Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 29 janvier 2008

Nudité choquante ?

La nudité est elle choquante ?

C'est le questionnement suite à la lecture d'un article paru dans Libé qui m'inspire ces réflexions.

Il s'intitule l"a nudité choquante" ou quelque chose comme ça, peu importe le vrai titre, mais importe ce que j'en retiens.

Choquante ? la Nudité ?

Non, ce n'est pas que la nudité me choque,
la nudité que je trouve choquante.
Mais l'usage qu'on en fait.
L'instrumentalisation, l'ustensilisation qui en est faite.
De ça sûrement....On peut être choqué

Eprouver un choc à regarder, pas seulement le corps, nu, mais le corps nu, exposé, étalé, donné à voir au regard des passants, des spectateurs, des lecteurs.

Encore faut-il savoir comment ce corps est regardé ? et s' il l'est vraiment.

Il s'agit dans ce cas là, du corps, objet donné à voir, à l'autre, au désir de l'autre, peut-être sans désir, mais seulement avec envie, pour en susciter l'envie.

Corps objet, corps jouet, corps joué, corps floué, corps inanimé étalé sur papier glacé.
En noir et blanc, en couleurs...Le corps est montré, dans tous ses états,
Sans desssus, dessous,
Sans dessus du tout,Nu ou simplement un rien vétu
Mais donné à voir selon
Montré à voir
Imposé à voir !

C'est presque une injonction "voyez ce corps montré, dans tous ses états, vétu, dévétu, nu, dénudé, peu habillé Regardez ! "

Homme ou femme objet : Il n'y a plus de sujets, mais des objets.

Objets de publicité, support publicitaire, pour attirer le regard, produit pour vendre des produits.
Sur les affiches, les écrans de nos téléviseurs, on voit des corps partout, sans visage et sans âme, des corps qui attirent et attisent le regard.

C'est peut-être là, qu'est le choc, pas celui des mots, souvent il n'y en a pas, ou si peu.
Ils disparaissent derrière l'image.
Il ne faut pas que l'oeil du passant ou du spectateur -voyeur- soit distrait, accroché par autre chose que ce corps là.

Ce corps qui fait vendre. Ce corps vendeur.
Devant être parfait, il se montre, s'exhibe et s'esquive sous les regards, sous les lumières, sous les caméras.

Il danse vétu, peu vétu, laissant deviner ce qui n'est pas montré, ou montré un peu.

Il bouge, lentement, langoureusement, au rythme d'une musique ou plutôt de bruits et de sons incompréhensibles masquant des mots devenus inaudibles.

Masquant... masque, illusion, sans magie.... spectacle triste oh combien !

Il bouche et se déhanche tant qu'il en devient vulgaire, trivial, pornographique quelque fois.

Car il n'est pas à sa place.
Du moins comme ça, là.
Il semble n'y avoir que le corps, un corps spectateur, mais de quoi ?
Spectateur de ceux qui le regardent ou le regarderont, le verront, le jugeront, le jaugeront.

Soumis au regard, il l'est alors à la critique, au jugement, aux remarques souvent désobligeantes, aux moqueries, aux sarcasmes, aux insultes. Mais il reste là.

Inerte, inamovible parfois couvert de graffitis, déchiré, écorché...

Il n'est pas acteur.
Seulement, un corps animé sans âme, qui ne ressemble à personne, anonyme, sans identité.

Une misérable marionnette, un pantin désarticulé dont les ficelles semblent cassées

Cassé ! Ce corps semble en effet brisé, clivé, coupé.
Non seulement de la réalité, du contexte
Mais aussi de son identité.

Appartient-il à quelqu'un ?
Est-il l'objet d'un sujet ?
Par quel cordon ombilical lui est-il relié ?

Qui se le demande ?
Il semble aussi qu'on ne se soucie pas de savoir à qui il est.
De savoir si quelqu'un se cache derrière ce corps parfait avant de se demande qui sait -c'est- ?
De se persuader
Que derrière ce corps photographié, il y a un sujet.
Que derrière ce corps exposé se dissimule un sujet, l'objet sur le sujet, le sujet de l'objet.

C'est ça, sûrement qui est choquant, et pas la nudité, par le corps nu, mais ce qui en est fait.
Le corps usé, usité, utilisé, instrumentalisé, ustensilisé, exposé, montré, donné à être regardé, comme ça, là !


On peut aussi aborder la question autrement, par un autre biais et se demander qui est ce sujet qui offre son corps objet ?

Ce corps n'est pas volé !

Ce corps est celui d'un sujet consentant à être exposé, à être instrumentalisé, ustensilisé etc..

Quid alors de ce sujet ?
De ce sujet qui se veut objet ? du moins le temps d'une photo ? D'une prise de vue ? D'un arrêt sur image ?

Mais ce temps, ce mi-temps, ce long-temps ? quelle valeur à t-il pour ce sujet justement.

Le temps de la photo, de la prise de vue, et/ou de l'exposition, de la photo ?

Le temps du "donné à voir"
Clivage du sujet/objet ? ne donnant à voir que l'image du corps, et non le corps ?
L'ombre du corps, qui disparait avec l'image, avec le flash du photographe ?

Que devient alors ce corps, décorporé et incorporé à travers le prisme de l'outil qui le reproduira et le projetera sur la matière papier ?

Corps papier ? Corps impalpable, corps emprisonné dans la pellicule, corps figé qui ne peut plus bouger ?

Fixé pour une partie de l'éternité ?
Cela lui confére t-il un peu d'immortalité ?

Est-ce ce même corps ? Ce même corps qui posait, exposé, pour être exposé dans une galerie, un hall de gare, une page de magazine....?

Appartient-il au même sujet qui s'est laissé photographié ? exposé ?

Voleur d'images ?

Ou bien le corps n'est destiné et seulement dans ce cas précis à n'être qu'un objet.

Sujet consentant ? Corps réduit à une "force de travail" louée contre un salaire, de l'argent ?Corps marchandise, corps marchand, corps marchant ?

Liberté ? Libéralisation ? Féminité ? Féminisme ?

Corps marchandé et marchandise, objet, instrumentalisé dans une société capitaliste où tout s'achéte et tout se vend.

Tout, corps et âme ?

1 commentaire:

Charles a dit…

Un corps à voir !

Pourquoi cette question de la nudité ?

Que mettons-nous dans la nudité ?

La question se pose-t-elle à la vue d'un arbre, d'un animal, d'un objet ?

La question porte donc bien en fait sur l'imaginaire derrière la nudité qui en soit n'est pas choquante.

De la, la vrai question : quel imaginaire, de quoi est-il fait ? Comment s'est-il constitué ?

J'arrête ici mais l'invitation à poursuivre est lancée.

Edouard.

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