Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 21 juin 2014

Détail

"Mot que le mal de la banalité a mis à l'index, qui ne peut plus être prononcé sans une certaine appréhension, dont la représentation n'est plus la même tant l'acception et le détournement infâme et odieux l'ont fait glisser de sens, l'ont précipité vers la nausée."

Telle en est à présent ma définition.

Encore un ! Mot, idée, phrase, concept... Banalisé, usé et abusé, mot violenté et violé.. Mot capturé, kidnappé et ajouté à une longue liste qui permet de mettre en mot une idéologie nauséabonde.

Mot qui implique une représentation douloureuse, manipulé et instrumentalisé à des fins haineuses, mauvaises, toxiques et perverses.

Dérapage ?... !
Mot de la langue perverti par les pulsions de mort de ces sujets qui n'ont que leur haine à offrir en partage, puis qui s'en expliquent et s'indignent : l'interlocuteur a encore une fois du "mal comprendre"..
Mal entendu, ce mal dit... ?
Sûrement pas, ne soyons pas dupes !

Ustensilisation des mots, des propos et des consciences. Grande Messe de la raillerie et de l'insulte, mal de la banalité encore une fois. Toute puissance et impunité assurées... Le discours se relâche et se lâche, ainsi l'escalade de l'intolérance est à son comble. La violence également. L'insécurité rode, tout comme le crime qu'elle permet et légitime.
Le lien social peut-il encore tenir bien longtemps devant un tel discours "identitaire" ? Ou celui ci ne serait qu'un détail ?... Lui aussi ? Curieux retournement de la situation ?

Oui, certains mots dans la bouche de certains sujets prennent un certain sens, une certaine couleur, une certaine odeur...
Ces mots dits ne me plaisent pas, tout comme la haine et le rejet de l'autre qu'ils génèrent. Incitation à la haine et à l'intolérance, ils sont le relais de l'emprise, et des pensées qui s'autorisent dans toutes les sphères de la société, politique, sportive, culturelle. Dans l'espace du sujet humain qui ne sait plus "vivre ensemble", qui ne veut plus vivre ensemble. Ils prennent origine dans le Mal pour se dissoudre dans le quotidien le plus banal, au détour d'une conversation, d'une plaisanterie ou d'un discours...
Mais voilà le mot est dit, lâché.. Avec ce qu'il sous entend et ce qu'il sous tend !
Mot jeté en pâture, jouez, alimentez, réjouissez vous ! Faites et fêtes en ce que bon vous semblera ! C'est à vous !

Le détail est un mot fort, qui prend tout son sens et toute sa puissance dans le discours dont il est lui même le détail. Elément de rhétorique il n'échappe pas à l'écoute, à l'ordre des mots et à leur sonorité, il résonne et donne le ton, il s'accorde ou pas, selon certains rythmes, certaines cadences. Il se scande et se chante, se marmonne ou se hurle, se crie ou se murmure, coule ou coince, se coince et se noue au fond de la gorge. Il sonne faux !
Surtout quand il marche au pas de l'oie...

Le détail est un mot qui à présent dérange, un mot dont le son à une certaine résonance, une certaine  raisonance. Il appartient alors au registre trop familier du discours de l'intolérance. Celle de l'autre encore une fois. Minorant, minimisant, détail de l'histoire et histoire du détail qui se fond sur le fond et se tient sur fond de rhétorique mais usé et instrumentalisé de telle sorte que celui qui le dit lui donne ce sens qui sent le souffre et le diable qui lui insuffle.

Lors d'un dernier dérapage car l'euphémisme est à la mode, (d'usage fréquent en ces moments de troubles, de lien social distendu et tordu) certains s'insurgent et clament fort qu'on ne peut plus dire quoi que ce soit, user des mots sans que certains -qu'ils ne nomment pas mais désignent cependant- y voient ce qu'il ne faudrait pas y voir.
C'est donc qu'il y a quelque chose à y voir, un quelque chose qui ne serait pas beau à voir. Projection encore, perversion de la langue,des mots et du discours.
Perversion tout court !

On ne s'en sort, pas on nage dedans sans même savoir vraiment nager. On ploie sous le poids ! Faire de la victime un assassin, pratique courante chez le pervers qui se repait et jouit à n'en plus finir de lire dans le regard de celui qu'il provoque la stupeur, l'effroi et surtout l'incompréhension.
Ce discours est un détail, et la vie n'est qu'une somme de détails plus ou moins bien assemblés, une fournée de détails... Mots qui se tordent d'horreur, mais dont personne ou si peu osent en relever l'essence diabolique, malsaine et toxique.
L'histoire est une somme de détails, de génocides, de meurtres, de tragédies, de guerres, de tueries, de sang...Et d'horreur. L'homme est au coeur de son histoire, chaque jour est son oeuvre, il n'en tire aucune leçon, et n'en détaille aucune mesure.
Une transgression dont ils se délectent et jouissent. Etymologiquement transgresser est le fait de traverser, franchir, aller au delà des limites, au delà de l'interdit posé, nous en avons déjà souligné toute l'importance. C'est le franchissement de cette ligne jaune qui fait que le lien social encore une fois peut tenir. Mais peut-on en revenir ? Après ? Peut-il y avoir un après ? Ou bien ce pas en dehors du cadre est-il une mort ? Une mort non seulement du mot mais de la langue, celle qui fait corps ? Ce pas est-il une avancée vers ce Styx mystérieux dont on ne revient jamais ? Cet autre côté qui est peut-être ce côté le plus sombre de l'homme ? Du sujet qui se retrouve alors du côté d'avant l'Humanité, d'où il n'est vraiment jamais sorti ? Cette relation forte, cette tentation du Mal résidant peut-être dans cette résidence là, au fond de la Horde insécuritaire, mais identitaire ? Une Horde sauvage où tout peut être permis ? Sauf le remords et le regrets ?
Est-ce alors seulement un détail ?
Pour l'historien tout détail n'est pas rien, puisque l'histoire en est la Somme ce grand tout qui fait l'histoire des Hommes. Ce détail qui change tout, qui change le visage d'une vie ainsi que d'un monde. Ce détail qui fait que le monde d'après ne sera plus jamais comme avant...Ce qui en fait sa particularité, un détail de la langue... !
Un détail.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

Aucun commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map