Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 5 novembre 2017

L'autre est mort.


ll y a le refus, d'abord, ne pas voir et ne pas entendre. Ce n'est pas le déni, seulement le refus ; ne pas savoir ce qu'on sait malgré tout. Ne pas l'entendre car cela nous semble insupportable.
Se protéger de la pe
ine et du chagrin : peut-être mais pas seulement, se protéger de la fin de la fin de soi que nous renvoie la mort de l'autre
Car ce n'est pas cette mort là qu
i est intenable c'est ce qu'elle nous rappelle, c'est le tiroir qui s'ouvre, les jours qui restent à compter. La mort, la nôtre, celle qu'on sait, qu'on voit venir mais qu'on remise au plus profond du tiroir de sa mémoire.
La mort de l'autre nous la
isse parfois sans voix, ni voie, quoi dire ? Que faire ? Masque des convenances, fi des mascarades, des hommages, car le mort a toujours été admirable, même s'il a été le dernier des salauds. On ne dit pas du mal des morts, car bientôt le mort ce sera nous et on n'aimerait pas qu'on dise du mal de nous. Ainsi ci git le meilleur des maris qui engueulait femme et enfants et parfois les battait ; la meilleure des épouses qui trompait le malheureux veuf, qui a force de fermer les yeux a fermé définitivement ceux de sa femme.... Ne soyons ni ingrats ni cyniques, la mort est une affaire sérieuse, un voyage périlleux dont on ne revient pas !

C'est d'a
illeurs cette inconnue qui est effrayante. Cachez moi cette mort que je ne peux voir, qui m'effraie, me terrifie, je ne sais ni ne veux y faire face. Tirez moi ce rideau afin que je ne vois ce cadavre, ce gisant esseulé, qui me laisse encore plus seul !
Car c'est b
ien de solitude qu'il s'agit. Sa propre solitude, l'abandon de l'autre.
Car mour
ir, c'est vieillir et vieillir c'est mourir, la mort de l'autre nous laisse seul avec non seulement notre propre mort, mais pire encore : notre vieillissement. Nous n'y pouvons rien. Vieillir seul c'est mourir seul
Et de vo
ir tomber les combattants ! Et de rester seul sur le champ de bataille ! Et devenir la tête de liste ! Et d'être le prochain sur la liste ! Pire encore être le dernier de cette liste.
Plus personne pour nous pleurer ! 

ll y a de ça aussi. La mort de l'autre ; encore un qui fout le camp, nous laissant seul avec la vie, nous laissant seul sur la route, et nous ne trouvons plus le bon chemin... Quel chemin sans l'autre ?
La mort de l'autre nous la
isse au bord de la route, nous laisse seul avec nous même, bientôt nous ne parlerons plus à personne, sauf à nos morts.
La mort des autres nous terr
ifie, la mort des autres nous laisse chaque jour un peu plus seul, le cortège funèbre s'amenuise, "seul dans la vie, seul au cimetière, seul dans la tombe"
Ma
is seul : Ne le sommes nous pas déjà ? Toujours ? L'autre n'est-il pas seulement une illusion ? Celle qu'on se crée pour ne pas être seul ? L'autre imaginé, imaginaire essentiel pour nous aider à traverser avant de passer ?
Alors ce face à face avec nous même ? Cette rencontre un
ique et singulière ? Faut-il attendre la mort de l'autre pour l'affronter ?

Br
igitte Dusch, psychanalyste, historienne

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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