Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 22 septembre 2018

Le Sacré et le Profane 2



L'espace du Sacré

Lieu privilégié, espace singulier, il n'est pas à proprement parlé l'espace sacré, ce "du" étant lui même le marqueur temporel mais aussi sémantique de la représentation symbolique qui s'y attache.
Il peut l'être mais pas forcément
Espace consacré au... A ce que l'homme considère comme tel, comme sacré. Résultat alors une fois encore de la main de l'homme et non intervention divine comme l'homme, misérable sujet humain voudrait et veut toujours le faire croire.
Le divin n'est que la divinisation et la sacralisation d'un champ délimité appartenant à l'homme.
Alors ? Qu'est ce qui en fait le Sacré, qu'est ce qui en donne le caractère sacré ?
Mystification ou mystère ? Ou les deux.
Le sacré permettant de justifier et d'expliquer le profane, espaces qui se cotoient mais ne se rencontrent pas. Y a t-il un "no man's land".. Une sorte de charnière, de sas permettant l'interface
Ou bien ?
Perméable ? Imperméable ?
Zone impénétrable à celui qui n'en possède pas la clé ? Mais cette clé existe t-elle ?
L'espace du Sacré nous conduit inévitablement au religieux ou à ce qui se définit comme tel. Le religieux qui va plus tard s'opposer au profane, et qui le rencontrera, curieux couple que celui là.
Espace antique, celui de la Cité qui n'y inhumait pas ses morts.
Sacré : Ce lieu inaccessible, ce qui ne peut s'atteindre, s'obtenir… Désir ?
L'espace du Sacré est ce champ, cette parenthèse proposé par l'homme pour se reposer, se perdre, s'oublier, se ressourcer, se pardonner, s'échapper, se mettre à la marge… De lui même.
Il faut bien un ailleurs, mais un ailleurs ailleurs des autres ailleurs, un ailleurs où seuls les initiés ont le code, le mot de passe pour pouvoir passer et peut-être faire passer.
Le lieu du Sacré devient alors pluriel; ce là où personne ne tente, à moins d'y être invité, d'entrer, pas même pour y demander l'asile. Pour y implorer la paix ?
Il y a comme une puissance, telle qu'il y a confusion avec le divin. Cet intouchable là, inaltérable auquel on ne touche pas, on ne s'attaque pas. Enfreindre cette règle est une transgression terrible, un sacrilège, une profanation, un crime.
 Au delà des limites, mais lesquelles ?  Une impression de dépassement, de soi, et de la conscience de soi, le mystère de l'inconnu, ce trou noir, continent obscur et lieu des fantasmes, forces naturelles ou surnaturelles, l'homme n'en sait rien mais maintient le mystère, celui qui parfois lui confère le pouvoir, la croyance d'être au delà du profane, ver de terre, commun des mortels qu'il terrifie ou gouverne, à moins que ce ne soit les deux, ce qui n'est pas rare
Le limes entre le sacré et le profane est lui aussi un territoire sombre, presque obscur, mais si on fait attention on peut apercevoir un peu de lumière, on peut rebrousser chemin.
Le lieu du Sacré consacré sacré par les Hommes qui y ont vu un dieu, ou une ombre, la lumière du matin que le soir éteint peut-être ? Pas tout à fait.
Le Sacré est en chacun sûrement s'il sait le voir ? S'il le prend et ne l'abandonne pas à ceux qui se proclament savant, sachant, d'une quelconque science dont seuls ils seraient dépositaires.
Le Sacré et le Profane peuvent alors se rencontrer, peuvent dialoguer un court instant. L'un et l'autre. L'un est l'autre ? Alors que le Sacré est justement la séparation entre ces espaces, l'un ordinaire et l'autre extra ordinaire ? Hors champ ? Mais de quel champ parlons nous ? Le Sacré doit-il venir à la rencontre du Profane et non l'inverse ? Etre alors à l'origine de la rencontre, faire mentir les Hommes qui ont choisi ce Mur ? cette frontière, entre le visible et le non visible, car l'invisible existe t-il ? vraiment ou n'est-il lui aussi qu'une pure invention, une illusion, une promesse ?
Eliade l'oppose au Profane, serait-ce aussi simple ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Crédit photo @brigittedusch

samedi 15 septembre 2018

E. Le parcours d'un enfant "différent".


Cela fait une bonne dizaine d'années maintenant que j'ai rencontré E. Il m'est adressé par un confrère formateur... Pour tenter de trouver une méthode, un peu d'aide...
"J'ai le ciboulot de travers, c'est le bordel dans ma tête, tout se mélange, j'en retiens que des bouts, des morceaux, des trucs qu'on m'a dit, mais à la fin, ça ne veut plus rien dire"
E est intelligent, il présente un retard scolaire, mais pas de retard cognitif, ni psychomoteur, ni ni.
C'est à l'école que ça ne va pas.
"Vu que je n'ai pas de trop mauvaises notes et que je suis gentil, on me laisse passer, c'est juste à chaque fois, car il y a des matières où je ne suis pas mauvais, mais j'ai du retard, des trucs pas compris"
- Ces trucs... Les bases ?
Oui, c'est ça, je mélange tout, il me manque les mots, le mode d'emploi, comme en anglais, je ne comprends pas les présents, les trucs en ing, ou pas.
Les trucs, des trucs...
Vous avez des trucs pour que je m'en souvienne ?
Des trucs encore
C'est quoi des trucs ?
........................
Le dialogue s'établit facilement, E est soutenu par sa famille, elle l'encourage, sa mère dit qu'l est intelligent mais qu'il ne comprend pas les choses de la même façon que les gens normaux, mais qu'il est normal.
Ce qui est vrai, si tant soit peu la normalité soit un concept fiable
A l'école ça passe plus ou moins, c'est un élève tranquille, qui ne se fait pas remarquer, et cela dépend des enseignants. Certains essaient de l'aider à combler ses lacunes, d'autres le traitent de débile.
Ce qu'il  n'est pas.
.........................................
Donc E est d'accord pour venir me voir, pour qu'ensemble on trouve des "trucs " pour l'aider, pour combler tous ces/ses manques.

Comprendre comment il comprend, comment il entend ce que l'autre a dit., ce que l'autre attend de lui. Très vite nous nous rendons compte qu'il y a quelque chose qui cloche, là, juste là, E entend parfaitement bien ce qui a été dit, mais ne restitue pas tout à fait, complétement, justement l'information. Je lui propose d'écrire la question, pour ensuite de reprendre tous les mots, lui demande ensuite ce que ces derniers signifient
-  "Vous voyez bien que tout est en vrac, vous me dites blanc et je comprends gris".
Il y a de ça… Aussi. Mais pas seulement. La difficulté de E ne réside pas seulement dans l'acception du vocabulaire qui est parfaite mais dans l'enchainement des mots, et tout se complique s'il s'agit par exemple d'une double négation où il est complétement perdu.
il lui faut remettre de l'ordre dans l'injonction  là où la question qui lui semble paradoxale.

Petit à petit nous inventons ces fameux trucs, les siens. On fabrique, on bricole, on ruse, on ajuste. E met en place au fur et à mesure toutes ces petites astuces afin de compenser ces "manques", de pallier.
"je traduis dans ma langue" dit-il en riant.
Et c'est tout à fait ça, il prend mot par mot, reformule puis s'assure que "ça veut bien dire ça".
Nous reprenons les bases de l'analyse logique, repérer le verbe, le sujet, j'explique comment faire avec les bases d'une grammaire "d'avant". Parallèlement sa maman met en place les aides spécifiques à la scolarité, certificats médicaux et bilan orthophonistes à l'appui. E va pouvoir enfin reprendre ses études et un parcours "normal", il bénéficie d'aménagements accordés par le médecin scolaire, tiers temps, ordinateur, etc.
E. passe son bac avec succès aux dernières nouvelles, il est engagé dans un parcours universitaire et obtient des résultats fort honorables.

Ce n'est pas un conte de fée, mais une histoire vraie et il y en a d'autres. Heureusement. Il faut s'accrocher, tant pour l'enfant, l'ado que pour les parents, il faut expliquer, ré expliquer, vaincre sa peur et sa honte aussi. C'est un parcours du combattant, semé d'embûches, il faut y croire, il faut faire en sorte que les autres y croient, se battre, convaincre, argumenter, soutenir l'image de soi, non ces enfants ne sont pas des feignasses, oui, ils ont leur place à l'école, non ce n'est pas à eux seulement de faire l'effort, oui, c'est aux enseignants d'aller vers eux, de ne pas les laisser au bord du chemin, non ils n'ont pas "décroché" oui, ils ne comprennent pas forcément toutes les consignes, non les profs n'ont pas toujours raison, oui, ils doivent revoir leurs positions, remettre en jeu leur savoir, leur acquis et leurs vérités pédagogiques pour inventer, créer etc.
Vous me direz : mais il faut du temps pour cela, des postes, des moyens, certes et vous auriez raison. Pourtant certains enseignants y parviennent et réussissent à faire lire un ouvrage classique à des élèves qui n'ont jamais lu quoi que ce soit, en les intéressant, en les captivant. Alors ?

E. Comme bien d'autres enfants, ados, jeunes et moins jeunes adultes souffre de dyslexie, non ça ne se guérit pas mais ça s'apprivoise. Pour ce faire il faut une rencontre (un tuteur de résilience comme on dit) il faut seulement être à l'écoute et ne pas juger l'élève, essayer de comprendre ce qui lui arrive et tenter de l'accompagner. Il existe aujourd'hui des aides, des solutions, des reconnaissances par la MDPH de ces troubles qui permettent aux jeunes de pallier et d'aller au delà de ce handicap, car c'est bien de cela dont il s'agit, ce bobo que personne ne voit, mais qui est hélas bel et bien là, qui entraine souvent un manque ou une perte d'estime de soi, un sentiment d'être nul et bon à rien, une dépression…  Non, ça ne se voit pas au premier regard, au contraire car ils savent souvent donner le change, et si leur 'fauteuil roulant est dans leur tête" il les empêche souvent d'avancer sur le chemin de la vie.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne

samedi 1 septembre 2018

Il y a.... La Promesse

"On  peut promettre des actes mais non des sentiments" Nietzsche

Promesse : Que ce mot semble doux, il rime avec tendresse, avec caresse.
Mais ces rimes ne sont-elles pas seulement des promesses, illusions, espoir et espérance.

Il y a la Promesse, celle qu'on fait, celle qu'on tient, qu'on ne tient pas, celle qui nous a été faite, à laquelle on croit, qui est tenue et qui ne l'est pas.
une sorte de marché, de dupes, de non dupes, un mot comme ça dit au hasard de la conversation, au hasard de l'échange, quand les mots manquent, quand les mots ne sont plus que des promesses de promesses, car il faut en finir, mettre un terme, prendre du recul.

"Ne promets pas ce que tu ne pourras tenir"
Mais à quoi bon s'en souvenir, parfois pour s'en sortir, pour sortir de l'ornière on dirait n'importe quoi, du moment qu'on sauve sa peau, qu'on se sauve tout court. L'important est d'être sauf, demain est un autre jour
La promesse a alors un goût amer. Celui de la trahison.
Alors pourquoi ?
C'est un acte que de promettre ; un engagement terrible pour soi et pour l'autre, comme tout acte il engendre des conséquences, que celui qui promet ne mesure pas toujours, sous estime ou n'imagine pas. Car la promesse c'est donner maintenant pour demain, c'est prononcer des mots aujourd'hui pour un futur éventuellement possible, au cas où : mais quel cas ? où : quoi ?
C'est une avance sur un avenir inconnu, une promesse dans le vide du vide qu'on ne connait pas.
C'est assurer l'autre d'être là si. Beaucoup d'hypothèses, de possibles évènements qui n'arriveront peut-être jamais.
Il faut être sacrément sûr de soi pour avancer tels mots, tel engagement, car sommes nous sûrs d'être là, à soi même et pour l'autre ce jour là ? Qu'en savons nous aujourd'hui ? Faire preuve d'une telle toute puissance est grisant, mais terriblement fragile.  C'est aussi avoir foi en soi, en sa parole donnée, avoir le sens de l'éthique, de la morale (la sienne) et de l'honneur (le sien). Ne pas faillir !

Ca la promesse si elle n'est pas un serment au sens sartrien du terme ni même vraiment un engagement est un pari sur demain, la promesse de l'un à l'autre qui crée le lien, une sorte de contrat. C'est s'obliger envers l'avenir et l'autre : "Quoi qu'il arrive : je serai là" Mais "toi seras tu là" ?
Comment être sûr de ça ? De tout ça ?
Les promesses sont souvent de belles paroles, qui s'envolent dans le ciel et se perdent dans les nuages, le fruit de l'impermanence. Ce qui est vrai aujourd'hui le sera t-il demain ?
C'est croire en l'autre et en soi, c'est induire une attente, un espoir et une espérance, c'est pouvoir compter sur. C'est faire crédit. Sans jamais obtenir le remboursement peut-être ?
Alors la promesse nous emmène sur le long chemin de l'incertitude, de la certitude incertaine, du questionnement sans fin, de l'oubli, celui de l'être seul.
La parole donnée n'est pas un vain mot, ne dit pas ce que tu ne pourras pas, ne t'engage pas sur ce que tu ne pourras tenir. Sois prudent donc ?
Comment vivre alors ?
Et la sincérité ? "je t'aimerai toujours" " Je serai toujours là pour toi" "Je ne t'abandonnerai jamais" Mais comment être si sûr de ça ?
Que l'Homme parfois peut-être présomptueux, imbu de lui même arguant de sa toute puissance pour s'avancer en toute impunité et promettre la lune à un autre qui au fond il connait à peine ?
Que veut-il se prouver par là ?
C'est bien la question ?Est-ce une promesse en l'air, une parole qui n'engage que lui ou qu'attend t-il en retour ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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