Psychanalyse Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 8 décembre 2011

La poésie

Et si la poésie ne servait à rien ? Et si elle n'existait pas ?
Peut-on imaginer un monde sans cette parole là ?
La parole nous fait vivre et plus encore, ad venir dans le monde des vivants, dans le monde de l'humanité
La poésie nomme ce que nous ne pourrions peut-être pas dire, ou entendre autrement.
Rêver les mots ? Mais pas seulement.
Les assembler et les mettre en image.
Art éternel, pour l'éternité de l'humanité.
Peut-être ?
Mettre en mot, l'absurde et l'insolite, l'extra ordinaire et l'ordinaire
Le dire autrement, et pas seulement en rimant..
La présence de l'absence, la trace de la langue et de l'imaginaire
De l'irréel qui s'infiltre dans le réel pour en révèler les manques et les désirs
Désirs et envies d'être simplement en vie.
Simplement ?
Ou pas...
Poésie qui nomme la douleur, la souffrance de vivre, mélancolie de l'ennui
Questionnement éternel de l'humain qui se demande ce qu'il fait là et pourquoi ?
Seuls ces mots, ce langage là peut dire ça ?
Dasein ?
La métaphore, l'allégorie, rhétoriques de la vie qui parfois se traine, qui se subit qui se survit,
Mais qui ne suffit pas !
Trace de l'inconnu, du désir obscur enfoui au plus profond de l'être...
Nul n'est besoin, nul n'a besoin de tenter de définir la poésie,
Poésie de la vie, du rêve, du souvenir et de l'avenir !
Empreinte indélébile marquant au fer de l'âme l'esprit le plus rebelle, elle garde en elle le rythme des coeurs, le son des mots qui grondent à l'intérieur et s'échappe du gouffre qui fait peur !
Mais elle est là, il faut la saisir, la prendre au mot, juste, seulement un petit peu
Etre sur le quai, être à l'heure...
Car elle ne repassera peut-être pas ?
L'homme et la parole sont alors en marche pour ce rendez vous, cette rencontre sublime qui ne peut se rater !

samedi 3 décembre 2011

Antisémitisme

Je feuilletais hier quelques pages de la somme d'Enriquez* sur le lien social, une référence, malgré les années.
L'auteur tentait une explication de l'antisémitisme à la lumière des écrits de Freud (et ils sont nombreux à ce propos, quoi qu'on en dise)
Antisémitisme....?
Une ombre qui rôde depuis ? Des siècles. Un fantôme qui ne disparait jamais vraiment, qui va et vient, mais qui reste présent toujours !
Toujours ! Pas un seul moment de l'histoire du monde, de l'humanité, de France sans que ce mot n'apparaisse !
On ne parle pas d'antichristianisme, d'antibouddhisme... D'anti...Mais d'antisémitisme oui.
Certes les guerres de religions ont bien existées, des luttes fratricides ont ravagées la France à plusieurs reprises, et il en subsiste des traces encore,  visibles ou non !
Mais l'antisémitisme ?
Il ne s'agit pas dans cet humble billet d'en donner une explication, d'essayer de comprendre, de poser des hypothèses, mais simplement de porter notre réflexion sur ce que ce mot contient, comment il résonne, à quoi il renvoit !
Une peur ancestrale de ce qui est étranger, différent, qu'on ne comprend pas, la projection de toute la violence, de la haine, sur la victime émissaire, et nécessaire pour expier ce qui ne peut être accepté et nommé en soi...
Nommer, nous y voila...
Désigné.
L'antisémitisme est ainsi nommé, et avance ! Il prend forme, il prend vie, façonné par les rumeurs, les peurs, les rancoeurs..
 A de nombreuses reprises dans l'histoire il a été non seulement nommé, mais encouragé.
Il montre, démontre, monstre. C'est le monstre....Qui désigne celui qui doit mourir...
Il en fait la démonstration… Il en explique le bien fondé, la nécessité. Il faut détruire cet autre là, justement celui là.
Une mauvaise chose, une tare, une maladie, un vice, une monstruosité... que d'être juif.. !
L'antisémitisme devint alors le rempart de cette société malade d’elle-même et le seul pour combattre cette gangrène qui la rongeait alors !
En advint des justifications, des élucubrations trouvant leur origine dans la Science, le comportementalisme, la morphopsychologie.  La nécessité de légitimer !
Légitimer et légiférer, décréter. En sont témoins les lois de Vichy ! Plus zélés que les lois nazies !!!!
Puis tout s’en mèle, les médias, la propagande, l’art et la littérature, les écrits de Louis Ferdinand Céline en sont un florilège.
Etre antisémite devient alors nécessaire à la cohésion de la communauté, essentiel à sa survie puisque cette minorité la mettrait en danger, il convient donc de l'exterminer !
La solution finale....
Une mise en mot et une mise en actes...Nous le savons.
Nous connaissons aussi la suite....
L’horreur, la découverte ( ?) de cette horreur, l’homme face à ses démons, à sa haine à ses pulsions de mort, de destruction….
Pulsions terribles qui ne peuvent s’imaginer, se représenter, se mettre en mots !
Les survivants, pauvres fantômes ne sont pas tolérables ! Toute cette vérité n’est pas croyable, seuls des monstres auraient pu être capables !
Hannah Arrendt, le procès de Nuremberg, nous ont prouvé que non, ils étaient des hommes et des femmes ordinaires, pas seulement nazis, mais miliciens, français… Unis dans la haine du juif !
Il convient de condamner, de dire qu’il ne faut plus ! Devoirs de mémoires…

L'antisémitisme condamnable, condamné, car cette folie des hommes les avaient conduit à leur perte ! L'humanité s'était "des - humanisée" en stigmatisant une partie des siens, en les condamnant et les exterminant !
L'homme a tué l'homme, l'a sacrifié sur l'autel de sa folie... Personne dit encore n'avoir pu imaginer,
se représenter l'irreprésentable, l'in représentable.
Et pourtant ! Cela fut. A été. L'homme a encore du mal à assumer, à pardonner, à se pardonner... A imaginer que lui, l'être civilisé a pu...A se regarder. Car à présent il ne peut nier ! Il sait, il peut être celui là….Il doit se protéger.
Alors l'antisémitisme ne peut plus être, de doit plus être, est condamnable...
Car pas exterminé, pas exterminable...
Nous en avons la preuve aujourd'hui;
Il avance à grand pas, à visage découvert, si j'ose dire... Certains adversaires n'avançant que voilées... Mais ils annoncent clairement qui est l'ennemi, le nomme sans peur, sans crainte, au nom d'un soit disant dieu, d'un soit disant homme qui détiendrait une vérité... Celle qu'ils sont les meilleurs, encore ! Et qu'ils doivent combattre les infidèles !
Ces ennemis là, nous les connaissons, les identifions, aisément, clairement, ils ne se cachent pas...Au contraire, ils revendiquent haut et fort leur haine de l'autre ! De cet autre.
Alors ?
Quid de la bête immonde qui sommeille encore ! Qui sommeille au plus profond de l'être, du citoyen, du sujet ordinaire, qui n'est ni soldat de dieu, ni religieux quoi que...
Persuadé du bien fondé de sa terre chrétienne et du mal fondé du juif qui a tué le fils... le fils de son dieu... Il ne peut faire taire sa haine qui grandit au fond de lui !
Atavique, génétique, héréditaire presque pour certains...Pas tous !
Contrairement aux fous de dieu, celui là avancera à pas feutrés, sans se découvrir, c'est propre à lui depuis des siècles, l'histoire nous l'a tant et tant démontré ! Il ne peut plus brûler impunément de sorcières, intenter des procès en sorcellerie, dénoncer celui ou celle qui.. l'Inquisition n'est plus !
Erreur ! Celle ci sommeille encore, telle une taupe endormie, espion de la guerre froide, bien tapie au chaud du le lien social
L'antisémite nouveau, (pas si nouveau que ça) est là, et agit, dans l'ombre à son puissant et invisible niveau, il sévit, punit, décrète, choisit, laisse éclater quand il peut, comme il peut sa haine du juif, de l'élève au salarié, de l'étudiant au patient, du citoyen ordinaire au politique... Il est juif... Donc, voilà.... Différent, singulier...
L'antisémitisme pas si nouveau que ça ce sont les mots, les réflexions sur une personne dont le nom ne sonne pas trés catholique...En tous cas pas "d'ici".... Tout cela dans un cadre banal, dans une discussion banale de gens ordinaires !
Et de ressortir les clichés d'avant guerre, ces images immondes qui sommeillent toujours dans certains esprits !
Il ne leur faudrait pas grand chose à ces gens ordinaires, il suffirait d'un rien pour qu'il déterrent à nouveau la hache de guerre, pour qu'ils se laissent aller à leur haine ordinaire !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

*Eugène Enriquez De la horde à l’Etat, Gallimard 1991

mardi 29 novembre 2011

Voir en miroir

Voir en miroir...
Se voir ? Et que voir ?

Je vous propose quelques vers, ceux d'un poète, la présence de l'absence...

"Quand nul ne la regarde
La mer n'est plus la mer
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit"

J Supervielle

jeudi 24 novembre 2011

Poésie

L'art de mettre les mots, l'art des mots...
Dire autrement, mais dire...
L'art? La poésie est-elle art ?
Une étrange parole qui habite l'espace, l'espace du silence
...Une étrange parole qui envoûte le silence
Etrange et singulier, étrange et pourtant familier
Une parole qui s'inscrit dans notre silence...
Création !
La poésie est au coeur de l'art, au coeur de l'homme, au coeur de son humanité, au coeur de la pensée
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vendredi 18 novembre 2011

Tirer leçon

Tirer leçon

Je lisais la semaine dernière un article qui posait la question de savoir si tel représentant d'un peuple tirerait la leçon d'un événement particulier...
j'ai lu attentivement son énonciation, il ne proposait aucune réponse, il se demandait simplement...Si
Alors, à mon tour je me suis demandée ce que "tirer leçon" veut dire ?
Quel sens cela a t-il ? Est ce nécessaire de prendre leçon d'un fait, d'un événement, d'une situation...
D'en apprendre quelque chose pour soi, pour l'avenir.. D'apprendre !
Apprendre !
C'est ce mot qui importe...
Apprendre suppose un souhait, une motivation, une reconnaissance, celle de ne pas savoir, de ne pas tout savoir, de remettre en cause, en question son propre savoir, de le confronter au savoir de l'autre...
l'autre ! Encore lui !
Il est décidément partout cet autre !!!!
Le savoir de l'autre...
Admettre déjà l'autre, et dans la situation dont il était question, c'était bien de cet autre là, nié, gommé, haï, détesté, tué, annulé dont il était question !
Mais ne nous égarons pas encore que....
L'autre, quoi qu'on fasse est là, existe ! et c'est tant mieux. L'autre est celui qui fait de l'autre un sujet social et ainsi de suite; Se crée le lien social, la société, le monde... La vie
Les uns et les autres. Nous sommes tous l'autre de l'autre, l'autre de quelqu'un.
Admettre cela parait simpliste, simple et pourtant, c'est bien là où ça coince, vraiment, car penser à l'autre et surtout penser l'autre ne va pas de soi... Sinon ce serait en effet simplissime !
Penser l'autre, son existence, sa différence et sa singularité, nous en avons déjà parlé
Nous vivons entourés d'autres, nous en sommes les hôtes, en les recevant et en les visitant.
Maintenant que cet autre, fait partie de notre étant, et de notre pensée, il faut accepter son savoir, son autre savoir, son autre discours qui nous est donné à entendre, qu'il nous donne à entendre
Une histoire de communication ? Simplissime alors !
Nous savons tous que non, ces histoires là sont tordues, complexes, perverses.. parfois
Car si on entend l'autre, l'autre discours de l'autre, comment l'entend ton ?
Avec quelles oreilles ? Que mettons nous derrière ces mots, quelles intentions lui prêtons nous ? Et réciproquement !
Que veut-il de nous par ce discours
La langue de l'autre
L'autre qui prend langue, pour quoi ?
Que veut-il ? Que nous veut-il ?
C'est là que rien ne va vraiment plus, ou que ça va de travers, que les chemins de traverses s'entrecroisent et se méle
Pour entendre et comprendre il faut être deux qui parlent la même langue, qui ont les mêmes mots pour désigner les mêmes choses... Ou que l'un sait ce que l'autre veut dire avec ses mots qui n'ont pas le même sens que les siens.
Une sorte de compréhension mutuelle, la plus proche possible, la moins mauvaise possible
Le savoir de l'autre est à ce prix, et parfois hors de portée de notre portée et de la sienne...
Entendre l'autre, et remettre en question son propre savoir.
Se dire que peut-être le savoir de l'autre pose question ? Complète, affirme, infirme son propre savoir, qu'il vient s'y ajouter, que ce savoir là apporte quelque chose à notre savoir
Que le discours de l'autre apporte quelque chose à son propre discours...
Prendre langue..
Ainsi pour tirer leçon de quelque situation, de la réaction de l'autre, s'il faut le reconnaitre, s'il faut entrer dans son discours, ce qui n'est pas aisé, il faut et c'est là l'essentiel faire le constat qu'on ne sait pas tout, qu'il reste quelque chose à apprendre toujours, qu'il n'y a pas de vérité, que celle ci peut se remettre en jeu...

Aussi, parfois... Qu'il faut accepter, reconnaitre, tolérer et respecter. Que l'autre peut nous enseigner, nous aider à comprendre, à grandir, à devenir...
Accepter que l'autre peut-être à l'origine, au commencement de ce processus...
C'est d'ailleurs cet autre, étrange étranger qui fait le fondement de la société, qui joue le rôle de la filiation et de la transmission.
Freud lui même ne s'y était pas trompé dans sa grande fresque mythique où il explique comment l'homme accède à l'humanité.
En posant l'Interdit.
La métaphore de l'inceste...
L'interdit de l'inceste qui empêche l'individu de s'enfermer au sein même de son propre clan, l'obligeant à aller voir 'ailleurs" au dehors de ses frontières, de s'ouvrir au monde.
Il s'agit d'une invitation à l'altérité...!
L'autre... Encore
L'autre pour...
Ainsi, tirer leçon, nous apparait bien illusoire, si ce n'est que la métaphore, encore une, de la nécessité de devoir aller vers l'autre, de sortir de sa Horde, de son monde clos.. pour fonder le lien social...
Ailleurs...
Pour simplement accéder à l'humanité. Donc de s'inscrire dans la fonction du manque, ce manque qui façonne du désir..
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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