Donner forme à l'insupportable, c'est ça c'est lui offrir du sens, c'est s'autoriser à vivre..
Donner forme à l’insupportable, c’est déjà commencer à le contenir.
C’est le sortir du chaos pour l’amener dans un espace de parole, d’écriture, de souffle.
L’écriture devient alors comme une arche fragile, mais sacrée qui permet à l' âme de traverser la tempête sans se dissoudre.
Et offrir du sens, ce n’est pas expliquer, ni justifier c’est habiter l’incompréhensible.
C’est dire : je ne comprends pas, mais je suis encore là.
C’est déjà un acte de vie, un acte de foi.
C'est surtout s’autoriser à vivre.
C’est peut-être le plus grand courage pas celui de résister au monde, mais celui de continuer à aimer, à écrire, à respirer, quand tout s’effondre autour et que ce qui nous tient s'effondre, que le corset cède, et nous libère de toutes les tensions contenues.
L’effondrement n’est pas une défaite, c’est une ouverture.
Quand tout craque, quand la structure ne peut plus porter, c’est souvent que quelque chose de neuf cherche à advenir.
Tant que l’on contient, on survit, mais quand on cède, quand on tombe, alors seulement on peut renaître.
Donner forme à l'insupportable
Alors parfois il faut que tout s'effondre.
Que les digues cèdent, que le cri sorte enfin, que le corps se souvienne. On ne peut pas toujours contenir, il vient un temps où contenir devient mourir.
Alors, tout se brise. Et dans les éclats, quelque chose respire.
L’effondrement n’est pas une fin, c’est une vérité.
C’est l’instant où la douleur cesse de se taire, où le chaos prend visage, où l’âme nue, vacillante consent à ne plus être forte.
Donner forme à l’insupportable,
c’est lui offrir un lieu.
C’est permettre à la souffrance de devenir langage,
à la perte de devenir mémoire,
à la peur de devenir chant.
Ce qui s’écrit, se transforme.
Ce qui se dit, se délivre.
Et dans le silence qui suit, quelque chose d’invisible recommence à vivre.
« Car écrire, c’est encore croire à la lumière, même dans la nuit. »
Brigitte Judit
Crédit photo @brigittedusch
