Il est venu me chercher ce 22 juin
Nous avions besoin de panser et penser nos blessures
Je crois
Il était venu déjà sans prévenir pour refaire "notre chemin à l'envers"
Nous avions marché, dans le silence
Avec pour toute parole : nos regards
Et quelques gestes de tendresse
Ceux de l'amour,
Ceux que jamais l'autre n'oublie
Car il faut s'être aimé pour faire ça et s'aimer encore
Je crois
Je lui avais demandé de me promettre
De ne pas me dire, encore
De ne pas me parler de notre passé
De ce temps où nous nous sommes aimés
De ces moments que la guerre encore nous a volés
De sa vie qu'il avait choisi envers et contre tout, et tous
A nous oublier souvent, à penser à nous, de si loin
"Je me bats pour que ceux qui te ressemblent aient le droit de vivre " m'avait-il dit alors, oubliant sûrement que sa mère était marane.
La guerre est toute sa vie, c'est ainsi que nous nous sommes connus.
C'est là, à travers elle que nous nous sommes aimés
Pourtant je le savais, et le sais encore,
Ce n'est jamais bon d'aimer un soldat
Infernale répétition
Infernale répétition
La guerre, les missions, les opérations, partout, du moment que ce soit en enfer, il a toujours aimé défier le satan, c'est pour ça que je l'aime encore
Il disait qu'il ne repartirait plus.
Je savais qu'il disait vrai à ce moment là, mais sa vie n'était pas avec moi, avec nous
Il m'écrivait qu'il reviendrait.
Il m'écrivait "attends moi, je t'aime"
Il m'écrivait que j'étais son refuge. Lequel ? je ne sais pas, il n'était heureux qu'en conduisant ses foutus blindés, les seuls avec qui il faisait vraiment corps.
Aujourd'hui je m'en fous, j'étais heureuse qu'il vienne, qu'il soit là, il a su que je ne pourrai pas la vivre seule cette journée cette fois, il est le seul à savoir ça, à tout savoir de moi car on se ressemble..
Il m'écrivait "attends moi, je t'aime"
Il m'écrivait que j'étais son refuge. Lequel ? je ne sais pas, il n'était heureux qu'en conduisant ses foutus blindés, les seuls avec qui il faisait vraiment corps.
Aujourd'hui je m'en fous, j'étais heureuse qu'il vienne, qu'il soit là, il a su que je ne pourrai pas la vivre seule cette journée cette fois, il est le seul à savoir ça, à tout savoir de moi car on se ressemble..
Il n'avait pas promis mais il ne m'a pas dit cette fois "je n'aurai pas du... je regrette...'
Il m'a dit "je veux prendre soin de toi, te protéger de la guerre, te protéger de tout, je veux être là, maintenant.. Si tu veux, si tu peux, si tu m'aimes, si tu m'aimes encore , si tu m'aimes toujours."
Je n'ai rien dit, j'ai pleuré, pleuré, toutes les larmes d'une vie, de mes vies, toute les larmes que peut contenir une vie je crois.
Il n'a pas toujours été là, j'ai tremblé bien des fois, à chaque fois
J'ai passé et passe encore ma vie à trembler...
Ce n'est jamais bon d'aimer un soldat
Foutue répétition
Foutue répétition
Il a été là pourtant quand j'ai soufffert, sans le dire, discret... mais là, je sentais sa présence.. cela me suffisait.
Il était là ce 22 juin, tremblant pour moi, il n'en menait pas large ce jour là, mon bel officier, mon fier tankiste, tout pâle, pleurant devant ce bébé si petit, notre fille..
Il a été un bon père, nous avons été de bons parents je crois.
La vie est cruelle, parfois souvent
Mais un enfant lie deux êtres pour toujours quoiqu'il arrive.
Il m'a dit comme la dernière fois "prends tout le temps que tu veux, que tu voudras, qu'il te faut, qu'il te faudra...je ne suis pas pressé, je t'attends........ Depuis tellement longtemps".
Il m'a pris dans ses bras, je crois que je me suis endormie.
Il m'a regardée et pour la première fois m'a dit
'Pardon"
Cela change tout..........
Ce serait tellement plus simple
Si je ne l'aimais plus.
Brigitte Judit Dusch.
crédit photo @brigittedusch