Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 22 mars 2008

Tout ?

Aujourd'hui on médiatise tout ou presque.

On parle de tout, on expose, on s'expose on sexe pose aussi

Passer dans des emissions de télé realité pour parler de soi, de sa maladie, de ses difficultés diverses : avec son conjoint, ses enfants, ses parents, son patron, ses voisins... On parle sour l'oeil de la caméra et sous celui bienveillant et compatissant (?) de l'animateur, qui pose LES questions, préparées avec les réponses par avance....Avec art, car c'est du live !

Les français aiment ça, ils participent, regardent, se reconnaissent ! En redemandent !


Ainsi on parle de tout librement, on débale tout, sans limite, sans frein, il faut tout dire, c'est libérateur !

Alors on raconte ! on écrit sa vie, narre sa thérapie, sa souffrance, on fait des livres comme on fait des chateaux de sable. Ils durent d'ailleurs aussi longtemps, avant qu'une vague, un autre livre ne les submerge.... Et ça recommence.

Il parait que 'ça" fait du bien, que ça soulage, disent les participants, les "nouveaux biographes". C'est une nouvelle forme de thérapie. Et qui ne coûte rien, elle peut même rapporter, et "cela peut servir à d'autres."

Il parait que ca fait du bien aussi à ceux qui les regardent ou les lisent "on voit comme ça qu'on est pas tout seul, que d'autres sont aussi malheureux, ont les mêmes problèmes que nous"

Ouf ! Il y a plus malheureux que soi...

On se console comme on peut, on se rassure avec ce qu'on a !
Finalement ce n'est pas très compliqué...

On aime les anti héros, les gens ordinaires "comme nous".
On ne cherche plus à grandir, à "se grandir " s'élever, s'édifier, se construire.
la simplicité, l'ordinaire, le "normal" le médiocre aussi... séduisent, plus besoin d'aspirer à devenir.
A s'identifier... A vouloir ressembler !

Les anti héros ont la côte ! ils sont "comme tous le monde". On désacralise tout, on ne se géne plus, on ne se retient plus. On se libére des carcans, on se libére de tout, des interdits, des limites. No limit ! do it !

Ces slogans pullulent, laissant croire que tout est possible, qu'on peut tout faire, franchir toutes les lignes jaunes, sans risque !
Just do it ! Il faut tout essayer ! tout connaitre.. tout raconter ! tout montrer.

On met tout en scène, on livre tout en pature, au public, sa vie, sa mort, son intimité, son intime.

Mais on demande à l'autre, on exige de l'Autre de légiférer, de dire si c'est bien ou pas bien... Car en définitive on ne sait plus très bien. Si c'est bien, mal, si on transgresse, si... et si...
Si ça se fait ou pas, si on peut ou non....

L'Autre doit poser le cadre. Qu'on s'empresse de transgresser ! Mais on l'interroge sur tout, jusqu'au plus intime... La vie, la mort.

S'il faut souffrir beaucoup, plus que beaucoup pour avoir le droit de mourir. On se montre mourant, souffrant, on demande le coup de grâce ! Comme le condamné qui attendait sa grâce..
Grâce de vivre, mais maintenant que la peine de mort est abolie on demande la grâce de mourir !

Loi ! terrible loi .
Paradoxe que tout ça.
L'homme n'a cessé de chercher, de quémander, de mendier, de se battre pour sa liberté ! Il est mort pour elle.

Qu'en a t-il fait ? Qu'en fait-il ? Qu'en sait-il ?

Liberté ? Qu'est ce qu'être libre ? Question cliché des bacs philo...Personne ne sait vraiment y répondre, personne ne sait peut-être vraiment ce que ce mot recouvre. Banal, banalisé, il ne veut plus dire grand chose, n'évoque plus guère de représentation.

Au nom de la liberté, on veut tout dire et tout montrer, on veut faire tomber des murs, abolir toutes les frontières, on ne veut plus de limites.

Peut-on vivre dans un monde sans limite ?
Un monde sans limite est-il un monde libre ?

Des patients anxieux, phobiques demandent lors des thérapies à en être libérés, ne plus souffrir de peur, d'anxiéte... Ne plus jamais avoir peur.
S'il faut leur expliquer que la peur, l'anxiété sont nécessaires, essentielles à la vie et à la survie, est-il nécessaire de rappeler aujourd'hui que la honte et la culpabilité sont essentielles à la vie en société. Sont nécessaire au maintien d'un lien social harmonieux et constructif.

Que tout n'est pas permis, que tout ne peut être fait, acter, assener ?
Qu'un peu de retenue est nécessaire, indispensable et fondamentale dans une société libre.
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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