Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 8 septembre 2008

le mal dire

Dans un précédent article, je m'arrétais assez longuement sur les mots, leur sens, leur importance aussi.
Importants ils le sont !
Mais la place qu'ils occupent au sein de la communauté des hommes qu'ils lient ou non est essentielle.
Sans les mots, pas de parole, pas de langage, pas de possibilité de communiquer autrement que par gestes ou signes.
Une communication relativement limitée, nous pouvons en faire l'expérience quand nous rencontrons une personne qui ne parle pas notre langue, dont nous ne parlons pas la langue...
Malgré les efforts de chacun la conversation s'essouffle rapidement, l'échange reste modeste, même si nous aimerions en dire et en entendre davantage. Nous sommes frustrés, frustrés par cet échange, qui tourne court, trop court bien souvent. Car nous ne pouvons dire....Il nous manquent les mots pour le dire
Pour le dire justement, et fort justement....
Les mots nous sont donc indispensables et essentiels pour nous exprimer et exprimer ce qu'on ressent.
Ce point établi, j'aimerai à présent souligner le "mal dire".
Qu'est ce que le mal dire ? Ou dire mal...Pas avec justesse.
User des mots, oui, mais pas tout à fait selon le bon usage,
J'aurai d'ailleurs pu intituler cet article "du bon usage des mots", mais ce n'est pas seulement d'usage qu'il s'agit, mais aussi de mal traitance, de mal usage....De mésentente donc.
De mésentente qui en est le résultat, car chacun n'entend pas la même chose, le même sens, ne peut donc se faire une représentation.
Mésentente entre celui qui dit et celui qui entend, ou plus aisément, celui qui communique un message à une autre personne qui doit comprendre ce qui a été dit.
Et cela parfois ne passe pas... Ou cela passe mal, pas complétement...

Oui, mais alors pourquoi maltraiter ce mot, ou ces mots, qui n'y sont à l'origine pour rien
Comment les maltraitent-on ?
Le plus souvent sans vraiment le savoir, et sans s'en rendre compte
Pour aller plus vite, car la vitesse, est là, présente, omniprésente, jusque dans la communication et même surtout dans la communication, dans le dire à l'autre...
On use et abuse, de code et de signes, SMS ou autre, qui ne signifient rien, ou pas grand chose pour le non initié.
Encore qu'il ne s'agit pas d'être initié dans ce cas précis, le mot, le sens représenté par des signes, ou des chiffres, n'a pour objectif que l'économie de texte....Et il faut bien dire, des banalités, des rendez vous, une liste de courses, des mots d'amour ou de rupture....
Une sorte d'inventaire à la Prévert....
Vitesse et modernité ?

Mais les mots sont amputés depuis longtemps déjà, on prend le bus et on regarde la télé. .. Ce ne serait pas bien grâve si on s'en tenait à l'oral, lors d'une conversation banale....
On écrit comme on parle, et comme on parle mal, on écrit mal...
Il ne s'agit pas seulement de fautes d'ortographe, mais de barbarismes, d'incorrections, de néologismes, d'erreurs, de mots employés pour d'autres....

Comment peut-on penser ? Symboliser ? Ecrire ? Se représenter, avec un vocabulaire tronqué, erronné ? simplifié ?
Comment cela est-il possible ?
Que met-on derrière ces mots symboles, ces mots chiffres, ce mots signes ?
Quelle valeur sémantique et sentimentale ? Quel amour pour ces maux, terribles mots qui se cachent sous une carapace énigmatique, qui perdent leur identité, leur vitalité...
Qui saura quels mots véritables se cachent, vidés de leur enveloppe, de leur corps, de leur "moi peau," ils deviennent peu à peu vidés de leur substance. De leur essence.
Vampirisés par le progrés, par la technique, par la technicité, d'appareils sensés rapprocher les gens, les personnes, mais qui en réalité, ne servent qu'à les isoler, les disperser...Bref, démanteler et briser le lien social !

Comment peut-on parler d'un avenir, d'une décision en tapant un texto ?
Comment peut-on se contenter d'une telle messagerie ? D'un tel messager ?
Le mal dire en est-il l'origine ? L'avenir et la modernité sonnent t-ils le glas de l'orthographe, de la syntaxe ?
Qui ou quoi ? Quelle origine ?
Quel désir ? Quel désir surtout ?
Où se situe le désir, pas seulement de bien dire ? Mais de dire simplement ?
Le désir de traduire ce que le corps et l'esprit éprouve, de nommer des émotions, des affects, des moments de bonheur, de souffrance ou de douleur
Comment dire tout cela ? Quels mots mettre sur les maux du corps et de l'esprit, si ces mots ne sont pas ou ne sont plus ?
Si ces mots n'existent pas ou plus dans le registre de la langue du sujet ?
Si rien ne peut représenter, ni symboliser ?
Perte de la parole, du mot, du sens ?
Comment mettre du sens et faire des liens ?
Comment dire à l'autre, justement au plus juste, ce qu'on pense, ce qu'on ressent ?
Comment entendre aussi ce que l'autre voudrait dire ?
Allons nous donc tous parler une langue étrangère ? Une langue qui n'en n'est plus une, mais qui est une sommes d'anagramme, de sons, de consomnes et de chiffres sensés vouloir signifier quelque chose ?
Mais fort justement où sont le signifié et le signifiant ?
Plus d'enveloppe, plus de contenant, plus de contenu
Contenant la pensée, l'âme humaine, le mot s'il est vidé, exangue ne peut plus être, ne peut plus jouer son rôle, rôle essentiel dans le lien celui de la mère et l'enfant, celui du petit homme à l'adulte, celui du sujet au sujet
Ce langage neuf, nouveau est-il le langage du sujet ?
Quid de l'analyse, qui repose sur les mots, sur le dire...Sur le dire des mots sur les maux, pour les mettre en mots, et soulager l'âme et le corps ?

Curieux laboratoire que celui ci. Curieuses expérimentations que celles là ?
Il ne s'agit peut-être plus de mal dire, mais de "non dire" et du mal de dire, ou ne pas pouvoir dire !
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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