Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 2 novembre 2009

25 Frs

Elle n'avait que 25 fr, pour vivre elle, sa fille laissée à ses parents, dans sa Vendée natale, et son fils, ce dernier né... venant de naitre.
25 fr, pour trois ...
"Ce n'est pas assez, je ne peux pas "a t-elle déclaré alors à l'Assistante publique où elle a déposé son enfant, lui, le fils, le dernier né...quelques jours après sa naissance
Lui... Laissé là, quelques jours après qu'elle l'ai mise au monde ..
Mis et laissé au monde
Mais comment vivre avec 25 fr à Paris en 1900...?
Comment ?
"Le père voyant Mlle ....enceinte pour la deuxième fois la laissée et est parti sans dire où il allait" a scrupuleusement inscrit l'employé de l'Assistance
Formule toute faite... ? Père : case vide, néant, inconnu.....X
Père ?
Qui était ce père qui abandonne une femme a qui il a fait deux enfants...Ou un seul ? Nul ne sait, ou celui qui savait a emporté avec lui ce secret dans la tombe !

Secret, tombe, squelette, fantôme..Non dit, caché, tu, tué...Pas dit, honte, culpabilité, crypte........

"N'ayant plus d'aide et déjà une fille de quatre ans et demi en nourrice, se voit forcée d'abandonner le dernier né, ses gages n'étant pas suffisants pour les besoins de trois personnes"
Cruelle destinée...

Mais laquelle ? Celle de cet enfant laissé, confié à l'Assistance pour y être nourri...Celle de sa mère, obligée de laissé ce dernier né faute de moyens pour l'élever ?
Cruelle ? Pour qui ? Pour quoi ?
Ces destins là sont courants, banals presque... Peu d'argent...Donc pas de moyens.
Absence de moyens, a, privatif... Abandon, don, sans don, je laisse à...
Abandon..
Laissé là cet enfant pour une autre vie, une vie différente...Peut-être ?
Espérant alors que l'Autre, cet état providence substitut aura davantage de moyen. Un plus qu'elle n'a pas, car c'est seulement des moins qu'elle, cette mère là peut offrir. Comment donner du moins même si deux moins donnent soit-disant du plus ?
Moins... Laissé à.
Et de repartir pour sa propre vie, une autre vie, différente.... Sûrement, car elle ne pourra plus être comme avant. Peut-être ?
Historienne, je me suis interressée à l'abandon, celui des enfants, au cours des siècles, au cours du temps, je me suis interrogée aussi sur l'amour maternel, l'amour familial, le désir d'enfant... l'amour de ses enfants ?
Femme, mère, psychanalyste, je me suis posée, j'ai posé ces mêmes questions...
L'amour.... Comment peut-on parler de cet amour là, un amour qu'on ne connait pas, un contexte autre. 25 frs...
Nul ne peut juger, nul n'a le droit de dire, il fallait, il faut, elle doit, elle aurait du..
Nul, personne, ne peut, ne sait,

Qui sait ?
Etrange affaire que celle là... Une femme enceinte choisit de laisser aux bons soins de l'Assistance cet enfant là, le dernier né, qu'elle a porté neuf mois, et nourri une dizaine de jours... Pourquoi ?

Amour ? Maternel ? Liens ? Lait ? Nourriture ? Allaitement ? Maternel ? Lien....Mais lequel
Cet enfant là... Que sait-il de tout ça ? Je ne sais pas... Peut-être en sais-je davantage ? Davantage que lui, ais je pénétré ses secrets, dérangés ses fantômes, pour tenter de comprendre ce qu'il a tenu secret au plus profond de son âme.

A t-on le droit de remuer tout ça ? De rechercher dans tout ça ? De vouloir comprendre tout ça ?
Tout ça ? Moi. Avoir entre les mains ces vieux dossiers, lire "ça," ça m'a fait mal ! J'ai éprouvé, ressenti de la souffrance, toute la souffrance de cette femme, au guichet de l'Assistance.. Laissée, délaissée, abandonnée elle aussi à la détresse, celle de son être seul, face à cette décision terrible, face à ce choix tragique...

J'ai éprouvé de la douleur pour ce petit être, qui a grandi dans la froideur d'un orphelinat, dans l'indifférence d'adultes, dans l'hostilité peut-être de toutes ces familles qui l'ont accueilli non pour lui donner de l'amour, mais pour remplacer les bras partis à la guerre.
Les larmes sont venues à mes yeux, à la lecture du misérable pécule... Du peu que cet enfant là, ce garçon là a gagné à la sueur de son front à la peine de son âme, sans amour, sans chaleur....
25 Frs ne suffisaient pas pour une enfance autre que celle là ?
25 frs est-il le prix de la vie, de l'enfance, d'une rencontre ratée ?
Celle d'un rendez vous manqué avec l'amour de la mère....Mère où étais tu alors ? Mère ne sera tu donc jamais là, cette fois ?

A Arsel... A Armance... A... Comme Amour...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci

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