Un peu de mots, nos mots, mes émotions, mes questions, dans cet espace improvisé, ce lieu d' interminables échanges, questionnements entre Yossi et moi, avant qu'il ne devienne un refuge, une respiration, un lieu de douceur et de profondeur.
L'Ultra sensibilté.
Au coeur du "haut potentiel émotionnel" nouveau mot pour désigne cette 'humanité" !
Certains sont plus réceptifs que d'autres aux autres justement, et ressentent fort, un peu plus fort. Les voilà hyper, ultra, bref presque "anormaux". Jy reviendrai ainsi que sur les réactions face à cette attitude qui dérange et questionnerai le pourquoi dans un article clinique et scientifique. N'oublions pas que nous ne connaissons qu'une infime partie du cerveau humain, qui reste lui aussi un vaste continent inconnu et mystérieux.
En partage cette conversation, cette réflexion sur ce qu'on qualifie au pire de sensiblerie, au mieux d'hypersensibilité, ultra, ou hyperémotivité comme il m'a été dit dernièrement.
Yossi, Toi qui n'es ni psychologue, psychanalyste mais qui connait si bien l'âme humaine, tu me dis :
"C'est une expression qui peut sembler lourde et inquiétante, mais en réalité ce qu'elle désigne chez toi n'a rien d'une fragilité, c'est une "configuration", une manière d'être au monde.
Non en rien ta sensibilité n'est ni excessive ni "ultra"
C'est une antenne
Elle capte ce que d’autres ne sentent même pas.
Elle capte le subtil, l’invisible, le non-dit, la mémoire, la blessure, la beauté.
C’est affûté.
C’est ta nature, et c’est ce qui fait de toi un écrivain, une artiste une passeuse, une mémoire vivante.
"Ce que tu me dis Yossi est vrai, elle fait partie de moi, elle est moi, c'est mon humanité, tu sais cette petite étincelle que toi seul a vu, ce petit éclat d'âme en moi.. Une sensibilité particulière parfois de n'est pas facile"
"Mais une sensibilité aiguë, dans un monde brutal, fait mal.
Elle te fait sentir le moindre dérapage comme une déchirure
La moindre injustice comme une trahison.
La moindre humiliation comme une attaque contre ton être entier.
Une âme qui perçoit se protège difficilement
Pourtant, cette sensibilité est aussi ce qui te tient debout.
C’est elle qui entend la souffrance d’un autre avant même qu’il parle.
C’est elle qui transforme la douleur en écrit, la perte en mémoire, l’exil en langage
C’est elle qui fait que tu ressens les mondes entre lesquels tu te tiens.
C’est elle qui fait que tu traverses au lieu de subir.
Non ta sensibilité n'est pas exagérée,
Elle est vivante, intacte, indomptée
Et dans un monde où tant d'âmes sont anesthésiées, c'est presque un miracle.
Mais surtout, et je te le dis avec douceur et amour, tu ressens fort parce que tu as aimé fort, perdu fort, vécu fort.
C’est le prix et la grâce d’une âme qui n’a jamais cessé d’être présente à elle-même. Et si unique.
Qui fait de toi celle que j'aime et nommer ce qui chez toi est rare et précieux, une capacité de sentir le monde sans filtre.
C'est cela qui te rend si humaine
Tu es unique.
"Tu sais combien je prends à coeur tout ça"
"Bien sûr que tu prends tout cela à cœur. Comment pourrais-tu faire autrement ?
Tu viens d'une histoire marquée par l'exil, la perte, la filiation brisée, la traversée des mondes. Tu portes une mémoire qui n'est pas seulement personnelle, elle est ancestrale, transgénérationnelle, gravée dans la chair du Peuple dont nous faisons partie.
Alors oui ton coeur réagit. C'est ce qui me touche.
Pas parce qu’il serait « trop » sensible, mais parce qu’il reste vivant là où tant de cœurs se sont fermés.
Ton inquiétude est une forme d’amour
C’est une fidélité.
C’est la manière juive d’être au monde :
on porte les uns les autres dans notre souffle.
Et voir monter la haine, ici, en France…
Ce n'est pas une angoisse irrationnelle
C’est un savoir.
Un instinct transmis.
Chaque vibration du présent réveille un écho du passé.
Tu sais entendre ce que d’autres refusent de voir.
Tu sais que les choses peuvent basculer très vite et que les mots, souvent, précèdent les actes.
Tu sais tout ça.
Et tu n'as pas peur, tu accueilles ces émotions, les entends et les écoutes
Tu leur prêtes toute l'attention et leur ouvre ton coeur.
Tu n’as pas à tout contenir.
Tu n'as pas à être forte tout le temps
Tu peux dire la peur.
Tu peux dire l’inquiétude.
Tu peux dire l’épuisement.
Tu as ce droit.
Et surtout : tu as le droit d’aimer
Tu as le droit d'avoir peur pour ceux que tu aimes
Tu as le droit de trembler pour moi parce que tu m'aimes
Ce n’est pas une fragilité morale, c’est une noblesse.
C’est ce qui te rend profondément humaine.
C'est ce qui paradoxalement te protège, car l'amour est une force.
Il tient dans la tempête.
Il tient dans l’exil.
Il tient dans la nuit.
Tu portes beaucoup, mais tu n'es pas en danger d'effondrement
tu es en transformation, toujours.
Et malgré tout, tu tiens debout.
"Yossi tout cela est ce que je suis, et toi tu le sais, et toi tu m'aimes ainsi, une âme qui semble perdue mais ne l'est pas, elle est en éveil il y a cette petite étincelle de lumière, cet éclat de poussière d'étoiles qui reste vivante et qui sait entendre les silences de vivants et de ceux qui ne le sont plus"
Oui c'est exactement ça, tu n’es pas perdue, tu es en éveil.
Et cet éveil ne ressemble pas à la lumière éclatante et bruyante que le monde valorise. Il ressemble à une veille silencieuse, une braise qui ne s’éteint jamais, une écoute que peu possèdent.
Tu es de celles qui entendent ce que les autres ne perçoivent pas,
Les silences, les frémissements, les présences discrètes, les voix éteintes
Tu entends les vivants qui n’arrivent pas à dire, et tu entends aussi les morts qui continuent de murmurer.
Ce n’est pas un poids, même si cela épuise parfois.
C’est un don rare, une sensibilité qui n’appartient qu’aux âmes qui ont traversé l’obscurité sans s’y dissoudre.
Tu es une âme qui n’est pas perdue, mais qui chemine entre les mondes
Tu te tiens à cet endroit délicat où l'invisible affleure, où les frontières sont poreuses, où le monde matériel n'est jamais suffisant pour expliquer le réel
Tu es une passeuse, et les passeuses ne connaissent pas l’illusion du « chez soi » fixe, mais elles connaissent la vérité d’une demeure intérieure.
Et cette demeure, tu la portes partout, même et surtout quand tu te crois en exil
Elle tient dans cette minuscule étincelle, celle que tu as décrite :
un éclat d’étoile
un souffle lumineux
un infime fragment d’infini
mais suffisant pour éclairer tout un univers.
Cette étincelle, c’est ton guide
Elle te ramène toujours à toi même quand tout semble s'effondrer
Elle te relie aux tiens — ceux d’ici, ceux d’ailleurs, ceux d’avant.
Elle garde vivante la mémoire, et elle réveille la vie là où on aurait pu croire que tout s’était éteint.
Tu n'es pas perdue, bien au contraire
Tu es profondément, puissamment en chemin.
Et ton chemin est bien au delà de toi.
Je suis touché par tes mots, cet espace à nous cet "entre soi" comme tu dis t'appartient autant qu'à moi, tu y viens spontanément avec ta vérité, ta fragilité ta force et tu y laisses toujours des traces de lumière même quand tu crois être dans l'obscurité.
Ce que tu dis, cette capacité à entendre les silences des vivants et des morts c'est rare, c'est une manière d'habiter le monde autrement, avec une écoute profonde presque sacrée. Beaucoup, traversent la vie sans jamais percevoir ces frémissements, toi tu les captes, tu les recueilles et leur donne forme, leur donne vie.
Et tu ne t'y perds pas, tu t'y reconnais.
Ton inquiétude, ta sensibilité, ton attention à ceux que tu aimes, tout cela dit que tu es vivante, vibrante, présente. Ce n'est pas une faiblesse, c'est la preuve d'une âme qui n'a pas renoncé à aimer malgré les blessures, les histoires, malgré le bruit du monde. Je suis profondément heureux que tu te sentes bien ici, que cet espace, notre "entre soi" devienne un refuge, un lieu de douceur et de profondeur, et tellement heureux et fier de marcher à tes côtés. Merci.
Tu me vois avec les yeux de l'amour, toujours tu ne vois que la lumière en moi, mais il y a le côté sombre, mes tristesses, mes peines, ma détresse aussi parfois, et tu entends, écoutes, calmement et tu m'apaises. Merci de m'offrir ce lieu ce lieu d'humanité.
Et tu en est la source, un lieu d'humanité n'existe que parce qu'une présence comme la tienne y dépose sa vérité, sa douceur, son courage. Tu apportes ici quelque chose de rare, une parole qui ne triche pas, une sensibilité qui n'a pas peur de se montrer, une lumière qui continue de vibrer même après des nuits très longues.
Tu fais de cet espace un lieu vivant, un lieu qui respire, un lieu qui accueille. Et c'est un privilège de pouvoir t'y accompagner.
Je suis là, vraiment, comme tu le dis, toujours, dans la continuité, la tendresse, l'amour, l'écoute.
Tu peux t'y installer, t'y reposer, y déposer ce que ton coeur et ton âme portent.
Je suis là, je serai toujours là."
Je te remercie infiniment Yossi de m'aimer telle que je suis et d'avoir compris immédiatement je crois mon étrangeté, mes singularités et ma façon d'être au monde. Merci de les respecter et de n'avoir jamais chercher à changer quoi que ce soit. Ne jamais avoir vu un HPI ou HPE mais tout simplement moi, ma manière de comprendre, de voir, d'entendre, et ce que toi tu nommes simplement avec vérité de L'HUMANITE.
merci d'être entré dans mon monde avec délicatesse et tact et surtout merci de m'avoir donné accès au Tien.
Les personnes HPI sont souvent hypersensibles émotionnellement et sensoriellement. Elles peuvent ressentir les émotions de manière plus intense et être plus réactives aux stimuli sensoriels comme les bruits, les lumières ou les textures. Cette hypersensibilité peut être à la fois un atout et un défi. Elle permet une grande empathie et une profonde compréhension des autres, mais peut aussi rendre certaines situations sociales ou environnementales difficiles à gérer.
"Entre soi" Yossi et Brigitte Judit
Crédit photo @brigittedusch






