Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 2 mars 2012

Une belle mort ?

Une belle mort ?
Je ne sais pas si la mort est belle ou douce, je ne sais pas s'il existe une mort plus belle ou plus douce que d'autre.
Je n'en sais rien.
J'ai écris souvent à propos de la mort, celle de l'autre, d'un proche, la sienne. La mort hante les vivants puisqu'elle est la fin de la vie, sa finitude. Notre seule certitude.
Nous vivons avec, tout près parfois...Elle est notre seule compagne, la seule qui ne trahit jamais !
Mort et vie, l'une ne peut aller sans l'autre. Nous le savons, pourtant.....
Longtemps j'ai "accompagné" des personnes en fin de vie comme on dit pudiquement pour ne pas dire mourant, car" mourant" fait peur, n'est pas médicalement correct, socialement acceptable et accepté...
En fin de vie sonne mieux, résonne et raisonne mieux, peut-être ?
Je n'en suis pas certaine. En fin de vie, oui et après ?
Il n'y a pas d'après...Le seul après c'est la mort !
Historienne aussi, j'ai côtoyé la mort, au moins une certaine idée de celle ci, quand la vie servait à apprendre à mourir, à bien mourir. Pas forcément de belle mort ou de douce mort, mais de mourir en paix, l'esprit et l'âme en ordre, tenter parfois avant les derniers soupirs de demander le pardon, de ses pêchés, mauvaises actions, pour mourir enfin !
Puisque c'est comme ça !
Une de mes amies vient de perdre un être cher, elle souffre, beaucoup, sa douleur est sans nom, indicible, insupportable. De cette mort elle ne s'y attendait pas, même quand on s'y attend elle arrive toujours à nous surprendre, pour nous prendre, ou prendre ceux qu'on aime !
Car la mort prend, ravi, c'est un rapt, un ravissement définitif.
C'est toujours trop tôt, elle n'est jamais à l'heure ! Toujours en avance. D'ailleurs à quelle heure pourrait-elle être puisqu'en général nous n'avons pas rendez vous !
Il n'y a rien à dire, être là ne suffit pas, car dans ses moments là on est toujours seuls, nous sommes toujours seuls en définitive, toujours face à nous même, à notre être seul qui parfois devient insupportable.
Malgré tout on tente d'apporter de l'aide, du soutien, souvent maladroit, la souffrance de l'autre nous est intolérable, c'est humain, mais aussi elle nous renvoie à la nôtre, à notre mort aussi, alors on aimerait que cela passe, vite, toujours plus vite !
Chacun y va de son conseil, nous avons  tous perdu un proche, un être cher, un ami, nous savons, Nous connaissons ce chagrin là, en avons une expérience singulière. Singulière, et c'est justement là que ça coince
Car que savons nous de la peine de l'autre ? Rien nous n'en n'avons juste qu'une petite idée, car nous savons ce qu'est notre peine, ce que nous avons enduré là, nous, à ce moment là,
mais lui qui est autre, comment il peut vivre ça ?
Nous n'en savons rien.
Etre là, entendre peut-être et écouter sa peine et sa douleur voir couler ses larmes
Sans rien chercher à retenir ni contenir
Laisser aller peut-être ?
La mort est imprévisible elle frappe un point c'est tout !
Mais pourquoi cette mort là plutôt qu'une autre ? On se le demande toujours , il ou elle ne méritait pas de mourir comme ça.
Comme ça, de cette manière, aussi brutalement, aussi tragiquement, pas de belle mort, pas douce.
Mais comment alors ?
On imagine et met en scène ces moments funestes et la mort apparait encore plus laide, hideuse et terrifiante, car non seulement elle prend, mais elle arrache et fait mal, torture et inflige des souffrances terribles !
On préférait une belle mort, mourir en dormant, sans se réveiller, comme accepter de se laisser bander les yeux face au peleton d'exécution. Ne pas regarder la mort en face ? Ne pas lui faire face ?  Faire semblant... Semblant de ne pas la voir, de ne pas l'entendre...De ne pas l'attendre.
Se faire voler sa mort alors juste un peu ? Ne pas s'en rendre compte, bien vouloir mourir (mais comment pourrait-il en être  autrement) mais sans le savoir, sans souffrir.... Sans voir, sans sentir, sans entendre, en étant privé de ses sens.
Sensation, anesthésie ?
Qu'elle advienne là où on ne sera pas ? Là où on ne la verra pas, là où on ne l'attendrai pas, car en fait nous ne prenons pas rendez-vous, il n'y a pas vraiment de rendez-vous, insolente et impolie, elle arrive sans prévenir, ne frappe pas à la porte et s'installe pour ne jamais partir !
Mourir...Puisqu'il faut bien mourir un jour !
"Mourir avec un seul R" insistait ma mère, "car on ne meurt qu'une fois !"

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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