, pour qu'il reste du vide, un manque encore à combler un peu.. Et ainsi de suite
Comme si c'était à cette "autre femme" de combler le manque. Mais manque y a t-il ? Et se comble t-il de cette façon là.
Autre. On est tous l'autre de quelqu'un.

mardi 10 novembre 2009

Mots barrés.

-"Tu as déjà terminé ?"

-"Ce jour là, le prof nous avait distribué des mots barrés... C'est facile, en quelques minutes j'ai fini, alors j'attends, les autres mettent du temps. Pour une fois que je suis bon.. !"

-"Tu as déjà terminé, ou tu n'as rien fait ? "
-"J'ai fini"
-"Montre moi."
-"Mais ce n'est pas possible, tu as copié ! "
-"Mais sur qui ? Les autres n'ont pas finis"
-"Mais alors tu as triché !"
-"Mais comment ? "
-"Je n'en sais rien, mais tu avais les résultats"
-"Quels résultats madame ?"
-"Mais tu as bien fait quelque chose, ce n'est pas possible..."
...
-"Tu seras puni... "


Oui...


"Comment voulez vous que je lui explique que je n'ai pas besoin d'une heure pour faire ça, les mots barrés je les vois, vous comprenez, vous, ils se détachent nettement des autres
Je regarde la grille, et immédiatement, ils sautent aux yeux.. On ne peut pas les rater
Alors je n'ai plus qu'à barrer, facile non... ?"

Et c'est n'est qu'un exemple dans l'histoire scolaire de cet ado.. Comme pour d'autres, qui d'un seul coup d'un seul trouvent le résultat, mais ne peuvent expliquer comment...
Savent "parce que c'est comme ça !

Lui, il sait lui pourquoi il fonctionne ainsi, il ne l'a pas toujours su et en a souffert.
On n'aime pas les différences, les personnes, les élèves qui ne comprennent pas, ou comprennent bien avant
"La réponse je l'ai avant même qu'elle ait fini de poser sa question... Je vois tout de suite où elle veut en venir... "

Il en a souffert, l'école n'est pas tendre avec ces enfants là, ni avec les autres. L'école ne fait pas de cadeaux. Elle n'aime que les "bons élèves" ceux qui sont déjà "formatés", qui conforte les enseignants dans une pédagogie et un enseignement dépassé, anachronique...

Qui les empêchent de remettre en cause des méthodes d'apprentissage désuettes, de voir, et regarder l'élève qui ne "fonctionne pas comme les autres", de s'y arrêter, de s'interroger, de chercher à comprendre...
Une seule tête et une seul, un seul enseignement et un seul...!
Tellement plus simple de se dire "celui qui ne comprend pas ce que je dis est un idiot...!" Je n'exagère malheureusement pas.
Isolement, repli, refus scolaire parfois... Des élèves doués, plus que doués parfois, relégués aux oubliettes... De cette immense machine à broyer !


Alors il a appris à connaitre, à comprendre, à identifier, à en savoir le mécanisme...Puis à accepter, et utiliser cette particularité là !
En faire un "atout"

-"C'est plus simple, c'est mieux de savoir. De savoir qu'on est pas fou, pas débile, c'est rassurant
Ca va mieux.. Je me sens plus à l'aise.."

Prendre le temps là où il faut, quand il faut, accepter aussi que souvent ça va plus vite, aussi, alors ne pas perdre le temps, là où il faut, quand il faut...

Avancer alors sur cette route singulière...
Pour suivre le chemin, son chemin...Trouver sa voie.
Compréhension de la singularité de l'autre, du fonctionnement autre de l'autre...
Savoir que cette particularité là fait partie de soi...Est soi !
A tous les enfants, élèves, ados et adultes que j'ai rencontrés et suivis dans ce cadre, aux enseignants qui, s'ils lisent cet article, puissent s'interroger sur ce qu'est la "préférence hémisphèrique" et avoir un autre regard sur les enfants qui soit-disant, " ne suivent pas"

lundi 2 novembre 2009

25 Frs

Elle n'avait que 25 fr, pour vivre elle, sa fille laissée à ses parents, dans sa Vendée natale, et son fils, ce dernier né... venant de naitre.
25 fr, pour trois ...
"Ce n'est pas assez, je ne peux pas "a t-elle déclaré alors à l'Assistante publique où elle a déposé son enfant, lui, le fils, le dernier né...quelques jours après sa naissance
Lui... Laissé là, quelques jours après qu'elle l'ai mise au monde ..
Mis et laissé au monde
Mais comment vivre avec 25 fr à Paris en 1900...?
Comment ?
"Le père voyant Mlle ....enceinte pour la deuxième fois la laissée et est parti sans dire où il allait" a scrupuleusement inscrit l'employé de l'Assistance
Formule toute faite... ? Père : case vide, néant, inconnu.....X
Père ?
Qui était ce père qui abandonne une femme a qui il a fait deux enfants...Ou un seul ? Nul ne sait, ou celui qui savait a emporté avec lui ce secret dans la tombe !

Secret, tombe, squelette, fantôme..Non dit, caché, tu, tué...Pas dit, honte, culpabilité, crypte........

"N'ayant plus d'aide et déjà une fille de quatre ans et demi en nourrice, se voit forcée d'abandonner le dernier né, ses gages n'étant pas suffisants pour les besoins de trois personnes"
Cruelle destinée...

Mais laquelle ? Celle de cet enfant laissé, confié à l'Assistance pour y être nourri...Celle de sa mère, obligée de laissé ce dernier né faute de moyens pour l'élever ?
Cruelle ? Pour qui ? Pour quoi ?
Ces destins là sont courants, banals presque... Peu d'argent...Donc pas de moyens.
Absence de moyens, a, privatif... Abandon, don, sans don, je laisse à...
Abandon..
Laissé là cet enfant pour une autre vie, une vie différente...Peut-être ?
Espérant alors que l'Autre, cet état providence substitut aura davantage de moyen. Un plus qu'elle n'a pas, car c'est seulement des moins qu'elle, cette mère là peut offrir. Comment donner du moins même si deux moins donnent soit-disant du plus ?
Moins... Laissé à.
Et de repartir pour sa propre vie, une autre vie, différente.... Sûrement, car elle ne pourra plus être comme avant. Peut-être ?
Historienne, je me suis interressée à l'abandon, celui des enfants, au cours des siècles, au cours du temps, je me suis interrogée aussi sur l'amour maternel, l'amour familial, le désir d'enfant... l'amour de ses enfants ?
Femme, mère, psychanalyste, je me suis posée, j'ai posé ces mêmes questions...
L'amour.... Comment peut-on parler de cet amour là, un amour qu'on ne connait pas, un contexte autre. 25 frs...
Nul ne peut juger, nul n'a le droit de dire, il fallait, il faut, elle doit, elle aurait du..
Nul, personne, ne peut, ne sait,

Qui sait ?
Etrange affaire que celle là... Une femme enceinte choisit de laisser aux bons soins de l'Assistance cet enfant là, le dernier né, qu'elle a porté neuf mois, et nourri une dizaine de jours... Pourquoi ?

Amour ? Maternel ? Liens ? Lait ? Nourriture ? Allaitement ? Maternel ? Lien....Mais lequel
Cet enfant là... Que sait-il de tout ça ? Je ne sais pas... Peut-être en sais-je davantage ? Davantage que lui, ais je pénétré ses secrets, dérangés ses fantômes, pour tenter de comprendre ce qu'il a tenu secret au plus profond de son âme.

A t-on le droit de remuer tout ça ? De rechercher dans tout ça ? De vouloir comprendre tout ça ?
Tout ça ? Moi. Avoir entre les mains ces vieux dossiers, lire "ça," ça m'a fait mal ! J'ai éprouvé, ressenti de la souffrance, toute la souffrance de cette femme, au guichet de l'Assistance.. Laissée, délaissée, abandonnée elle aussi à la détresse, celle de son être seul, face à cette décision terrible, face à ce choix tragique...

J'ai éprouvé de la douleur pour ce petit être, qui a grandi dans la froideur d'un orphelinat, dans l'indifférence d'adultes, dans l'hostilité peut-être de toutes ces familles qui l'ont accueilli non pour lui donner de l'amour, mais pour remplacer les bras partis à la guerre.
Les larmes sont venues à mes yeux, à la lecture du misérable pécule... Du peu que cet enfant là, ce garçon là a gagné à la sueur de son front à la peine de son âme, sans amour, sans chaleur....
25 Frs ne suffisaient pas pour une enfance autre que celle là ?
25 frs est-il le prix de la vie, de l'enfance, d'une rencontre ratée ?
Celle d'un rendez vous manqué avec l'amour de la mère....Mère où étais tu alors ? Mère ne sera tu donc jamais là, cette fois ?

A Arsel... A Armance... A... Comme Amour...
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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