Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 20 décembre 2008

La veille de la mort

Au soir de sa vie...


Mes fonctions à l'hôpital me conduisent à rencontrer des patients de plus en plus agés, très âgés...

C'est cette patiente de 96 ans, hospitalisée pour des crises "cardiaques" "respiratoires" mais que les bilans médicaux n'objectivaient pas...qui cependant disait ne pas aller bien, souffrir tellement qu'il lui fallait les secours pour ne pas mourir ! Pas tout de suite !
C'est cette patiente là qui me mène vers cette réflexion. Celle ci, mais les autres aussi, vieux, très vieux, tellement vieux !

Ne pas mourir. Avoir peur de mourir !

Pourtant tout lui semblait paradoxal, incompréhensible, irraisonnable, irraisonné, car "je suis d'un naturel gai" souligne t-elle et d'ajouter "puis j'ai peur comme ça c'est incontrolable"

Angoisse incontrolée, incontrolable dans cette dernière ligne droite, pourtant sans trop de douleurs, sans trop de troubles physiologiques....
Des années d'une vie bien remplie, d'une vie "heureuse, où j'ai vu tant de choses, tant de gens, où j'ai tant aimé, tant été aimée..."
C'est sans doute cet amour là, qui la porte encore aujourd'hui, un amour qui illumine encore son regard, son visage toujours aussi joli !
Une beauté que seul l'amour peut donner... Pour toujours.
Pourtant, l'angoisse est là, présente, pressante, cette peur qui monte, lentement, insidieusement, qui envahit petit à petit, peu à peu, l'esprit, l'âme puis le corps tout entier

Tellement présente et pressante, qu'elle est là, compagne terrible, compagne sinistre d'un devenir possible et certain mais qu'on voudrait retarder encore, juste encore un peu...
Comme s'il n'était pas l'heure, pas l'heure encore. Cette petite minute, ce petit instant, cette petite minute, cette petite seconde encore avant.... Une sorte de dernière grâce...Avant
Et puis il y a l'après, après cet avant....Cet après. Qu'on sait proche "quand on a cet âge....C'est beaucoup, n'est ce pas ! tant d'années..." pas de regrets, non, comme un constat, factuel !
Presque un siècle, une époque, des guerres...
Pas de larme, mais un sourire et ce visage qui s'éclaire
Des années heureuses, heureuses d'avoir été vécues

Il reste encore mais combien de temps ?
C'est vrai que nous en sommes tous là, que nous ne savons combien de temps il nous reste, mais nous avons encore le temps, celui de voir venir... venir ce qu'on n'a pas vraiment envie de voir arriver bien vite ! si vite, trop vite, pour nous, pour ceux que nous aimons surtout !
Nous connaissons tous l'issue fatale, nous n'y échappons pas, plus tard sera le mieux...
Voir venir ?
Regarder impassible et livide les aiguilles de la funeste horloge ?
La minute, l'instant du condamné à mort, le condamné que nous sommes tous, sans trop savoir quand sonnera l'heure
Sommes nous dans le couloir de la mort ?
A attendre, sans attendre, car il faut s'occuper, passer le temps, vivre...
Le dernier instant, le dernier espace, le dernier moment à vivre entre avant et après
Avant l'ici et l'au delà, ou le néant, selon ce qu'on croit...

Tel le condamné attendant dans le couloir de la mort ?
Mais ne sommes nous pas tous dans ce couloir ? Il revêt pour chacun des couleurs différentes, nous ne sommes pas égaux, ni devant la vie, encore moins devant la mort, pourtant unique issue à nos plus ou moins tristes et banales existences.
Nous sommes en attente, nous sommes en partence. Nous le savons, mais nous n'y pensons pas.
Mais quand on est vieux ?
Y penser souvent ? Un peu ? Jamais ?
Y penser génèrent parfois un soulagement "il serait bien temps maintenant" disent certains, mais c'est un peu comme un train qu'on attend, depuis longtemps sur le quai de la gare, qui devrait arriver, mais qui ne vient pas. Encore...
Jamais à l'heure ce train là ? Mais quelle heure ?
C'est un peu comme ce train qui doit nous mener quelque part, mais on ne sait pas trop pour quelle destination, une sorte d'inconnu, que nous savons présente, quelque part, mais que nous ne pouvons précisèment situer.
Certains pensent y retrouver quelqu'un...Peut-être même celui ci viendra le chercher, l'attend lui aussi de l'autre côté, car il a pris ce train, avant.....
Et on attend ce même train, pour cette même gare....Ultime destination ?
Cela fait longtemps que nous attendons, très longtemps pour certains. Parfois le train passe mais ne s'arrète pas.
Une prochaine fois peut-être ?
Une prochaine fois sûrement....

"Quand on est vieux, on sait que c'est pour bientôt", me dit en riant un "vieux monsieur"....
"Mais c'est toujours trop tôt" me répond un autre !
Tôt, trop ou pas assez, mais il semble que ce ne soit jamais vraiment l'heure
Nous ne semblons jamais vraiment prêts à mourir, mais le sommes nous à vivre ?

C'est cette proximité peut-être plus proche quand le grand age nous conduit jusque là, mais jusqu'où ?
Jusqu'au moment où la mort est proche, semble se rapprocher, nous tenir compagnie d'un peu plus prés. Ombre de nous même, elle est là depuis toujours, elle est en somme une partie de nous, cette partie invisible en quelque sorte, mais présente, tellement présente parfois.
Compagne des mauvais jours, des chagrins et des souffrances elle ne manque jamais de se rappeler au seuil de notre mémoire.
Compagne d'infortune, ou de Fortune.... Elle n'est pas notre côté sombre ou obscur, mais cette part de nous qui nous est inconnue, pourtant. Inconnu mais tellement présent. La mort est une compagne pas toujours triste, qui nous rappelle que la vie n'a qu'un temps, mais qu'elle mérite peut-être d'être vécue. Autrement qu'en pensant justement à ces derniers moments.
Mais qui sait ce qu'ils seront, quand ils seront...Ces derniers moments, jusqu'à l'ultime ?
Peut-être la veillesse, le très grand âge ?
Ce serait illusion de le croire, car nous ne sommes pas à l'abri, à l'abri de l'ultime, qui peut surgir n'importe où, n'importe comment, n'importe quand...
Peu importe....
Illusion de croire que le temps rapproche, que le manque de temps nous gagne, que le temps qui génère cet espace ne nous fait crédit de rien
Illusion encore !
Illusion alors de croire qu'arrivé à cet âge, le train entrera en gare et cette fois fera halte ! Ultime escale pour chacun...
Rendez vous à ne pas manquer, certes, mais comment être à l'heure ?
Quand sonnera cette heure ?

Et avons vraiment envie d'être à ce rendez vous ?

dimanche 14 décembre 2008

Changement ?

Entreprendre une thérapie relève parfois, souvent, d'un ou du désir profond de changement,
Changer, de vie, d'environnement, de travail, de conjoint, changer....
Passer à autre chose, faire autre chose,
Devenir autre....
Changer de peau !
Encore une histoire de peau, de peau d'Ane,
Changement....Tant désiré, tant redouté, tant appréhendé, tant refoulé, tant retardé
Comme si....Comme si on voulait, comme si on désirait, comme si on faisait tout pour, mais...
Il y a ce mais, ce mais terrible ! ce mais qui est là, qui freine, qui empêche, qui fait que....
Franchir le pas...Oui,
Mais !
Changer, oui mais...
Comme si, encore une fois on avait tout pour, on avait tout fait pour, on faisait tout pour,
Comme si le jeu était bon, pour une fois, on a les bonnes cartes, toutes les cartes, on peut abattre le jeu, on a le jocker ! Les jeux sont faits !
Rien ne va plus.... Mais !
Alors quid de ce changement tant voulu, tant désiré, tant souhaité ?

Quid alors de cette quête qui a mené, amené le sujet sur la route, tel Oedipe en chemin, aveugle, à la recherche de ...
A la recherche de quoi ?
Arrive t-on déjà au bout du chemin ? A la fin de la Quête ? De sa croisade ? De son parcours de combattant ?
Mais y arrive t-on jamais ?
Faut-il y arriver ? Y a t-il une nécessité ? Une contingence ? Une contingence nécessaire ?
Ou justement c'est cette arrivée là qui effraie, parce que le bout, cette fin là débouche elle aussi sur une fin, un fin de non recevoir qui nous laisse en quelque sorte sur notre faim.
La faim du savoir. Et le savoir est sans fin.
Arriver au bout (mais au bout de quoi ? Qu'est-ce que le bout ?) est une sorte de conclusion, le terme de la quête. Se dire que maintenant qu'on a compris on a fini. Fini de chercher, de chercher à comprendre ?
Mais à comprendre quoi ? Qu'il ne reste alors rien ? Alors que faire ?
Est-ce de ce que faire là que nous avons peur ?
Ce changement étant le terme (du moins le croit-on) à la quête de soi même. L'avoir trouvé, ou croire l'avoir trouvé nous laisse face au vide. Encore !

Mais cette fois un vide indicible et terrible, puisque cette fois, inconnu, vraiment inconnu, unn vide inreprésentable....Un vide, paradoxal, puisqu'on ne cherche plus
Avant la fin de la quête, on s'attendait à trouver, une sorte de Graal, soi, soi-même, un autre soi, un nouveau soi, un vrai soi.
Mais quid alors, si on pense l'avoir trouvé ?

Rien, il ne reste rien d'autre à chercher ? A trouver encore ?
Mais est-ce ça qui bloque ?
Résistance au changement alors ?

Peur ?
Peur de l'inconnu, de l'étrange, de l'étrangeté,
Peur de se trouver, de se retrouver face à un inconnu, à un être étrange, à un être rempli d'étrangeté, qu'on cherchait pourtant, qu'on voulait trouver, mais qu'on ne reconnait pas, qui n'est pas l'être attendu, espéré, souhaité, désiré...

Résistance au changement ? A cette peur de changement ? A la peur de cette confrontation là ?
On résiste, de toute ses forces, on les mobilise, on voudrait tellement mais ...
C'est ce mais qui coince, qui noue, et qui force encore un peu sur le noeud, le resserant encore un peu plus
Pas un noeud coulant, un de ceux qui serrent et vous enserrent bien, retenant les mouvements, ceux qui conduisent au changement.

Alors on retient, encore un peu, encore un instant, ce soi là, qui finalement n'était pas un si mauvais compagnon, n'est pas un si mauvais compagnon.
Ce soi là on le connait, on fait avec, et on se dit, qu'après tout....
Lassitude alors ? De tout dire, de tout refaire, de tout recommencer, avec un nouveau jeu, qu'on ne connait pas forcément, qu'on ne saura pas forcément abattre au bon moment. Si moment encore il y a.

Avec lequel on ne pourra pas forcément faire...

Résistance alors et encore..
De quoi avons nous peur ? Cette question taraude bien sûr celui ou celle qui entreprend une thérapie, une analyse. La peur, celle qui gène, empêche, hante, son ombre, son fantôme aussi.
Projection de la peur, de cette peur là, bénéfice secondaire qui rassure et conforte, empêchant de tourner en rond, de briser le cercle infernal qui dévore de l'intérieur, mais qui rassure cependant à l'extérieur.
A l'extérieur de nous même, ce dehors là qui empêche le dedans de s'exprimer vraiment, qui le fait taire, qui le noue. Alors qu'il voudrait bien dénouer les liens, liens sacrés qui semblent noués pour l'éternité
Ces peurs là semblent aussi arriver à pic, tomber à pic au bord du vide qui s'intalle toujours un peu plus vite, un peu plus proche, ce vide connu, apprivoisé qui nous conduit vers l'infini
Vers l'infini de nous même, que nous connaissons sans connaitre, à qui nous donnons vie, qui doit naitre....Enfin, peut-être
Au ne pas naitre, pour rester dans le renoncement

Le renoncement au changement.

samedi 6 décembre 2008

Poèsie

La poésie est un passage entre la vie et la mort, une forme d'immoralité qui en transgressant ce qui apparait comme une loi de nature, la respecte.
C'est notre vision rationnelle du monde qui constitue une faute.


Eugène Green, La Reconstruction
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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