Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 28 mars 2009

In Former

Parler
Dire...
Expliquer...
Partager...

Pour compléter un peu le questionnement de l'article précédent,

Pour répondre autrement à une nouvelle demande, une nouvelle attente, une nouvelle écoute.
Une approche différente pour une écoute plus active, peut-être, ou pour une autre forme de demande, une autre manière de travailler, d'accompagner, de faire un bout de chemin avec.
Avec !

C'est ce petit mot qui change tout.
Avec signifie "présence physique simultanée" soulignant, dit encore le Robert, la "marque de relation"
J'aime le "cum" latin, accompagner....Avec

Mes activités à l'hôpital m'ont amenées à rencontrer des personnes dont la demande initiale n'était pas d'ordre psychologique. Pas essentiellement.
Ils n'étaient pas là pour ça.
Ils étaient là sans l'avoir souhaité, demandé....
Demandé ? Demande t-on à être malade, car c'est bien de cela qu'il s'agit
Malade, hospitalisation...
Demande oui, mais de guérison, d'aller mieux..

Cette demande là, résulte bien d'autre chose, d'une maladie, de troubles, d'une santé défaillante, d'une souffrance, d'une violence, d'une urgence, d'une addiction...
La demande n'émane pas toujours non plus du sujet lui même.
Qui ne demande rien, n'attent rien, de ce côté là....
Ignore même parfois cet aspect de la "prise en charge", du "protocole" mis en place par le spécialiste.... De cette possibilité, de ce rendez vous possible, de ce temps dans cet espace qui n'existe que parce que deux sujets justement se rencontrent, pour faire lien, pour donner du sens, à des choses, des événements qui n'en n'ont pas toujours ou qui n'en n'ont que trop !
Parfois cette rencontre, s'impose presque d'elle même : "en parler pourrait vous aider.."

Combien de fois ais je répondu et encore aujourd'hui au fameux "il faudrait voir.... Ce serait bien de faire le point avec...."
Avec...
Avec encore ! Le patient, le malade, le sujet
Celui qui doit envers et contre tous faire avec, ici et maintenant.
Mais pas avec n'importe quel "avec"

Car les malades ici et maintenant, ne sont plus vraiment seuls, depuis qu'ils sont malades..... Mais avec une drôle de compagne : une maladie, qu'ils font parfois "leur"... Leur, avec. Il leur faut faire avec, pour vivre avec.

Vivre ?
Vivre avec cette nouvelle invitée... Arrivée souvent sans frapper, ou au contraire en frappant fort, trés fort, trop fort !
Qui est-elle cette inconnue ? Celle avec qui il faudra désormais partager son quotidien, son demain ? Avec !
Car le futur souvent, quand futur il y a, et futur il y aura, sûrement, ne peut plus s'envisager sans ce nouvel hôte
Alors il convient peut-être de se présenter, de faire les présentations, de savoir à qui on a affaire, à faire, à qui ? Car cette terrible compagne, des bons et des mauvais jours ne doit pas rester une inconnue... Intruse elle est...
Qui, puisqu'on la fait sienne, puisqu'elle fait désormais partie de l'univers qui est celui du sujet
Puisque....
Qui est-elle?
Certains préfèrent ne pas savoir avec qui ils partagent leur vie, leur lit.... L'inconnu, leur convient, par défaut, par dépit, par soucis, par souciance, par conscience, par peur....Par désir, par souhait....
Partager son pain, sa vie, son demain, avec cette inconnue, l'ignorer, la snober....Mener ce combat
Certains préfèrent connaître l'adversaire, l'ennemi, l'attaquer à défaut de le battre sur son propre terrain, mais savoir, savoir qui il est, comment et de quoi il est fait, pour le défaire peut-être, mais au moins pour s'attendre à ses assauts, les repousser, ou y faire face du mieux qu'il peut, ou qu'il pourra, une autre fois, la prochaine fois.
L'inconnu devient l'objet d'une enquête, minutieuse et précise, documentée, recoupée, les indices sont vérifiés.... En véritable détective le sujet ne s'épargne rien, ni le passé, ni le présent, ni le futur, ni la fin. Il ne veut pas de surprise, il veut savoir, il veut comprendre....
Comprendre qui est cette inconnue, venue un jour prendre possession de sa vie, de lui....
Comprendre pour savoir qui il est à présent, qui il est devenu, lui et cette inconnue.
Lui avec cette inconnue. Lui et elle, lui et lui, elle et lui. Un duo, couple fusionnel, fusionné..

Alors informer ?
Informer de quoi ? Qui ? Quand ? Comment ? Pourquoi

Les éternelles questions, qui reviennent toujours, avec comme postulat de départ dire ou ne pas dire au sujet de quoi il souffre.
Car il faut nommer, mettre un nom sur....

Depuis la Loi Kouchner, le patient s'il le souhaite peut-être informé, doit l'être si tel est son désir, dans un langage clair, précis, compréhensible.
Ce point est essentiel, combien de fois ais je entendu des médecins user de leur jargon pour dire simplement que la maladie était longue, grave et parfois incurable. Méconnaissance ? Mécanisme de défense, oubli de l'autre, qui en face de lui ne comprenait pas, mais qui aurait du comprendre.... Qui devait comprendre, car ces mots barbares étaient ceux de son registre à lui...
Un peu de tout ça, bien sûr... Mais la peur d'affronter l'autre aussi, la peur, d'avouer son impuissance, ses limites, qui ne sont pas vraiment les siennes, mais celles de la connaissance, de la médecine, du savoir scientifique aujourd'hui... Un savoir en perpétuelle évolution, révolution
Peut-être qu'un jour on pourra guérir de ci ou de ça....Guèrir ?
La médecine ne guèrit pas....Pallie, soigne, donne du répit ?

Dire au malade, dire au sujet "vous présentez un certain nombre de troubles..." et poser un diagnostic est compliqué
En médecine, comme je le souligne souvent, un bilan, des examens paracliniques, une imagerie, permettent souvent d'affirmer ou d'infirmer l'entretien et l'examen clinique.
Il permet aussi de dire, de mettre un mot sur le syndrome, de nommer, de ranger, de classer ces symptomes dans un registre....
A condition de ne pas soustraire, ne pas faire abstraction du patient, du sujet souffrant, de la personne qui souffre de cet ensemble de trouble ou de cette pathologie....
Qu'il vivra de manière singuliere, unique, car il est unique
C'est peut-être le sens de "mon cancer, ma sep...."une certaine appropriation du trouble qui signifie pas seulement qu'elle est mienne, mais qu'elle est unique, que cette intruse n'est pas la même que celle de mon voisin.
Qu'en venant m'envahir, moi sujet, s'approprier mon espace, ma vie, elle est devenue mienne, c'est à dire que je la fais mienne, que je la nomme mienne,
Une sorte d'adoption triviale....
En mon nom je te nomme....!
Unique, volonté, désir singulier d'affirmer aussi, même à travers la pathologie que le sujet est unique et que la maladie est par conséquent la sienne, unique elle aussi, Sa faite sienne.....

Mais quid quand il s'agit de troubles psychologiques ?
J'assistais dernièrement à un séminaire sur les psychoses, et sur le difficile problème, de poser le diagnostic, et l'annonce à la famille, au patient.... Certains psychiatres s'y refusent, certains informent, disent... Un travail thérapeutique peut alors se mettre en place. Une information peut avoir lieu.... Dire, informer, expliquer... Pour prévenir. Non de la maladie, puisque comme n'importe quelle maladie organique grave, elle est elle aussi grave, invalidante et nécessite un traitement à vie, qui doit être adapté, évalué...
Mais savoir, faire du sujet un "co-thérapeute" peut être essentiel dans la prévention des troubles, des symptômes, dans la compréhension même de la nécessité de la prise des médicaments...
Informer les familles, c'est aussi les associer, leur faire comprendre, sortir de ce carcan de maladie mentale.... Maladie, pathologie, troubles, y en a-t-ils qui soient plus acceptables que d'autres ?
Les faire prendre part.... Oui, n'en déplaise à certains, il y a beaucoup de choses à faire avec les patients souffrant de schizophrénie, nous n'en sommes plus (bien que les hopitaux psychiatriques n'aient guère changé, depuis mes débuts...) à l'époque des aliénistes. Ces personnes peuvent vivre hors des murs, avoir un travail, une famille, une vie !

Je suis sortie heureuse et pleine d'espoir...
Personnellement j'ai toujours, quand le patient le demande, informé, expliqué.... ou demandé l'appui d'un spécialiste à l'hôpital. S'instaurait alors un rapport collaboratif.
Dans ce cas précis, c'est le patient l'expert, c'est lui qui sait, qui parle de son trouble, le décrit, l'écrit, sur des croquis, des schémas.... Nous relions ensuite aux événements, cherchons d'éventuelles correspondances, quand il s'agit de troubles de l'humeur, d'anxiété...
Pas de toute puissance, pas de savoir jalousement gardé !!!!
Un cheminement ensemble, un accompagnement...

Nécessaire et essentiel ! Le patient sait, s'informe, cherche des réponses, lit, découvre et interprête....
Il m'arrive de demander "que savez vous de ce trouble ? De cette maladie ?"et nous en parlons ensemble.
Parfois, il est nécessaire, d'expliquer, encore, de dédramatiser, de relativer...
Ah les fameux pourcentage, statistiques... De vie, de mort, de récidive ?
Unique et singulier encore !
Nommer c'est dire, nommer c'est perdre aussi, ne plus garder, pour soi, prendre du recul et partager, lâcher, se délester....
De part et d'autre, nommer la maladie c'est ne plus avoir ce savoir, ne plus être gardien de ce pouvoir, c'est se déliver et de rendre l'autre sujet, acteur, responsable de sa vie et de son destin, c'est aussi permettre d'affronter ensemble.... Avec !

lundi 23 mars 2009

Une nouvelle écoute

Psychanalyse aujourd'hui..... Justement, fort justement aujourd'hui.

Quid de l'écoute analytique, quid de l'écoute, quid aussi et surtout de la demande du, des sujets à l'analyste, au thérapeute ?

La clinique est en perpétuel mouvement, elle se doit de l'être, être à l'écoute de la demande du sujet, être à l'écoute du sujet, elle doit s'adapter....au sujet, au monde du sujet, aux préoccupations du sujet, au monde du travail, à la société...Voire à l'actualité, à ce qui fait le monde dans lequel nous sommes inscrits, nous nous inscrivons ou tentons de nous inscrire
Le lien social, que nous maintenons, suscitons, encourageons, developpons.

Contrairement à la médecine qui peut objectiver une pathologie à la lecture d'une imagerie ou d'examens paracliniques, nous ne pouvons en psychologie, psychothérapie, psychanalyse dire c'est ainsi. Poser un diagnostic est toujours très compliqué, pas simple, car le sujet n'est pas constitué d'un bloc, ne présente pas une fois pour toute une pathologie, des troubles, des désordres, des symptômes, ou un tableau clinique.... La personnalité est complexe, composée de multiples traits, qui ne sont pas non plus immuables.
Le sujet est unique, singulier. Il est !

L'entretien clinique, l'écoute de l'histoire, des symptômes, des plaintes , du mal être, les mots mais pas seulement disent...Permettent....De comprendre, un peu, de s'orienter, de guider, d'accompagner....

Chaque jour, repenser, remettre sur le métier son savoir, son ouvrage.... Son ignorance.... Aussi
Nous ne détenons ni vérité, ni savoir, ni remède, ni rien de tout cela, nous ne détenons rien, il faut être humble et modeste, pour être thérapeute....
Nous ne pouvons rien promettre, mais permettre, ce qui peut-être déjà beaucoup...
Nous n'avons pas le pouvoir de guérir, faire des miracles, mais nous pouvons soulager l'être en souffrance....
C'est le sujet qui guide, qui nous oblige sans cesse à repenser, repanser, aller plus loin, remettre en question, encore et encore. Se remettre en question, encore et toujours !
Nulle vérité n'est acquise, définitive. Chaque sujet est unique, chaque rencontre est singulière, chaque histoire est particulière....

Histoire de vie, de rencontre, moment de partage, singulier et imprévu, qui fait que deux sujets sont présent au même lieu, pour un même rendez vous. Où il se passe quelque chose, pour chacun d'eux. Où l'histoire se met en mots, se tisse, se trame dans cet espace qui est là pour ça...

Nouvelle écoute ? Pourquoi ? Et quelle est-elle ?
Doit on se contenter du discours appris une fois pour toute, sur les bancs de l'université. De ce savoir là, codifié, inscrit dans les livres qui se transmet...De professeur en élève ?
Il est utile, indispensable, essentiel. C'est indéniable, mais il ne suffit pas.
Comme le DSM, il est une base, il en faut une, il faut bien pouvoir aussi se réfèrer....S'appuyer !

Nous n'en sommes qu'au début, aux balbutiements des découvertes sur le fonctionnement de l'être humain, de son fonctionnement.
La neurologie, la neurophysiologie m'ont toujours passionnées... Je me souviens de ces cours à la fac, difficiles d'accés, difficile à comprendre, à restituer, surtout. Savoir localiser les zones cervicales, connaitre les conséquences de leurs déficits... J'y ai passé du temps, j'en ai rêvé la nuit....!
Je n'en voyais pas toujours l'utilité et me demandais bien pourquoi on nous demandait d'étudier et de faire des potentiels évoqués.... Et pourtant, comme ils me sont utiles aujourdh'ui, autant que la littérature, l'art, l'anthropologie, les sciences humaines... Car ils font partie de nous, ils forment un tout, avec le reste, avec l'autre, ils font la vie !

La demande au thérapeute est une demande spécifique.
la fonction de thérapeute est une fonction spécifique.

L'écoute de l'autre, de la souffrance de l'autre. C'est bien là, la question...
Le noeud de la question, celle du sujet et celle du thérapeute.
Elle s'inscrit dans un espace, dans une éthique.
Mais écouter ne suffit pas toujours, car l'autre, attend aussi quelque chose...La manifestation de l'entente de cette écoute, une sorte de concrétisation, pas forcément une réponse, mais quelque chose, qui fait que le thérapeute, a entendu, est présent à l'écoute...
C'est ce quelque chose qui fait question, cette réponse là, unique et singulière qui fait question, noeud parfois, qu'il convient de tenter de dénouer quelque peu...
C'est aussi ce quelque chose là, d'un peu spécial que l'écoute analytique, psychodynamique, thérapeutique doit permettre... A défaut de promettre.
L'accompagnement a aussi ses limites, le symptôme c'est la souffrance, c'est le noeud qui fait mal, qui coince, qui cogne, c'est à cause de ce noeud, de cette souffrance que les gens consultent, pour s'en défaire, et vivre mieux, à défaut de vivre sans.
S'il veulent parfois laisser cette souffrance, ce mal être dans le cabinet du thérapeute, ils en veulent souvent un peu plus. La psychanalyse ne guèrit pas, nous le savons, elle aide tout au mieux à vivre avec nos fardeaux, leur compréhension ayant permis dans le meilleur des cas, d'aller sur le chemin d'un pas plus léger, de se sentir moins lourd, d'avoir un peu mieux digéré....

Mais Cela encore, ne suffit pas....Il faut guèrir de CE symptôme, comme on guérit d'un mal de tête... Sauf que l'aspirine l'apaise, mais n'en guérit pas la cause. Peu importe, au moins pour un temps, on n'a plus mal, et ce répit, ce moment là, sans souffrance, ce n'est pas rien ! C'est toujours ça !

Le thérapeute peut en effet aider à déchiffrer le symptôme, à décoder, accompagner le sujet dans cette quête là, celle du sens que le symptôme peut bien avoir, s'il le désire...

Mais si cela encore ne suffit pas ?

Je reçois depuis quelques temps des "déçus" de la psychanalyse, traditionnelle, de celle qui fait que l'analyste ne prononce jamais, pas un seul mot, ni bonjour, ni au revoir, ni merci....
Qui ne communique que par signes (au mieux) qui jette négligemment les billets (car il exige d'être réglé "en cash", c'est soit disant thérapeutique.....) au fond d'un tiroir, et n'a jamais de monnaie à rendre (ce point faisant du reste l'objet de nombreuses gloseries entre analystes... Parlottes stériles et narcissisantes !)
Pendant ce temps....Le sujet, le patient, l'être..
Déçus, frustrés, mal et en souffrance...
L'analyse ne les apaise pas, mais pire leur fait mal....
A quoi bon venir si le sac, le fardeau, la valise, le poids, est plus lourd une fois la séance terminée...
Je n'en dirai guère de ces analystes qui exigent de leur patients (et faut-ils qu'ils fassent preuve de patience !) des rendez vous deux ou trois fois par semaine, au mépris de leurs possibilités, ressources, contingences, sous pretexte que le travail ne peut se faire autrement, qui exigent un prix exhorbitant (mais l'argent est comme le temps, en cherchant bien on le trouve....) Non, je n'en parlerai pas......
Il me semble que partir, quitter, ces soit disant professionnels est une démarche, saine, pleine de bon sens, et un pas vers le "prendre soin de soi"
Comment peut-on être aidé par un 'autre supposé savoir" qui ne témoigne que froideur et mépris ?
Venir en thérapie, c'est quand même venir déposer quelque chose de sa souffrance, et repartir avec au moins un peu d'espoir.. Celui d'aller mieux, celui de faire la route, celui de ne pas être seul dans un premier temps pour faire ce chemin là....
Le thérapeute, ne peut donner des conseils, ce n'est pas son rôle, il ne peut non plus dire "il faut" , "vous devez", " à votre place".... de quelle autorité le pourrait-il ?
Mais il peut en revanche aider celui qui le consulte à voir un peu plus clair dans ce qui lui arrive, pour qu'il puisse attendre, ou et prendre la décision, celle qui lui convient le mieux, à lui, sujet..
Mettre du sens, donner du sens, faire des liens, et paradoxalement dénouer....

Les patients ont un besoin de réparation, c'est peut-être notre société qui veut ça ? Ca ne va pas, réparer, changer la pièce qui manque, pour que ça aille mieux...
Re parer
Pour par être encore, mieux ?

jeudi 5 mars 2009

Voyage




Le regard

C'est une de mes analysantes qui m'inspire cet article, le regard, de l'autre l'insupporte, la terrifie parfois, elle ne peut contenir, retenir ces regards là....
Le regard, qu'elle relie à UN regard, un certain regard lancé, et reçu pendant l'enfance .
Un regard innatendu...
Un regard qui la marqué, qui l'a terrifiée, tétanisée, pétrifiée, hantée, aujourd'hui encore.
Un regard qui la précède et la suit, omniprésent, omniscient, qui la hante...


Un regard dont elle ne peut, dont elle ne sait se défaire
Elle attend de l'analyse, cette déliaison, ce dénouage, cette re mise à distance de ce regard là, pour appréhender, supporter, les autres.... Supporter que les autres....La regarde, et qu'elle puisse les regarder, sans crainte, sans peur, sans terreur....

Le regard ? Regarder... Etre regardé..
Le regard, la fonction scopique ... Décrite tant et tant de fois, par tant et tant de psychanalystes, psychiatres, éthologistes, artistes, écrivains
Le regard et le miroir, le regard dans le miroir, le miroir qui renvoie le regard...
Le regard de soi, le voir soi...

Peur du regard, du regard de l'autre, sur soi.. L'autre, les autres, l'Autre !
Peur du regard de la mère ? Car pour elle, c'est de ce regard là !

Le regard de la mère !
Celui essentiel de la mère....Mère gestatrice, génitrice, nourricière, aimante, rejetante, distante, et aussi castratrice, par le regard, seulement par le regard ?
Le premier regard qui se pose sur le petit mammifère est celui de sa mère, sur le petit d'homme c'est aussi souvent, mais pas toujours celui de sa mère.
Mais le regard de la mère "je veux le voir ?"...
C'est elle qui regarde son enfant, qui le découvre. Porté, en elle, il est pourtant encore étranger, car pas vu, jamais vu jusque là, deviné, imaginé, révé, mais pas vu...
Pas regardé surtout..
On peut voir, sans regarder, être vu sans regarder, regarder sans être vu... regardé sans être vu.. Voir, regarder, regarder, voir. Voir pour regarder. Regarder pour voir...
Une infinité de solutions, de possibilités...

Il s'en passe des choses, des émotions, des affects, des désirs, des déceptions, des plaisirs, des pleurs, des joies, des souffrances pendant ce regard là, ce premier regard sur le petit d'homme qui vient d'être mis au monde, donné au monde pour une vie...

Par ce regard la mère le connait, le reconnait, comme sien, comme autre, comme sujet différent, comme sujet tout simplement !
Ou ne le reconnait pas, le nie, le dénie, le renie...

Ce regard là donne à l'enfant, une fois encore la vie. La force, le souffle de la vie !
Ou ne lui donne pas la vie...Lui donne une vie, ou non...
Terrible regard !
Qui se détourne aussi parfois....
Curieux et tragique dialogue avorté, qui ne peut avoir lieu, et qui n'aura sans doute jamais lieu, un rendez vous où l'un n'attendait pas l'autre, n'a pas attendu l'autre, ou au contraire l'a trop attendu, tellement attendu.

La mise au monde, l'expulsion du corps de la mère, qui abritait ce petit corps étranger, le contenait, le tolérait... Le corps qui expulse, qui jette, qui rejette ce qu'il a gardé, le temps d'une gestation, le temps que la maturation se fasse, que la nature fasse son oeuvre, que l'espèce puisse se transmettre.
Un corps qui une fois son office rempli, n'en veut plus, n'en peut plus...
Un corps qui se débarrasse, pour faire, à nouveau cavalier seul !

Mais le regard.... Les yeux qui regardent, voient ce corps autre, différent, ce corps encore relié, lié, connecté pour quelques instants à son unité mère.....
Naissance ?
Seconde ou première fois ?

Les femmes, mères qui souhaitent accoucher sous X, ne souhaitent pas parfois que l'enfant leur soit présenté. Ne voulant ni regarder, ni croiser le , le regard de cet autre.
De cet autre....
Certaines l'expriment clairement. Ce point, quand il le peut est mis en mots, discuté, évoqué... Quand cela se peut, parfois un regard exprime ce que les mots ne sauraient dire, un regard, qui engage tant et pour combien de temps ?
"Si je le regarde je ne pourrai pas, le laisser, l'abandonner, et ce ne serait pas raisonnable," me confia un jour une femme qui ne souhaitait pas garder son enfant...
Comme si ce regard premier, était essentiel, plus important presque que les 9 mois de présence d'un enfant dans son propre corps. Comme si c'était ce court instant, ce bref moment, cette fraction de seconde qui allait faire....
Faire d'elle une mère
Faire de ce petit être son enfant....
Comme si ce regard allait graver, inscrire à tout jamais, au plus profond de l'inconscient ce quelque chose....Ce lien qui s'est tissé, malgré et au delà d'un désir ?
Tout n'est pas si simple, bien sûr...

Mais le regard, cette présentation, à soi au monde !
Comme dans la Rome Antique, où le Pater Familias, soulevait l'enfant de son sang ou non, pour le présenter aux autres, à l'Autre, pour le reconnaitre. Cela suffisait à en faire son enfant, enfant au sens de la loi, au sens de la famille !
Un regard, le sien et celui de l'autre
Le regard de l'autre, qui fait que !
La fonction du regard ? Reconnaissance, acceptation
Un regard qui permet à l'autre de faire face, d'y faire face, de regarder en face, de s'y accrocher, tant et si bien, qu'il puisse enfin un jour s'en détacher pour aller dans la profondeur de l'âme, de son âme..
Se séparer du regard pour être face à soi même, seul à soi même pour avancer...
Ces yeux là, posés qui vont donner la force, l'énergie, l'élan vital.... Au delà peut-être du sentiment d'amour ou d'instinct maternel (encore que ?)
Ce regard qui donne la vie, qui donne la force de vivre, ou la dénie....
Un regard qui permet que l'autre s'en détache

Se détache, parte
Confiant, serein, fort...
Un regard intériorisé pour toujours...
Ce regard qui dit :
Encore :


Va vis et deviens...
Et soit... Toi !

lundi 2 mars 2009

Lectrices

C'est à elles, puisque ce sont esssentiellement des femmes qui viennent ici, lire, me lire, qui déposent un commentaire, ou m'écrivent directement sur mon mail pour dire...


C'est pour elles naturellement que cet article, le premier de la liste, est écrit

Pour les remercier, de venir, d'être là, de me lire, de me le dire, de laisser trace de leur passage, de la confiance qu'elles me témoignent
Pour leur rendre hommage
Pour leur dire, que j'entends, comprends ce qu'elles disent et écrivent

C'est aussi pour mes patientes, ces femmes qui viennent mettez en mots leur douleur, leurs souffrances parfois, leurs questionnements, leur solitude, leur difficultés d'être femmes parfois aujourd'hui.

Femmes aujourd'hui, femmes d'aujourd'hui ?
C'est bien là le propos...
Quelle est la place de la femme d'aujourd'hui, aujourd'hui ?
Ce qui n'est pas forcèment la même chose
Il y a la femme, l'idée de la femme, la place de la femme, la représentation de la femme, le symbole de la femme
Tout ce qui se passe dans la tête des femmes, comment elles se voient, comment elles pensent être vues, comment elles aimeraient être vues ou pas vues.
Ce qui implique le regard des autres, le regard de l'autre.

La femme ou les femmes ? La femme est multiple, de par les places, les fonctions qu'elle occupe simultanément, successivement, de par les rôles qu'elle joue traditionnellement, successivement, simultanément aussi....La femme est plusieurs, à tour de rôle, en même temps, tout le temps, un peu, beaucoup, souvent passionnement.
Les femmes sont singulières de par la place et le rôle, que la société, celle d'hier et celle d'aujourdh'ui qui se veut, se dit, plus libre, plus moderne, leur attribue.

Que disent-elles alors sur le divan ? A leur analyste ? A leur thérapeute ?
Que disent-elles ? Ou ne disent-elles pas ?
Leur joie, bonheur d'être femme, mais aussi la difficulté d'assumer ce bonheur là, sans culpabilité, sans honte, sans peine...
Leurs souffrances aussi, abandon, incompréhension, solitude, douleur, solitude.... Un peu en boucle....
Que de femmes seules cherchent désespérement l'âme soeur, celle qui viendra adoucir, apporter un peu de soleil dans une vie bien remplie déjà, mais une vie tellement prometteuse encore.

Elles sont nombreuses ces femmes à s'interroger sur leur futur, sur leur devenir de femmes murissantes, pour ne pas dire veillissantes. Vieillissantes en devenir... Car c'est vieillissantes qu'elles se voient, qu'elles pensent qu'on les voit, qu'on les regarde, ou qu'on ne les regarde plus, ou pas assez, ou autrement.
Le regard encore ! Le regard de l'autre, de l'autre sexe, le regard de l'homme qui se veut souvent sans pitié !
Elles n'ont, pour certaines, guère vu le temps passer, pas vraiment le temps de voir passer ce temps là, entre le travail (pour les chanceuses) les enfants, le quotidien... Un quotidien à assumer seule la plupart du temps, ou pire pallier l'absence, le manque, tenter de combler...
Pas vraiment le temps pour des loisirs, pas vraiment le temps de se demander...
Puis vient le temps de la solitude, de faire le point sur ce vide qui est là, qui s'impose comme ça, plus vite qu'elles ne le pensaient,

Ce vide qu'elles savaient, qu'elles voyaient venir, qu'elles savaient arriver.....mais pas si vite cependant, en repoussant souvent les limites.
Le vide car l'envol des enfants, cette présence là si lourde parfois, devient alors une absence trop pesante.. Qui envahit, qui laisse une place terrible qui ne peut se combler pas même par la télévision ou la radio qui vient meubler l'espace qui vient remplir ce gouffre qui donne le vertige
Libres, elles sont et se disent libres, de contraintes, d'horaires, mais trop libres...Une liberté qui semble inutile, car elles ne peuvent encore une fois la remplir. Une liberté vide, vide de sens, vide de liens...
Le vide, celui du départ d'un mari, d'un compagnon, d'un départ définitif, aprés des années, de vie,de bonheur, de partage, de disputes, de violences parfois, de souffrances, de larmes.
Un départ, sans adieux, sans aurevoir, sans quaie de gare....
Une solitude pas toujours choisie, forcée... Seule et là !

" J'aimerai trouver un compagnon..Pas pour faire ma vie, mais pour partager..."
"Quelqu'un qui pense à moi, qui m'appelle...."
Des coups de fils, des rendez vous, des mails, des SMS, dans un monde où il "faut" ne pas être seul, un monde où son portable doit sonner....Forcément !

Où être seul, est étrange, inquiétant, suspect...
Etre deux au moins...

Partager, et pour ça il faut être au moins deux.
"Je ne comprends pas, me confie une autre, pas moyen de rencontrer un homme de mon âge, pas moyen, ils ne cherchent que des jeunes femmes, voire des jeunes filles" .
Et de chercher l'autre, sur des sites de rencontres, via le net, plus moderne que les "petites annonces" encore que...Via des diners, des relations, des séminaires parfois aussi...Des possibilités, des "on ne sait jamais"

"Mon métier fait peur" dira une chirurgien cinquantenaire, énergique et si belle.
Age, métier, engagement font peur
Peur ?
Ces femmes, proches de la cinquantaine, parfois de la soixantaine, ne comprennent pas ce désintérêt. Elles sont toujours désirables et désirantes...
Et ce vide n'est pas toujours bien compris, admis, toléré..
"Un vide de nous même, car nous sommes vides de l'intérieur" s'attriste une femme en pré ménaupause...."Est-ce de désir d'enfant, cette possibilité que les hommes de notre age vont chercher chez des plus jeunes ? " questionne une jeune femme de cinquante deux ans ?
"Que cherchent ces hommes ?"
Une illusion d'être eux aussi plus jeunes
Un refus de leur age, de leur place ?

"Plus facile pour un homme de vieillir" dira une autre, les rides lui donnent fière allure, elles font de moi, une vieille...
"Mais je suis encore belle, j'ai des désirs, des envies"

Des en vies.....
Certaines refusent le botox, les liftings, voulant rester "elles mêmes" mais reconnaissent la difficulté d'assumer cet age là, pas celui de l'âme, mais celui du corps,
Et celui là ne fait pas de cadeau, il ne fait pas semblant...

Femmes ?

Mais elles sont cependant heureuses d'être femmes, d'avoir une vie bien remplie, d'avoir appris, tant et tant....
D'avoir aimé et d'aimer encore, d'être aimées encore, désirées aussi !
L'amour, le désir, le plaisir...Sont là toujours, essentiels pour être !

Mais chaque jour rapproche d'un autre jour, d'un autre anniversaire, c'est un pas vers le veillir, le flêtrir. Impitoyable temps qui passe...
Fleur qui se fâne, fleur fanée... Fleur passée... Par le temps qui passe.
Un regard sur le passé... Sur hier, qui semble pourtant parfois bien si lointain, un regard sur cette jeune femme, cette petite fille
Un regard plein de tendresse, de colère, de désespoir aussi, tout ça ensemble, mélangé, des regrets, des remords "j'aurai du, si j'avais su..." ? Peut-être ?
On ne peut rien recommencer.

Hommage aussi aux jeunes lectrices aussi, jeunes adultes et grandes ados...Qui me lisent et m'écrivent, que je lis avec tant de bonheur, qui ont tant de choses à dire, à faire... Qui ont la vie et ses promesses devant elles !
Tant de choses à faire, à vivre, à rêver, à donner, à recevoir, à partager !
Qui espèrent le bonheur, s'interrogent sur un avenir meilleur, qui veulent réussir leur vie, métier, amour, enfant, famille. Tout ! Un peu tout, comme chaque femme, souvent, qui veut être femme, mais pas seulement, mais surtout femme quand même...

Une femme femme, celle qu'elle seront, deviendront...
Une mère femme, une fille femme, une épouse femme.... La liste n'a pas de limites...
Capable du meilleure, elle sait aussi, ôh combien être capable du pire....Et ce pire n'a pas non plus de limites.

Je rencontre beaucoup de femmes, de tous les âges, une certaine curiosité, complicité et tendresse sûrement m'amènent à m'interroger sur leur devenir, leur place, la nôtre, car je suis une femme moi aussi... J'essaie les comprendre, de les acccompagner, dans le sens "d'aller avec", pour les aider à faire mieux le chemin, la route, d'aller à la quête d'elle même, de se trouver, ou de se retrouver, pour qu'elles puissent ensuite être et aller seules sur ce même chemin, car nous sommes toujours seuls, face à nous même.
Les femmes plus peut-être....

dimanche 1 mars 2009

La douleur

C'est bien de la douleur physique qu'il s'agit, de la douleur qui fait mal, qui fait mal au corps... Aux membres du corps, aux organes du corps, à ceux et ce qui le composent..
Une douleur,
Elle finit à la longue par faire mal à l'âme
Mais elle fait mal au corps d'abord
Fi de ceux qui clament que les maux du corps sont les maux de l'esprit qui ne trouvent pas le chemin des mots.... Simpissime cliché. Pour exhorciser la douleur, le mal, l'extirper du corps, de ce corps qui souffre, qui fait souffrir à n'en plus finir !
Fi de ceux là.
Si la douleur trouve parfois son origine dans l'esprit, dans le conflit psychique, si c'est cette douleur là, ce conflit là qui ne peut se résoudre autrement que par la mise en maux, il n'empêche que le corps souffre
"C'est bien beau de me dire que si j'ai mal à l'estomac c'est à cause du stress, mais j'ai mal, et il faudrait peut-être me soulager" me dit un jour un patient souffrant d'un ulcère, bien réel.
Qu'il avait raison.... Soulager et entendre cette douleur là, qui peut-être ne pouvait s'exprimer ailleurs et autrement, mais qui était présente, bien là, dans le réel.... Qui plonge le sujet dans le réel, face à lui.

La douleur ! Avoir mal ! Souffrir !
Mes fonctions à l'hôpital m'ont amenées à cotoyer ce mal là, aussi souvent, très souvent, à entendre ces plaintes là, aussi...
Une douleur qui s'entend, qui se voit, qui se sent, qui fait participer tous les sens, ceux de celui qui souffre, ceux de celui qui est présent, là, impuissant le plus souvent.
Le mal... "j'ai mal, j'ai tellement mal, mon corps à si mal, mon corps me fait si mal..."
Le mal au corps, le corps souffrant, le corps...
On ne dit plus je, mais mon corps, comme si cette dissociation, ce clivage, permettait une mise à distance, une prise de distance. Je ici est un autre. Je vois, sens cet autre souffrir...Cet autre qu'est le corps, mais qui fnalement rejoint l'esprit, et bientôt corps et esprit se rencontrent, fusionnent dans la douleur, je deviens le corps, encore.
Encore
Comme si ce recul, cette distance entre le dire et l'être, l'être et l'avoir ne faisant bientôt plus qu'un. Un fusionnel....J'ai la douleur, je suis la douleur, j'ai mal, je suis mal
Nul distanciation, nulle distinction, mais une communion, une fusion..


Mal à l'âme, mais mal au corps, d'abord, ensuite... mal au corps, à la tête, au bras...partout parfois, tant de mal, qu'on ne sait plus où la douleur se situe, d'où elle vient, qui est responsable, son origine
Cortège d'antalgiques, de l'aspirine à la morphine pour la soulager, la combattre, la repousser, mais la vaincre ?

Alors elle devient, malgré lui, à son insu, presque... La compagne du malade, du sujet qui souffre, et qui va devoir vivre, cheminer, avancer avec cette maitresse éternellement insatisfaite, implacable, jalouse, possessive, qui tel un vampire se nourrit de son énergie, de sa force vitale jusqu'à l'épuisement..Psychique !

Terrible compagne que celle là, pas vraiment choisie, mais "qui se tape l'incrust" pour reprendre les termes d'une adolescente aux prises avec sa maladie.
Incruste, s'incruste, non seulement dans les cellules et les tissus, elle envahit le corps et l'esprit, car on n'arrive plus à penser à autre chose, autre chose qu'à elle, omniprésente, omnisciente...
Plus fidèle que l'ombre, elle ne laisse pas un seul moment de repis, de repos, elle est là, lanscinante, sournoise, perverse, diabolique, machiavélique.

Curieux duo, étrange couple, on finit par la connaitre à défaut de l'apprivoiser, savoir à quel moment elle se réveille, comment elle se calme, qui peut la faire taire, la faire devenir un peu plus sourde, moins tapageuse, un moment, un trop court moment
Curieux couple qui s'avance, relation perverse, un peu sadique, un peu mosochiste, un peu des deux, en alternance, jamais en même temps, sinon elle s'annulerait.
Curieuse rencontre, fortuite ! mais relation fidèle, contrat solide, difficile de trouver la faille !

Aujourd'hui, il parait que la douleur est mieux maitrisée, qu'on peut la contrôler ! Les centres anti douleur, les formation anti douleur....Pour vaincre la douleur, on dispose d'un arsenal de médicaments : de l'aspirine aux anti dépresseurs en passant par la morphine et ses dérivés...On apprend au patient à se servir au mieux de sa pompe à morphine, on lui remet une réglette pour évaluer et mettre sur une échelle de 10, un chiffre sur ce qu'il ressent, combien son corps il souffre...3, 4, 5....
On quantifie la douleur, rebelle, narquoise, résistante, récurrente, récidivante, présente...
Combien son corps il a mal, pour calculer la dose d'antalgique, curieuse équation, qui ne résoud pas grand chose..

Elle envahit le corps et taraude l'esprit encore. Il faut voir le visage saccagé, ravagé de celui qui a mal, les traits tordus par cette douleur qui le ronge de l'intérieur, sans que rien ne le soulage vraiment, qui tire les larmes des yeux...Larmes qu'on ne peut contenir, ravaler, qu'on laisse alors impuissant, couler le long des joues, impuissant !
Celui qui souffre ou qui a souffert se reconnait, se remarque aisément, car il garde à tout jamais la traçe, la meurtrissure, les cicatrices, les blessures... Et il reconnait l'autre, son semblable qui a souffert aussi.
Un regard suffit souvent, seulement, une sorte de dialogue sans parole s'instaure, s'installe, muet, les paroles n'ont pas raison d'être ici, dans ce discours là... Les traces indélébiles sont là, uniques signifiant, seules signifiées.
Le souvenir
La mémoire de la douleur, ancrée, chevillée non seulement au corps, mais incrustée dans l'inconscient physiologique de notre être !
Alors abandonné, il ferme les yeux, las de la lutte, finale, ultime, qui le laisse sans force, sans rien, sans dignité, sans répit, et il laisse cette maitresse lui prendre ce qui lui reste pour se battre. Il assiste impuissant à l'agonie de son corps,
Un regard suffit alors, sans parole besoin, pour se reconnaitre, entre ceux qui ont mal, ceux qui souffrent de la douleur.
Car, maligne elle a instauré un langage, au delà des mots et des maux. Une sorte de code muet...Qui aimerait priver la douleur de la parole !
Le registre pour exprimer la souffrance est vaste, métaphorique, imagé. Le sujet s'efforce de trouver le mot juste, celui qui dira, qui traduira ce que son corps ressent, ce qu'il subit...Emprunt d'une précision extraordinaire il tente de dire, de communiquer comme il peut une souffrance qui déborde, qui n'en peut plus d'être contenue. Une souffrance sans cadre, sans limite, qui part dans tous les sens... Par tous les sens.
Et le sujet parfois s'effondre, laisse aller cette douleur là, l'envahir, le saisir d'un seul coup d'un seul, l'assèner et l'assommer, sans plus rien dire, sans plus agir car il se trouve impuissant, terrassé par le mal qui l'envahit et le prend tout entier.
La douleur tient, retient, détient. Ne lache pas, ni prise, ni répit, ni trêve !
Le sujet ne peut s'en défaire....Et ne sait comment assumer cette défaite ?
Si de fait il y a...
Qui, quoi, peut délivrer de la douleur
Et comment ?
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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