Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 18 septembre 2013

Les mots assassins

Vos réactions à mon précédent article à propos des violences subies par les femmes, les commentaires et les mails reçus m'amènent à vous proposer cette réflexion.

Il n'y a pas que les coups qui tuent, qui blessent, qui laissent des traces, des cicatrices, sur le corps, dans le coeur, l'esprit, l'âme... Ces marques qui rappellent, qui font se souvenir de ces douleurs, de cette souffrance, qui anéantissent !
Il y a les mots, ceux qui sont à l'origine de bien des maux !
Les mots qui tuent, qui blessent, qui humilient, qui choquent, qui cassent, qui brisent, qui lessivent, qui tordent..
Des mots de trop, toujours en trop et qui vont là où ça fait mal. Ce ça, petit ça qui fait que tout peut basculer d'un moment à l'autre, très vite ! Que la confiance toujours trop faible en soi s'ébranle car ces mots là savent toujours se loger dans la faille, la brêche parfois infime qui laisse passer, filtrer ce qui va arriver au coeur du coeur !
Des mots qui fragilisent, répétés chaque jour, plusieurs fois par jour ils finissent par s'incruster, se lover au creux de l'être et en faire partie, parfois tant que l'être ne se constitue plus que de ces mots, là, devient ce maux là !
Les mots de la violence sont, nous l'avons souligné déjà, humiliants, blessants, dégradants, insultants, méchants, sournois, vicieux, pervers, toxiques bien lancés pour atteindre toujours la cible, leur cible.
Dits innocemment, parfois au simple détour d'une phrase, d'une réponse, d'une conversation entre amis, ils dénigrent la personne, l'essence même de celle çi le coeur de celle ci et c'est pourquoi ils sont si douloureux, assassins. A force d'être martelés !

Il n'y a pas que dans le couple que ces mots sont assassins, pas seulement dans cet espace intime qu'est le foyer, la relation entre deux êtres, relation malade et toxique où l'un agresse l'autre, où l'un se sert de l'autre pour projeter sa haine, régler ses comptes avec lui même la plupart du temps, mais l'autre offre un champ de bataille tellement plus complexe et confortable !
Quelle jouissance de voir cet autre pleurer, trembler, perdre pied, confiance en lui, sombrer dans une sorte de peur qui devient de la folie et  mourir à petit feu, mourir à lui même !
Quelle victoire pour cet agresseur, assassin à demi car il ne peut porter le coup final, asséner le coup qui tue, il lui manque ce courage là, il préfère les chemins de traverse, ceux plus pervers qui lui permettent de voir sa victime souffrir, se délecter de la mettre à mort lentement, d'admirer de de jouir de sa déchéance !
Une relation qui se tord et se tue, un agresseur qui se victimise de devoir supporter une personnalité fragile et malade qui ne comprend rien, qui ne tire leçon de rien car s'il lui dit ces mots, justement ces mots c'est bien pour l'aider, pour qu'elle change ! Elle c'est pour son bien !
Ainsi la vraie victime devient dangereuse et oblige l'autre à se défendre... Cercle pervers, infernal
Mais il n'y a pas que là, il n'y a pas que dans ce lieu, que dans cet espace que se déploie ce jeu là, il y a l'école, de la maternelle à l'université, il y a le monde du travail, ce qu'on nomme pudiquement le harcélement n'est ni plus ni moins que le champ de bataille de cette instrumentalisation de l'autre !

Et l'enfant ? L'enfant qui subit depuis toujours ces mots assassins, ces mots qui le dénigrent et qui en font un bon à rien ? Alors qu'il est un bon à tout ! Comment grandir et comment vivre quand cet abominable refrain, ce leitmotiv ne vous quitte pas, hante vos oreilles tout au long du chemin ?
Assassins, tueurs à gages, qui mettent à mort l'innocence de l'enfance et de l'amour, agresseurs qui usent et abusent de l'autre, en toute impunité, voire davantage, en toute tranquillité ?

Brigitte Dusch, psychanalyste.

2 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Que vient faire le grand pardon ici ? et le premier janvier ? vous voulez démontrer quoi ? On parle des mots qui font du mal parfois plus que les coups si j'ai bien lu à moins que je n'ai rien compris.
Charlotte F

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