- "Je ne veux pas pleurer, je ne dois pas pleurer... Verser des
larmes, pleurer sur moi en fin de compte".... Murmure une analysante,
tout en retenant ses larmes...
Qui viennent pourtant, mais qu'elle retient tant bien que mal au seuil du langage, au seuil de l'ouvert
Qu'elle tient et retient, fermé.
Pleurer, sur qui ? Sur soi.. ?
Pleurer dit-elle en fin de compte... En fin de conte en fin du compte, si toute fois on veut régler ses comptes.
En solde de tout conte ?
Mais faut-il aller alors au devant de l'histoire. Celle qui fait que les larmes arrivent, au seuil ?
Au bord.
Au bord des larmes.
Pleurer, laisser venir, laisser aller, laisser faire et lâcher prise.
Mais quelle prise ?
Qui
est pris qui croyait prendre, pour se déprendre de ce chagrin, de cette
peine, de cette colère, que les larmes disent, expriment en sortant au
dehors
Au dehors du corps, au devant de l'autre.
Larmes, alarmer
Ces
larmes qui parlent peut-être plus que des mots, ces larmes qu'on lâche
ou pas. Ces larmes qu'on ravale, salées et qui ont le goût de l'amer, de
l'amertume, de la mère, du manque, de ce manque qui colle, collage, qui
colle à la peau, à la peau de l'âme.
Larmes de sel, larmes de miel, larmes qu'on lâche pourtant afin de se sentir plus léger, moins lourd.
Mais
ne pas pleurer.. Il ne faut pas pleurer. Sèche tes larmes et sois fort.
Injonction terrible que celle là ! Mais qui s'incruste et qui se fige,
un homme ne pleure pas, pourquoi ? Pourquoi ne le pourrait-il pas ?
Pourquoi ne le ferait-il pas ?.
"Tu ne pleureras pas".
"Il
ne faut pas que je pleure, sur moi, sur ce passé qui n'avance pas, qui
me bouffe qui me ronge et que j'avale jusqu'à la nausée, ce passé qui me
hante, dont je rêve et qui me bloque dans mes rêves dans mon présent
mon futur.. Il ne faut pas que je pleure et pourtant !"
Combien de
mots et de maux qui sont ravalés, relégués au fond de l'âme, bloqués
pour ne pas choquer, s'entrechoquer, s'entremêler... ?
Combien ?
"Je dois être faible, lâche, en tous cas pas quelqu'un de fort... " regrette ce jeune homme.
"Je suis un être sans courage..."
Etre fort, faire face, avoir du courage ? qu'est ce que ça veut dire, vraiment. Faire face à qui, à quoi ? Comment ?
"Qui
pourrait m'aimer, vouloir de moi en sachant qu'il m'arrive de pleurer
parfois, en sachant que les larmes.......... -silence-... je ne peux les
retenir, alors je les ravale, c'est salé, ça pique, ça brûle et ça ne
passe pas, ça reste coincé là au fond de la gorge, comme la peur, les
larmes ont le goût de la peur, oui, c'est ça, je
crois............................................. "
..........................................................
Le goût des larmes, amer et salé, le goût des larmes ?
Ne pas pleurer, ne pas se laisser aller, ne pas laisser aller ?
Parce que ça ne se fait pas, car un homme ne pleure pas ? Quand on est fort on ne pleure pas ?
Qui a dit ça ?
Pourquoi ?
De quelle vérité s'agit-il ?
Est-ce une vérité ?
Peut-être
alors en faut-il du courage, en avoir de ce courage là pour laisser
venir et advenir ces larmes, les libérer et se libérer de ce poids qui
n'en finit pas, de s'en délester.
Lâcher ce qui fait mal, hors de soi...
C'est peut-être là que se loge le vrai courage, celui de ne plus avoir peur d'être soi..
D'essayer de devenir soi
Je pleure et je suis.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalyse Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
Mon livre : "j'aime ma vie"
jeudi 7 mai 2015
vendredi 17 avril 2015
Nouvelle vie
En route pour une nouvelle vie !
Est-ce aussi simple ?
S'affranchit-on du passé aussi simplement, aussi rapidement ?
Suffit-il de changer de lieu, de maison, de travail, de voiture... Pour que la vie devienne nouvelle ?
Neuve ? Autre ?
Changer, autre, nouvelle.
Adieu le passé... On oublie tout, on tire un trait, on recommence.
Ailleurs.
Est-ce aussi simple ?
Poser ses valises sous d'autres cieux permet-il d'oublier les soucis, les difficultés, les problèmes, tout ce qui ne va pas, ne convient pas, qui fait mal ? Qui origine le mal être ?
Une nouvelle vie suffit-elle ? Est-elle nécessaire, permet-elle de se mettre en retrait de la souffrance et de la douleur ? De sa souffrance ? De sa douleur ?
En route pour une nouvelle vie.
C'est à la fois un message d''espoir et de désespoir. L'illusion de croire que l'ailleurs sera meilleur.
Meilleur que le passé ? L'avant ? L'ancien ? Meilleur que cet ici, ce maintenant devenus intolérables ?
Espérer qu'ailleurs on pourra, on verra, on fera, on dira, on aura, on sera
On sera ?
Car c'est encore une fois bien de l'être qu'il s'agit, être ici tout en étant ailleurs, car il n'est pas possible d'être dans ce maintenant qui fait effraction à une réalité inassumable et inavouable.
Alors on se ment ? Pas vraiment, on se raconte des histoires, on se conte des contes pour ne pas avoir à régler ses comptes, pour continuer malgré tout à rester en compte avec soi mais aussi peut-être avec les autres, car ces comptes là restent parfois le peu de lien social, tenu, fragile qui reste en place sans être à sa réelle place.
Mais quelle place ? Une fois encore de quelle place s'agit-il ? S'agite t-il ? Tout est question de place, ici, ailleurs, où ? Là ?
Alors le sujet pense que le lieu peut avoir son importance, déplace la subordonnée pour alléger la proposition principale ?
Ce "Je suis" qui ne souffre pas au final de complément de quelque ordre qu'il soit, désordre et horde ?
Que cet objet soit direct ou on circonstancié ou non !
Qu'il complémente... Comble vide, irrésistible et terrifiant.
Qu'il soit ou pas.
Dire "je suis" simplement est loin d'être simple et relève parfois, souvent même de l'impossible, de cette impossibilité d'être justement.
Alors avoir un autre lieu pour être et se mettre, peut-être ?
Un autre lieu pour s'y loger, s'y cacher, s'y déployer, s'y laisser aller, s'y laisser être
Ce Y prend alors tout son sens, il devient cette condition, sans qui et sans quoi rien ne peut aller, se faire et être aussi.
On espère, on attend, on se dit que 'ailleurs c'est meilleur, mieux que l'herbe est plus verte et que les gens disent bonjour"
Et puis ?
Il faut que la souffrance soit grande, soit intolérable quasiment pour imaginer cet ailleurs en couleur, se dire qu'être là bas sera plus vivable. Il en faut de la douleur dans le coeur et dans l'âme ! Il faut ne plus en pouvoir, ne plus en vouloir, ne plus avoir la force d'être et parfois ne plus avoir la force d'avoir.
Noir, blanc ou gris, monochrome, dichotomique
Si je réussis à passer au vert, ailleurs sera mieux, si le rouge passe avant que je ne traverse...
Pensée magique
Je m'en remets au vent, au hasard, aux dieux de l'Olympe ou d'ailleurs
D'ailleurs !
Alors il reste cet espoir, cette mise en image, cette représentation sauvage cet "es war einmal" qui n'est pas la première, sans doute pas la dernière mais qui permet de tenir de mettre un pas devant l'autre, de se lever et d'avancer
Cette nouvelle vie que l'homme imagine depuis des millénaires, qu'il met en acte pour aller et venir, pour avoir et parfois tenter d'être. Cette nouvelle vie qui lui permet de tenir...
"Es war einmal das Leben"...
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Est-ce aussi simple ?
S'affranchit-on du passé aussi simplement, aussi rapidement ?
Suffit-il de changer de lieu, de maison, de travail, de voiture... Pour que la vie devienne nouvelle ?
Neuve ? Autre ?
Changer, autre, nouvelle.
Adieu le passé... On oublie tout, on tire un trait, on recommence.
Ailleurs.
Est-ce aussi simple ?
Poser ses valises sous d'autres cieux permet-il d'oublier les soucis, les difficultés, les problèmes, tout ce qui ne va pas, ne convient pas, qui fait mal ? Qui origine le mal être ?
Une nouvelle vie suffit-elle ? Est-elle nécessaire, permet-elle de se mettre en retrait de la souffrance et de la douleur ? De sa souffrance ? De sa douleur ?
En route pour une nouvelle vie.
C'est à la fois un message d''espoir et de désespoir. L'illusion de croire que l'ailleurs sera meilleur.
Meilleur que le passé ? L'avant ? L'ancien ? Meilleur que cet ici, ce maintenant devenus intolérables ?
Espérer qu'ailleurs on pourra, on verra, on fera, on dira, on aura, on sera
On sera ?
Car c'est encore une fois bien de l'être qu'il s'agit, être ici tout en étant ailleurs, car il n'est pas possible d'être dans ce maintenant qui fait effraction à une réalité inassumable et inavouable.
Alors on se ment ? Pas vraiment, on se raconte des histoires, on se conte des contes pour ne pas avoir à régler ses comptes, pour continuer malgré tout à rester en compte avec soi mais aussi peut-être avec les autres, car ces comptes là restent parfois le peu de lien social, tenu, fragile qui reste en place sans être à sa réelle place.
Mais quelle place ? Une fois encore de quelle place s'agit-il ? S'agite t-il ? Tout est question de place, ici, ailleurs, où ? Là ?
Alors le sujet pense que le lieu peut avoir son importance, déplace la subordonnée pour alléger la proposition principale ?
Ce "Je suis" qui ne souffre pas au final de complément de quelque ordre qu'il soit, désordre et horde ?
Que cet objet soit direct ou on circonstancié ou non !
Qu'il complémente... Comble vide, irrésistible et terrifiant.
Qu'il soit ou pas.
Dire "je suis" simplement est loin d'être simple et relève parfois, souvent même de l'impossible, de cette impossibilité d'être justement.
Alors avoir un autre lieu pour être et se mettre, peut-être ?
Un autre lieu pour s'y loger, s'y cacher, s'y déployer, s'y laisser aller, s'y laisser être
Ce Y prend alors tout son sens, il devient cette condition, sans qui et sans quoi rien ne peut aller, se faire et être aussi.
On espère, on attend, on se dit que 'ailleurs c'est meilleur, mieux que l'herbe est plus verte et que les gens disent bonjour"
Et puis ?
Il faut que la souffrance soit grande, soit intolérable quasiment pour imaginer cet ailleurs en couleur, se dire qu'être là bas sera plus vivable. Il en faut de la douleur dans le coeur et dans l'âme ! Il faut ne plus en pouvoir, ne plus en vouloir, ne plus avoir la force d'être et parfois ne plus avoir la force d'avoir.
Noir, blanc ou gris, monochrome, dichotomique
Si je réussis à passer au vert, ailleurs sera mieux, si le rouge passe avant que je ne traverse...
Pensée magique
Je m'en remets au vent, au hasard, aux dieux de l'Olympe ou d'ailleurs
D'ailleurs !
Alors il reste cet espoir, cette mise en image, cette représentation sauvage cet "es war einmal" qui n'est pas la première, sans doute pas la dernière mais qui permet de tenir de mettre un pas devant l'autre, de se lever et d'avancer
Cette nouvelle vie que l'homme imagine depuis des millénaires, qu'il met en acte pour aller et venir, pour avoir et parfois tenter d'être. Cette nouvelle vie qui lui permet de tenir...
"Es war einmal das Leben"...
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
dimanche 12 avril 2015
lundi 30 mars 2015
Le mal de l'autre
La mal de l'autre, le mal qui nous fait mal. Ce mal qui n'est pas nôtre.
Que faire ? Que dire ? de ce mal qui fait souffrir, qui ronge l'autre, de ce mal que l'on reçoit en pleine face, car ce mal, là, nous est montré à voir
C'est peut-être ça qui est insupportable, ce "montré à voir" là, insoutenable, qui nous renvoie à nous même, à notre mal possible, passé, présent ou à venir. Peut-être ?
Ce mal qui nous renvoie, à la douleur, à l'impermanence, l'incertitude, l'insécurité, à tout ce qui nous prive de sérénité, qui nous oblige au questionnement de la souffrance, de la déchéance et de la finitude
De la finitude de l'autre.
De notre finitude.
Le mal de l'autre.
Ce mal évoqué, exprimé par les proches des patients atteints de maladies graves, ces proches qui attendent, qui sont à l'affut, du moindre signe, de la moindre douleur, du symptôme qui peut dire, souligner, rappeler que le mal est là, ou qu'il n'est pas loin, qu'il revient.
Hypervigilance, éveil, écoute, tous les sens sont là actifs, furtifs, surveillant intensément trop peut -être ce qui peut les inquiéter;
Proches, trop proches en effet. Mais peuvent-ils être autrement, en être autrement ?
Etre là ? Ou pas.
Car n'être pas là, se défendre de voir, de regarder, d'entendre, dénier, pour ne pas souffrir, car à quoi bon s'infliger ça encore, puisqu'on ne peut rien faire.
Que faire d'autre face à l'impuissance ?
Cette maladie, ce mal être qui use, fatigue aussi bien le malade que son entourage, qui peu à peu s'habitue au mal, à la souffrance à la plainte
Car il n'y peut rien. Alors il feint, se réfugie dans un état proche de l'indifférence, ou qui montre à voir, à comprendre ça... Mais qui n'en n'est pas peut-être. Il faut bien vivre, à défaut de vivre bien.
Alors que faire de ce mal qui n'est pas le sien, mais le Sien, celui de cet autre qui nous le montre à voir parfois si cruellement, ce mal lancé, balancé à la figure qui finit par faire mal. Aussi.
"Je n'en peux plus, alors je ne demande plus rien, je fais comme si je ne voyais rien, comme si je n'entendais rien, sourde, muette et aveugle pour ne pas souffrir, mais vous savez au fond, j'ai tellement mal"...
"Que voulez vous qu'on fasse, chaque matin on se demande, comment, dans quel état"
"A vous je peux le dire, mais nous n'en pouvons plus de le voir comme ça, s'il pouvait partir sans trop se rendre compte"
"Qu'est ce que le médecin va encore dire ? C'est reparti on recommence le cirque infernal des examens de contrôle... "
Tous ces mots, ces plaintes des autres, proches de cet autre qui lui est LE malade, encore une fois, qui les entend et les prend en compte. Et qu'en faire ?
Leur dire que oui, ils ont le droit de ne plus en pouvoir, de ne plus en pouvoir d'entendre, supporter ce poids et ce fardeau. Une fois encore. Entendre tout ça pour alléger un peu la plainte car on en peut en soulager le mal. Comment ne pas compatir ?
Leur dire qu'ils n'ont pas à culpabiliser d'en avoir assez, de ne plus avoir envie d'entendre la plainte de cet autre qui se meurt alors qu'eux sont en vie
Eros et Thanatos encore, la mort et la vie, l'un donnant l'autre, car donner la vie, c'est aussi donner la mort, un jour ou l'autre, mortels, nous le sommes tous.... Alors ?
Le mal c'est aussi un rappel de la vie à la mort, que la vie est mortelle, qu'elle passe... Aussi.
Mais le mal, la douleur de l'autre, montrée à voir, lancée à la figure, une douleur qu'ils ne peuvent apaiser. Les voilà confrontés à l'impuissance, l'inéluctable, l'impermanence, la non possibilité d'agir. Solitude !
Etre confronté à ce qu'on ne peut maitriser, contrôler, régir, être confronté à ses limites, celles qu'on ne peut franchir, car elles sont indépendantes de la volonté de l'être, du sujet humain, qui est humain juste pour cette raison, celle là même qui fait qu'il n'est pas la "main divine". Qu'il n'est pas au dessus de ces Lois. Lois hors du champ de l'humain, de la science qui promet tout, mais qui ne peut rien tenir.
Face au néant, au vide. Sidéral et Sidérant
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Que faire ? Que dire ? de ce mal qui fait souffrir, qui ronge l'autre, de ce mal que l'on reçoit en pleine face, car ce mal, là, nous est montré à voir
C'est peut-être ça qui est insupportable, ce "montré à voir" là, insoutenable, qui nous renvoie à nous même, à notre mal possible, passé, présent ou à venir. Peut-être ?
Ce mal qui nous renvoie, à la douleur, à l'impermanence, l'incertitude, l'insécurité, à tout ce qui nous prive de sérénité, qui nous oblige au questionnement de la souffrance, de la déchéance et de la finitude
De la finitude de l'autre.
De notre finitude.
Le mal de l'autre.
Ce mal évoqué, exprimé par les proches des patients atteints de maladies graves, ces proches qui attendent, qui sont à l'affut, du moindre signe, de la moindre douleur, du symptôme qui peut dire, souligner, rappeler que le mal est là, ou qu'il n'est pas loin, qu'il revient.
Hypervigilance, éveil, écoute, tous les sens sont là actifs, furtifs, surveillant intensément trop peut -être ce qui peut les inquiéter;
Proches, trop proches en effet. Mais peuvent-ils être autrement, en être autrement ?
Etre là ? Ou pas.
Car n'être pas là, se défendre de voir, de regarder, d'entendre, dénier, pour ne pas souffrir, car à quoi bon s'infliger ça encore, puisqu'on ne peut rien faire.
Que faire d'autre face à l'impuissance ?
Cette maladie, ce mal être qui use, fatigue aussi bien le malade que son entourage, qui peu à peu s'habitue au mal, à la souffrance à la plainte
Car il n'y peut rien. Alors il feint, se réfugie dans un état proche de l'indifférence, ou qui montre à voir, à comprendre ça... Mais qui n'en n'est pas peut-être. Il faut bien vivre, à défaut de vivre bien.
Alors que faire de ce mal qui n'est pas le sien, mais le Sien, celui de cet autre qui nous le montre à voir parfois si cruellement, ce mal lancé, balancé à la figure qui finit par faire mal. Aussi.
"Je n'en peux plus, alors je ne demande plus rien, je fais comme si je ne voyais rien, comme si je n'entendais rien, sourde, muette et aveugle pour ne pas souffrir, mais vous savez au fond, j'ai tellement mal"...
"Que voulez vous qu'on fasse, chaque matin on se demande, comment, dans quel état"
"A vous je peux le dire, mais nous n'en pouvons plus de le voir comme ça, s'il pouvait partir sans trop se rendre compte"
"Qu'est ce que le médecin va encore dire ? C'est reparti on recommence le cirque infernal des examens de contrôle... "
Tous ces mots, ces plaintes des autres, proches de cet autre qui lui est LE malade, encore une fois, qui les entend et les prend en compte. Et qu'en faire ?
Leur dire que oui, ils ont le droit de ne plus en pouvoir, de ne plus en pouvoir d'entendre, supporter ce poids et ce fardeau. Une fois encore. Entendre tout ça pour alléger un peu la plainte car on en peut en soulager le mal. Comment ne pas compatir ?
Leur dire qu'ils n'ont pas à culpabiliser d'en avoir assez, de ne plus avoir envie d'entendre la plainte de cet autre qui se meurt alors qu'eux sont en vie
Eros et Thanatos encore, la mort et la vie, l'un donnant l'autre, car donner la vie, c'est aussi donner la mort, un jour ou l'autre, mortels, nous le sommes tous.... Alors ?
Le mal c'est aussi un rappel de la vie à la mort, que la vie est mortelle, qu'elle passe... Aussi.
Mais le mal, la douleur de l'autre, montrée à voir, lancée à la figure, une douleur qu'ils ne peuvent apaiser. Les voilà confrontés à l'impuissance, l'inéluctable, l'impermanence, la non possibilité d'agir. Solitude !
Etre confronté à ce qu'on ne peut maitriser, contrôler, régir, être confronté à ses limites, celles qu'on ne peut franchir, car elles sont indépendantes de la volonté de l'être, du sujet humain, qui est humain juste pour cette raison, celle là même qui fait qu'il n'est pas la "main divine". Qu'il n'est pas au dessus de ces Lois. Lois hors du champ de l'humain, de la science qui promet tout, mais qui ne peut rien tenir.
Face au néant, au vide. Sidéral et Sidérant
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
vendredi 13 mars 2015
Ecriture.
L'écriture, Ecrire, écriture. Du journal intime au roman il se passe quelque chose, il passe quelque chose, quelque chose passe.
Ce quelque chose c'est les mots, des mots assemblés qui jouent et se jouent en formant une curieuse farandole qu'on nomme la phrase. Des mots qui ont un nom, commun, singulier, propre, pluriel. Des mots qui ont une fonction, verbe, sujet, complément, attribut, épithète.
Adjectif, adverbe, conjonction, pronom... toutes ces pièces d'un puzzle qu'il nous faut assembler à la langue et dans la langue afin de dire ou ... D'écrire. Décrire.
Ecrire c'est dire, dire est aussi écrire
Alors qu'est ce que la "création littéraire", ce message singulier qui à force de mots tient discours et langage. Tient discours à la langue, tient à la langue...
Est à la langue ?
De quoi l'écriture alors est-elle le lieu ? L'espace ? Qu'est ce qui se loge dans ce creux ?
Est-elle le lieu de l'intime, de ce "ça" qui vient questionner l'autre, le bousculer ? L'interpeller ?
A t-elle une fonction exacte ? précise ?
L'écriture dévoile et se dévoile, elle est le lieu où se dépose l'inter-dit. Aussi.
Que trouve t-on dans ces mots écrits par l'autre, pas forcément pour l'autre ? S'y retrouve t-on ? Y puise t-on de soi, de son histoire ? Que découvre t-on à travers ce récit au miroir des mots de cet inconnu qui m'est étranger comme je lui suis moi ; cet étrange inconnu ? Cet étranger qui exprime ce que JE ne peux exprimer, ce qui ne peut sortir au dehors : ces mots, ces quelques lettres qui sont au fond de mon âme ? Ce que je ne peux mais que lui peut au détour d'un autre chemin mais que je croise à son insu ?
Improbable rencontre.
C'est donc en ce lieu que s"opère cette curieuse alchimie ? Singulier laboratoire que cet espace qui n'offre de silence que le son parfois amer de cette perception endormie et qui ne demande qu'à se réveiller ?
Est-ce alors ce besoin d'aller au devant de l'autre, cet autre qui sans peur, peut-être expose son intime en toute intimité et impudeur, qui me met dans le coup au moment même où je m'engouffre dans la brêche entrouverte ou béante là devant moi ?
Ecriture ?
Et crie ture
Ecriture sienne qui devient alors mienne et que je m'approprie en toute liberté, transgressant cet inter-dit qui ne demande peut-être pas à être ravi. Kidnappé. Est-il en partage cet intime là, ce lieu de l'écrit mais pas forcément de l'écriture, car ça ne va pas de soi
Y a t-il cette réciprocité de la conversation de l'échange qui fait que nous sommes au moins deux. Même dans cette expérience là les deux sont réunis, ils ne cohabitent pas, ne partagent pas non plus, car y a t-il mêmeté dans ce partage qui n'en n'est pas un . Qui n'en n'est plus un ?
Imposture et illusion ; Malentendu
Nous n'en savons rien, nous supposons, nous pensons savoir qu'en ce leu même de l'écrit nous sommes touchés par les mots de toutes les couleurs qu sont une douce ou triste musique qui résonnent à n'en plus finir à défaut de raisonner.
Peut-on offrir mais peut-on aussi accepter cette mêmeté en partage ?
A qui parle t-on dans l'écriture ? A qui s'adressent ces écrits, ces mots fragmentés mais assemblés ? Que livre t-on par là ? Quels moments ? Quels souvenirs, quelles émotions cèdent-on, concèdent-on ou non à cet autre qui s'en fera le lecteur, l'écouteur. Cette écriture est-elle égoïste, altruiste, livrée, déchargée, jetée en pâture à la face de cet inconnu dont on n'attend rien pas même la moindre connivence ou ben est-elle savamment étudiée, composée, mise en forme afin d'être présentée à ce même autre, dont on n'attend guère plus et qui en fera ce que bon lui semblera.
Impudeur ? Certes il en faut, car il faut se mettre à nu, dévoiler le caché, le sombre et l'obscur dans cette pseudo clarté qui n'est en réalité qu'un leurre, montrer à voir cette authenticité pas si vraie que ça mais qui même sous le masque transpire à grosses gouttes ou pointe le bout de son nez pour narguer la fragilité la plus fébrile qu'on souhaite pourtant cacher, tenir scellée. Ces petits fragments épars qu'on ne peut recoller, même sous la forme d'écrit. Car il y a et il y aura toujours du manque dans l'écriture, dans l'écrit ce manque qui fait la faille où celui qui reçoit parfois malgré lui peut s'y loger, s'y engouffrer, mais pas trop au risque de s'y perdre.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Ce quelque chose c'est les mots, des mots assemblés qui jouent et se jouent en formant une curieuse farandole qu'on nomme la phrase. Des mots qui ont un nom, commun, singulier, propre, pluriel. Des mots qui ont une fonction, verbe, sujet, complément, attribut, épithète.
Adjectif, adverbe, conjonction, pronom... toutes ces pièces d'un puzzle qu'il nous faut assembler à la langue et dans la langue afin de dire ou ... D'écrire. Décrire.
Ecrire c'est dire, dire est aussi écrire
Alors qu'est ce que la "création littéraire", ce message singulier qui à force de mots tient discours et langage. Tient discours à la langue, tient à la langue...
Est à la langue ?
De quoi l'écriture alors est-elle le lieu ? L'espace ? Qu'est ce qui se loge dans ce creux ?
Est-elle le lieu de l'intime, de ce "ça" qui vient questionner l'autre, le bousculer ? L'interpeller ?
A t-elle une fonction exacte ? précise ?
L'écriture dévoile et se dévoile, elle est le lieu où se dépose l'inter-dit. Aussi.
Que trouve t-on dans ces mots écrits par l'autre, pas forcément pour l'autre ? S'y retrouve t-on ? Y puise t-on de soi, de son histoire ? Que découvre t-on à travers ce récit au miroir des mots de cet inconnu qui m'est étranger comme je lui suis moi ; cet étrange inconnu ? Cet étranger qui exprime ce que JE ne peux exprimer, ce qui ne peut sortir au dehors : ces mots, ces quelques lettres qui sont au fond de mon âme ? Ce que je ne peux mais que lui peut au détour d'un autre chemin mais que je croise à son insu ?
Improbable rencontre.
C'est donc en ce lieu que s"opère cette curieuse alchimie ? Singulier laboratoire que cet espace qui n'offre de silence que le son parfois amer de cette perception endormie et qui ne demande qu'à se réveiller ?
Est-ce alors ce besoin d'aller au devant de l'autre, cet autre qui sans peur, peut-être expose son intime en toute intimité et impudeur, qui me met dans le coup au moment même où je m'engouffre dans la brêche entrouverte ou béante là devant moi ?
Ecriture ?
Et crie ture
Ecriture sienne qui devient alors mienne et que je m'approprie en toute liberté, transgressant cet inter-dit qui ne demande peut-être pas à être ravi. Kidnappé. Est-il en partage cet intime là, ce lieu de l'écrit mais pas forcément de l'écriture, car ça ne va pas de soi
Y a t-il cette réciprocité de la conversation de l'échange qui fait que nous sommes au moins deux. Même dans cette expérience là les deux sont réunis, ils ne cohabitent pas, ne partagent pas non plus, car y a t-il mêmeté dans ce partage qui n'en n'est pas un . Qui n'en n'est plus un ?
Imposture et illusion ; Malentendu
Nous n'en savons rien, nous supposons, nous pensons savoir qu'en ce leu même de l'écrit nous sommes touchés par les mots de toutes les couleurs qu sont une douce ou triste musique qui résonnent à n'en plus finir à défaut de raisonner.
Peut-on offrir mais peut-on aussi accepter cette mêmeté en partage ?
A qui parle t-on dans l'écriture ? A qui s'adressent ces écrits, ces mots fragmentés mais assemblés ? Que livre t-on par là ? Quels moments ? Quels souvenirs, quelles émotions cèdent-on, concèdent-on ou non à cet autre qui s'en fera le lecteur, l'écouteur. Cette écriture est-elle égoïste, altruiste, livrée, déchargée, jetée en pâture à la face de cet inconnu dont on n'attend rien pas même la moindre connivence ou ben est-elle savamment étudiée, composée, mise en forme afin d'être présentée à ce même autre, dont on n'attend guère plus et qui en fera ce que bon lui semblera.
Impudeur ? Certes il en faut, car il faut se mettre à nu, dévoiler le caché, le sombre et l'obscur dans cette pseudo clarté qui n'est en réalité qu'un leurre, montrer à voir cette authenticité pas si vraie que ça mais qui même sous le masque transpire à grosses gouttes ou pointe le bout de son nez pour narguer la fragilité la plus fébrile qu'on souhaite pourtant cacher, tenir scellée. Ces petits fragments épars qu'on ne peut recoller, même sous la forme d'écrit. Car il y a et il y aura toujours du manque dans l'écriture, dans l'écrit ce manque qui fait la faille où celui qui reçoit parfois malgré lui peut s'y loger, s'y engouffrer, mais pas trop au risque de s'y perdre.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
mardi 10 mars 2015
samedi 28 février 2015
L'Etre malade
Ce jour là quand je pousse la porte, Arnold* est en larmes
Au fond de son lit, il me regarde et me fait signe d'approcher.
Il pleure, il pleure depuis longtemps...
Il me regarde et me dit : "Que vais-je dire à mes parents ? Comment vais-je dire ça à mon père... ?
Et à ma mère.. "
Silence
Il pleure encore
Arnold est désespéré, il n'arrive pas à parler, il ne peut que pleurer... Doucement, terriblement.
Puis il me regarde : "Vous avez un peu de temps"
Ce temps. Le temps. Ils me demandent tous," si j'ai ce temps". Le temps que sans doute ils pensent ne pas avoir, ce temps qu'ils vont me demander et comme ils me disent parfois "je ne veux pas vous le faire perdre"
On ne perd jamais son temps
J'ai tout mon temps.. Nous avons ce temps
Je rassure Arnold, "oui, j'ai tout le temps, le temps qu'il vous faut.. Pour dire, me dire, nous dire, prenez ce temps, ne vous inquiétez pas"
Alors Arnold sèche un peu ses larmes, mais ne s'apaise pas. Il me regarde encore et me dit
"Le docteur vous a dit ?"
"Non, je ne l'ai pas, vu, personne ne m'a dit"
"J'ai eu les résultats des examens, ce n'est pas bon, qu'est ce que je vais dire à mes parents ? Qu'est ce qu'ils vont penser de moi, je ne suis pas un bon fils, je vais les décevoir... "'
ll pleure
"Ce sera la première fois je crois, la première fois que je vais les décevoir. Toute ma vie, j'ai tout réussi, bien comme il faut, je leur ai fait plaisir, j'ai tout fait comme il voulait, toujours les meilleures notes, les mentions, j'ai exaucé leurs souhaits, ils voulaient tant que je réussisse; et là !"
Arnold pleure encore...
"Et là voilà j'ai merdé sur ce coup là, mes résultats sont nuls,vous comprenez, c'est foutu, je vais mourir, je ne peux pas faire ça à mes parents, je n'ai pas le droit... Que vont-ils devenir ? Que vont-ils penser.. Comment je vais faire pour leur dire ça.. Ils vont m'en vouloir.. "
Arnold me regarde. Encore;
Un enfant, un grand ado, un jeune adulte tout pâle, au fond de son lit. Perdu.
Il a raté ses examens, il va décevoir ses parents, pour la première fois, il ne sait pas comment leur dire ça, les résultats ne sont pas ceux espérés, il a tout "foiré" comme il dit
Alors il pleure et il a peur, comme le gosse qui craint de se faire punir pour une mauvaise note, son contrôle raté, la classe qu'il devra redoubler, parce qu'il n'a pas bien travaillé, pas assez appris...
Peur, puni, peur, décevoir, raté,
Mais il ne s'agit pas d'examen, de concours, de note, de devoirs, de partiels, de leçons.. Il s'agit de sa vie, de la vie d'Arnold.
Il s'agit de la maladie, de ce mot qu'il ne peut dire, qu'il ne peut se dire et qu'il n'arrivera pas à dire à ses parents.
Leur dire "Je suis malade".....................
De crainte d'être un mauvais fils, de les décevoir, de les trahir...
Comme un enfant qui a fait une bêtise, coupable d'être malade. Sujet coupable d'être un objet défectueux, qui ne marche plus comme on voudrait qu'il marche.
Il trahit la confiance, il n'est plus à la hauteur, à la hauteur de l'attente, de l'espoir.
Arnold a mal, mal à lui et mal à l'autre.........
Mal de faire du mal à l'autre, mal de savoir que l'autre va avoir mal
Le mal toujours, ce mal culpabilisateur, assassin de soi et de l'autre ce mal qui tricote le mal encore et encore en une fine dentelle qui recouvre le verbe et la peine.
Fantôme qui rode toujours, bien tapi au fond de la crypte
Il est infidèle, ne transmettra pas, n'assurera ni ce legs ni cet héritage, ni cette continuité qui pourtant va de soi
Mais rien ne va de soi.
Arnold ne sait pas comment dire, comment dire: "Sur ce coup là je vous ai déçu", mais de quel coup s'agit-il ? Que peut-il ? Que peut-il faire ?
A part avoir peur ?
Les "bonnes âmes" diront, "eh bien voilà une belle résilience, vouloir guérir et rester en vie pour faire plaisir à ses parents"........................................
.......................................................................................................................................
Faire plaisir à... mettre les autres dans ce coup là. Quel plaisir il y a ?
Quelle place l'autre a dans cette histoire là ?
Avant d'être à l'autre, ne faut-il pas déjà être à soi ?
Un peu, juste un petit peu, faire pour soi ?
Etre soi ?
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
* Le prénom a été modifié.
Au fond de son lit, il me regarde et me fait signe d'approcher.
Il pleure, il pleure depuis longtemps...
Il me regarde et me dit : "Que vais-je dire à mes parents ? Comment vais-je dire ça à mon père... ?
Et à ma mère.. "
Silence
Il pleure encore
Arnold est désespéré, il n'arrive pas à parler, il ne peut que pleurer... Doucement, terriblement.
Puis il me regarde : "Vous avez un peu de temps"
Ce temps. Le temps. Ils me demandent tous," si j'ai ce temps". Le temps que sans doute ils pensent ne pas avoir, ce temps qu'ils vont me demander et comme ils me disent parfois "je ne veux pas vous le faire perdre"
On ne perd jamais son temps
J'ai tout mon temps.. Nous avons ce temps
Je rassure Arnold, "oui, j'ai tout le temps, le temps qu'il vous faut.. Pour dire, me dire, nous dire, prenez ce temps, ne vous inquiétez pas"
Alors Arnold sèche un peu ses larmes, mais ne s'apaise pas. Il me regarde encore et me dit
"Le docteur vous a dit ?"
"Non, je ne l'ai pas, vu, personne ne m'a dit"
"J'ai eu les résultats des examens, ce n'est pas bon, qu'est ce que je vais dire à mes parents ? Qu'est ce qu'ils vont penser de moi, je ne suis pas un bon fils, je vais les décevoir... "'
ll pleure
"Ce sera la première fois je crois, la première fois que je vais les décevoir. Toute ma vie, j'ai tout réussi, bien comme il faut, je leur ai fait plaisir, j'ai tout fait comme il voulait, toujours les meilleures notes, les mentions, j'ai exaucé leurs souhaits, ils voulaient tant que je réussisse; et là !"
Arnold pleure encore...
"Et là voilà j'ai merdé sur ce coup là, mes résultats sont nuls,vous comprenez, c'est foutu, je vais mourir, je ne peux pas faire ça à mes parents, je n'ai pas le droit... Que vont-ils devenir ? Que vont-ils penser.. Comment je vais faire pour leur dire ça.. Ils vont m'en vouloir.. "
Arnold me regarde. Encore;
Un enfant, un grand ado, un jeune adulte tout pâle, au fond de son lit. Perdu.
Il a raté ses examens, il va décevoir ses parents, pour la première fois, il ne sait pas comment leur dire ça, les résultats ne sont pas ceux espérés, il a tout "foiré" comme il dit
Alors il pleure et il a peur, comme le gosse qui craint de se faire punir pour une mauvaise note, son contrôle raté, la classe qu'il devra redoubler, parce qu'il n'a pas bien travaillé, pas assez appris...
Peur, puni, peur, décevoir, raté,
Mais il ne s'agit pas d'examen, de concours, de note, de devoirs, de partiels, de leçons.. Il s'agit de sa vie, de la vie d'Arnold.
Il s'agit de la maladie, de ce mot qu'il ne peut dire, qu'il ne peut se dire et qu'il n'arrivera pas à dire à ses parents.
Leur dire "Je suis malade".....................
De crainte d'être un mauvais fils, de les décevoir, de les trahir...
Comme un enfant qui a fait une bêtise, coupable d'être malade. Sujet coupable d'être un objet défectueux, qui ne marche plus comme on voudrait qu'il marche.
Il trahit la confiance, il n'est plus à la hauteur, à la hauteur de l'attente, de l'espoir.
Arnold a mal, mal à lui et mal à l'autre.........
Mal de faire du mal à l'autre, mal de savoir que l'autre va avoir mal
Le mal toujours, ce mal culpabilisateur, assassin de soi et de l'autre ce mal qui tricote le mal encore et encore en une fine dentelle qui recouvre le verbe et la peine.
Fantôme qui rode toujours, bien tapi au fond de la crypte
Il est infidèle, ne transmettra pas, n'assurera ni ce legs ni cet héritage, ni cette continuité qui pourtant va de soi
Mais rien ne va de soi.
Arnold ne sait pas comment dire, comment dire: "Sur ce coup là je vous ai déçu", mais de quel coup s'agit-il ? Que peut-il ? Que peut-il faire ?
A part avoir peur ?
Les "bonnes âmes" diront, "eh bien voilà une belle résilience, vouloir guérir et rester en vie pour faire plaisir à ses parents"........................................
.......................................................................................................................................
Faire plaisir à... mettre les autres dans ce coup là. Quel plaisir il y a ?
Quelle place l'autre a dans cette histoire là ?
Avant d'être à l'autre, ne faut-il pas déjà être à soi ?
Un peu, juste un petit peu, faire pour soi ?
Etre soi ?
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
* Le prénom a été modifié.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.