Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 28 mars 2023

L'injonction à soi même


"Je le fais car j'ai dit que je le ferai"

"Je me le suis promis, je n'ai pas le choix"

"J'ai décidé que je devais aller là bas, donc j'y vais"

Ces petites phrases assassines il y en a une multitude, elles tournent en boucle dans la tête, s'imposent à nous sans que nous y fassions attention et de ce fait, échappent à toute réflexion, celle là même essentielle à la prise de décision.

Mais : As ton encore envie de faire, d'aller, de mettre en acte un dire, une promesse que nous nous sommes faites avant, il y a quelque temps, des jours, des semaines, des années peut-être ?

Là est la question

Si l'envie et le désir sont toujours au rendez vous : Aucune hésitation

Pourtant ils ne le sont pas toujours et c'est là qu'arrive le conflit intrapsychique qui nous met mal à l'aise. Ce je qui s'était engagé dans une démarche en un temps qui n'est plus. Cette promesse n'apparait plus essentielle, nous pèse, et nous nous voyons contraints par fidélité à nous même et à notre parole donnée à la respecter.

Pourquoi ? "je fais toujours ce que je dis" "je me suis engagée, même si je n'ai plus envie, je n'ai pas le droit de renoncer" J'entends souvent ce type de phrase. Etre en harmonie,  claire, n'avoir qu'une parole, donc je dois y aller !

La fidélité à cet engagement devient alors source de dissonance, de stress voire d'angoisse, la promesse est une contrainte pesante, dont on aimerait se défaire et nous n'osons pas. 
Nous refusons de voir que ce qui était vrai, nécessaire au moment de cette prise de décision ne l'est plus aujourd'hui. Le je  d'hier n'est plus le même, le contexte non plus. Nous avons changé, réfléchi, nous sommes ailleurs, dans une autre forme de réflexion. Nous sommes différents et heureusement, car nous avons appris des expériences vécues, des personnes rencontrées, nous avons grandi, évolué tout comme notre pensée. 
Alors OSONS. osons nous dire NON, nous ne ferons pas ce que nous avions décidé, nous n'irons pas là où nous pensions aller. Simplement parce que nous n'en n'avons plus envie et que nous ne nous imposerons rien qui ne serait pas source de bien être, mais au contraire une contrainte déplaisante.
Nous avons le droit de dire non, nous sommes libres de changer d'avis, de ne pas nous enfermer dans un carcan de promesses, de paroles données, de fidélité qui en seraient qu'une source de dissonance et de mal être. 

Se libérer de ces injonctions faites à nous même est essentiel à notre bien être et à l'épanouissement de notre être sur le chemin de la vie, de notre vie, de cette infime partie de libre choix dont nous disposons pour donner du sens à notre existence.

Etre bien avec soi, en harmonie, ce n'est pas suivre à la lettre des décisions prises en un temps révolu. C'est au contraire se demander si elles sont toujours actuelles et s'inscrivent encore dans notre projet. Si ce n'est plus le cas, alors ne nous infligeons pas un voyage, une rencontre, une mission ou un travail que nous ne désirons plus. 
Sans culpabilité, en toute conscience. Apprenons à se dire non. Simplement.

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo @brigittedusch

lundi 13 mars 2023

Question de tempo. Emprise.



temps, le temps et rien d'autre, le tien le mien* 
 

Il n'est rien d'autre que s'il est mien, le temps.

Le temps est singulier, il n'appartient à personne et il n'est pas question de l'emprisonner, il fuit et se sauve plus ou moins vite mais souvent jamais comme on le souhaiterait

Ce temps volé, ce temps imposé
Ce temps que j'ai subi, hors de moi et contre moi, celui de l'autre et des autres qui m'ont entrainée dans un tourbillon, une espèce de cascade qui s'emballe, m'enroule dans ses flots, me ballote d'une rive à l'autre sans jamais me laisser le temps ni la force de m'accrocher à une branche pour retrouver du souffle
Je suis harassée par ce voyage, ce tempo qui n'est pas le mien, ce tsunami qui m'a enveloppé sans que je ne prenne garde car sidérée, traumatisée par l'effraction de mon être tout entier
Je n'en peux plus et je n'en veux plus
Il n'y a rien à dire, rien à pleurer, rien à maudire..
Pas de mot à dire. 

Il ne reste qu'à sortir de l'eau et tenter d'accoster, s'accrocher à une branche, faire un effort et ne plus se laisser porter, ni par la vague, ni par l'illusion.


Je n'ai rien vu venir, on ne voit rien venir.
Envahi par la peine, le chagrin, la colère, tétanisé devant un réel violent, brutal, être mal mené sur des chemins glauques et sinistres, être entrainé par des forces sorties de l'humanité, être absorbé par la fureur de l'autre
Etre anéanti.
C'est l'entrée dans le Néant, celui des Enfers. Une porte qui s'ouvre et t'absorbe sans même que tu ne réalises où tu es, dans quel désir, dans quelle tornade tu es enseveli, pris dans la nasse d'un filet sordide qui te contraint et te soumet à un temps qui n'est pas le tien
Le temps, histoire de temps et de tempo
Histoire de soi, histoire qui peut très mal finir parfois
Entrainé au fond du gouffre, pris dans le temps de l'autre, il n'y a rien à faire, pas de place pour penser, pour savoir, pour donner du sens à ce qui arrive, à ce que tu subis. Malgré toi
C'est la quintessence de la violence, celle du "c'est pour ton bien" "je fais ce que je peux pour toi" te rendant ainsi redevable de la malatraitance dont tu es l'objer
Car de sujet il n'y a plus, il n'y a pas. Réduit à néant lui aussi tu n'existe plus tu n"est plus et tu baisses les armes, tu te rends, tu te laisses emprisonner et la torture est tellement insoutenable que tu admets, tu laisses aller, tu lâches prise, il n'y a rien d'autre à faire !
Horreur !
Tu deviens incapable de réfléchir, de dire non, ça suffit, "je ne veux pas ça". L'angoisse, le stress, la maladie te rendent incapable d'être toi, d'être un sujet pensant ce qui est bien pour lui
Réduit à néant et au vide, arrimé au désespoir de l'autre, il t'entraine dans sa chute si tu n'y prends garde.

Laisse-moi guider tes pas dans l'existence

Non, non et non, nul n'a le droit de laisser à l'autre le soin de guider ses pas et de décider de sa vie !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

* Charles aznavour le temps.

jeudi 2 mars 2023

S'être manqué (l'emprise)



S'oublier, se sacrifier sur l'autel du désir de l'autre
Se mettre en retrait, de côté, se mettre au ban de soi, s'abandonner au vide et au Néant.
Vivre ou survivre ?
Etre vivant ou mort à la vie ?


On ne peut être mort et vivant, il faut choisir. Pourtant on peut être mort à soi, mort de soi. 
C'est une tragédie, un traumatisme terrible, un clivage ou une dissociation. Laisser son soi, son être quelque part, dans un lieu d'où il ne sortira plus afin d'avancer de vivre à demi vivant et demi mort
Il reste pourtant au plus profond de la mémoire quelques bribes de ce Je, de cet être réprimé, corseté, emprisonné et réduit au silence absolu. Une petite musique, comme le chant de la langue maternelle celle dans laquelle on rêve et pense. Pourtant cela semble si loin.

Se reléguer à l'isolement.
Isolé, camisolé, ligoté de soi en soi.
Prisonnier de sa vie, otage du désir de l'autre, enchevêtré dans les noeuds du filet habilement tressé qui nous a capturé et ravi à nous même
Qui est ce Je ?


Etre balloté sur des chemins qu'on n'a pas vraiment choisi, se retrouver au creux d'une ornière et s'agiter pour tenter de s'en extraire, être absorbé par un tourbillon, se débattre et mourir.

 Car on sait que de ça on ne sort pas.

Alors vient le silence lourd et pesant. Alors vient la douleur, alors vient la peine, alors vient la colère.

Nécessaire parfois elle n'est même plus... Il n'y a plus rien, plus aucune émotion, plus de larmes, plus d'envie, plus rien de vivant. 
Moi inerte et sans vie, vidé de tout, sombre fantôme errant dans les ténèbres au milieu de la lumière aveuglante d'un soleil indécent et insultant.

On s'abandonne au fond de la tranchée que nous avons creusée pour nous protéger, on se laisse aller au froid, à la boue et à la vermine de la vie, au bon vouloir de l'autre, priant secrètement qu'il va nous asséner le coup funeste enfin : car on n'a même pas le courage de le faire, ni même de charger en hurlant à coup dans l'attente du vol arrêté.

Attendre au fond de son désespoir en espérant tout de mêle que tout va bientôt finir, qu'un tir, un obus va enfin anéantir tout ça, la vie et la souffrance, l'espoir et le désarroi.
Que tout va disparaître dans le bruit, la fumée et la poudre ! 
Disparaitre à jamais, ne rien laisser

Rien. S'oublier, se manquer.


Pourtant, il reste parfois si on sait bien écouter, regarder, une petite étincelle, un tout petit bruit qui dit "non, non ce n'est pas le moment, il y a encore des choses à faire, à vivre, à aimer".
Il est mince ce fil, il est tenu, il peut se rompre à chaque instant, il faut aller le chercher loin, le tirer, le garder, le tenir et ne pas le lâcher. 

Il faut aller chercher ça au fond de soi. Regarder ce soi perdu mais pas disparu
Alors ce morceau de soi à terre n'est pas mort, il reste un soupçon de vie, il est en miettes, au fond, au plus profond de son être, éparpillé par le souffle des grenailles.
On ne laisse pas un homme à terre, on le ramène. j'ai appris ça dans une autre vie.
On ne laisse pas un homme tant qu'il y a un souffle de vie. Alors vais-je laisser ce moi blessé, caché, en morceaux épars au fond de moi ?
C'est à moi de décider, c'est à moi de faire le chemin inverse dans ce terrain miné, c'est à moi d'y aller !
C'est à moi d'aller rechercher ce moi oublié mais qui me manque, car sans lui je me suis manquée. Alors oui, ça vaut le voyage. C'est le prix de la vie.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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