Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 13 mars 2015

Ecriture.

L'écriture, Ecrire, écriture. Du journal intime au roman il se passe quelque chose, il passe quelque chose, quelque chose passe.
Ce quelque chose c'est les mots, des mots assemblés qui jouent et se jouent en formant une curieuse farandole qu'on nomme la phrase. Des mots qui ont un nom, commun, singulier, propre, pluriel. Des mots qui ont une fonction, verbe, sujet, complément, attribut, épithète.
Adjectif, adverbe, conjonction, pronom... toutes ces pièces d'un puzzle qu'il nous faut assembler à la langue et dans la langue afin de dire ou ... D'écrire. Décrire.
Ecrire c'est dire, dire est aussi écrire
Alors qu'est ce que la "création littéraire", ce message singulier qui à force de mots tient discours et langage. Tient discours à la langue, tient à la langue...
Est à la langue ?
De quoi l'écriture alors est-elle le lieu ? L'espace ? Qu'est ce qui se loge dans ce creux ?
Est-elle le lieu de l'intime, de ce "ça" qui vient questionner l'autre, le bousculer ? L'interpeller ?
A t-elle une fonction exacte ? précise ?
L'écriture dévoile et se dévoile, elle est le lieu où se dépose l'inter-dit. Aussi.
Que trouve t-on dans ces mots écrits par l'autre, pas forcément pour l'autre ? S'y retrouve t-on ? Y puise t-on de soi, de son histoire ? Que découvre t-on à travers ce récit  au miroir des mots de cet inconnu qui m'est étranger comme je lui suis moi ; cet étrange inconnu ? Cet étranger  qui exprime ce que JE ne peux exprimer, ce qui ne peut sortir au dehors : ces mots, ces quelques lettres qui sont au fond de mon âme ? Ce que je ne peux mais que lui peut au détour d'un autre chemin mais que je croise à son insu ?
Improbable rencontre.
C'est donc en ce lieu que s"opère cette curieuse alchimie ? Singulier laboratoire que cet espace qui n'offre de silence que le son parfois amer de cette perception endormie et qui ne demande qu'à se réveiller ?
Est-ce alors ce besoin d'aller au devant de l'autre, cet autre qui sans peur, peut-être expose son intime en toute intimité et impudeur, qui me met dans le coup au moment même où je m'engouffre dans la brêche entrouverte ou béante là devant moi ?
Ecriture ?
Et crie ture
Ecriture sienne qui devient alors mienne et que je m'approprie en toute liberté, transgressant cet inter-dit qui ne demande peut-être pas à être ravi. Kidnappé. Est-il en partage cet intime là, ce lieu de l'écrit mais pas forcément de l'écriture, car ça ne va pas de soi
Y a t-il cette réciprocité de la conversation de l'échange qui fait que nous sommes au moins deux. Même  dans cette expérience là les deux sont réunis, ils ne cohabitent pas, ne partagent pas non plus, car y a t-il mêmeté dans ce partage qui n'en n'est pas un . Qui n'en n'est plus un ?
Imposture et illusion ; Malentendu
Nous n'en savons rien, nous supposons, nous pensons savoir qu'en ce leu même de l'écrit nous sommes touchés par les mots de toutes les couleurs qu sont une douce ou triste musique qui résonnent à n'en plus finir à défaut de raisonner.
Peut-on offrir mais peut-on aussi accepter cette mêmeté en partage ?
A qui parle t-on dans l'écriture ? A qui s'adressent ces écrits, ces mots fragmentés mais assemblés ? Que livre t-on par là ? Quels moments ? Quels souvenirs, quelles émotions cèdent-on, concèdent-on ou non à cet autre qui s'en fera le lecteur, l'écouteur.  Cette écriture est-elle égoïste, altruiste, livrée, déchargée, jetée en pâture à la face de cet inconnu dont on n'attend rien pas même la moindre connivence ou ben est-elle savamment étudiée, composée, mise en forme afin d'être présentée à ce même autre, dont on n'attend guère plus et qui en fera ce que bon lui semblera.
Impudeur ? Certes il en faut, car il faut se mettre à nu, dévoiler le caché, le sombre et l'obscur dans cette pseudo clarté qui n'est en réalité qu'un leurre, montrer à voir cette authenticité pas si vraie que ça mais qui même sous le masque transpire à grosses gouttes ou pointe le bout de son nez pour narguer la fragilité la plus fébrile qu'on souhaite pourtant cacher, tenir scellée. Ces petits fragments épars qu'on ne peut recoller, même sous la forme d'écrit. Car il y a et il y aura toujours du manque dans l'écriture, dans l'écrit ce manque qui fait la faille où celui qui reçoit parfois malgré lui peut s'y loger, s'y engouffrer, mais pas trop au risque de s'y perdre.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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