Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 19 mai 2016

L'impossible deuil

L'impossible deuil, ou le deuil impossible !
La mort d'un enfant est terrible, la mort de son enfant n'est pas possible. Car la mort d'un enfant est impensable.

Personne ne peut l'imaginer, l'envisager... La mettre en scène, la projeter.
Le bon sens commun précise que ce n'est pas dans l'ordre des choses, de la vie, que le parent doit mourir avant. Avant son enfant. 
Puisque celui ci doit normalement lui survivre. C'est pour çà qu'il ne doit pas mourir avant. C'est comme ça.
Il doit continuer... Perpétuer la lignée. Il en est ainsi, aussi.

Il est, disent certains le prolongement de ses parents, qui continuent à vivre en lui, qui ainsi ne meurent pas... Vraiment.
Immortalité encore !
Comme si mourir était impossible, simplement impossible. Inenvisageable. Inimaginable. Intenable. La mort, la fin, pour toujours elle aussi ?

Un tel attachement terrestre, laisser une trace de son passage sur cette terre, ne pas être oublié...! Rester. Encore, toujours.
Trace, empreinte, une simple ligne, quelques mots... Bref passage, pourtant immortel.

Alors la mort d'un enfant ? La mort de son enfant peut-elle se résumer à ça ? Bien sûr que non, nous le savons tous, et ceux qui ont perdu un enfant le savent mieux que les autres.

Car oui, cet enfant n'est jamais tout à fait mort, il vit et vivra toujours dans le coeur de ses parents, de ses proches, parfois il vit encore tellement fort, que la vie en devient impossible. Cette absence est tellement présente qu'elle en devient insupportable. Une présence absente mais qui hante, qui est, ombre qui plane.... Et ces question à n'en plus finir : Pour quoi ? Comment ? Pourquoi ?
Pourquoi lui et pas moi ? Peut-être ?

Chaque jour est un calvaire, chaque objet nous rappelle qu'il était là, mais qu'il n'est plus là, aussi... Surtout, plus là, plus avec, plus contre, plus... Du tout.
Un retour impossible !
Un départ pour toujours !
Un deuil impossible et indécent, un deuil qui ne peut être. Un deuil qui peut-être serait une trahison, celle du non espoir ?

Et pourtant !
Il faut continuer, pour les autres, enfants, peut-être, pas pour soi, sûrement, la vie devient un enfer et son chemin est pavé de misères.
Douleur, pleurs et souffrances. Même si par décence et respect de l'autre et des autres, on ne montre rien, ou presque.
Celui qui sait regarder, celui qui souffre du même mal, reconnaitra, la fêlure, la blessure, la faille, au creux du coeur et de l'âme.
Ce qui fait mal !
La blessure pour toujours, celle qui ne se referme pas, pas tout à fait, qui s'ouvre lentement aux dates anniversaires... Le mot lu
i même est insoutenable, car il évoque une fête, des réjouissances... Alors !
Cette date, ce moment préc
is devient un calvaire, la pire des blessures ; rouvrant la plaie impossible à cicatriser,

Blessure, coupure, rupture, tragique... Mais qui fait vivre pourtant, malgré tout, celle qui fait froid au coeur mais qui lui montre encore qu'il est capable de battre.
L'autre, cet enfant nous manque, nous manquera toujours, chaque jour qui devient un jour de plus mais sans lui encore.

Etre là, sans lu
i, se réveiller avec ce manque, cette présence de l'absence, cette prise de conscience de la nouvelle solitude. Etre sans, mais être avec ce sans. Etre car il n'y a plus d'avoir.


Br
igitte Dusch, psychanalyste, historienne.

1 commentaire:

Molly a dit…

Joli blog et joli article.
:)

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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