Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 1 décembre 2019

Le coeur usé



Il y a le cœur brisé
Mais il y a aussi le cœur usé
Peut-être qu'avant d'être brisé a t-il déjà été usé ?
Nul ne sait.


Cœur.
Usé à force d'avoir aimé, usé à force d'avoir été mal aimé, mal mené, là, ailleurs, ici, avant, maintenant
Un cœur qui dit oui, et à qui on dit non, un cœur à prendre et qui reste suspendu en plein vol, un cœur volé à tout jamais, un cœur en attente.
Celle espérée qu'un coeur aimé se greffe sur le sien, peut-être ?
Espoir, battement de cœur, cœur qui bat, la chamade, doucement, terriblement, cœur en vrac ?
Tout est à faire de cœur, affaire de rien, rien à faire ! SOS, le cœur ne répond plus, il est perdu au milieu des atolls ou des nébuleuses grises et confuses qui le retiennent prisonniers dans leur toile, labyrinthe sans issue

Un cœur usé à force d'avoir voulu aimer, trop, trop fort, trop longtemps, malgré tout, qui s'accroche, et se raccroche encore, un cœur désaimé et désarmé à force d'avoir attendu l'amour, un cœur orphelin de ses enfants qui sont partis au loin, sans ce soucier que ce cœur si vieux est encore plein d'amour, n'a jamais cessé d'aimer. Ingrats, ils l'ont laissé là sans s'attarder.
C'est un cœur qui saigne et se lézarde pour laisser couler les larmes, un cœur impossible à consoler et à guérir.
Il a bien de la misère !
Ah ce cœur orphelin ! ce cœur qui bat pour rien ! Il bat parfois si fort qu'il nous réveille la nuit, un son, un bruit terrible qui vient du  fond de la poitrine et du tréfond de l'âme pour nous rappeler qu'on est encore vivant, mais pour combien de temps ?
Il bat, il cogne,  et parfois il fait mal, c'est un brusque coup de poignard qui traverse et transperce l'être tout entier, qui s'étire le long du bras, le paralyse, traverse tout le corps ! c'est un cri qui ne sort pas, qui s'étrangle dans la gorge, qui se noue,  un son qui ne sort pas d'une bouche pourtant ouverte, un son muet et sourd que l'autre n'entendra pas, un cœur qui s'essouffle sans que rien ne puisse venir l'apaiser. Rien
Il faut attendre : peut-être ?
Attendre quoi ?
La mort ? La vie, car qui voudrait mourir ? Alors se dire, malgré tout que c'est enfin ! enfin quand même, ce moment attendu et redouté,  le dernier sursaut de ce cœur abandonné à sa solitude, à son inutilité ?
Comment un cœur peut-il survivre à l'absence ? au manque ? Usé.
Oh, ce n'est point une patine, cette belle usure offerte par le temps, ce n'est pas ça l'usure, ce n'est pas ça cette usure là.
Il y a de la fêlure, de la cassure, du rafistolage qui n'a pas tenu, comme toujours, qui, mal assemblé c'est à nouveau fissuré, sans se casser. Dommage !
La cassure est souvent nette, mais l'usure ?
C'est une sorte d'érosion, d'infiltration insidieuse et douloureuse un peu plus chaque fois. 
Il faut vivre pourtant, porter au cœur de soi, ce cœur usé, trop lourd parfois, pesant fardeau qu'il faut trainer avec tristesse, il faut mener ce cœur bien fatigué, le mener au bout de la nuit, et de la vie. C'est le nôtre, et le cœur bien lourd il nous faut marcher d'un pas un peu plus léger vers la lumière, si mince soit-elle.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo : @brigittedusch "Bretagne"

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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