Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 1 mai 2008

Scansion

Grande question que celle là ? La pratiquer ou pas ?
Lacan en a usé et abusé ! Tant et tellement que c'en est caricatural.

Aujourd'hui, un analysant avisé écrirait peut-être sur un site déjanté et loufoque : "Aujourd'hui,je suis allée chez mon analyste, il a interrompu la séance au bout de cinq minutes et a quand même empoché mes 500 fr.vdm"
Et il aurait raison, du moins il n'aurait pas tord..
Cela démontrerait qu'il a un certain sens de l'humour, de la formule et surtout qu'il saurait mettre des mots sur une pratique qui ne manque pas d'interpeller...
Scansion ou pas scansion ?

Mais pourquoi au juste.
Les freudiens, du moins ceux qui se réclament du Père, directement du Père, ne la pratiquent pas. La scéance, quoi qu'il arrive, dure 45 mn.... Retard ou non.
45 mn, presque chrono en mains...!
Si votre rendez vous est à 15 h, vous en aurez terminé à 15h45, que vous soyez à l'heure ou que vous ayez une demi heure de retard ! Dans ce cas là, tant pis pour vous, ou tant mieux !
Certains analystes mettent un réveil, ou une minuterie...Et l'analysant peut ainsi voir défiler le temps ! Etre surpris dans son discours, dans son silence. Sur Pris en plein milieu de son inconscient, de son retour du réfoulé..

Se dire qu'il lui reste encore quelques minutes à dire !

Car le temps sur le divan n'est pas le même que le temps ordinaire. Sa perception n'est pas la même !
Il ne coule pas de la même manière, il peut être plus long, ou plus court. C'est selon.


Les héritiers de Lacan, ou qui se disent tels ! interrompent la séance quand bon leur semble ! Enfin vous diront-ils, si toutefois, ils concédent ou condescendent à vous ou simplement à dire quelque chose, quand cela leur semble nécessaire, utile, essentiel.
C'est eux non "les supposés savoir" ?

Interventionnistes donc. Car ce bon qui leur semble est à leur pure discrétion, appréciation.
Le bon moment. "C'est tout pour aujourd'hui".
Cette formule en impose, il faut en convenir....Elle n'appelle pas de commentaire, aucun, ni de soupir, aucun, du moins apparent. Celui qui se rebifferait, n'aurait rien à faire là, ou serait guéri, c'est peut-être ça la "guérison en sus" ou de "surcroit" !!!

"Peut-être avait-il une course à faire" me dit un jour un patient qui n'avait pas apprécié cette méthode
"Il a censuré ma parole" Dit un autre.
"Il m'a quand même pris mes 100 Euros !" reconnait plus pragmatiquement une jeune femme qui se dit "plus près de retourner chez de tels charlatans"

D'autres y trouvent leur compte ! C'est le cas de le dire
L'analyste dans sa toute puissance... L'analyste sachant savoir ce supposé ou ce satané savoir, que lui analysant ne sait pas et paie n'importe quel prix pour enfin savoir, ou pour enfin espèrer peut-être savoir, ce qu'au fond, il n'a peut-être pas vraiment envie de savoir. D'où le nombre de resistances... Au savoir, à l'analyste, au savoir de l'analyste, au savoir de l'analysant, au savoir de la cure. Au savoir tout court !
Bref, si l'analyste le fait me dit une jeune femme : "C'est qu'il a ses raisons"
Ses raisons qu'elle ne connait pas, mais que lui doit savoir
"C'est pour mon bien" Mais le bien de qui ? Le sien ? Celui de l'analyste ?
Allez savoir ?

Pour en revenir à la scancion... Elle peut,sous certaines conditions et dans certains cas, elle peut être utile, nécessaire....Pour l'analysant.
Pas toujours, pas tout le temps "C'est plus du jeu, sinon"

Trop de scancion tue la scancion
Et c'est vrai.

En revanche, ce que je qualifierai d'outil thérapeutique, bien manié comme tous les outils dont dispose le thérapeute, peut être interressant, peut dénouer, faire avancer le travail analytique, pendant et en dehors des séances...
C'et d'ailleurs son objectif.
Il peuten effet, à certains moments de l'analyse, que le sujet et son analyste auront repérés permettre à l'analysant de dénouer, de comprendre, faire des lien, d'aller au delà..
De reprendre ensuite à la séance suivante. Plus facilement peut-être, ou bien autrement, car cette scansion là, aura marqué, scandé le tempo, celui de l'inconscient ramené sur le divan.
Pourquoi pas ?

Souvent vécu comme une frustration, la scancion l'est en effet, mais la frustration n'est elle pas nécessaire au développment (le b a ba de la psychologie de l'enfant)
Ce serait croire, -à tord, mais aussi à raison- que l'analysant est un enfant ?
Enfant, sûrement pas, mais le transfert permet souvent une régression. La regression dont parle Freud.
Mais l'analysant est-il en mesure de faire face à cette interruption de sa parole ? D'y trouver de l'intéret ? De lui donner du sens ?
Nous avons tous en mémoire la souffrance de Maud Mannoni lorsque Winnicott (qui ne l'avait pas informée de la durée de ses séances) interrompit brutalement leur entretien...
Brutalement ! C'est en fait parfois vécu comme une violence...
Une frustration, nous l'avons déjà souligné, sûrement. L'interruption de la séance au moment où l'inconscient se fait jour... Jouir ? Pour reprendre un propos prété à Lacan ?
La jouissance de l'inconscient ? de l'analysant ? Ou celle de l'analyste ?
Une jouissance impossible ? Mais pour qui ? Et pour quoi ?
Faire jouir ? Ou faire jour ?
Ramener au conscient le matériau refoulé, car jusque là impossible à surmonter, associer ces mots, ces pensées, ces rêves, perlaborer.... Puis brusquement être interrompu "c'est fini pour aujourdh'ui !"
C'en est fini pourqui ? Le sujet ? ou l'analyste, qui montre là son impossibilité à surmonter sa propre jouissance ou celle de son analysant, préférant ainsi par là, castrer. Mais castrer qui ? Encore une fois ?
Castration ? Frustration ? Violence ? Brutalité ?
Qui refoule encore et qui refoule quoi ? L'impossible impossibilité de la jouissance de l'inconscient à faire jour au conscient ?

La scansion donne t-elle sa mesure, son rythme à la cure ?
La cure est-elle une partition ? Celle de l'inconscient qui se joue sur le divan ?
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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