Psychanalyse Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 5 janvier 2012

Etre et devenir

Partir Revenir

J'ai revu ce film hier, revu ?
Pourtant il m'a semblé le voir pour la première fois...
Encore une fois.
Il est vrai que les films de Lelouch se ressemblent même s'ils sont à chaque fois différents. C'est là, tout le paradoxe, une sensation de déjà vu, parfois..
Des thèmes récurrents, oui, souvent, la mort, la guerre, la délation, la vie, le désir, l'amour, le questionnement de cet au delà inconnu et présent... La réincarnation
Un film singulier porté par la musique, omniprésente, parfois dérangeante, tellement ! Au point  que l'envie de couper le son me prend tellement c'en est trop ! Stop !
Une musique qui rythme, qui parle, qui dit, qui psalmodie...
Une musique ! Rachmaninov concerto n°2....
Porté par la musique l'histoire narre l'Histoire.
Celle de la guerre, celles de gens ordinaires.. Pas tant que ça pourtant...
Oublié alors  ? Je n'en sais rien
Comme à chaque fois que je regarde ses films, je suis heureuse, ravie, portée, emportée, subjuguées, charmée, enchantée, et mal à l'aise aussi.
Parfois tout cela en même temps !
C'est aussi cela le paradoxe. J'aime ne pas aimer, j'aime ce qui dérange, je suis dérangée parce que j'aime....
L'amour n'est jamais simple...
Mal aise...
 Peut-être parce que justement il s'agit de la vie ordinaire, pas si ordinaire que ça, et que les gens qui font cette histoire de l'Histoire pourraient être n'importe qui.
Parce que l'histoire pourrait être vraie, aurait pu être vraie, est peut-être vraie.
Réincarnation ? Ce thème ne m'obsède pas, je ne crois pas en un au dela possible, mais après tout je n'en sais rien, alors pourquoi pas ?
En revanche... la délation.
Ordinaire,  dénoncer ? Pourquoi ? Volonté de nuire, méchanceté, haine,  vengeance ? Non. Pas seulement. Le film montre que l'amour, la jalousie peuvent conduire à la peur, la peur à la haine, de l'autre puis la haine de soi
Au point que vivre devient impossible !
Vivre nous le savons tous est difficile, demande des efforts, de l'énergie, demande de l'envie  pour se maintenir en vie. Vivre pour ne pas mourir...
Et la musique porte cette envie d'en vie. De ne pas mourir, de vivre pour comprendre, pour savoir Qui ?
Savoir ce qui dérange et pourquoi, savoir ce qui questionne, interpelle... Pour aller au delà.
Voir un film c'est aussi s'approprier l'illusion, faire de celle ci, qui n'existe pas, une réalité, afin d'accéder au réel. A sa propre réalité.
Regarder un film c'est aussi abandonner cette illusion, progressivement, comprendre que cela n'est pas, n'est pas réel, et comprendre le présent, construit par le passé.
Filmer est tout autre, je pense, il y a montrer à voir, à entendre et à écouter, tout comme écrire c'est laisser, quitter, donner un peu de soi à l'autre. Dans l'attente d'une response.
res spondeo ...promettre à son tour...
Une histoire de rencontre. Ou pas,
L'adresse... A quelqu'un qu'on ne connait pas. Si l'art n'est pas sans objet il n'est pas non plus sans adresse. Il faut la présence de l'autre pour que le message prenne sens.
L'autre n'entend pas forcément, ne voit pas forcèment ce qui est donné à entendre ou montrer à voir...
Forcèment.
Il y a de nombreuses années un jeune patient me dit "j'ai pleuré en entendant ça (il parlait de musique baroque) je n'y comprends rien à la musique, je n'ai jamais appris quoi que ce soit là dessus, la musique classique, un truc de baltringue...
Mais c'était fort, ça me prenait là, aux tripes, ça me tordait le ventre, j'étais tout retourné, et jai pleuré ....j'ai rien dit, on se serait foutu de moi... vous comprenez.. "
L'Art avait atteint sa cible... ! Tiré, touché, pris, capturé...
Le cinéma c'est pareil, les images, le son, les dialogues tout emporte, nous transporte dans la réalité de l'illusion.
Il se joue des choses dans cet espace là, intime entre le réel et l'illusion, le dedans et le dehors, infime espace privilégié où l'on peut déposer, reposer, questionner... Mais quoi ?
Ca touche, ou ne touche pas !
Ca parle ou ça ne parle pas
Partir Revenir.. Me parle, me touche, me transporte.... Me questionne. Surtout !
Dans un précédent article je parlais de comprendre, de pardon aussi. Les scènes de l'arrestation me soulèvent le coeur, me donnent la nausée
Le réel dans l'illusion, car ce n'est pas dans la fiction. L'histoire, la vraie, les archives, documents historiques le disent...
Ce n'est pas tant l'arrestation, mais la délation, la gendarmerie française, la Gestapo... Arrêter d'autres français, non d'autres, autres parce que juifs... Une mise à mort, sans état d'âme, un combat inégal ! Des gens ordinaires ou presque...
Mélés à tout ça. Sordide, infâme..
Au nom de quoi ?
"Non je ne pardonne pas, ça je ne peux, ne pourrai jamais pardonner.. Non jamais ! "
Cette phrase là m'a échappé, s'est échappée de l'espace intime,  de cet intérieur du dedans où se mélent réalité et illusion, où se joue "la création du monde"...
Car cette scène, illusion du cinéma fait irruption dans le réel, intrusion sordide d'une réalité qui l'est tout autant !
Trauma... Effraction dans le réel, et dans cet espace intime...?
Une de mes amies me disait à la suite de "Requiem pour un mur" je comprends ta vigilance... Vigilance ? Peut-on l'être, peut-on protéger l'homme de lui même ?
Traverser l'obscur, quitter les ténébres pour gagner la lumière est un parcours du combattant, c'est un combat qu'on engage pour la vie, pas pour la survie. Pas pour vivre à demi. Pour vivre enfin, pour se donner naissance, s'offrir ce cadeau là,  pour dire je, je veux !
C'est peut-être ça, l'illusion du cinéma, de ce cinéma là ?
Un cinéma qui parle, mais qui témoigne...Aussi.
Mais tout comme mon jeune patient...
Tout n'arrive pas forcément à destination. Encore faut-il être présent à l'adresse pour recevoir ce qui nous est destiné.
Pour tenir la promesse et promettre à son tour
Encore un rendez-vous.. Qui peut-être manqué, raté.
Une rencontre avortée...
Ou pas...
Une rencontre troublante, inquiétante, dérangeante, douloureuse... Mais aussi, merveilleuse, puisqu'elle nous permet ce face à face unique avec notre être seul, avec ce moi inconnu, ce je qui est un autre car conjugué à tous les temps du passé, un je à recomposer pour un présent futur.
Un je qui seulement parce qu'il subit ces histoires et ces métamorphoses peut affirmer être un  je suis.
Enfin !

dimanche 1 janvier 2012

Je voeux

Il est coutume de présenter ses voeux pour la nouvelle année, une bien jolie attention, si elle est sincère et désinteressée.
Souhaiter aux amis, à la famille du bonheur, de la réussite, santé, amour, tout ce qu'ils désirent... N'est -ce pas justement un peu trop ?
Un peu trop de trop ? Nous savons tous, qu'il est impossible de tout obtenir, de tout désirer, de tout vouloir, de tout souhaiter. Pourtant il n'est pas question de rester modeste en cette occasion !
Tous nos voeux... Mais voilà, lesquels
Je voeux. Une de mes amies écrivait "je veux vouloir"...
Vouloir. En effet, je veux.
Peut-être faut-il vouloir d'abord, se souhaiter "la bonne année". Puis la souhaiter à ceux qui nous entourent...
L'an se termine et s'ouvre sur la grisaille, pas seulement celle de la météo, mais l'ambiance générale n'est pas au soleil, à la lumière..
Les libations de la veille laissent la place à la gueule de bois du matin.
Les réveils sont parfois douloureux. Le constat est alors effrayant. Le passage à l'an neuf n'a vraiment rien de réjouissant. Il s'ouvre sur une continuité douloureuse, un non espoir cinglant.
Rien de nouveau sous le soleil. Il n'y a plus de soleil, ni noir, ni trompeur...
En une nuit, si courte soit-elle, rien à changer.
Qui aurait eu la folie de le croire ?
Le monde est toujours aussi gris, glacial et sombre...
Nous marchons au coeur de l'obscur, droit vers les ténèbres, et ceux qui veulent nous faire croire le contraire nous mentent ou se moquent...
Ou peut-être, le miracle existe ? C'est possible et je le souhaite. C'est mon veux pour cette  nouvelle année, le plus sincère.
J'aimerais.. Au conditionnel, mais sans condition. Je voeux !
Les réjouissances sont amères cette année ! Cela ne passe pas vraiment. Il est de bon ton, d'être heureux, cette injonction des fins d'années, ces festivités, où on fait le plein de cadeaux, de nourriture, de boissons, de tout..
De tout !
Il faut s'amuser, manger, boire, être heureux, chanter, danser !
Il faut oublier la réalité, un instant, un seul instant...S'enivrer dans un tourbillon, entrer dans un trou noir de paillettes et de confettis..
Pour vivre dans l'illusion, vivre l'illusion d'un monde qui tourne rond.
Où personne ne manque de rien, ou tout le monde mange à sa faim, où les enfants vont à l'école, où il n'est question ni de race, de papiers, de religion de couleur de peau...
Un monde parfait..Ou presque, car nous savons que la perfection n'existe pas !
Un monde où tout le monde est beau, gentil, où ce monde s'embrasse sous les feux d'artifice... Se souhaite les meilleures choses du monde...
Ou tous s'aiment sans conditions, un monde sans guerre, sans faim, sans ...
Un monde sans ?
Mais sans quoi ?
Gueule de bois !
Manque de tout, et manque d'amour surtout !
Il est temps de se reveiller et le voir tel qu'il est ce monde, tel qu'il est en marche..
Tel qu'il avance à grand pas, qu'il progresse et régresse...
Un monde presque parfait en effet, où la singularité n'est plus de mise.
Uniformisation des masses, et j'insiste. Une seule voix, voie, et une seule tête. Car cette tête là sait ce qui est bien et ce qu'il faut faire... Sans laisse de place pour que le plus mince des filets de voix puisse s'élever, pas de voie pour un simple bruissement !
Car la parole se meurt, on la tue en silence et dans l'indifférence générale ou presque. Et c'est ce presque qui représente me semble t-il le seul espoir d'espérance. La faille où peut s'engouffrer les voeux. Le je veux !
Pouvons nous continuer à assister en silence, consentir à ce meurtre là.
A cette perversion là ? Car il ne s'agit en aucun cas de silence de la part de ces meurtriers là. Perversion du langage, mise au service d'un totalitarisme qui ne dit pas son nom. Du moins pas encore !
Tuer la parole, celle qui relie les hommes et qui instaure le lien social. Sans cette parole là, il n'y a plus de confiance, de confiance en soi ni de confiance en l'autre.
L'autre devient un ennemi qu'il faut, craindre, dénoncer, se méfier
Quelle société à venir ?
Le meurtre du sujet. Le meurtre de l'être de langage.
Les nazis affirmaient qu'ils n'y avait pas de pourquoi (cité par C. Lanzman) et en DDR à la question "Warum"' il nous était répondu "Darum"....
La perversion a ici un autre visage, plus pervers encore, car elle maintient le sujet dans l'illusion. Un langage perverti qui laisse croire que la langue lie et relie encore. Alors qu'en vérité tout se délite, tout comme l'humanité de l'humain.

Tout est fait pour que le sujet, l'homme sujet de langage devienne étranger à lui même et le place hors je. Hors du je veux ! Je voeux quoi ?
Horde !
Force de mort, force de destruction...
Alors en cette nouvelle année, que dire et que souhaiter ?
Etre vigilant et laisser entrer la lumière, ce mince rayon de soleil qui force les ténèbres, qui seul peut nous amener hors de l'obscur, fil d'Ariane qui nous mène hors du labyrinthe pour nous faire ad venir à nous même
Pour nous donner la force et le courage de dire non. Pour dire oui, à un monde où chaque sujet reconnaitra son humanité et celle de l'autre. Où il pourra vivre en homme et affronter Thanatos !
En être de parole et de lien social
C'est mon "veux le plus sincère !"

samedi 31 décembre 2011

En fête

Psychanalyse aujourd'hui, vous souhaite une belle fin d'année 2011
Et vous remercie de votre fidélité, de vos messages, commentaires
De vos encouragements
Merci chers lecteurs d'être là depuis trois années.
A l'an prochain.

vendredi 23 décembre 2011

Requiem pour un Mur

Requiem pour un Mur.

Le Mur est tombé !
Il n'est plus, exit le Mur aujourd'hui.
Pourtant, sont encore là ceux qui sont nés, qui ont grandis, qui ont vécus, aimés, soufferts derrière ce mur, de l'autre côté.
Ceux de derrière le Mur....
Ceux là même qui rêvaient de l'occident, de cet autre monde, sorte d'Eden où tout était permis, où tout existait, où tout était possible la liberté comme le chocolat, la poésie de Baudelaire et les séries américaines. Cet occident avec lequel ils entretenaient un rapport difficile, paradoxal aimé et haï, envié et détesté....
Cet occident maudit !
Cet occident où ils rêvaient d'aller, de rester, de vivre.

Je me souviens de cet autre côté, de ces magasins vides ou presque, pourtant les vendeuses étaient là... Du tram de Weimar, de ces magnifiques promenades dans Thüringer Wald, des vacances au bord du Balaton, de Berlin, für immer ! Mais le Berlin de l'Est... pas l'autre, celui de l'ouest, le Berlin américain.. Check Point !
Le Mur !
Exit le Mur...
Réjouissances et bonheur, le totalitarisme était tombé, il était mort et il fallait l'enterrer.
C'en était enfin fini du Mur de la Honte !
Ce Mur de larmes et de sang, où tant et tant étaient morts pour avoir essayé de le franchir. Epris de liberté, surveillés, menacés ils avaient au péril de leur vie osé... Ils étaient tombés sous les balles implacables des soldats surveillant cette frontière.
Nul ne devait rejoindre l'autre côté. Trahir leur patrie !
Traitres et ingrats !
Il était enfin tombé...
Cris de joie, de liesse, c'est était fini de tout ça !
J'étais en vacances, j'ai entendu, j'ai pleuré... Longuement pleuré, doucement...

Je me souviens de cet Est, celui même que décrit admirablement Makine dans ses romans.
Que reste t-il ? Des films, des images, des vieilles cartes postales, des Trabans, de vieux billets de banques, des clichés surtout !
DDR !
Des émotions, des souvenirs... Peine, douleur, bonheur, joie, souffrance tout cela mélés..
Vestiges de ce passé en ruines, de ce monde qui  n'existe plus,  remplacé par un autre, avant un autre... Peut-être ?
Derrière le Mur, il y avait la Terreur, l'angoisse et la peur, la crainte de l'autre, de son voisin, de la police, de la milice. La peur tout simplement.
Derrière le Mur, le silence était d'or, la parole pouvait tuer !
Ce derrière là, continent inconnu et obscur objet de tous les fantasmes en cet occident . De cet Est là  l'opulence et l'insolence occidentale ne voyait que des bolcheviks et des staliniens, des espions du KGB, où les gens n'avaient rien, avaient faim... Forcément.
Je me souviens des paroles  rapportées par mes enfants. Celles de leurs professeurs à qui ils disaient que leur maman avait passé un certain temps derrière ce Mur : "La pauvre ! Comme elle a du souffrir".. Ce qui les faisait rire !
Insouciance de la jeunesse, des jeunesses...
Certains rapportent avec une certaine honte qu'ils gardent de bons souvenirs de leur enfance pendant la guerre "on passait le temps dans les caves pour éviter les bombardements, et comme je détestais l'école, ça m'arrangeait bien...Je n'oserai jamais dire ça " m'a raconté un jour une personne agée maintenant !
Insouciance de l'enfance, mais n'est ce pas le propre de l'enfance justement ?
Cet Est était vivant ! Bien vivant, vivant dans la crainte d'être dénoncé, dans la peur du lendemain désanchanté, bien qu'il n'ait jamais vraiment chanté, dans l'angoisse de ce demain qui ne pouvait peut-être jamais arriver... Dans la souffrance d'être séparés à tout jamais peut-être de ceux qui étaient restés de l'autre côté avant que ne soit élevés ces sinistres barbelés séparant le monde en deux,  séparant les gentils  des méchants...Pour faire un monde où parfois le soleil était trop brûlant !
Des êtres bien vivants qui chantaient aussi, étaient heureux et attendaient que les lendemains deviennent un peu plus gais et se mettent à chanter. Enfin ! Car forcèment. Demain viendra
Car forcément il faut bien vivre !
Vivre en pensant à maintenant, à demain peut-être, à la liberté... De l'autre côté de ce Mur, où tout pouvait se dire, se faire, s'entendre, s'acheter... Peut-être ?
Vivre et rêver...
Rêver pour vivre...
L'espoir...
Il leur en faut, encore et toujours ! Il leur en faut du courage, de la patience, de la foi à tous ces peuples de l'Est pour continuer malgré tout à croire, à espérer.
 Rien n'a tué l'espoir, le désir et l'envie.
Aujourd'hui encore, plus que jamais peut-être ?
L'envie plus forte que tout de vivre et d'aimer, comme je l'écrivais à un ami, il faut avoir dans les veines de ce sang là, pour comprendre; il faut que dans ces mêmes veines coulent l'espérance et l'amour, l'abnégation et la foi, le fatalisme et le désir de vivre
Si je ferme les yeux, je me revois dans ces magnifiques forêts, ignorant alors que ces arbres abritaient les plus sinistres des camps, car de cela jamais il n'a été question !
Je revois ces banderoles et ces inscriptions qui nous exhortaient à remercier les soviétiques de nous avoir sauvés du diable capitaliste ! Ces mêmes qui  saccageaient, épuisaient, rendaient exsangues les terres fertiles et affamaient ses habitants !
J'entends encore cette propagande, tout le temps, partout, comme pour nous empêcher de penser... Occuper notre esprit, le conditionner... Pas de face à face avec son être seul, et si seul pourtant !
Si je ferme les yeux, je me revois avec mes amis rire et chanter, nous moquer de l'instructeur qui tentait de nous inculquer les idées essentielles qui feraient de nous des "gens de bien", de nous expliquer que plus tard le "monde serait mieux".
Ces vacances "cosmopolites" avec ceux des "pays frères" ...Toutes ces langues de l'Est dont le dénominateur commun était l'allemand, ou le russe, selon les moments !
Je me revois enseigner le français à des jeunes enfants, avides de connaitre tout de ce beau pays, qui avait vaincu le leur...Je revois les fêtes, les défilés, l'hymne national soviétique, les petits amis, "Micha mon frère" qui m'a montré comment faire un lit pour ne pas avoir froid.....

C'était à Prague...Il y avait un violon et tu disais...Les marronniers n'étaient pas toujours en fleurs, mais c'était à Prague....
Ce sont des moments, des instants brefs mais comme le dit Andreï Makine : Eternels. Je sens encore l'odeur de ces fôrets en même temps que cette peur lors de l'arrestation par les milices,  nous n'avions pas de papiers un soir d'été à Leipzig !
Aujourd'hui quand je retourne à l'Est, un seul regard suffit. Nul besoin de paroles. Nos yeux suffisent à dire. Si l'on se croise, nous, ceux qui ont connu ce monde là, celui qui n'existe plus.
Un seul regard pour nous reconnaître, pour savoir que nous savons.

Le regard de ce vieil homme dans le tram de Budapest ! Nous nous sommes dit tant de choses, en un seul regard. Nous avons embrassé toute une époque, tout un savoir....
Une tristesse infinie... Où se mélent mélancolie, nostalgie, mais laquelle ? Celle de ce monde déchu, ou de cette jeunesse qui brûle sa liberté en oubliant l'essentiel ?

Comme si tout tenait dans les yeux...A travers les yeux.... Une histoire sans parole !
Cette histoire est inscrite au plus profond de ceux qui ont grandi derrière ce mur, qui sont nés derrière ce mur, qui sont mort derrière ce mur... Elle est eux... Ils en gardent la trace pour toujours.. Comme l'accent, celui des Ossi et la langue, celle des Zeks !

Si tous ce souvenirs me reviennent aujourd'hui, un peu plus que d'habitude, c'est peut-être parce qu'il y a quelques jours, en France où je vis, un homme me voyant prendre des photos s'est approché et m'a dit "vous prenez des photos, pourquoi faites vous ça ?"
Cela faisait tellement de temps !
Je ne m'attendais plus à ce qu'on me pose ce genre de question... Dans un monde "Libre"
C'est aussi parce que j'ai à tout jamais et pour toujours cet Est là dans le coeur et dans la chair. Il fait partie de moi.
Ich bin Das auch !

mercredi 21 décembre 2011

Au tour de l'Art.

L'Art est-il beau ? Utile ou inutile ?
Futile ?
Essentiel, nécessaire...
l'Art est-il création de l'homme ou de la nature ?
L'Art est-il Création ? Tout simplement.
Qui décide ? Et de quoi ?

Le beau est singulier, L'Art est singulier, mais l'Art est-il beau, nécessairement Beau ?
Et le beau est-il nécessairement de l'Art ?
l'Art est parfois étrange, curieux, dérangeant, amusant, obcène, magique, merveilleux, différent il ne laisse pas indifférent.
Il plait, il séduit, il agace, il parle, il répond, il questionne, il interpelle, il apaise, il soigne, il est !
Il est ? Mais qui ? Mais quoi ?

L'homme décide ou pas,  l'homme pense ou pas, il pense et repense l'Art, l'oeuvre d'Art.
L'Art panse l'homme, son âme et ses blessures,
L'Art le met en joie.
L'oeuvre est-celle de l'art, nécessairement,
Faut-il de l'Art pour faire une oeuvre ?
Une oeuvre d'art, une oeuvre de l'art, un art de l'oeuvre ?
Achevée.. Achevé... Inachevée..
Sans fin, infinie et sans limites ?
Encadrer l'Art ? L'art en cadres ?

L'Art est nécessaire, l'Art est beau ou pas !
Beau ? Nécessaire ? Essentiel ? Encore.

L'Art est partout, si l'on veut,  si l'on regarde, s'arrête.
Il surgit de nulle part
Sans qu'on s'y attende !
L'Art nous surprend, et nous prend, là où nous sommes....

Il est dans la ville, la campagne, la forêt, la mer et le ciel...
Nous sommes présents à lui...
L'Art nous habite...
Comme nous l'habitons, l'accaparons. Il y a une réciprocité dans toute cette histoire là. Curieuse histoire en vérité, compagnonnage singulier, ignoré parfois, mais qui est là, silencieux mais rebelle, révolté mais fidèle.

Voir, entendre, écouter, goûter, toucher, sentir...
L'Art est ce qu'on perçoit, ce que l'on ressent.
Ce qui nous prend, nous entraine, nous découvre, nous prend, nous submerge..
Il prend possession de nous...
Le Beau en est-il alors le discours...
Où l'Art ne se dit pas, ne se justifie pas. L'Art est libre, aussi libre que la poésie de Prévert qui pour nous séduire n'use pas des artifices convenus.
Un art sans condition.
L'Art est parole ?

Le Beau est le sensible, ce que l'Art donne au sens dans l'intuition, dans sa vision.
L'Art qui nourrit, l'âme, le corps et l'esprit et qui s'en nourrit, s'en imprègne
Musique, peinture, sculpture, cinéma, poésie, littérature... Ce qui suscite l'émotion... Ce qui suscite les sens, l'essence du Beau ou pas !
Imiter la nature ou son reflet, infidèle copie, illusion magique, mise en scène tragique.
L'Art ?
Ce qui met les sens sans dessus, dessous, qui met les sens dans tous les sens, qui donne du sens ?
Du sens à la vie... Aussi

mercredi 14 décembre 2011

Certitudes ?

Certitudes ?

Etre sûr, certains... Serait-ce ne pas douter, jamais ?
Etre certain.. Serait-ce avoir confiance en soi ?
Etre affirmé comme on dit dans les magazines ?
Avoir des certitudes, des vérités ? Tenir pour vrai sans réserve aucune ?
Je me souviens de mon professeur de philosophie qui un jour affirma avec certitude "'les certitudes sont faites pour voler en éclats"
Le caractère volontairement polémique et provocateur de sa phrase devait nous interpeller.
A cet age, j'avais depuis longtemps abandonné le peu de certitudes que je pensais avoir,la vie s'en était heureusement (mais ça je peux le dire aujourd'hui) chargée.
J'avais très tôt compris que rien n'était jamais acquis, que tout pouvait vaciller d'un jour à l'autre, d'une minute à l'autre. Que chaque jour était à vivre....Et à penser.
Les certitudes seraient-elles donc ça, des choses, des notions,des concepts qui nous apporteraient la sécurité, la sureté, la confiance ?
Confiance ? Confiance en soi. A mes patients qui souffrent de ce manque de confiance en eux, j'explique que personne n'a jamais une totale confiance en lui, il serait fou de le penser, de le croire, de faire croire que cela est possible
Car une totale confiance en soi rendrait toute chose toute amélioration impossible. Rendrait le sujet aveugle. Lui ôterait toute possibilité de voir, autrement, autre chose.

La confiance en soi est toujours fragile, pour tous,  et il faut souvent remettre son titre en jeu ! Elle démontre fort bien l'impermanence de tout événement, de toutes choses, rien n'est définitif, jamais !
La certitude ou les certitudes sont ainsi faites, pour être remises en cause. Pascal soutenait que celles ci se trouvaient en la Science et en la Foi... Qu'en dire aujourd'hui ?
Seules les certitudes mathématiques peuvent s'entendre comme t-elles, résultats d'un raisonnement et d'une démonstration aboutie nous permettant d'accepter que deux et deux font quatre, il n'en va pas forcément de même pour les autres !
Sommes nous sûrs de ce que nous voyons ? Vraiment ? Bien sûr.. Sans aucune hésitation ? Vraiment ? Les yeux, les sens ne nous joueraient jamais de tours ?
Tours de passe passe ?
Nos yeux voient-ils, nos oreilles entendent-elles la même chose pour chacun d'entre nous ?
Même les mots n'ont pas pour tous la même acception...
Certitudes ? Incertitudes ?

Illusion et illusoire, Et la Science alors ?
La Science ne peut être tenue pour exacte, même si elle nous laisse ou nous force à croire qu'elle peut tout. D'ailleurs qu'est ce ou qui peut tout ?
Les certitudes scientifiques sont souvent requestionnées, rediscutées, ré évaluées... et permettent d'en mettre à jour de nouvelles, encore et encore...
Car rien n'est définitif ! Ne peut l'être.
Croire ou ne pas croire. Vivre avec des certitudes assure t-il une certaine sécurité à celui qui s'enferme dans cette illusion ?
Il n'est pas aisé de vivre dans cette impermanence, de se dire que ce qui est ne sera peut-être plus, demain, ou aprés demain.
Il n'est pas simple d'admettre que ce qui semble vrai aujourd'hui peut-être remis en cause tout à l'heure. Que tout ce à quoi on croit peut s'écrouler.
Vivre sans aucune certitude est impossible, dangereux. Une sorte de corde raide et de garde fou. L'homme a besoin de ce cadre là. Un sorte de pré carré où il peut évoluer, construire, édifier, vivre... Et laisser la porte et la fenêtre ouvertes. Regarder à l'extérieur, ce qui se passe, ce qui se dit. Il doit pouvoir en sortir et remettre cent fois sur le métier son ouvrage..
Resté cloitré à tout jamais est inconcevable !
Hors de la Caverne !
Car ne pas aller à la rencontre de l'autre, ne pas aller à la rencontre des certitudes de l'autre, ne pas exposer les siennes à cet autre,  ne pas partager, ne pas échanger est impensable !
La curiosité, l'ouverture d'esprit sont nécessaires, essentielles à tout être humain. Il en va de l'humanité et de son humanité.
Le sujet ne peut baigner dans l'illusion d'un savoir qui n'est qu'illusoire et factice.
Les certitudes au risque d'enfermer le sujet sont faites pour voler en éclats.  Au risque de l'empêcher de penser, de s'elever, de s'indigner, de croire, de dire, d'avoir une opinion doivent parfois voler en éclat.
Il lui faut alors re voir, re viser ses propres certitudes. Les remettre en cause et en question à la lumière de nouveaux élèments. La terre était plate, mais elle ne l'est plus !
Pourtant alors tout le monde avait cette certitude !
Et il n'a pas été simple, aisé, facile de l'admettre. Car renoncer à ses certitudes c'est dire "j'ai eu tord", c'est reconnaitre s'être trompé !
Perte de son savoir, d'une partie de soi ! Il faut pouvoir assumer ça et c'est aussi avoir suffisamment de confiance en soi pour être en capacité de le surmonter.  Dire et se dire, que notre pensée, notre avis a évolué.
Il ne s'agit pas non plus de se fondre dans le moule, de tendre vers l'Unicité dangereuse, mais d'accepter d'analyser des informations, des élèments et d'avoir un avis, de faire évoluer sa certitude !
Mais alors quid de la foi, cette croyance qui  ne repose sur rien de scientifique ni de mathématique, cette foi en une religion, en un dogme ?
Etre certain que c'est ainsi ! Que ce dieu est le seul, l'unique en lequel il faut croire et pire prendre au pied de la lettre son soit disant discours ?
Je n'apporterai aucune réponse. Croire ou ne pas croire. Nul ne peut affirmer qu'un dieu existe, et nul ne peut affirmer le contraire....
Des certitudes qui pourtant sont la source de bon nombres d'incompréhension, de guerres, de tueries, de violences et de haines, qui conduisent au rejet de l'autre différent, car il n'a pas les mêmes certitudes !
Des certitudes qui au lieu d'éclairer et de promouvoir les Lumières de l'homme l'enferme dans l'obscurité et les ténèbres. Le renferme dans la Caverne !
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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