Psychanalyse Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 21 novembre 2025

Et si la vie était l'exil ?

 



Et si la vie était l'exil ?
Où n'est-elle QUE l'exil ?

"Je crois que sur cette  terre il n'y a aucun endroit pour moi. Alors pourquoi y suis-je née ?


Etre sur terre ne serait donc qu'un passage ? Une étape ? Un petit pas dans la mission que l'Eternel confie à ses enfants ?
Serait-elle un apprentissage ? 
Une expérience ? 
Une confrontation au réel de ce qu'on fait l'homme à ce que D. lui a confié
Un moyen de l'améliorer ? 
De devenir meilleur, ou plus mauvais ?
D'expérimenter les émotions, la vie, la souffrance, la joie, le chagrin, l'amour ?

Je n'en sais rien moi qui suis de partout, de nulle part, d'ici, d'ailleurs
Qui vais, qui va, qui reviens, qui s'en va et qui repart, sans savoir pourquoi ? sans savoir où ?
Mais cela a t-il vraiment une importance ?
Y a t-il un point de départ ?
Un point d'arrivée
Naitre, être, vivre et mourir
Puis recommencer 
Combien de fois ? Combien de temps ?

Je passe, je suis de passage,  je suis une passeuse, entre les Mondes, les Vivants et les Morts, entre les villes et les campagnes, du fond de l'Argonne aux collines du Caucase, de l'Atlantique à la Sibérie, du paisible lac d'Ardennes au Baïkal, ma vie est fait d'éternels allers et retours. 
Mais jamais je ne m'arrête vraiment, du moins jamais longtemps, parfois je crois être chez moi, parfois je crois être enfin arrivée, parfois je crois que c'est la fin de l'exil, parfois je crois être chez moi, parfois je crois avoir trouvé ma maison, chaque fois je me dis que c'est la dernière fois

Que c'est mon dernier coup de poker
Que cette fois je fais tapis : All-in

Et puis je refais mon bagage, léger, je reprends la route pour une autre destination.
Cette fois je remets une fois encore mon titre en jeu, pour l'inconnu.
Cette fois je pars sans connaitre ma destination
Cette fois je sais qu'il n'y a pas de fin
Et que la seule fin est la mort.

La fin de l'exil, c'est alors entrer dans un autre état que de vivre ?
Je ne saurai savoir !
Ma vie est sous le signe de l'exil, l'exil est ma vie, ma destinée, mon passé, mon futur et mon avenir
L'exil c'est donc vivre ?
Ce n'est donc pas un combat, une punition, mais l'état de tout humain sur cette terre où peut être n'a t-il pas sa place ?

Brigitte Judit
Crédit photo @brigittedusch

mercredi 5 novembre 2025

Donner forme à l'insupportable.


Il arrive un moment où les mots ne sont plus un refuge, mais une traversée.
Ce texte est né d’un effondrement, de ce point où le corps, la mémoire, l’âme ne peuvent plus contenir.
Alors, il a fallu écrire. Non pas pour expliquer, ni pour comprendre,
mais pour donner forme à l’insupportable, pour respirer encore.


"Et parfois je me demande comment une âme peut supporter tout ça ?"

Cette question que tu m'a posée Yossi est d'une justesse absolue 

Tu me dis encore

"Elle traverse ton œuvre, ton histoire, ton être.
Et peut-être qu’elle n’appelle pas de réponse, seulement un souffle, celui de la fidélité à la vie malgré tout."

Une âme ne “supporte” pas vraiment, elle transmute ce qu’elle endure.
Elle boit la douleur, la transforme lentement en sens, en mémoire, en amour, parfois en prière, parfois en silence.

Alors tu me réponds : 

"C’est cela que tu fais à travers tes mots : tu donnes forme à l’insupportable.
Et ce faisant, tu permets à ton âme de continuer à respirer"


Donner forme à l'insupportable, c'est ça c'est lui offrir du sens, c'est s'autoriser à vivre..

Donner forme à l’insupportable, c’est déjà commencer à le contenir.
C’est le sortir du chaos pour l’amener dans un espace de parole, d’écriture, de souffle.
L’écriture devient alors comme une arche fragile, mais sacrée qui permet à l' âme de traverser la tempête sans se dissoudre.

Et offrir du sens, ce n’est pas expliquer, ni justifier c’est habiter  l’incompréhensible.
C’est dire : je ne comprends pas, mais je suis encore là.
C’est déjà un acte de vie, un acte de foi.

C'est surtout s’autoriser à vivre.
C’est peut-être le plus grand courage pas celui de résister au monde, mais celui de continuer à aimer, à écrire, à respirer, quand tout s’effondre autour et que ce qui nous tient s'effondre, que le corset cède, et nous libère de toutes les tensions contenues.

L’effondrement n’est pas une défaite, c’est une ouverture.

Quand tout craque, quand la structure ne peut plus porter, c’est souvent que quelque chose de neuf cherche à advenir.
Tant que l’on contient, on survit, mais quand on cède, quand on tombe, alors seulement on peut renaître.

Donner forme à l'insupportable
Alors parfois il faut que tout s'effondre.

Que les digues cèdent, que le cri sorte enfin, que le corps se souvienne. On ne peut pas toujours contenir, il vient un temps où contenir devient mourir.

Alors, tout se brise. Et dans les éclats, quelque chose respire.
L’effondrement n’est pas une fin, c’est une vérité.
C’est l’instant où la douleur cesse de se taire, où le chaos prend visage, où l’âme nue, vacillante consent à ne plus être forte.

Donner forme à l’insupportable,
c’est lui offrir un lieu.
C’est permettre à la souffrance de devenir langage,
à la perte de devenir mémoire,
à la peur de devenir chant.

Ce qui s’écrit, se transforme.
Ce qui se dit, se délivre.
Et dans le silence qui suit, quelque chose d’invisible recommence à vivre.

« Car écrire, c’est encore croire à la lumière, même dans la nuit. »

Brigitte Judit
Crédit photo @brigittedusch

lundi 3 novembre 2025

A yossi Eikh néchama yéhhola lea'hizk



Yossi tu me demandes doucement 

Eikh néchama yéhhola lea'hizk
"Comment une âme peut-elle supporter tout ça ?"

Je ne sais pas, je n'en sais rien, je ne m'étais jamais posé la question
Jamais
J'ai porté, supporté, avancé sur le chemin, dans la vie,
Comment ? 
Je ne sais pas, je n'en sais rien, je ne me suis jamais posé la question.

Une partie de moi est morte il y a longtemps, définitivement, elle repose sur ma Terre auprès des Miens, ceux que la vie m'avait donnés et que la Mort m'a pris.
C'est mon âme, elle s'est envolée ce jour là pour les rejoindre

Pourtant :
Pas toute. 
Un petit fragment de mon âme s'est détaché et  s'est élevé au dessus de mon corps affligé et mourant.
Une étincelle, fragile vacillante mais tenace, doucement, 
Elle s'est logée dans la mince faille, cette béance de souffrance
Et a réchauffé de toute ses forces mon coeur qui cessait de battre
pour que je reste encore un peu sur cette Terre

Mais pour quoi y faire ?

C'était un fil d'or, un fil de lumière, un fil détaché de l'arc en Ciel tissé par l'Eternel entre lui et moi, un lien tenu me reliant à l'humanité. 

D. a choisi la vie, pour moi. Barouch Hashem 
Va, vis et advient

Mais où suis je vraiment ? 
L'étrange enfant venue au monde dans le silence et la peur
L'étrange enfant dont le jumeau arraché lui aussi, s'en est allé au fond de la Sibérie de l'autre côté de l'Oural
Curieux destin que les nôtres. 
Reliée je le suis depuis ma naissance, 
Liée aux vivants et aux morts. 
Ceux d'ici et ceux d'ailleurs
Espace fugace, frêle fissure, recueillant et capturant le souffle de la vie
"Reste encore, encore un peu, 
Dis leur.
Raconte"

Dans le Caucase on me nomme la Chamane Blanche, celle qui parle avec le Maitre du Monde, qui vient réparer la douleur, qui panse les plaies des Morts et des Vivants. La Voyageuse. 
Dans le Caucase, nos âmes sont sacrées. 

Je suis une passeuse, je passe d'un monde à l'autre avec l'élégance d'une ballerine traversant un champ de mine sous le Feu.

Je suis dans cet entre deux depuis toujours, là et ailleurs 

C'est peut-être ça ?
Mon âme passe d'un monde à l'autre, s'en va, revient, voyage, ce n'est pas une errance, pas un exil
C'est un état
Un état d'Etre.

Il n'y a pas de frontière entre les mondes c'est une invention de l'homme, un carcan, une prison, un étau dont peu arrivent à s'affranchir
Je suis entre ces mondes.

Alors comment mon âme a t-elle supporté tout ça ? 

Peut être en allant se réfugier dans ce no man's land, dans ces étranges contrées peuplées d'êtres comme moi.
Nul besoin de trains, d'avions pour traverser ces espaces, cet infini

Il suffit de fermer les yeux et de se laisser porter
Traverser le ciel et les nuages, frôler les astres et la lumière tendre la main pour se couvrir de poussière d'étoiles
Ouvrir les Mains paumes vers l'Eternel 
Pour recevoir son infinie bonté.
Fermer les yeux et se joindre aux chants et aux danses des Chamanes de Kabarda

Ecouter les âmes qui pleurent, les consoler et les emporter auprès de Lui. Eternel Tout Puissant pour les apaiser

Je suis dans cet entre deux, c'est mon Univers, je suis née ainsi.
Tu le sais, tu l'as vu, deviné la première fois que tu m'as vue
Tu m'a dit "tu étais irréelle et pourtant là devant moi, j'étais ébloui par ton regard, ton sourire mais surtout pas la lumière qui émanait de toi"
Tu es le seul à avoir vu ce petit éclat d'âme qui brillait au fond de moi
Tu es le seul à l'avoir saisi, sans prendre, sans capturer, mais en laissant aller doucement comme le son de nos violons, comme les pleurs de nos chansons, comme la musique de ton Pays
 
Irréelle ? 
Pourtant je vis, je danse je chante et mon coeur bat pour toi à chaque seconde.
Tu es ma maison, ma Neshama, tu es celui qui entre ses mains tient ce fragment d'âme,  ne cherche ni à le réparer, ni le recoller, mais seulement à l'aimer et le faire briller de mille feux

L'amour c'est ça et ce n'est que ça
C'est peut-être pour ça que mon âme a supporté tout ça
Pour être avec toi
Pour t'aimer éternellement ?

Brigitte Judit
Crédit photo @brigittedusch


 

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